[ Clos ] [Mini-Event Jirachi] Hōkiboshi no... [PV Asaka]

[Miku Hatsune]

ほうき星

« Yozora o miage hitori hōkiboshi o mita no.
Je regardais seule le ciel, cette nuit, et je vis une comète. »

Après une épreuve fatigante, et une mission de guérison d’un village isolé carrément éprouvante, Miku avait repris la direction de son Temple adoré, sur le dos du rapace du doyen. Cependant, si elle était satisfaite d’avoir pu venir en aide aux malades, elle s’inquiétait encore pour l’oiseau, qui montrait des signes évidents d’épuisement. Alors, au lieu de lui demander d’aller droit vers leur demeure, elle avait préféré lui indiquer la direction d’une auberge, qui leur ferait faire un léger détour, mais qui leur permettrait au moins de se reposer un moment. Grâce à la carte que les moines lui avaient donnée, elle avait pu se repérer un peu mieux sur cet immense pays qu’était Nalcia, selon elle, et avait réussi à localiser, avec le soutien des vents, la bâtisse qui semblait pourtant perdue au milieu de nulle part.

La nuit allait bientôt tomber lorsque le Roucarnage posa ses immenses serres sur le sol froid devant l’auberge. En le remerciant, Miku le fit rentrer dans sa capsule, puis se dirigea vers l’entrée, et remarqua le nom de l’établissement. L’Auberge du Chat… La Nalcienne sourit, songeant que Pardalis plairait sans doute aux propriétaires des lieux, et elle poussa la porte de bois, en retirant sa capuche blanche.

« Bonsoir… J’aimerais prendre un repas, et une chambre pour la nuit. Est-ce possible ? »

Aussitôt, une femme plutôt âgée (du point de vue de Miku) avança vers elle, et s’émerveilla devant cette « petite aux cheveux vifs et si mignonne ». Un peu gênée, la Nalcienne rougit légèrement, et finit par sourire quand la dame lui demanda, et ce n’était pas par hasard, si elle avait un Pokémon félin avec elle. Le couple de tenanciers (l’homme était derrière, à quelques pas de son épouse) était probablement fondu de poulous ( !!!) et devait poser la question à tous ceux qui franchissaient le pas de leur porte. En faisant un signe de tête affirmatif, l’adolescente libéra un chaton plutôt petit, mais accompagné d’une myriade d’étoiles quand il apparaissait. Et puis, surtout, il avait une couleur tout à fait particulière, non pas rose comme ceux de son espèce, mais un peu carmin, plus foncé. Pardalis eut à peine le temps de lâcher un « nya ? » curieux qu’elle fut saisie à bout de bras par la propriétaire, qui cria un grand « ooooooooooh ! » avant de la caresser à plusieurs reprises. La Skitty, assez fâchée de se faire ébouriffer les poils de cette manière, par une inconnue, de surcroît, afficha une moue boudeuse, ce qui fit éclater de rire sa maîtresse. Au moins, avec cette « arme », elle était sûre d’avoir une place pour une, voire deux nuits. Rayonnante, Miku suivit le gérant, qui l’emmena vers une table un peu à l’écart, près d’une grande vitre en forme de tête de chat.

Quelques minutes plus tard, tandis qu’elle sirotait un verre d’un étrange liquide un peu fort mais qui, somme toute, n’était pas mauvais, l’apprentie Marcheuse consulta la carte de l’auberge, ne sachant pas vraiment que choisir. Certes, le choix était limité, mais cela suffisait à déconcerter la jeune fille, qui n’était pas habituée à devoir sélectionner ce qu’elle allait manger. Les repas au Temple étaient bons, mais simples et frugaux. Sentant une chaleur diffuse lui monter aux joues, elle jeta un œil sur Pardalis, qui faisait connaissance avec un Persian à la perle d’une couleur rosée. N’ayant même pas remarqué que le félin était tout aussi inhabituel que sa Skitty, et toujours hésitante quant à son menu, elle entendit soudain la clochette de l’entrée retentir, pour laisser apparaître une femme aux traits sévères. Toujours ravie de faire la connaissance de nouvelles personnes, Miku pencha alors légèrement la tête sur le côté, intriguée par l’inconnue. Pardalis, elle, se détourna rapidement de la scène pour se reporter sur le joyau de son grand copain, bien plus intéressée par celui-ci, pour y donner un coup de patte gentil et amusé. Décidément, la maîtresse comme le chat étaient bien insouciants…

[Asaka Chôko]

A contrecœur, la Furie d’Alfen avait quitté le Sanctuaire du Vent. Elle ne voulait pas laisser Kajin’ seule, dans son état. Et bien que cette dernière lui ait assuré qu’elle était en sécurité avec cet Ishizu (comment pouvait-on penser ce genre de chose, alors qu’il s’agissait d’un Flamenois ?!), elle avait obéi à la volonté de celle qu’elle avait reconnue comme étant sa supérieure.
Cependant, si elle partait, c’était dans l’idée de revenir le plus vite possible. En effet, la Nalcienne avait besoin de recouvrir des forces. Or, elle connaissait un endroit qui offrait les meilleurs plats de toute la contrée du vent, riche et subtils à la fois. Il n’y avait pas à douter qu’en mangeant de cette nourriture, la jeune fille se remettrait d’aplomb. Et puis, cela faisait bien longtemps qu’elle n’était pas allée à l’Auberge du Chat…

L’autruche tricéphale s’arrêta devant la bâtisse alors que la nuit pointait le bout de son nez, et laissa descendre sa cavalière. Cette dernière, après avoir ajusté sa béquille et rentré sa monture dans sa sphère, poussa la porte de l’auberge.
Une femme relativement âgée vint tout de suite à sa rencontre. En la reconnaissant, l’étonnement fit bientôt place à de l’enthousiasme.

