[ Clos ] Un dur réveil

[Kaé]

Lorsque la gamine s’effondra au sol, épuisée, tous les infirmiers qui se tenaient en garde à vous dans les tunnels d’entrés et de sorties du Colisée s’activèrent. Un grand groupe, armé d’une civière, vient récupérer Kaé du sable pour la déposer sur le lit improvisé. Avec les cailloux et la poussière, le chemin du retour jusqu’à la sortie de l’arène fut tumultueux, mais ce n’était pas le souci des personnes tentant de s’occuper de la gamine. Elle avait perdu énormément de sang, trop même, et une infirmière lui en préleva encore un bout pour tenter de trouver un donneur pour la demoiselle.

Dans les tribunes, Luxray était descendue de son « siège », et joua des coudes jusqu’à pouvoir en sortir et rejoindre sa maitresse. La gamine ne s’était jamais autant donné, et le pokémon brillœil s’inquiétait pour elle, comme elle avait vu tomber Absol quelques match plus tôt.

La gamine ouvra fébrilement les yeux. Tout était flou autour d’elle, des gens s’agitaient, parlaient, donnaient des ordres, tout en la faisant rouler jusqu’à l’infirmerie. Elle sentait un liquide froid sur sa jambe, et une piqûre dans son bras, mais ces sensations étaient si lointaines qu’elle semblait à peine les rêver. Succombant à nouveau, sa tête pencha sur le côté, inconsciente une fois de plus.

Luxray ne fut pas admise dans la petite salle arrangée pour opérer la demoiselle, et attendit sagement dehors que les médecins sauvent sa jeune maitresse. Les couloirs et pièces étaient fait de pierres, créant une ambiance fraîche. Ils étaient en dessous des tribunes, dans un coin reclus mis en place pour héberger les blessés lors de combats. La plupart des pièces n’étaient séparées que par un rideau, voire rien du tout, et Luxray entendait très bien toute l’agitation qui régnait dans la salle. Il avait réussit à trouver du sang, pas suffisamment à leur goût mais cela devrait suffire pour sauver la fille. Ne voulant plus prendre de risque, ils allaient coudre la plaie avant de la soigner à l’eau, de manière à l’imiter les risques de réouverture. En revanche, cela lui ferait une belle cicatrice, souvenir de son premier vrai tournoi de guerrier.

Une éternité plus tard dans l’espace-temps de Luxray, les médecins sortirent de la pièce, lassant la Kaé encore dans les pommes au soins des aides-soignantes. Elles devaient encore changer les compresses et rhabiller la jeune fille, qu’ils avaient dévêtu pour la nettoyer du sable de l’arène. Une des dames étaient partis s’occuper de laver les vêtements de la fille, trimballant aussi son sac et son katana. Quand une autre poussa la civière hors de la chambre pour la déplacer enfin, Luxray vit Kaé portant une large chemise blanche et un short pour aller avec. Cela lui fit tout drôle, contrastant totalement avec le style habituel de la gamine. Ses longs cheveux noirs avaient été lavé et noués en une sorte de chignon au dessus de la tête de la gamine pour ne pas gêner les médecins, et elle avait le corps tatoué de pansements un peu partout, dont un qui lui donnait une drôle de tête sur le nez.

Luxray suivit le drôle de cortège jusqu’à une autre salle beaucoup plus grande, remplie celle là de malades encore inconscients ou venant de se réveiller, au petit soin des aides-soignantes. Arrivée à hauteur d’un lit libre, la dame demanda de l’aide et un grand monsieur vint l’aider à déplacer la pas-plus-belle-que-ça-au-bois-dormant. Ils installèrent ses affaires dans un petit meuble à côté, ainsi que des compresses et autres choses dont les infirmières auraient pu avoir besoin pour soigner la fille par la suite. Après avoir vérifier une dernière fois que tout était en place et avoir donné des consignes à Luxray, elle s’en alla, laissant Kaé se réveiller seule.

Luxray se posa droite à côté du lit de sa maitresse, avant de prendre le temps de regarder autour d’elle. Elle remarqua que juste à côté du lit de Kaé se tenait la première opposante du tournoi à la gamine. Lyse elle s’appelait, il lui semblait. C’était la maitresse élémentale qui avait donné sa blessure à la jambe de Kaé, et la brûlure à son bras. Le pokémon n’en voulait aucunement à la fille de s’en être prise à sa maitresse, elle l’avait cherché après tout, mais trouvait la coïncidence amusante. Posant sa tête en bordure du lit de sa maitresse de manière à lui frôler le bras, elle oublia les alentours et attendit sagement que la gamine daigne se réveiller.



[J’réveille Kaé dans le prochain post ^^]

[Lyse]

[Je tiens à signaler que dans le cas présent, ce sont plutôt les aide-soignantes qui sont au petit soin des patients, pas l'inverse xD]

Lyse avait rapidement repris connaissance après son combat, mais elle aurait tout aussi bien pu continuer à dormir, vu comment fonctionnait son corps pour le moment. Couchée sur un matelas de paille peu confortable, surveillée régulièrement par des guérisseurs de Flamen, elle se sentait vaseuse, comme flottant dans un espace vide mais moelleux, où les sons semblaient bloqués par des murs de cotons, et la lumière allait et venait, dans toutes les teintes possibles et imaginables. Elle ne pouvait pas bouger, respirer semblait déjà être un effort. Il lui fallut quelques minutes pour que son cerveau se remette un peu plus en marche, et qu'elle ne remarque, sans émotion particulière, qu'elle était en train de fixer un plafond de pierres. Étrange. N'était-elle pas en extérieur quelques temps avant ? Elle ne parvenait pas à faire le lien entre ce dont elle se souvenait elle ce qu'elle voyait...

Elle avait eu en fait beaucoup de chance, il fallait bien le dire. En utilisant ainsi, jusqu'à la limite, ses pouvoirs du Feu, elle avait fini par atteindre un seuil critique d'énergie vitale. Heureusement, le premier soigneur arrivé vers elle sur le terrain était Flamenois et connaissait quelques notions d'amplification : il avait pu lui transmettre un peu de sa propre énergie, lui évitant un refroidissement brutal qui aurait pu lui être fatal. Désormais, ses jours n'étaient pas en danger, mais elle devait remplir de nouveau sa réserve d'essence de Feu à partir de ses propres forces et capacités. Ce qui expliquait son état actuel : elle se sentait complètement groggy. Et, sans s'en rendre véritablement compte, elle avait très, très faim. Parfois, des infirmières s'approchaient et lui faisaient avaler des étranges mixtures très riches, mais le Colisée aurait pu exploser que Lyse ne s'en serait pas aperçue. Elle dormait les yeux ouverts.

Elle n'avait pas de blessures particulièrement grave, donc elle pouvait espérer sortir assez rapidement. Il fallait juste qu'elle se remette debout... Plus facile à dire qu'à faire dans son état. Elle reprit un minimum conscience d'elle-même et de sa situation, et parvint à bouger ses doigts. Ses membres étaient engourdis, plein de fourmis comme si le sang ne recommençait juste à couler dans ses veines. Elle parvint après quelques minutes à bouger une main, puis l'autre, avant de les laisser retomber sur le lit. Elle s’entraîna à bouger sa tête et regarda à gauche... A droite...

Un Luxray, flou mais qui se détachait du fond de la pièce plongé dans un brouillard noir, la fixait. Qu'est ce que ce Pokémon faisait là, la Flamenoise ne songea même pas à se poser la question, mais elle tenta de lui sourire, sans grande efficacité. Elle remit sa tête droite et recommença à observer le plafond, lorsqu'une femme s'apporcha.

- Ah, vous êtes réveillée. Tenez, il faut que vous mangiez ça, vous pensez y arriver seule ?

L'inconnue tenait un bol de bois remplie de quelque chose que Lyse ne pouvait pas voir. Elle songea un instant à lui répondre qu'elle n'était pas du genre à accepter n'importe quelle nourriture venant de n'importe qui, mais son ventre l'en empêcha en gargouillant bruyamment. Elle nota alors qu'elle avait faim, DIEU QU'ELLE AVAIT FAIM !! Elle était ébahie de ne s'en rendre compte que maintenant, mais elle aurait pu manger au moins deux steak de Domphan. Crus. Voire vivants, mais ça virait un peu au gore de s'imaginer croquant à pleines dents un tel mastodonte, qui ne se serait sans doute pas laissé faire. Drôles de pensées, tout cela. En plus, elle avait aussi très très froid, et quoi que contienne le bol, cela devait être chaud, vu la vapeur qui s'en échappait. Alors Lyse répondit.

- Ggn...

Enfin, elle essaya. Voila qu'elle n'arrivait plus à parler ! La femme leva les yeux au ciel, mi-agacée, mi amusée, et s'assit à côté d'elle, commençant à la nourrir. La Flamenoise était trop affaiblie pour en ressentir de la honte, et commença, comme une enfant sage, à avaler consciencieusement chaque bouchée, ou plutôt chaque louche de l'espèce de bouillie au goût innommable que lui tendait sa soigneuse. Elle ne parvint pas à la remercier, mais le breuvage ayant réchauffé son visage, ses muscles s'étaient décrispés, et elle put adresser à la femme un hochement de tête et un sourire. Elle la regarda repartir et se tourna de nouveau vers le Luxray à côté d'elle.

Il s'était glissé sous le bras d'une jeune fille que Lyse n'avait pas remarquée la première fois. Elle voyait mieux que quelques instants auparavant, nota t-elle, et ses pensées allaient plus vite aussi. Elle reprenait du poil de la bête, en somme. La jeune femme sur l'autre lit avait un air familier... Normal, après tout, il s'agissait de son adversaire, Kaé, remarqua t-elle. Elle semblait dans un assez sale état, mais vivante. Que lui était-il donc arrivé ? Ce Pokémon était donc le sien ? De nombreuses questions se bousculaient, incapable de franchir la barrière de ses lèvres, et de toute façon, la Terrosienne dormait encore... Lyse attendit son réveil en silence, laissant son corps raidi et froid se réchauffer.

[Tu visualises un zombie, tout blanc avec de grosses cernes ? Ben prépare toi, c'est ça que tu vas voir à ton réveil xD]

[Kaé]

[J’ai écris cela moi ? o.0 Et zut ^^”]


La demoiselle entendit un drôle de cliquetis, un son qui semblait venir de très loin, d’un rêve perdu, oublié et qui revenait à la charge. Petit à petit, ce bruit la fit immerger du sommeil dans lequel elle était plongé, sans la réveiller complétement encore. Elle se demandait ce que c’était, ce truc. La curiosité lui demandait de se lever pour regarder, mais ses paupières encore trop lourdes réclamaient encore du repos.

