[ Clos ] [ Solo / Contrainte ] Make Me Wanna Die

[Bayel Clonbork]

[ Contrainte n°8 : retourner dans son passé ]

Bayel était décidé à mettre fin à son calvaire. Mettre fin à ce traumatisme que Sandovan avait créé chez cet enfant dès sont plus jeune âge. Mais pour vaincre ce psychopathe et retrouver une certaine liberté qu’il n’avait jamais vraiment goûtée, il allait avoir besoin d’aide. Il pensait trouver la personne idéale mais pour ça, il s’était rendu à Tenkei, le Continent Céleste. C’était la première fois que le Terrosien y mettait les pieds et jamais il n’aurait songé s’y rendre. Mais qu’importe, il avait une mission à accomplir ; celle de retrouver son demi-frère. Quelle idée aussi de s’être « réfugié » dans ce Continent volant…

Rapidement, Bayel avait quitté la tribu d’Aliphyr pour descendre les Monts d’Obisidienne. Apparemment, on le lui avait déconseillé mais comme il ne comprenait pas un traitre mot de ce que les autochtones disaient, il ne s’en était pas inquiété et comprit à ses dépends que les lieux n’étaient pas propices à une balade solitaire. Bayel invoqua Melanya, sa Luxio qui pourrait la guider dans sa descente. Il aurait pu invoquer Guesserith mais il ne préférait pas fatiguer sa monture terrestre maintenant compte tenu qu’il n’avait aucune information sur le lieu où il devrait se rendre. Vanflare aurait été un choix judicieux mais comme les vents soufflaient trop fort dans cette région, il préférait ne pas l’affaiblir inutilement. Surtout que d’y descendre à pieds lui offrait une petite résistance à la tempête de vent installée dans la région.

Malheureusement, Bayel fut rapidement secoué par la levée des vents. Il serait suicidaire de continuer sa descente, aussi le garçon s’abrita dans une grotte peu profonde mais suffisamment pour le protéger de la tempête. Epuisé malgré tout, le guerrier s’octroya une pause en s’asseyant sur le sol froid. Melanya vint se blottir contre lui afin de le réchauffer avec sa fourrure. Appréciant le geste, le garçon caressa sa compagne qui soudain se mit à grogner. Une silhouette s’approcha du duo avant de finalement se dévoiler totalement : une espèce de Pokémon chien avec le regard fier se présenta à eux, sans aucune hostilité. Peut-être que la présence de l’humain le dérangeait.

« Ok le cabot, c’est juste le temps que ça se calme dehors, après on décampe. Alors tu peux nous laisser un coin de ta grotte, ça va y’a suffisamment de place. »

Le Terrosien ne se sentait pas bien ; l’atmosphère semblait être moins importante qu’en plaine et freinait sa respiration. Il aurait dû demander, malgré son manque d’apprentissage de la langue, un guide… Mais pas question de crever maintenant, il était tellement prêt du but…

~

Après son entraînement chaotique, Bayel s’était mis en quête de trouver un moyen de défaire Sandovan, son père et tous ses malheurs. Mais pour cela il allait avoir besoin d’entraînement ou bien de coéquipiers. Car dans ses souvenirs, Miano lui avait parlé d’une ancienne Organisation qui s’appelait Vajra dont son père avait fait parti, avant de tout foutre en l’air en tuant leur chef. Mais que malgré tout, les deux « camps » continuaient de faire perdurer l’âme de cette ancienne organisation. Donc Sandovan avait forcément des alliés, puissants ou pas mais des collègues qu’il faudrait défaire avant de s’attaquer au gros. Donc c’était à Bayel de faire de même. Mais pas question de demander à ce Rashawn : il en voulait terriblement à Sandovan pour avoir tué son ancien maître alors il se doutait bien qu’une rencontre avec le fils de ce tueur n’était pas bénéfique. Il ne lui restait donc plus que ses quelques connaissances qu’il avait faites dans ses voyages.

Bayel pensait bien à Theodore, le jeune garçon qu’il avait rencontré dans la Cité de Seian. Il lui avait montré une certaine dextérité lorsqu’ils avaient fait face aux voleurs alors avec de l’entraînement, ce serait jouable. Mais cela prendrait énormément de temps, forcément, mais ce n’était rien pour le prix de la liberté. Et Bayel serait resté discret. Cependant le garçon reçut une missive via un Roucool. Il avait bien un doute sur son expéditeur. Bayel récupéra l’oiseau dans sa chambre et récupéra la lettre qui était enroulée autour de sa patte. « Salutation cher ami, j’ai réservé une chambre à l’Auberge Sasabe et j’aimerais grandement que tu m’y retrouves. Rejoins-moi vite ! ». La signature était seulement une patte de Miaouss et pour le Terrosien, il n’y avait aucun doute là-dessus… Mais cela contrariait ses projets, pourquoi Miano viendrait-il à Terros ? Ça n’avait aucun sens.

Le voyage fut long, très long et complètement inutile. Bayel mit plusieurs jours pour arriver à l’Auberge Sasabe à dos de Vanflare et lorsqu’ils y parvinrent, une pluie s’était abattue sur les lieux depuis plusieurs jours maintenant. C’était déprimant. Bayel descendit de sa monture et lui paya même un enclos pour qu’il puisse se reposer en dehors de sa Pokéball mais aussi manger. Pas spécialement motivé, Bayel entra dans l’auberge et découvrit que les lieux étaient pratiquement vides. Faut dire que le tourisme dernièrement n’était pas très actif mais tant mieux, l’endroit sera plus calme que d’habitude. Et puis en mettant un pied dedans, Bayel s’arrêta : pourquoi un lieu si reculé ? Et c’était quoi cette lettre rempli de « signes » étranges ? Il savait Jia Miano un peu différent mais là… enfin bon, il voulait sûrement lui parler de ses récentes captures ou prendre des nouvelles de Melanya.

Bayel s’avança dans la grande salle en quête de son ami. Et puis finalement il le trouva à une table avec une collation déjà servie. Mais Bayel s’arrêta à deux mètres en voyant que ce dernier n’était pas seul. Il y avait une autre personne, de dos et qui n’avait pas bougé.  

« Ah te voilà ! » s’écria Miano qui s’était levé pour rejoindre son ami. « Je suis vraiment désolé de t’avoir demandé de venir ici à l’improviste mais j’avais quelqu’un à te présenter. » termina-t-il en passant son bras dans celui du Terrosien, le forçant alors à se rapprocher de la table mais aussi de faire face à l’inconnu qui partageait la table du Nalcien. « Je te présente Rashawn, un vieil ami à –

- Putain, c’est une blague ?! » coupa Bayel en serrant les poings.

L’homme avait la peau mâte et les yeux rouges, des yeux perçants surtout quand ils se posèrent sur le Terrosien. Son regard était calme mais sa gestuelle trahissait sa nervosité lorsqu’il reposa le verre.

« Enchanté, tu dois être Bayel Clonbork ? Je reconnais bien là les traits de ce cher Sandovan en toi.

- C’est quoi ce bordel ? Miano ! »

Le Nalcien ne manqua pas de sursauter face à l’exclamation de son ami puis afficha un sourire un peu forcé avant de lui proposer de s’assoir. Toujours sur les nerfs, Bayel accepta et se retrouva en face de Rashawn, Jia Miano à ses côtés.

« Ecoute Bayel, commença Miano se demandant si finalement cela avait été une bonne chose de les faire se rencontrer, Tu te souviens de ce que je t’ai raconté lors de notre dernière rencontre ? Au sujet de Vajra et de son histoire…

- Oui je m’en souviens très bien. Même que ce type était un de ses membres et que son maître a été tué par Sandovan, mon père, rétorqua Bayel en insistant bien sur certains mots pour faire lui faire comprendre dans quelle merde il se trouvait.