Alors qu’elle tentait silencieusement de lutter contre elle-même, elle prit conscience de quelque chose de doux contre son bras. Incertaine, cela ressemblait néanmoins à de la fourrure… C’était une sensation familière, réconfortante. Sa tête bascula lourdement sur le côté pour voir ce que c’était, mais les yeux encore fermés et l’esprit encore loin, noyé quelque part dans son subconscient, elle ne put se rendre compte de ce que c’était.

Doucement, petit à petit, de plus en plus de sensations et de bruit commencèrent à la rapprocher du monde réel. Elle entendit des gens parler, même si elle était incapable de comprendre ce qu’ils disaient, elle sentait quelques douleurs surgirent parfois ici et là dans son corps, dont une assez persistante à sa jambe. Ce n’était pas invivable, mais ça lui donnait envie de se démanger assez gravement. Elle sentit une main se poser sur son front, une aiguille pointue injecter un truc froid dans son bras, et un petit lapement aussi. Tout cela lui donnait envie de revenir parmi les gens là-bas, mais elle avait du mal.

Puis, soudain, sans prévenir, ses paupières s’ouvrirent. Ses yeux si violemment exposé à la lumière commandèrent ensuite leur fermeture immédiate, et Kaé du cligner des yeux pendant au moins cinq minutes afin d’essayer de satisfaire tout le monde. Elle se retrouva nez à nez avec deux grandes paires de yeux rouges, et cru un instant qu’elle avait été ramenée à la maison, qu’elle était dans sa chambre, et que sa mère allait rentrer pour lui faire une scène. Mais les grands yeux ne cessaient de la fixer, l’air inquiet pour elle.

« Lux ? »

Elle avait chuchoté le nom de son pokémon, qu’elle avait enfin reconnu. Le mot qui sortit de sa bouche était assez informe et incompréhensible, mais ce n’était pas le fait important du moment. Répondant à l’appel, l’interpellée lécha le bout du nez de la gamine, qui instinctivement leva son bras pour s’essuyer ; pour une raison qu’elle ignorait, avec le nez humide comme cela l’avait toujours mise mal à l’aise. Mais n’ayant pas retrouvé encore tout le contrôle de son corps, elle se donna une grosse claque lorsque son bras retomba lourdement sur son visage. Le pokémon en face d’elle étouffa une sorte de rire, contente de son petit effet, alors que la fille tenta à nouveau de pousser son bras loin d’elle. Une fois l’opération réussie, elle commença à basculer un peu la tête, essayant de voir où elle était arrivée, de se rappeler ce qu’il s’était passé.

Ses souvenirs revinrent lentement… Elle avait perdu contre Vélusia, puis elle se souvenait avoir été transporté, allongée, avec des gens qui causaient des choses complétement incompréhensible. Elle devait être à l’infirmerie, probablement. Sa conscience finit par se réveiller assez vite, même si la gamine avait l’impression d’avoir la tête très lourde, mais son corps lui semblait décider à rester en vacances. Tous ses muscles répondaient, elle les sentait, mais à deux à l’heure. Il lui fallait un gros effort rien que pour les bouger, et le résultat n’était pas toujours concluant.

Remontant sur ses deux coudes, elle essaya de se relever pour se retrouver dans une position assise, plus confortable. Les coussins qu’on lui avait donnait relevaient sa tête très en avant, et cela lui faisait mal au cou, elle qui était presque habituée à dormir qu’avec un pauvre petit repose tête. Il lui fallu un énorme effort pour se tirer et se mettre droite, mais finalement, elle réussit. Redressée, elle avait une meilleure vue sur tout ce qu’il y avait autour, et était beaucoup plus confortable. Ses gestes étaient lents mais mieux contrôlé maintenant, et la gamine pu se frotter les yeux pour essayer de se réveiller d’avantage. Une infirmière vint vers elle, lui demandant de ne pas se lever, qu’elle n’était as encore en état à cause des calmants. Des calmants ? La gamine comprenait désormais d’où venait son engourdissement, ils avaient du y mettre la dose, pour qu’elle soit flagada à ce point. Elle rassura la dame plus à l’aide de geste que de paroles, lui expliquant qu’elle ne comptait aller nul part, elle se contentait de se réinstaller. La dame s’éloigna, gardant malgré tout un oeil sur la gamine, méfiante qu’elle fasse une bêtise.

Kaé fit une caresse à Luxray, et tout en continuant à lui gratter derrière l’oreille – le coin qu’elle aimait bien là – elle commença à analyser les alentours. Il y avait pas mal de gens, tous sous les calmants vu l’état de la plupart, et la gamine se mit à se demander si, finalement, c’était bien légal le truc qu’il leur injectait, vu l’effet sur les gens. Y’en avait un qui semblait avoir compris le truc d’ailleurs, parce qu’il essayait de se rebeller contre les aides-soignantes qui voulaient lui donner un piqûre. D’un geste, Luxray demanda l’attention de la jeune fille et lui désigna silencieusement le lit à côté d’elle, où une jeune fille à l’aspect familier la regardait. Le cerveau de Kaé fit rapidement le rapprochement, par rapport à d’habitude.

« Lyse ? » demanda-t-elle, presque timidement. Sa voix était un peu éraillée, et pas bien volumineuse, mais cela devait suffire pour se faire entendre. Son adversaire du premier tour était toute pâle, comme un vampire, et cela donna des frissons à la jeune fille. Un instant, elle se sentit coupable de l’état de sa co-loque, car c’était à cause de leur combat qu’elle avait du tant se donner au point de mourir et être réincarnée ensuite sous forme de morte-vivante. Kaé était assez mal à l’aise par rapport à son habitude, car elle avait peur que Lyse soit fâchée contre elle à cause de sa victoire. La gamine, elle, n’avait jamais été du genre rancunière – sauf contre une personne particulière, mais celui-là elle pouvait vraiment pas le voir même en image ; une victoire était une victoire, ça arrivait de perdre et de rencontrer plus fort – ou dans ce cas plus chanceux – que soit, même de peu. La seule différence entre les deux filles avaient été que Kaé avait réussi par miracle à se relever après l’explosion du chef d’oeuvre de Lyse, ce qui n’avait pas été son cas.

Du coup, elle se retrouvait face à une fille dont elle ne connaîtrait pas la réaction lorsqu’elle lui parlerait mais à laquelle elle avait déjà entamé la conversation en l’interpellant par mégarde. À son habitude, elle se retrouvait dans des situations pas possible. D’autant plus que vu l’état du vampire en face d’elle, s’était pas dit qu’elle veuille ou même puisse faire la causette. Kaé ne pouvait décemment pas lui demander si « ça allait », et toute autre phrase dans le même style était vraiment mal placée. Pas que d’habitude la gamine soit délicate, mais là quand même. Elle se tritura l’esprit pendant facilement cinq minutes, avant de sortir la seule chose à laquelle elle avait pensé, accompagné d’un sourire « crochu » plus petit qu’à son habitude, un peu gênée.

« Tu survis ?

[Lyse]

Post sous contrainte

Il fallu un certain temps avant que sa voisine ne s'éveille, puis quelques autres minutes avant qu'elle ne remarque qui était allongé à côté d'elle. Lyse profita de ces quelques instants pour observer Kaé, son Pokémon, les gens autour... Et son regard se posa sur les deux tas posés entre les deux lits. On avait apparemment rassemblées ici leurs effets personnels - Lyse remarqua d'ailleurs qu'elle ne portait plus ses propres habits. La Flamenoise repéra du coin de l'oeil ses quatre Pokéballs, sa chemise blanche et son pantalon de lin. Ils semblaient plus propres que dans son souvenir... Peut-être que quelqu'un les avait lavés. Ils n'étaient pas trop abimés, non plus, mais la demoiselle songea qu'il allait peut-être être temps de les remplacer, si un jour elle avait du temps et de l'argent à perdre...

- Lyse ?

L'interpelée leva les yeux. Son adversaire s'était réveillée, et la regardait fixement. La Flamenoise tenta une nouvelle fois de parler, histoire de la saluer ou s'enquérir de son état, mais ses lèvres s'ouvrirent à peine et son souffle était trop faible pour laisser sortir le moindre son. A peine réussit-elle à lui adresser un sourire. Kaé elle-même sembla à cours de mots pendant un moment, aussi Lyse se permit-elle de laisser ses yeux dériver de nouveau vers le tas de vêtements posés au sol, en s’intéressant cette fois-ci aux affaires de l'autre jeune fille. Au sommet du tas se trouvaient deux Pokéballs, l'une, celle du Luxray allongé sur le lit, vide, et l'autre... Lyse se souvint que lors de leur première rencontre, la Terrosienne voyageait avec un Absol. C'était donc sans doute sa sphère. Dessous se trouvaient les habits dans lesquels la guerrière avait combattu, propres eux aussi, mais troués et brûlés à certains endroits. Elle ne se souvenait pas avoir été la cause de tous ces trous... Peut-être que Kaé avait mené un rude combat pendant qu'elle dormait.

- Tu survis ?

Lyse releva les yeux, fixant le regard de Kaé. Dommage qu'elle n'ait pas été télépathe ! Ses lèvres formèrent les mots "C'est l'idée", mais de façon tellement tremblotante que même un sourd capable de lire sur les lèvres n'aurait pas pu déchiffrer ça. Alors la Terrosienne pouvait bien comprendre ce qu'elle voulait... Incapable de la fixer plus longtemps, la Flamenoise baissa légèrement les paupières et le regard, comme pour somnoler. Un éclat la perturba, cependant. Elle tourna la tête et vit le sabre de son adversaire, posé contre le mur. Elle qui s'y connaissait un peu en armes, en tant que fille de forgeron ayant une certaine connaissance du métier, elle trouva que c'était un beau spécimen. Durant leur combat, elle n'avait pas eu trop l'occasion de l'observer... Mais là, il l'hypnotisait, attirait son regard irrésistiblement. Ce n'était sans doute pas très poli à l'égard de sa propriétaire, mais elle ne pouvait en détacher ses yeux...

Esthétiquement parlant, le fourreau noir était d'une certaine classe. Les symboles gravés dessus n'avaient pas beaucoup de sens pour Lyse, sans doute était-ce un alphabet Terrosien qu'elle ne pouvait connaitre, mais l'artisan qui les fait avait eu la main légère et délicate. C'était du grand art. La poignée, qui s'appelait tsuka selon les souvenirs de la demoiselle, portait des traces d'usure, dues au temps et à l'utilisation de l'arme. Mais il n'y aurait qu'en voyant la lame elle-même que Lyse aurait pu se donner une approximation de l'âge de l'objet...

L'épée n'était pas d'une longueur exceptionnelle, mais elle devait quand même peser son poids. Kaé devait avoir une sacré force dans ses bras pour manier cette arme ! Lyse admira le fourreau tout son soûl, puis nota, en baissant les yeux, la présence d'une autre arme, un fouet. Wow. La guerrière semblait bien polyvalente aux yeux de Lyse, incapable de manier la moindre arme. Elle s'y connaissait moins, cependant, dans le domaine des armes de domptage, aussi ne put-elle faire aucun commentaire mental sur sa forme, son efficacité, ou autre...

La Flamenoise avait un peu plus chaud, maintenant. Ses muscles revenaient à la vie, lentement. Elle déglutit et, regardant une nouvelle fois Kaé, elle parvint à s'exprimer un peu, d'une voix sifflante et rauque, comme si elle n'avait pas parlé depuis des jours.

-'a va.

Lyse put même ponctuer sa phrase d'un petit sourire. Elle désigna de la main les armes de sa camarades, pour lui faire savoir, bien que cela soit sans doute inutile vu qu'elle venait de passer au moins cinq ou dix longues minutes à les détailler, qu'elle s'y intéressait. Elle ne pouvait pas beaucoup parler ni bouger, mais peut-être que Kaé, qui semblait un peu plus en forme, pourrait lui en dire plus à leur sujet ?


[Contrainte : faire intervenir un objet]
[Lynche moi pour mon retard...]

[Kaé]

La Flaminoise ne sembla pas en colère ou énervée contre la Terrosienne ; levant les yeux fatigués lorsque la gamine l’avait interpellé. Kaé comprit qu’elle avait essayé de formuler des mots, mais aucun son ne voulait sortir de sa bouche, comme si sa gorge était un mode blocus « non toi tu passes pas ! ». Après plusieurs tentatives infructueuses, elle arrêta d’essayer pour reporter son attention sur ce qui devait être les armes de Kaé.

La manière dont Lyse observait l’épée de la demoiselle était curieuse dans un premier temps. La jeune fille se demanda si on ne lui avait pas donné des substances bizarres, vu son état groggy. À la réflexion, c’était probablement le cas – et le sien aussi d’ailleurs – avec tous ces médicaments et sédatifs qu’on leur avait filé, c’était pas étonnant qu’elle tire une drôle de tête. Kaé avait l’air de mieux s’en tirer que Lyse, peut-être parce que ses blessures étaient essentiellement physiques – des coups de lance et des brulures à peu prés partout – alors que l’autre demoiselle semblait épuisée intérieurement.

La gamine n’en tenu pas rigueur à la Flaminoise, s’avachissant sur son coussin pendant qu’elle observait ses ustensiles. Kaé en profita pour donner une caresse à Luxray qui, fidèle au post, n’avait pas bougé d’un poil. La demoiselle commençait à retrouver des forces dans ses bras – enfin, juste assez pour réussir à le soulever sans faire mal à personne – même si elle avait du mal à les « ressentir », comme si les terminaisons nerveuses qui les composaient s’étaient mises en veille et refusait de se réveiller. Elle gratta la Pokémon encre sous le menton, alors que celle-ci fermait presque les yeux sous la caresse. La gamine sourit, avant de se souvenir qu’il manquait quelqu’un à la fête.

« Les Pokémons et les humains doivent pas être soignés au même endroit, » murmura-t-elle alors qu’elle cherchait des yeux le deuxième animal de son équipe.

Dés qu’elle eut prononcé ces quelques mots, les yeux de Luxray se mirent à briller d’un jaune doré, remplaçant le rouge habituel qui les ornaient. Kaé avait mis du temps à comprendre ce que cela signifiait, il avait fallu qu’un type lui explique que cette bestiole avait le pouvoir de voir à travers les murs. C’était sans doute ce qu’elle faisait en ce moment même.

La gamine se mit quand même à se demander si c’était vraiment légal un tel comportement dans cette situation. Certes, elles pourraient ensuite retrouver la trace d’Absol, mais en attendant, Lux devait sans doute voir tout ce qui se passait dans les salles d’opération, de soins, et euh… même dans les toilettes en fait. Un petit frisson remonta le coup de Kaé. En réalité, Luxray était une voyeuse professionnelle. Cela dit, ça devait pas être très passionnant pour elle de regarder les êtres humains – connaissant la bête ce n’était pas exactement sa tasse de thé – et les Pokémons ben… c’était pas comme s’ils n’avaient pas besoin de porter des vêtements mais presque. Et puis, les moments intimes entre animaux, Kaé était trop naïve pour y penser.

La couleur dorée des yeux de Lux s’estompa rapidement, et d’un signe de tête elle fit comprendre qu’elle avait trouvé le lieu où se cachait leur compagnon.

« Et il va bien ? » demanda la gamine, malgré tout inquiète de son état. Les types lui avaient dit qu’il s’en sortirait sans peine, mais la gamine resta néanmoins anxieuse pour le Pokémon dont elle avait la charge – ou plutôt, qui avait la charge d’elle, mais ça elle ne le savait pas bien.

Luxray hésita un moment, puis poussa un petit feulement qui ressemblait à une mise en garde avant de quitter la pièce, probablement pour aller rendre visite au Pokémon désastre. Kaé ne la retint pas, lui faisant confiance de revenir dés que possible. En revanche, elle haussa les épaules à l’avertissement ; franchement, elle pensait qu’il pourrait lui arriver quoi ? Elle était à moitié assise dans un lit d’hôpital improvisé, ce n’était pas comme si elle pouvait faire grand chose, non mais oh.

La gamine fut tirée de ses pensées par une petite voix faible et rauque. Reportant son attention à sa voisine, elle lui rendit son sourire, contente de voir qu’elle commençait à émerger. Mais elle ne semblait pas avoir récupéré entièrement, et d’un signe de main indiqua ce qu’elle observait depuis tout à l’heure. Comprenant son intérêt pour la chose, Kaé se pencha légèrement – manquant de tomber bien sûr – pour récupérer ses armes.

« Le fouet n’a rien d’extraordinaire, » commença-t-elle par commenter, ne faisant pas attention à sa voix éraillée, « je l’ai plus ou moins trouvé par terre lors d’une mission, il est en sale état. J’commence à attraper le coup de main pour m’en servir, mais ce n’est pas toujours évident. Ça bouge trop comme truc. »

La gamine le laissa trainer au bout de son lit, ne voulant pas donner plus d’information, n’en ayant pas plus à donner d’ailleurs. Elle avait fait un entrainement avec une tirant il n’y a pas longtemps pour apprendre à s’en servir, mais elle avait encore du chemin à faire. Cependant, elle espérait tout de même y arriver un jour, ça pourrait être drôle en plus d’utile.

Après, elle tira presque solennellement le sabre de son fourreau – presque car le truc était quand même assez lourd et elle n’avait pas encore bien récupéré, elle manqua donc juste de s’embrocher avec sa propre épée – pour la présenter à Lyse.

« Tu t’y connais en arme ? » demanda-t-elle en faisant genre que c’était son cas, alors que pas du tout, « celle là a été forgée par un petit magasin à sa réputation à Omashu. Je n’avais pas assez de sous pour me l’acheter, c’est mon maitre qui m’a avancé l’argent. Elle est moins tranchante que ses congénères, mais un peu plus résistante. Enfin, il paraît. »

Tournant légèrement le katana, elle désigna l’inscription gravée sur la lame. De ce point de vue là, on pouvait voir toutes les rayures et accrochements qu’avait subit la lame au court de ses années au service de la miss. Elle n’avait jamais soigné son arme, et avait maintenant peur de retourner chez le forgeron qui l’avait conçu car il habitait pas loin de chez ses parents desquelles elle avait fugué.

« Cela signifie “courage” il paraît, mais je ne sais plus en quelle langue, » admit-elle, ne cherchant pas à paraître plus intelligente qu’elle ne l’était déjà – c’est-à-dire pas des masses.

Un petit air nostalgique recouvrit son visage alors qu’elle repensait à ses années à l’académie. Cette arme était la seule chose qu’il en restait, et cela lui faisait à chaque fois un petit pincement au cœur lorsqu’elle repensait à son maitre qu’elle recherchait encore pour désertion d’élève.

[Lyse]

Lyse se réchauffait de plus en plus, reprenant un aspect plus humain, quelques couleurs, une respiration plus profonde et douce. Elle parvint même à se mettre assise, le dos porté par le mur derrière elle. Enfin, elle parvint à le faire très lentement, tandis que Kaé parlait de son fouet, et de son sabre. La Flamenoise était assez impressionnée d'apprendre qu'elle savait, au moins un peu, se servir de deux armes aussi disparates. Elle avait pu voir son talent à l'épée, qui, s'il était loin d'être exceptionnel, était tout à fait prometteur. La Terrosienne devait être une guerrière très polyvalente. Et dresseuse, en plus.

Quand sa camarade sortit de façon hasardeuse le sabre de son fourreau, Lyse ne put s'empêcher de remarquer les diverses marques d'usure sur la lame. Kaé était certes une guerrière, mais elle n'avait pas l'air particulièrement soignée ou attentive à ses affaires. C'était déjà quelque chose qu'elle avait pu constater lorsque les deux jeunes femmes s'étaient rencontrées à l'Oasis. La tenue de la Terrosienne était alors sans dessus dessous... Mais c'était sans doute, se souvint Lyse, parce que la femme qu'elle avait rencontrée à ce moment, et la véritable Kaé, n'avaient pas le même âge, et donc pas la même carrure.

- Il est dans un drôle d'état, murmura Lyse en observant les rayures. Sa voix était encore faible, mais elle pouvait parler maintenant, c'était déjà un progrès conséquent. Oui, je m'y connais en armes, un peu. Même si je n'en manie pas... Mon père est forgeron. Il m'est arrivé de l'aider, plusieurs fois.

Ça faisait beaucoup de mots d'un coup. Lyse souffla, comme si elle venait de sortir une longue tirade sans respirer. Quelque chose lui disait qu'il lui faudrait peu de temps de maîtrise du Feu pour retomber dans les pommes. Son énergie intérieure était loin d'avoir refait le plein. Pourtant elle voulait continuer à discuter, comme ça, pour passer le temps. Kaé, avec le peu d'attention qu'elle semblait porter aux apparences, et sa façon d'être naturelle, lui plaisait bien. Et même sans savoir manier d'armes, Lyse aimait aussi beaucoup les histoires de batailles, les récits des guerriers. La Terrosienne, même peu expérimentée, aurait peut-être quelques récits à lui raconter.

- Tu manies d'autres armes ? Ou tu voudrais apprendre ? Ma seule arme est le Feu, mais je trouve ça toujours plaisant de regarder un combat de maître d'armes. C'est comme une danse... Parfois dangereuse, voire mortelle. Mais souvent magnifique et passionnante.