- C’est ça mais… tenta de rattraper Miano

- Clonbork, je suppose que ce nom te vient de ta mère ? Sandovan aurait-il décidé de créer une descendance en faussant ses poursuivants ? C’est tout à son honneur, enchaîna Rashawn en mettant ses coudes sur la table pour joindre ses mains et poser son menton dessus.

- C’est le nom de ma mère. Ils ne sont pas mariés si tu veux tout savoir. »

Il y eut un silence jusqu’à ce qu’on vienne demander à Bayel s’il désirait une boisson. Le garçon commanda pour qu’on les laisse tranquilles à nouveaux. Une fois les bières servies, ils purent reprendre leur « conversation ».

« Du coup, si j’ai organisé cette rencontre c’était pour tenter une entente entre vous deux et…

- Tu espérais, toi le grand Miano, notre cerveau de l’époque, que j’allais sceller une trêve avec Sandovan ?

- Pas avec Sandovan, mais avec moi. » répliqua Bayel, les yeux rivés sur Rashawn.

La réponse du Terrosien sembla intéresser Rashawn qui montra enfin un certain intérêt à cette conversation. Il invita alors au jeune homme de déballer ses explications vu qu’apparemment, il avait compris où voulait en venir le Nalcien.

« Je suis bien le fils de Sandovan, ce meurtrier mais je ne me considère pas comme tel. Quel gamin voudrait d’un père qui le maltraite et désire en faire une arme pour assouvir ses pulsions vengeresses ? J’ai récemment compris où il voulait en venir en m’alliant avec Jia Miano et je n’ai aucune envie de faire ce que lui veut. Tout ce que je veux, c’est m’en défaire et regagner ma liberté volée.  

- Et tu crois que je vais croire tes paroles ? As-tu la moindre preuve de ce que tu avances jeune homme ? »

Bayel soupira et tira la manche de sa veste pour montrer les nombreuses cicatrices qu’il avait eut au cours de sa vie avec Sandovan. Il mentionna aussi celles dans son dos mais il préféra ne pas se déshabiller dans un lieu public. Rashawn ne réagit pas mais se doutait bien que ces marques avaient été faites par quelqu’un d’autre.

« Et ensuite, j’ai pactisé avec une Monorpale pour qu’elle me tue si jamais je m’allie à Sandovan, par contrainte ou simplement par volonté. »

Jia Miano baissa la tête, approuvant alors les dires du Terrosien. Rashawn lâcha à son tour un soupire puis s’adressa à son ancien collègue ;

« Je suppose que tu lui as tout dit. Le Nalcien fit oui de la tête, puis il reporta son attention sur Bayel. Le jeune homme que j’ai formé dernièrement est le premier fils de Sandovan, ton demi-frère, White. J’ai saisi l’opportunité pour en faire un de mes disciples afin de le ranger à mes côtés pour nous débarrasser enfin de ce traître. Malheureusement, il y a eu des complications et je doute que maintenant cette idée de vengeance soit toujours d’actualité pour lui.

- Que s’est-il passé pour que Sandovan se détache de lui ? Si c’est un de ses fils, pourquoi l’avoir abandonné ? questionna Bayel

- Sûrement parce que sa mère n’arrivait pas à enfanter d’autres enfants et qu’il le considérait comme un échec.

- Un échec ?

- Sandovan vient d’une lignée de grands guerriers très ancienne, ainsi il considère l’échec comme une défaite, une humiliation, expliqua Jia Miano. Si la mère de White n’a pas pu enfanter d’autres enfants, il a sûrement pensé que lui aussi ne pourrait avoir d’enfants et donc qu’il ne serait pas nécessaire de le former.

- Attendez, ça n’a aucun sens ! Je suis fils unique ! remarqua le jeune homme, Sandovan ne nous a pas abandonnés, il vit toujours chez nous.

- Peut-être pas.