La Flamenoise souffla de nouveau, affichant une expression d’intérêt sincère envers tout ce que pourrait lui dire sa collègue. Kaé pouvait s'en sentir flattée : elle n'accordait pas souvent ainsi son attention à quelqu'un. Elle n'aimait pas parler ou écouter les gens, habituellement, mais semblait prête à faire une exception pour cette demoiselle.

[Kaé]

Alors qu’elle présentait le katana dont elle était si fière, Lyse lui fit remarquer à quel point il était entaillé et abimé de partout. Il était vrai que la demoiselle avait tendance à l’utiliser sans trop se préoccuper des effets secondaires de ses actions. Son seul souci serait qu’il se brise lors d'une attaque, car on l’avait beaucoup mise en garde contre ça, mais pour le reste, elle avait la fâcheuse tendance de « laisser couler ». Cependant, elle savait qu’elle ne pourrait faire usage de cette technique du « tant pis » encore très longtemps, à moins de risquer de rendre son arme inutilisable et irrécupérable. Mais elle avait encore trop peur de retourner à Terros ; elle avait essayé de s’approcher de la frontière, en s'aventurant jusqu’à la vallée Chimarée, mais avait finalement fait demi-tour en entendant parler du concours au Colisée. Elle n’avait pas encore la force d’affronter ses parents, et avait peur que les chefs de l’ordre du coin l’embarquent pour la livrer à sa famille. Et à part ce vieux forgeron, elle ne savait pas où elle pourrait trouver quelqu’un qui puisse l’aider pour pas cher. En effet, la gamine était toujours fauchée, et ce genre de prestations avait généralement un coût assez élevé, qu’elle ne pouvait se permettre.

Lyse expliqua alors un fait fort intéressant, racontant que son père était un de ces hommes qui savaient manier le métal pour en faire des armes. La gamine écouta avec une oreille attentive – ou tout du moins, essaya – pour récolter le maximum d’informations sur la question. Si elle jouait bien ses cartes, elle pourrait peut-être obtenir une réduction de la part de ce commerçant, qui sait ? Après tout, elle était une pote à la fille du type qu’elle ne connaissait pas, ça valait peut-être la peine d’essayer ?

« Tu as de la chance d’avoir un père si chouette ! » commenta la demoiselle, se rappelant du sien qui l’avait poignardé dans le dos, « Peut-être que j’irais lui rendre visiter, histoire de remettre ce bozo là en état. Il habite où ? » conclut-elle en se tournant vers la Flaminoise qui semblait émerger lentement de son état.

Bon, elle n’avait pas l’air de péter la forme non plus, mais Kaé trouvait qu’elle s’en sortait quand même pas mal. La Terrosienne aussi avait fini au tapis, mais ses blessures étaient beaucoup plus physiques et ne l’avaient pas autant atteinte que celles que Lyse s’était infligée. La fille avait littéralement pompé dans son énergie vitale, chose que la gamine ne pouvait même pas imaginer. Cela devait être terriblement douloureux, et elle compatissait en supposant ce qu’elle devait ressentir. Cependant, elle ne se permit pas de commentaires, pensant que la demoiselle s’en tirait déjà très bien à se remettre de ses émotions, sans qu’elle est besoin de le lui rappeler. Elle continua en demandant à Kaé si elle savait manier d’autres armes, question à laquelle la demoiselle répondit en hochant un peu tristement la tête.

« Pour l’instant, je connais que mon katana et quelques notions avec le fouet, mais c’est tout. Cependant, j’compte pas m’arrêter là ! Mon père organisait des petits concours de guerriers dans notre village, et j’ai vu défiler des armes de toutes sortes ! Y’a des gens qui arrivent à se battre avec un énorme anneaux aiguisés en guise d’équipement, tu le savais ? C’est un truc de fou, j’aimerais au moins essayer un jour pour voir ce que ça fait ! »

La gamine sortit sa tirade d’une traite, enthousiasmée alors que ses souvenirs de ces bons moments refaisaient surface. Faisant une petite pause, elle finit par répondre plus clairement à la question de Lyse, en espérant que cela lui suffise et qu’elle arrive à comprendre.

« En fait, je ne sais pas si j’arriverai à tout manier, mais j’veux au moins essayer, voir ce que ça fait. Aucune arme ne s’apprend de la même manière, et c’est ça que je trouve très chouette. »

Lyse expliqua que sa seule arme a elle était le feu, mais Kaé se sentit obligée de l’interrompre, pour lui donner son propre point de vue sur la question.

« Personnellement, j’trouve ça déjà extraordinaire que tu arrives à contrôler un élément. Mon père était maitre de la terre, mais il semblerait que je n’ai pas hérité de ce trait là. Même si tu ne manies que le feu, tes possibilités sont infinies, tu peux faire autant de chose qu’un maitre d’armes qui s’amuserait avec toutes les lames qui lui tombe sous la main, et moi, je trouve ça classe. De plus, tout le monde peut manier telle ou telle arme s’il le veut, alors que le feu, lui, il est pas donné à tout le monde, » ajouta-t-elle avec un clin d’œil.

Kaé n’avait jamais regretté ne pas pouvoir imposer sa volonté à la terre ; elle s’acceptait telle qu’elle était, sans trop se poser de question. Cela servait à rien d’aller à l’encontre de sa propre nature, à part se faire du mal. Préférant ne pas s’avancer dans cette voie, elle préférait admirer les élémentalistes plutôt que de les envier. Sa voisine expliqua qu’elle aimait beaucoup regarder les combats, fait sur lequel Kaé enchaina de suite, excitée par la tournure que prenait la conversation.

« C’est sûr qu’il y a rien de plus chouette que de regarder des gens se battre, enfin, s’ils sont potes, » assura Kaé, refusant de penser à l’éventualité d’une guerre ou d’une dispute qui dégénère. « C’est quand même dommage que tout le monde ne soit pas aussi réceptif, j’arrive pas à comprendre les gens qui ne considère pas ce qu’on apprend comme de l’art, » finit-elle sur une pensée un peu plus triste, repensant à sa mère.

La fatigue de Kaé semblait se dissiper dans cet élan d’enthousiasme, même si elle était, bien sûr, toujours présente. C’était juste la joie de vivre naïve et innocente de la gamine qui faisait surface, lui faisant oublier momentanément tous ces autres soucis à côté.

[Lyse]

Kaé parlait beaucoup, d'une façon un peu enfantine. Cela ne dérangeait pas Lyse, cependant. Tandis que la Terrosienne parlait, elle n'avait pas à le faire, et rassemblait ses forces. De plus, l'enthousiasme de la jeune fille était plutôt contagieux, donnant de l'énergie à la maîtresse du Feu. Rafraîchissante et entraînante, voilà de quelle façon Lyse voyait sa comparse à ce moment là. De son côté, elle se remettait petit à petit, comme d'un long sommeil duquel on a eu du mal à s'extirper. Cette expérience au Colisée, si elle ne lui avait pas permis ni de gagner la compétition, ni de se faire connaître en tant que Maître du Feu, lui avait au moins enseigné d'importantes leçons de vie. D'abord, qu'elle avait encore du chemin à parcourir pour s'améliorer. Sa vie resterait un entrainement de tous les instants... Pas question de se surestimer.

Ensuite, elle connaissait désormais les risques qu'elle encourait en utilisant sa magie sans compter. La maîtrise du Feu avait une particularité de plus que les autres : elle pouvait créer son élément. L'Air, l'Eau et la Terre sont maniables s'ils sont présents. Le Feu peut se créer en puisant de l'énergie en soi, dans un mouvement, une émotion. Ce qui le rend plus fatigant à maîtriser. Enfin, de toute façon, n'importe quel maître de n'importe quel élément pouvait bien se retrouver dans le même état qu'elle s'il tentait de se vider de ses forces. Elle avait pu être sauvée, parce qu'il y avait des gens, autour d'elle, pour l'aider.

Seule ou en combat réel, elle serait morte.

Enfin. Elle était là, bien vivante, bientôt prête à se remettre au travail. Elle ne ferait plus la même erreur qu'aujourd'hui. Et un jour, elle l'espérait, à force d'entrainement et de volonté, elle pourrait accomplir le double de ce qu'elle avait montré durant son combat, sans s'évanouir. Un jour, elle serait encore meilleure qu'aujourd'hui. Meilleure même que ce qu'elle pouvait imaginer devenir.

Après avoir écouté sans mot dire Kaé, Lyse se racla la gorge pour répondre. Sa voix revenait : elle allait pouvoir parler sans chuchoter, ou donner l'impression qu'elle allait s'endormir d'une seconde à l'autre.

- Tu dis que tout le monde peut maîtriser une arme, oui et non. Moi, je n'aime pas les armes... Enfin, en tant qu'objet, je trouve ça beau. Mon père m'a appris ses techniques de forgerons, son amour des belles armes. Mais je suis bien incapable d'en manier une... J'ai essayé, quand j'étais plus jeune, mais ça ne me correspond pas. Je préfère les arts martiaux. Ca me correspond mieux... C'est... Je trouve ça plus facile à combiner avec ma maîtrise du Feu. Enfin, je dis "art martial", mais je n'en connais pas vraiment... C'est plutôt... à l'instinct. Mine de rien, je sais me battre... N'est-ce pas ?

La Flamenoise adressa un sourire à Kaé. Elle était, en fait, la seule à pouvoir juger de la capacité de combat de Lyse, puisqu'elle était la seule à l'avoir affrontée réellement. Pour se battre, elle maîtrisait, et son corps suivait le mouvement. Elle n'était pas sûre, du coup, de ne pas montrer trop de points faibles, ou bien de se mettre en position instable, ou autre chose. Peut-être devrait-elle trouver quelqu'un pour contrôler tout ça, histoire de s'améliorer ? Et un maître du Feu, aussi ? Ce qu'elle savait, elle l'avait appris de ses parents, et avait à partir de là développé ses propres talents... Mais, en rester là, ça ne la limitait pas un peu trop ? La jeune femme se promit de se renseigner dans ce sens, pour trouver quelqu'un capable de lui apprendre à s'améliorer.

- Enfin, pour en revenir à ton sabre, mes parents habitent une maison isolée au milieu des plaines de Terros... Mais tu la trouveras plus facilement si tu cherches non pas une forge mais une pension spécialisée dans les Pokémon Feu. Ma mère est éleveuse, en fait. La maison est plus réputée pour son travail que celui de mon père, même s'il n'a pas à se plaindre. Si tu n'as ni le courage ni l'envie d'aller jusque là-bas, cependant, je peux toujours essayer de faire quelque chose... Il me faut juste... un peu de matériel.

Après tout, qui a besoin d'une forge lorsqu'on possède en soi la force du Feu ? Ceci dit, la maîtrise du Métal aurait sans doute été plus efficace. Enfin, elle aurait le temps de voir. Kaé préférerait peut-être confier son arme à un véritable forgeron et pas à une apprentie, auquel cas Lyse se ferait un plaisir de lui indiquer avec précision le chemin à suivre. voire de l'accompagner ? Elle n'avait pas vu ses parents depuis tellement longtemps... Mais d'un autre côté, ce n'était pas tellement sur sa route... Avait-elle une route à suivre, à vrai dire ? Ah, oui, elle avait entendu parler d'un événement se déroulant à Terros, un concours. D'ailleurs, qui lui en avait parlé, déjà ? Peu importe, dans tous les cas, ça avait l'air d’intéresser Tekken, donc cela serait sans doute leur prochaine destination. Vers le Nord...

[La référence au concours d'Halloween, c'est pour montrer à quel point ce RP date xD]

[Kaé]

Lyse semblait doucement rassembler ses forces ; si elle n’était sans doute pas prête à se lancer dans un nouveau combat ou une nouvelle aventure, elle avait au moins l’air réveillée et plus en danger de « retombage » instantané et imprévisible dans les pommes. Certes, Kaé non plus n’était pas de la dernière fraîcheur, mais elle avait de plus en plus l’impression que son interlocutrice avait beaucoup plus souffert qu’elle, même si le résultat était équivalent au final : elles s’étaient toutes les deux évanouies sur le ring. Comme quoi, il y avait sans doute autant de moyen de perdre que de gagner un combat. Il était vrai que Kaé avait toujours eut tendance à jouer sur l’épuisement de son adversaire du fait qu’elle manquait elle-même de force pour asséner des coups critiques. Elle s’en rendait compte à peine, et en même temps, elle savait qu’elle n’avait jamais eu un fort pour l’endurance. C’était curieux finalement, même sa méthode de combat était biaisée : elle se jouait sur un facteur qui n’était en fin de compte pas vraiment son point fort. Il fallait dire qu’elle n’en possédait pas des masses des « points forts » ; en réalité, à part sa vitesse et sa petite taille, elle n’avait pas grand chose pour elle. Il lui faudrait travailler à développer un autre avantage si elle voulait un jour espérer allait plus loin dans le tournois lors du prochain Colisée.

La miss lui répliqua son propre point de vue après que la gamine lui ait explicité le sien, lui expliquant qu’elle ne partageait pas tout à fait le même avis que son interlocutrice. Kaé l’écouta raisonner, puis fronça les sourcils avant de comprendre qu’apparemment, elle n’avait pas été tout à fait claire dans sa justification. Elle rectifia le tir, se collant ainsi parfaitement avec ce que racontait Lyse. Comme quoi, elle avait en réalité les mêmes idées, c’est juste qu’il y en avait une des deux qui savait pas très trop bien communiquer.

« Oui euh… je vois ce que tu veux dire… En fait, dans un sens, je crois que tout le monde a la possibilité physique de manier une arme s’il le désire. Alors que moi, même avec toute la volonté du monde, je n’arrive pas à faire bouger un petit caillou, et c’est pas faute d’avoir essayé ! » répondit-elle, continuant à s’exprimer de manière enfantine. « On nous rabâche que “vouloir c’est pouvoir”, mais il y quand même des choses contre lesquels on ne peut pas luter. Chacun est né avec ses propres dons, mais il est vrai que c’est toujours plus impressionnant de voir quelqu’un qui n’est parti de rien grandir alors que les prodigues et bien… on sait ce que ça donne et c’est moins drôle. »

La demoiselle faisait référence à son rival de toujours, un certain Ishitso à qui elle avait juré de botter les fesses un jour. Cela dit, elle était encore loin du compte, et son voyage ne faisait que lui afficher une vérité qu’elle s’était toujours un peu cachée. Elle savait qu’il fallait travailler pour faire des efforts, mais elle apprenait seulement que tous les efforts en question qu’elle avait fait n’était toujours pas suffisant pour la porter ou que ce soit.

Lyse dévia la conversation en disant « ne pas savoir grand chose des arts martiaux ». Les yeux de Kaé se levèrent au plafond à ce moment-là alors que la gamine réfléchissait à ces paroles. Surtout que la Flaminoise avait posé une drôle de question, qui surprit un peu Kaé, lui nécessitant plusieurs secondes de réflexion – soit pas plus qu’à son habitude.

« Si mes souvenirs de cours théoriques sont bons, les maîtres du feu se base généralement sur un style de Shaolin… Genre avec des mouvements rapides de mains et de pieds dans tous les sens et reposant sur des attaques à distance avec des manœuvres rapides… Enfin, je crois. Mais ça paraît logique, » dit-elle en se grattant la tête alors que sa mémoire travaillait à fond. « Après, chacun est libre d’interpréter son art à sa manière, et si tu ne veux pas te baser sur ce que font les autres, c’est ton droit ! Tu peux même aller jusqu’à créer ton style, qu’on appellera le “Lyse kungfu”, ça aura la classe. Surtout que ouais, ça te réussit bien ! J’ai eu sacrément du mal à percer ta défense, et encore plus à m’approcher de toi, si ça c’est pas la preuve que tu t’en sors comme une chef ! ‘Fin c’est vrai que je suis pas une référence, mais je te dis ce que je pense, » finit-elle avec un clin d’œil.

Kaé avait toujours été du genre optimiste et rêveuse, et son dernier discours était le reflet de ce qu’elle avait déjà pu longuement se répéter à elle-même ou à Nalio. Ce dernier avait été son seul vrai ami au dojo, et il avait toujours cruellement manqué de confiance en lui. La gamine avait alors prit l’habitude des discours enflammés de motivation. D’autant plus qu’elle pensait et croyait dur comme fer à chacun des mots qu’elle avait prononcé. Elle pouvait presque dire qu’elle avait gagné contre Lyse « par chance », à la fin, elle avait été la dernière debout, après une explosion qui aurait pu les emporter toutes les deux. Kaé avait juste eut la chance de réussir à se relever, contrairement à Lyse. Si elle avait été capable de contenir son colosse de flammes, la Terrosienne aurait méchamment mordue la poussière, alors qu’elle n’avait pas fait grand chose d’extraordinaire, finalement.

La référence au lieu d’habitation des parents de Lyse fit frissonner la gamine. Les plaines de Terros ? Comme quoi, il semblerait qu’en réalité, les deux filles soient presque voisines. Cela dit, Kaé n’était clairement pas prête à retourner dans son pays d’origine, elle avait encore trop peur des conséquences, trop peur de devoir faire face à ses parents. C’était dommage, car du coup elle ne pourrait pas compter non plus sur ce bonhomme là pour l’aider à réparer son sabre. Lyse proposa son aide en contrepartie, ce qui fit réfléchir Kaé – ô miracle. Regardant son précieux, elle répondit timidement à Lyse.

« Et bien je suppose que cela dépend… Pour une grosse opération, je suis désolée de dire mais j’crois qu’il vaut mieux que j’aille voir un “vrai” forgeron… Pas que j’ai pas confiance en toi hein ! Loin de là ! » se rattrapa-t-elle, ne voulant pas créer de quiproquo. « Surtout que, si tu veux bien me montrer des astuces pour le garder en forme, je suis preneuse. Et je crois qu’il aurait au moins besoin d’un bon aiguisage, en plus d’une bonne douche pour virer toute cette rouille, au moins ! »

Kaé tenait trop à son bébé pour lui infliger un « lourd traitement » – même si elle ne savait pas ce que cela signifiait pratiquement – pour une apprentie forgeronne, mais en revanche elle croyait parfaitement en sa nouvelle amie pour l’aider avec tout le reste. Comme elle n’y connaissait rien, elle laissait un peu aussi le soin à Lyse de juger ce qu’elle était capable ou pas de faire. Elle ne voulait juste pas qu’on utilise son chouchou comme cobaye d’apprentissage, c’est tout. En revanche, elle était très motivée pour apprendre des choses sur « l’entretien » de son arme ; en effet, elle n’en s’en était jamais préoccupée comme la gamine qu’elle était, jugeant cela peut-être inutile ou pensant qu’elle aurait toujours quelqu’un à ses côtés pour s’occuper de cela. Maintenant qu’elle était seule, elle pouvait observer concrètement son mauvais traitement sur son arme, ce qui la faisait méditer un peu sur le sujet, ce qui était, dans le fond, pas plus mal.

[Lyse]

Tandis que Kaé tentait de justifier ses propos, quelque chose dans l'esprit brumeux de Lyse sembla étrange, comme si elle avait mal fait quelque chose, ou dit une bêtise. Mais elle était bien incapable de savoir quoi avec précision... Hm, n'avait-elle pas parlé de Terros à la place de Flamen ? Elle n'arrivait pas à se souvenir de ses propos. Alors elle se concentra sur ce que lui disait sa camarade. Il était vrai que son refus presque immédiat l'avait un peu vexée, même si elle comprenait bien que la guerrière ne veuille pas laisser son sabre chéri aux mains de n'importe qui, surtout si le "n'importe qui" n'était pas véritablement un forgeron. De toute façon, elle n'avait pas touché d'arme depuis tellement longtemps qu'elle se sentait un peu moins en confiance qu'elle ne l'avait dit pour s'occuper dès le début d'un sabre aussi beau, et sans aucun doute précieux. Aussi ne fit-elle pas de remarque à ce propos.

- Je pense que je peux t'aider pour les menus détails, mais pas tout de suite.

Après tout, elle se sentait encore fatiguée, trop faible mentalement pour rester concentrée sur un travail, et physiquement pour tenir la lame sans trembler. Subitement, Lyse se souvint d'un détail qui l'avait marquée, quelques mois plus tôt, et décida de changer de sujet sans prévenir. Enfin, le temps d'une longue inspiration, et de se mettre les idées en place. La Flamenoise se souvint du Luxray aux côtés de Kaé. Elle comprenait maintenant pourquoi, lorsqu'elle l'avait vu plus tôt, il l'avait étonnée. Ce n'était pas le Pokémon qu'elle avait vu la première fois avec la jeune femme... La dernière fois, c'était un autre, très vieux et fatigué. Un Absol, il lui semblait bien.

- Au fait, comment va ton... euh...

Lyse hésita au dernier moment. Quand elle l'avait vu à l'Oasis, le loup blanc paraissait si faible... Presque mourant. Et c'était il y a des mois de ça. Se pouvait-il qu'il soit... Mort ? Auquel cas, il serait très déplacé d'en parler avec légèreté, comme ça. Pourtant, elle ne pouvait plus reculer. Elle avait commencé sa question et Kaé la regardait maintenant, attendant la suite. La Flamenoise déglutit, effrayée à l'idée de faire une bêtise, et se lança.

- Ton... ton Absol... Celui qui avait l'air un peu faible à l'Oasis... Il va mieux ?