- Je serais au courant quand même ! Une femme enceinte ça se voit et…

- Soit ils ont caché un autre enfant pour te faire croire qu’il serait toujours là pour toi, ou bien il se peut qu’il soit allé voir ailleurs et alors tu aurais un autre demi-frère.

- Je n’ai pas plus d’informations sur ça, désolé… »

La dernière intervention de Jia Miano instaura le silence, à nouveau, à la table. Bayel n’en revenait toujours pas jusqu’où ce type était prêt à aller pour ses idéaux. Et d’ailleurs, avait-il réellement des idées ? Ce type n’était qu’un psychopathe envahi par la rancune et la rage.

« C’est du délire…

- Si tu souhaites réellement te débarrasser de Sandovan, on peut trouver un arrangement, proposa calmement Rashawn. Mais avant cela, tu dois rencontrer ton demi-frère.

- Est-ce vraiment nécessaire ? Bayel a été entraîné pour justement le tuer et –

- Et en quoi ma rencontre avec lui m’aiderait ? coupa Bayel en mettant sa main sur le bras de son ami, Vous avez dit que son désir de vengeance s’était probablement envolé.

- Tu cherches des compagnons d’armes, n’est-ce pas ? Je sais qu’au fond de lui, White désire toujours se venger de Sandovan. Après tout, il a tué son tuteur et maître sous ses yeux. Vas le retrouver sur Tenkei.

- Ok mais je le reconnais comment ? C’est immense là-haut !

- Tu le reconnaîtras forcément. Vous êtes frères. »

Sur ces mots, Rashawn se leva et indiqua aux jeunes gens qu’il était temps pour lui de quitter les lieux. Il salua son ancien ami et compagnon et souhaita bonne chance à Bayel. Ce n’était pas un adieu puisqu’ils allaient forcément se revoir. Seuls à présents, Jia Miano hésita à briser le silence mais il se doutait bien que son ami avait sûrement du mal à digérer cette rencontre.

« Fait chier… marmonna le Terrosien.

- Si tu veux, je peux t’accompagner là-haut, à deux on pourra facilement le trouver et –

- Je préfère m’en occuper. Et puis c’est une affaire de famille, ne m’en veux pas. »

Bayel prit son verre et le porta à ses lèvres pour boire d’une traite sa boisson alcoolisée. Il reposa la chope et s’adressa à Miano :

« Du coup, pour te faire pardonner, invite-moi. »

Le Nalcien écarquilla les yeux avant d’éclater de rire. Evidemment, il lui devait bien ça, surtout après le voyage fait pour venir jusqu’ici…

~

Le vent continuait de souffler et impossible pour le moment de continuer la descente. Bayel se recroquevilla sur lui-même. Il pourrait invoquer sa Brutapode pour le protéger encore plus mais encore une fois, il préférait garder ses Pokémon en bonne santé. Melanya était chaude en plus. Le Rocabot en face n’avait pas bougé d’un iota et semblait au contraire, très intéressé par le garçon. Leurs regards se croisèrent et aucun des deux ne semblait fléchir. Un duel de regards ? Celui qui le détournera aura perdu ?

« C’est fou comme tu me fais penser à ce type là… Tu lâches pas l’affaire hein ? »

Le Rocabot cligna des yeux sans trop comprendre ce que l’humain lui disait. Etait-il devenu fou à cause de la pression atmosphérique de la montagne ? Pour simple réponse, il s’allongea à même le sol froid et continua de l’observer.

« Et c’est vraiment chiant… »

Epuisé, Bayel mit sa tête en arrière et ferma les yeux. Il avait perdu. Le Rocabot se redressa et s’approcha de l’humain, profitant du fait que la lionne était plongée dans un long sommeil.

« J’ai vraiment… envie que tout ça se termine… »

Le chien sauvage vint se coucher aux côtés de Bayel, appréciant la chaleur qu’il dégageait. Voilà, c’était ça sa punition pour avoir détourné le regard, il doit le garder au chaud. Le temps que la tempête se termine mais aussi… pour plus tard.