Elle tenta un sourire léger, presque gêné. Oh bon sang, s'il était vraiment mort depuis et que cette demande inattendue blessait Kaé en lui rappelant de mauvais souvenirs, elle s'en voudrait tellement qu'elle penserait mourir de honte. D'ailleurs, elle en rougissait d'avance. Et elle avait très chaud. Étonnamment chaud même, elle qui se gelait quelques minutes plus tôt. Sa peau luisait soudainement de sueur, son dos semblait d'un coup trempé. Ses yeux, eux, lui paraissaient secs. Elle dut ciller plusieurs fois pour chasser les picotements. En tant que femme du pays du Feu, elle n'avait presque jamais souffert de la chaleur, aussi cette réaction corporelle la surprit.

- On cuit, non ?

Peut-être était-ce son corps qui reprenait une température normale, peut-être avait-elle de la fièvre. Peut-être faisait-elle un cas de "surchauffe" comme cela pouvait arriver à certains maîtres du Feu novices, lorsqu'ils maîtrisent mal ou pas du tout leur énergie. Peut-être était-ce seulement la peur d'avoir fait une erreur en parlant d'Absol à Kaé qui la mettait dans un état pareil. Dans le doute, elle fit signe à une infirmière de passage pour avoir un verre d'eau, en attendant la réaction de sa collègue.

[Kaé]

Lyse accepta d’aider Kaé sur des « menus détails » concernant l’entretient de son arme, ce qui rassura la demoiselle. C’était exactement ce qu’elle avait espéré, surtout que son interlocutrice ne sembla pas s’énerver contre elle pour avoir refusé son aide plus poussée. La gamine avait hâte d’en apprendre plus ; après toutes ses années à ne se soucier de rien, elle apprenait enfin qu’il y avait des choses pour lesquelles elle était responsable, surtout depuis qu’elle avait décidé de voyager seule. Dans sa tête, son maître aurait toujours été là pour elle, y compris pour les soucis d’armes si jamais ceux-ci se présentaient. Mais maintenant qu’il était parti, il lui fallait prendre certaines choses en main, et celle-ci était l’une des premières. Elle avait trouvé de l’argent pour manger et nourrir ses compagnons, et puisque ça c’était plus ou moins O.K., il fallait désormais qu’elle passe aux soucis de rang deux, et l’entretient de son bébé en faisait parti. Elle n’avait jamais envisagé la possibilité que le sabre ne se brise par exemple, alors qu’elle avait déjà assisté à deux nombreux combats où cela c’était produit. Il était temps qu’elle se réveille et qu’elle voit certaines réalités en face, et c’était ce qui lui arrivait, petit à petit.

Elle ne le savait pas, et n’en avait pas conscience, mais c’était cela qu’on appelait « grandir ».

Enfin, pour elle, c’était surtout un jeu, comme une nouvelle forme de distraction. À part les maths et la théorie, elle n’était pas du genre à rechigner à la tâche, et s’amusait même rudement de la pratique – ce qui est sans doute la raison pour laquelle ses parents n’avaient pas réussi à la clouer derrière un bureau comme une bonne petite écolière modèle.

« Oui bien sûr, faudrait sortir de ce taudis avant de pouvoir faire quoi que ce soit de sérieux, » commenta la jeune fille en regardant autour d’elle, « puis, faut qu’on se remette sur pieds aussi, mais ça, ça devrait se faire en deux coups de cuillères à pot ! » finit-elle en s’enthousiasmant, son sourire « crochu » ornant son visage. Bien sûr, elle savait que pour se rétablir, ça prendrait le temps que ça prendrait, en ce sens elle était pragmatique, mais elle préférait rester optimiste en pensant que comme ça, ça passerait plus vite.

Lyse voulue divaguer sur un autre sujet, commençant à formuler une question qu’elle ne finit pas immédiatement. La Terrosienne la regarda avec un air curieux, se demandant de quoi il s’agissait. Apparemment, il y avait quelque chose à Kaé qui allait ou pas, selon ce que la fille put décortiquer de la première tentative de communication de la Flamme Arc-en-Ciel. La gamine la regarda avec un air de dire « hein de quoi ? », comme si elle cherchait à pousser l’autre à préciser davantage ce qu’elle avait à dire. Finalement, Lyse termina sa quémande, qui fit buggé la plus jeune. Un Absol faible à l’oasis ? Il avait été faible Absol ? Dans quel contexte est-ce que...

« Ahhh ! Tu parles du coup où il était devenu tout vieux ? » demanda Kaé alors que ses yeux s’écarquillèrent un peu sous l’effet du « TILT » bruyant qui avait résonné dans son esprit en comprenant de quoi parlait Lyse. « Ben ouais écoute, je ne suis pas sûre de ce qui s’est passé ce jour là, mais on s’est rendormi et quand on s’est réveillé ben… il était à nouveau comme avant. D’ailleurs, il a participé au tournoi aussi, il en est sorti dans un sale état, mais je crois que sa fierté a pris plus cher que son corps, » expliqua-t-elle.

Un grognement se fit entendre depuis le cadre de la porte, alors que deux grands félins se tenaient dedans.

« Ben tient, quand on parle du loup ! »

Les deux bêtes pénétrèrent dans la salle, d’abord celle couleur encre suivie de celle à l’épaisse fourrure blanche. Absol se tenait bien sur ses quatre pattes et ne semblait point souffrir ni de la douleur, ni de la fatigue, malgré le très grand nombre de bandages présents sur tout son corps, en plus d’une zone rasée où les médecin avait du injecté les multiples antidotes pour lutter contre le poison des picots d’Airmure. Même sa corne avait un large pansement dessus, lui donnant vraiment l’air un peu idiot. La gamine pouffa un peu en voyant l’état de la bête, pour une fois qu’il s’était mis dans une pire situation qu’elle. Puis, alors que Luxray regagnait sa place à côté du lit de la demoiselle, cette dernière tendit une main, contre laquelle le Pokémon désastre vint se frotter, après un temps d’hésitation. La fille le caressa en analysant ses différentes plaies, notant un peu les dégâts.

« Hé ben, il t’a pas raté ! C’est la deuxième fois qu’il nous bat cet oiseau de fer, il est décidément vraiment redoutable. »

Absol ne répondit rien, le regard si perdu dans le vide et le visage si inexpressif qu’on pouvait se demander s’il se sentait réellement concerné par sa propre situation. Kaé ne s’y formalisa pas, habituée à ces silences. Depuis qu’ils se connaissaient la grande créature ne lui avait jamais dit rien d’important directement, mais elle avait immédiatement appris à interpréter les pensées de l’animal. C’était d’ailleurs peut-être cela qui l’avait poussé à quitter son coin tranquille au Parc Safari pour l’accompagner dans son voyage, mais là encore, il ne l’avouerait jamais. Finalement, la créature alla s’installer aux côtés de l’autre, s’asseyant dans une position tordue pour ne pas rouvrir ses blessures. Kaé en profita pour se tourner à nouveau vers Lyse.

« Tu vois, je te l’avais dit ! C’est pas un vieux rabougri, mais pour une raison ou pour une autre, il l’est devenu, le temps de ce court euh… bordel ? »

Elle n’était pas sûre de comment qualifier ce moment parfaitement bizarre que les deux demoiselles, accompagnées d’une autre enfant, avait vécu ensemble, mais jugea cette expression suffisante pour que Lyse comprenne de quoi il s’agissait. La Flammenoise, d’ailleurs, se remit à pâlir un peu, alors que des gouttes de sueur se formaient sur son front. Elle demanda même à l’autre fille si elles n’étaient pas en train de « cuire », ce à quoi la gamine, surprise, ne trouva rien de mieux à répondre à part :

« Euh… non j’crois pas, ou alors on a oublié de me prévenir. »

Une aide-soignante lui apporta un verre d’eau, mais là à vu d’œil la jeune maîtresse du feu avait surtout besoin d’une douche bien froide. Inquiète, Kaé plissa légèrement les sourcils avant de demander si « tout allait bien » à son amie.

[Lyse]

En voyant arriver un Absol bien amoché mais parfaitement vivant et en aussi bonne santé que possible, Lyse se sentit soulagée... Mais elle étouffait malgré tout. Elle sortit ses jambes des épaisses couvertures qu'on lui avait fournies, mais cela ne la soulagea qu'un peu. La Flamenoise brûlait, et cette chaleur qu'elle ressentait tout autour d'elle, au lieu de la renforcer et de la faire se sentir dans son élément, l'affaiblissait. Elle attrapa le verre d'eau que lui tendait l'infirmière avec un regard soucieux, sans répondre à l’œil interrogateur de Kaé, et le but lentement. Elle eut la désagréable surprise de goûter de l'eau chaude... Le verre lui-même semblait avoir été posé sur le rebord d'une fenêtre pendant des heures. Et pourtant, elle en était sûre, il était froid lorsqu'elle l'avait saisi. Cette fois, c'était sûr, elle faisait bien une surchauffe. La lourdeur de l'air autour d'elle lui donnait en plus mal à la tête. L'aide soignante, visiblement expérimentée, s'éloigna rapidement pour aller chercher quelqu'un qui pourrait lui venir en aide; Lyse en profita pour se débarrasser totalement des draps et expliqua la situation à sa camarade.

- Fiou... L'inconvénient des pouvoirs élémentaires, c'est que parfois ils se retournent contre leurs maîtres. Le Feu en moi bout, après avoir été mis en pause pendant quelques temps. T'inquiète pas, ça se soigne, ils doivent bien avoir un Guérisseur Flamenois qui connait ce problème.

La maîtresse élémentale fit un sourire à son amie. Avec tout ça, elle avait regagné des couleurs et un peu d'énergie, même s'il semblait que celle-ci ait décidé de lui peser dessus. En attendant l'aide annoncée, elle s’intéressa à l'Absol recouvert de bandages. Ainsi, lui aussi avait fait partie des participants au tournoi ? Il n'avait pas l'air de s'en être mieux sorti que sa dresseuse... ou qu'elle-même. Comme l'avait dit sa dresseuse, il avait l'air beaucoup plus jeune que lors de leur première rencontre. Mais il n'y avait rien d'étonnant à ça, ou plutôt, elle aurait pu s'y attendre - parce que, si, ça restait quand même un fait étonnant... Lorsque Kaé et Lyse s'étaient rencontrées, à l'Oasis du désert, toutes les deux avaient inexplicablement vieilli de quelques années, ainsi que leurs Pokémon. Voilà pourquoi celui de la Terrosienne avait semblé si vieux, et voilà aussi ce qui expliquait la présence d'un Pokémon aussi faible dans un environnement aussi hostile.

D'ailleurs, cela lui fit penser... La sensation de lourdeur, la chaleur, les maux de têtes dont elle souffrait actuellement, elle avait souffert de quelque chose de similaire lors de cet "accident temporel". Bon, elle était dans le désert à ce moment là, alors peut-être que ces symptômes avaient été normaux, mais mine de rien, ils étaient similaires. Allait-elle revivre un vieillissement inexplicable ? Lyse s'éventa le visage avec la main, à la recherche de la moindre fraîcheur disponible. C'était stupide, il n'y avait aucune raison pour que quelque chose comme ça se produise de nouveau. Elle l'espérait, du moins, la vie était déjà faite de suffisamment de surprise sans que les Dieux ne s'en mêlent.

Un jeune homme s'approcha d'elle tandis qu'elle était plongée dans ses pensées et se présenta comme un Guérisseur maîtrisant le Feu. Il était grand, vieux de quelques années de plus que les jeunes filles, brun. Et apparemment, il connaissait son boulot, puisqu'il n'eut pas besoin d'explications de qui que ce soit pour se mettre au travail sans un mot. Lyse le laissa ausculter sans rien dire, se contentant de regarder Kaé d'un œil étonné mais amusé. Le médecin à l'apparence taciturne finit par lui prendre la main et, sans quitter celle-ci des yeux, demanda à la jeune femme de le brûler par cette main.

- Vous voulez dire quoi par, "vous brûler" ?

L'homme leva vers elle des yeux incrédules. Depuis quand les maîtres du Feu ne savaient-ils pas brûler des cibles ? Serrant la main du Guérisseur, niant par avance toute faute de sa part, elle fit apparaître au creux de sa paume des flammes, comme pour le blesser.

- Ça alors ! Mes flammes sont bleues ! Je dois avoir vraiment super chaud !

Sans ajouter un seul mot, sans même sourciller, le médecin commença à opérer en régulant la température du feu, et, par transfert thermique, celle de sa patiente. L'air autour d'eux se réchauffait, et, cette fois, ce n'était pas seulement une impression de la Flamenoise. Peu à peu, la flamme qui semblait brûler les mains jointes de Lyse et du docteur vira au rouge, puis à l'orange et tira enfin vers le jaune, couleur plus habituelle pour la demoiselle, qui sentait son corps se rafraîchir considérablement. Loin d'atteindre le froid polaire qui l'avait étreinte quelques temps plus tôt, à son réveil, sa température corporelle se fixa dans une moyenne tout à fait normal pour lui. La jeune femme se sentait beaucoup mieux mais, étrangement, son traitement n'avait eu aucun effet sur ses maux de tête. Alors que le Guérisseur commençait à s'en aller, visiblement blasé d'avoir effectué un travail aussi peu intéressant, Lyse le rappela.

- Et pour ma migraine, on fait quoi ?

Il tourna la tête vers elle, une lueur d’intérêt dans le regard. Il croisa les mains sur sa poitrine et prononça sa première vraie phrase.

- Les surchauffes ne donnent pas de maux de tête...

La Flamenoise se contenta de marmonner un "bah..." tout en mettant la main sur son crâne, se massant la zone douloureuse. Qu'est-ce qu'elle en savait, que les surchauffes ne donnent pas de maux de tête, c'était la première fois qu'elle en subissait une. Et le type au marteau qui s'en donnait à cœur joie entre ses deux oreilles s'en fichait lui aussi. Elle avait mal, c'était tout. L'homme s'approcha d'elle une nouvelle fois, avec plus de considération pour sa patiente. Il lui demanda de ne plus bouger et lui posa les mains sur la tête quelques instants. Lyse se sentait un peu bête, mise comme ça, et se demandait si l'autre n'était pas en train de lire dans son cerveau. Il ne bougeait pas, ne parlait pas, ne faisait rien. Kaé devait trouver la situation cocasse. Sans doute qu'elle aussi elle aurait trouvé ça drôle, si elle n'avait été que témoin. Finalement le docteur retira ses mains. Il paraissait soucieux.

- J'ai envoyé de minuscules impulsions électriques dans votre boîte crânienne. Il apparaît que vous avez un corps non identifié qui n'est pas censé se trouver là. Sans doute est-ce lui qui cause vos migraines. Mais c'est tout ce que je peux vous dire, pour le moment. Sans vous ouvrir la tête, je veux dire...

Le moment n'était peut-être pas très bien choisi pour faire de telles remarques sur un ton sarcastique, mais c'était visiblement tout ce qu'avait trouvé à répondre le Guérisseur, qui semblait au moins autant déboussolé que Lyse. Celle-ci le regardait avec de grands yeux effarés, regardait Kaé de la même manière, regardait le vide. Qu'est-ce que ça voulait dire ?

[Docteur House spotted xD]

[Kaé]

L’état de Lyse ne sembla pas s’arranger, au contraire. La fille devenait de plus en plus rouge, jusqu’à ce que Kaé fût convaincue qu’elle aurait pu se préparer leurs deux petits-déjeuner sur le front de son amie. Ses sourcils froncèrent alors qu’elle n’avait aucune idée de ce qui se passait, malgré les quelques justifications de la Flamminoise. La gamine ne se souvenait pas d’avoir entendu parler de ce genre de réaction… Cela dit, elle ne se souvenait de pas grand chose de ses cours de théorie, ayant dormi la moitié du temps et fait le clown l’autre moitié. Elle ne répondit pas, ne sachant pas quoi dire, lâchant un simple « ah d’accord » à la fin de la tirade explicative, à moitié rassurée. Cependant, si Lyse disait de ne pas s’inquiéter, alors elle allait lui faire confiance et pas paniquer dans l’immédiat, préférant attendre qu’on lui dise de s’affoler avant de s’y mettre.

Finalement, un type qui sembla être docteur prit le temps de s’occuper de la Flemme* – euh… Flamme – Arc-en-Ciel. C’était un monsieur un peu bourru qui ne parlait pas, enfin pas plus que le strict minimum pour se faire comprendre, et encore. D’ailleurs il semblait aussi un peu grognon, levant les yeux au ciel quand Lyse lui posa une question à la réponse pas évidente a priori, ou en tout cas pas manifeste du tout pour la Terrosienne. Lorsque « l’opération » commença, Kaé leva un peu la tête, curieuse, pour voir mieux ce qui se passait à côté d’elle. Le changement de couleur des flammes étaient très joli à voir, même si la fille n'avait aucune idée de ce qui pouvait causer une telle variation. Toutefois, elle ne demanda rien, préférant se taire pendant qu’elle observait la scène avec des grands yeux ouverts, toute intriguée. De plus, elle ne voulait pas déranger le type, qui n’avait pas l’air super sympathique, mine de rien.

Kaé suivait toujours l’homme du regard alors qu’il se relevait pour partir, ressemblant vraiment à une enfant de huit ans qui découvrait un truc nouveau. Elle ne pipa toujours pas un mot alors que le monsieur se mit à examiner la tête de la maîtresse du feu, mais d’une manière une peu différente, cette fois. Kaé continuait à regarder, pour une raison ou pour une autre intéressée par ce qui se passait.

L’annonce du docteur, en revanche, la secoua de son statut d’observatrice, lui faisant l’effet d’un coup de poing dans le ventre. Ses yeux s’écarquillèrent un peu – encore plus qu’avant – alors que ce qu’elle venait d’entendre se frayait un chemin jusqu’à son cerveau. Un vent de panique la submergea, alors que son rythme cardiaque commença à accélérer bigrement, en même temps que son rythme respiration. Elle s’était instinctivement redressée, inquiète de connaître la suite des événements et des conclusions qui en seraient tirées. Elle se voyait déjà responsable de tous les malheurs futurs de son amie, qui la haïssait du coup bien sûr, pour lui avoir fait subir un tel truc.

« C’est… c’est à cause de notre combat ? » osa-t-elle demander, la conscience pas tranquille du tout sur le sujet.

Avant que le type ne puisse lui répondre, la fille sentit sa tête se mettre à tourner, alors que des points rouges apparaissaient dans son champ de vision. Elle s’était levée trop vite, et la fatigue qui n’avait jamais disparu en profita pour la rattraper au gallo. Tombant en arrière, elle s’effondra sur ses coussins, retrouvant une position mi-assise, mi-couchée. L’air chaud qu’avait produit les deux Flamminois à côté n’aidait pas, et la gamine cherchait désespérément de l’air frais alors que sa vision continuait à s’obscurcir. Elle crut un moment qu’elle ne le supporterait pas et finirait par tomber dans les pommes à nouveau, jusqu’à ce qu’elle sentit le lourd souffle d’Absol à côté d’elle. Lentement, elle se força à caler sa respiration sur la sienne, jusqu’à ce que son coup de chaud se dissipe et qu’elle était capable d’y voir à nouveau. Des fines perles de sueurs suintèrent de son front, roulant jusque ses tempes avant de se noyer dans sa masse de cheveux noirs jais.

Tout ça n’avait pas duré plus que quelques instants, et finalement la fille se sentit bien, comme s’il ne s’était rien passé, à part une lourde fatigue qui s’installait sur ses épaules. Ce n’était rien de plus qu’un petit malaise vagal, rien d’alarmant du tout. Ce n’était pas la première fois, et sans doute pas la dernière non plus, qu’elle y avait droit, ce genre de réaction semblant être assez fréquent dans sa famille. Elle avait l’impression de peser une tonne, et n’avait pas la force de remercier Absol qui l’avait tiré de là, mais savait qu’il savait qu’elle n’en pensait pas moins. Elle tourna la tête pour regarder à nouveau le duo à ses côtés, n’oubliant pas la question essentielle dans tout ça.

« Alors ? » demanda-t-elle d’une voie un peu affaiblie par l’épuisement.



[*Désolée, j’ai fait une faute de frappe sur ce mot au début, puis j’ai trouvé ça rigolo alors je l’ai laissé ^^” C’est en rien sérieux  hein, le prend pas mal :-x ^^]
[Plus court que toi et que d’habitude, mais bon moment intense d’observation quoi xD J’espère que ça te convient, si t’as une remarque (par exemple si t’as une préférence pour les œufs au plat ou brouillées pour le petit déj que Kaé prévoit de faire cuir (^^””””)) n’hésite pas, bien sûr ^^]

[Lyse]

- Oh, bon sang...

Le docteur laissa Lyse de côté tandis que Kaé semblait perdre conscience, et il s'occupa de la Terrosienne, vérifiant sa température, son pouls. La Flamenoise, pendant ce temps là, était toujours sous le choc de la révélation qu'il venait de lui faire et ne suivait la scène que de très loin, sans réellement la vivre. Sa camarade ne lui avait à aucun moment frappé la tête, alors d'où cela venait-il ? Timidement, comme si elle avait peur de ce qu'elle pourrait trouver, la maîtresse élémentale se palpa le crâne, froissant ses cheveux déjà en désordre, essayant d'imiter les gestes qu'avaient fait le médecin.

Elle se reconnecta à la réalité, papillonnant des yeux, lorsque Kaé reprit la parole, toujours pâle. Son amie s'était mieux installée, mais semblait toujours très fatiguée, comme si le simple fait de se lever en sursaut avait constitué un effort trop important pour elle. Lyse ressentit du remord à l'idée de ne pas s'être inquiétée pour elle ces derniers instants, trop concentrée sur sa petite personne. Elle remarqua aussi que son mal de tête avait disparu aussi vite qu'il était arrivé. En silence, elle laissa tomber son bras sur ses genoux, perplexe. Le jeune guérisseur, qui avait pris la Terrosienne en charge le temps qu'elle reprenne ses esprits, s'éloigna d'un pas du lit et les regarda toutes les deux à tour de rôle.

- Bon. Pour commencer, mademoiselle, votre combat n'a rien à voir là dedans. Ce n'est pas une blessure qu'on a infligée à votre amie Flamenoise. Et ce ne sont pas non plus ses efforts lors de votre affrontement qui ont causé ça. En vérité... Je ne sais pas ce que c'est.

Le docteur semblait agacé, gêné. Il se passa une main dans les cheveux, comme en pleine réflexion. Lyse resta silencieuse, attendant la suite - il n'allait tout de même pas partir sur ce constat en la laissant se débrouiller toute seule, quand même.

- Disons que ce cas de figure s'est déjà rencontré. Mais il faudrait un guérisseur ayant plus d'expérience que moi pour vous soigner. D'autant plus que la plupart des cas sont... mortels.

Il avait hésité avant de prononcer ce dernier mot et Lyse lui en voulut immédiatement de l'avoir dit. Par réflexe, elle reporta sa main à son visage, toutes griffes dehors, et eut le souffle coupé. Le médecin s'en aperçut et tenta rapidement de rassurer sa patiente.

- Attendez, hein, si c'est bien ça que vous avez, ce qui reste à prouver, il vous reste quelques dizaines d'années... Deux ou trois...

Deux ou trois dizaines d'années. Elle avait vingt ans, et ce type lui expliquait qu'elle avait déjà fait la moitié de sa vie, mais qu'il ne fallait pas s'en inquiéter. Une larme lui roula sur sa joue sans qu'elle n'en comprenne le sens. Ce n'était qu'une blague. Non. Et puis, quoi, vingt ou trente ans de plus, c'était long après tout. Malgré cela, elle n'arrivait pas à se sentir mieux. D'une voix éraillée, cassée, elle posa une question au jeune homme.

- Il n'y a aucun traitement qui ne puisse être efficace ?

L'autre soupira, ennuyé, d'un air de celui qui a abandonné d'avance.

- A part des Cendres Sacrées...

Cendres Sacrées. Une expression Erasienne, plus particulièrement Flamenoise, pour parler d'un remède miracle, qui marche sur à peu près tout. Un genre de poudre de Perlin Pimpin, on ignore comment il marche, mais il marche; et c'est tout ce qu'on lui demande après tout. Une référence aux cendres de Ho-oh, dont on disait qu'elles soignaient toutes les blessures, sans que personne, ou très peu de gens, n'aient pu prouver cette hypothèse.
Ces mots eurent sur Lyse un effet presque immédiat.
Elle eut une idée. Une idée folle, une idée un peu désespérée, mais qui... Qui pourrait marcher. Pourtant, elle oublia cette idée aussi vite. C'était trop fou. Elle préférait occulter ce passage de sa vie pour le moment. D'apparence apaisée, Lyse se remit sur ses oreiller, calme.

- D'accord.

- Vous devriez vous reposer, les filles. Quelqu'un passera s'occuper de vous d'ici quelques heures.

Le médecin semblait vraiment mal à l'aise. Il s'éloigna des lits non sans lancer un regard triste en direction des jeunes filles. Tandis qu'il partait, la Flamenoise sourit à sa camarade.

- Je vais bien. Reposons-nous.

Elle ferma les yeux et feignit de dormir quelques minutes, avant que le sommeil ne la rattrape vraiment.
C'était fou, mais ça pouvait marcher.

*********

Après plus d'une semaine, le temps pour les jeunes filles de guérir leurs blessures et de pouvoir sortir du lit et tenir debout plus d'une heure d'affilé, Lyse et Kaé avait commencé à s’entraîner un peu ensemble, à regagner un peu de leur énergie habituelle. La Flamenoise devait toujours veiller à s'économiser un peu lorsqu'elle usait de ses pouvoirs, mais sa régénération était en très bonne voie. Ni elle ni sa camarade guerrière n'avait reparlé de l’événement du diagnostique, trop lourd à porter sans doute pour leurs jeunes âmes encore innocentes. Lyse avait même fait un genre d'amnésie, son cerveau occultant cette partie de son histoire. Elle n'oubliait pas, mais parvenait à passer outre.

- Bon, tu as tout bien retenu, hein ?

La Flamenoise admirait l'efficacité de ses enseignements. Le sabre de Kaé, s'il n'était pas encore dans un état parfait, semblait en bien meilleure forme que lors de leur duel, traité, nettoyé, aiguisé. La jeune fille avait profité de ces quelques jours pour aider la guerrière à mieux prendre soin de son arme... Et s'était aperçue que c'était de toutes ses affaires qu'il aurait fallu lui apprendre à prendre soin ! Elle qui avait toujours fait attention à la bonne tenue de tout ce qui lui appartenait...

Allait-elle rester encore un peu au centre de soin du Colisée, elle ne savait pas encore. La compagnie de Kaé était très agréable, mais il allait être temps de reprendre la route. Ses amis Pokémon sentaient leurs pattes s'engourdir un peu à force d'être "enfermés".

[Kaé]

Kaé laissa l’homme s’occuper d’elle, le temps qu’elle reprenne ses esprits après sa petite chute de tension. Elle ne fit pas vraiment attention à lui, trop inquiète pour Lyse pour se soucier de sa face à lui. Il finit par s’écarter et contempla les filles comme si elles faisaient tout pour le rendre dingue, puis prit la parole en commençant par rassurer la Terrosienne. Au moment où il expliqua qu’elle n’y était pour rien, la gamine sentit un poids lui quitter les épaules. Elle n’aurait jamais peu s’excuser d’avoir infliger une telle chose à son amie, et si elle était toujours inquiète, au moins elle ne se sentait pas coupable en prime. Le type continua en affirmant qu’il était incapable de définir ce que c’était, ce que ne rasséréna pas vraiment la gamine. Elle était étonnement silencieuse, espérant que le monsieur finisse par leur pondre de meilleures nouvelles, parce que là, c’était pas la joie.

Sauf que cet idiot continua à leur lancer des annonces déprimantes, expliquant à la malade qu’elle allait mourir d’un immense mal de crâne dans quelques dizaines d’années. Kaé avait du mal à assimiler des informations aussi graves et lourdes ; elle se demandait si tout ça n’était pas une vaste blague, car c’était juste trop gros pour être vrai. Lyse finit par oser demander un remède au docteur, question à laquelle il répondit « cendres sacrées ». Immédiatement, un truc fit « tilt » dans l’esprit de Kaé, qui afficha d’un coup son large sourire « crochu ».

« Ah ben voilà, fallait le dire plus tôt ! Suffit de trouver ce truc là et c’est bon ! »

Toute fière d’elle et rassurée, la gamine ne remarqua pas les yeux ronds qu’on lui lançait. Elle n’avait aucune idée de ce que c’était que ce truc là, les « cendres sacrées », c’était la première fois qu’elle en entendait parler, mais cela était sans importance, si ça pouvait soigner sa pote. Si son amie en avait besoin, alors elle se débrouillerait pour en trouver, voilà tout. D’ailleurs, la nouvelle sembla aussi apaiser la Flamme Arc-en-Ciel, qui se recoucha calmement, en acquiesçant les paroles de l’homme.

Quand l’élémentaliste explicita qu’elle allait bien à la guerrière, cette dernière balaya les dernières inquiétudes qu’elle avait. Si Lyse disait ça, alors elle lui faisait confiance, et puis c’est tout ; elle avait juste intérêt à aller bien pour de vrai et à s’en sortir, sinon elle allait avoir des nouvelles de la gamine pour avoir trahit sa confiance !

« Okay, et si t’as jamais besoin d’aide pour trouver ce truc, » – dont elle avait déjà oublié le nom – « tu peux compter sur moi pour t’aider, évidemment ! »

Sur ce, elle suivit l’exemple de son amie et ferma les yeux, après avoir jeter un coup d’œil à ses deux gardiens, qui veilleraient sur son sommeil.

***

Kaé hocha vivement la tête, assurant à son interlocutrice qu’elle se souvenait de tout – ou presque.

« T’inquiète, j’ai tout mémorisé là-dedans ! » insista-t-elle en pointant son cerveau du doigt. N’importe qui la connaissant ne serait-ce qu’un peu aurait assuré que c’était impossible pour elle de stocker autant d’informations, mais il fallait avouer qu’elle avait au moins assimilé la base de l’essentiel.

Les filles avaient passées les semaines qui avaient suivi ensemble, à se remettre sur pieds, à s’entraîner et à s’occuper de l’arme de la guerrière. Le résultat était impressionnant : le sabre avait pris un sacré coup de jouvence, retrouvant presque sa brillance et son tranchant du premier jour. Il restait encore deux grosses rayures qui le balafraient, mais pour celle-ci il valait mieux que Kaé aille voir un « vrai » forgeron. C’était d’ailleurs exactement ce qu’elle envisageait de faire, après tout, quitte à être sur une si fabuleuse lancée, autant continuer jusqu’au bout. Comme elle ne se sentait toujours pas de retourner à Terros, elle allait sans doute continuer sa route vers le sud : il y avait des grandes villes à Flamen où elle espérait pouvoir trouver un bon artisan qui ne la ferait payer pas trop cher.

Luxray et Absol à ses côtés, la gamine était à la fois triste et excitée de reprendre la route. Elle s’était éclatée avec Lyse – oubliant cette histoire de maladie mortelle, qui était de toute façon résolut dans sa tête – mais l’envie de bouger la démangeait plus de jour en jour. De plus, ses compagnons aussi semblaient s’ennuyer récemment, surtout le loup blanc, depuis qu’il s’était remis de ses blessures. Remerciant Lyse une énième fois pour tout ce qu’elle avait fait pour elle, elle lui promit de bien prendre soin de son katana, et surtout que les deux se reverraient bientôt – tristement pour la Flaminoise. Sautant sur le dos de Lux’, Kaé la talonna, lançant le groupe dans un galop rapide au travers des plaines, savourant le vent sur son visage, la vitesse de la course et la liberté retrouvée.



[Wala, ça conclut donc ce topic Il était vraiment chouette, j’me suis beaucoup amusée, merchi beaucoup à toi miss et à bientow in rp j’espère ]

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