« Oh ! Dame Asaka ! Il y a si longtemps que nous ne vous avions pas vue !
- Mon travail à l’Arène d’Alfen m’empêche de venir autant que je le voudrais. Mais bon, disons que j’en ai eu l’occasion.
- Mais c’est vrai que vous faites désormais partie de l’élite de notre nation ! Toutes mes félicitations ! Et dire qu’une Championne vient dans notre modeste auberge… Mais suivez-moi ! »

Asaka ne put s’empêcher de sourire franchement. Cette sacrée femme n’avait pas changé.
La tenancière la guida jusqu’à sa table favorite, suivie de son Lixy. Une fois installée, la Championne aux oiseaux observa rapidement la salle, où une bonne partie des places était occupée. Le lionceau, lui, en profita pour grimper sur ses jambes, où il se roula en boule en ronronnant. Aussitôt, la Nalcienne le caressa doucement.

« Vous ne désemplissez pas, à ce que je vois.
- Oh oui, nous affichons complet presque tous les soirs. Ca va beaucoup mieux qu’il y a quelques années, vous savez, avec cette guerre. Vu que les temps étaient durs, presque personne ne venait… Nous avons failli fermer boutique. Mais tout ça, c’est le passé !
- Tant mieux pour vous, alors. Mais dites-moi, votre mari va bien ?
-Oh, celui-là… Il faut toujours le pousser un peu pour qu’il travaille, mais c’est en partie grâce à lui si nous avons autant de succès.
- Ca je peux le comprendre ! En tout cas, je peux vous dire qu’aucun des restos de la capitale n’égale sa cuisine.
- Oh, voyons ne dites pas ça ! Nous ne sommes qu’une petite auberge de province… Et puis, sinon, mon mari en prendrait la grosse tête ! »

La jeune femme meurtrie par le passé éclata de rire.

« Bien, alors, que prendrez-vous ?
- La même chose que d’habitude. Ah, en revanche, si vous pouviez me préparer quelques plats supplémentaires, que j’emporterai. Une… amie n’est pas très bien, et je suis certaine qu’elle recouvrira des forces après avoir mangé quelque chose venant de chez vous.
- Mais bien entendu, Dame Asaka ! C’est comme si c’était fait ! »

La vieille dame s’éloigna, pour revenir presque aussitôt avec une coupe généreuse de rhum. La Championne aux oiseaux la remercia, et avala une gorgée. Elle ne buvait pas souvent, mais cet alcool était son préféré. En plus, elle le tenait relativement bien, alors elle ne s’en privait pas.

Repensant soudainement à quelque chose, la Furie d’Alfen reposa son verre pour saisir l’une de ses capsules. Celle-ci se scinda, libérant son lion de foudre.
Le fauve fit sensation. Il fallait dire qu’il n’était pas courant de voir une telle créature à ce point abîmée ! De ce côté-là, on pouvait dire qu’il était à l’image de sa dresseuse…

Ganka s’ébroua et huma l’air. Il sentait des odeurs appétissantes, mais surtout l’ambiance conviviale du lieu. Voilà qui le changeait de ces dernières semaines ! Surtout qu’il ne percevait aucun danger à proximité.
Rassuré, le seigneur déchu baissa la tête et s’allongea aux côtés de celle qui l’avait sauvé. Intrigué par son dernier stade d’évolution décidément bien étrange, le Lixy de l’Auberge sauta des jambes de la Championne et, d’humeur joueuse, émit des petits cris pour attirer l’attention du mâle. Mais ce dernier restait stoïque…

« Arrête de faire l’idiot. On est là pour se détendre, c’est valable pour toi aussi. Si t’as envie de jouer avec lui, vas-y, tant que tu ne casses rien et n’embêtes personne. »

Surtout que ça peut te faire un entraînement, songea Asaka.
D’abord hésitant, le Luxray se laissa bientôt prendre au jeu de sa pré-évolution, sous le sourire de sa dresseuse. Elle ne mentait pas en disant ça. L’Auberge du Chat était l’un des seuls endroits où elle se sentait bien. Parfois, elle avait même l’impression d’être ici comme dans un véritable foyer, du moins d’après l’idée qu’elle s’en faisait. Et ici, elle pouvait abandonner son personnage bourru et violent, pour se laisser aller…
Perdue dans ses pensées, elle finit son verre de rhum sans s’en rendre compte.

[Miku Hatsune]

私は虹に出会った

« Watashi wa niji ni deatta !
J’ai rencontré un arc-en-ciel ! »

Quand la dame entra dans l’Auberge du Chat, elle fut immédiatement accueillie par la gérante des lieux, et Miku en déduisit que c’était une habituée. Apparemment, elle ne souhaitait pas seulement se restaurer et se reposer ici, mais également faire des réserves pour une amie à elle, qui était blessée. Aussitôt, l’instinct de la Nalcienne se réveilla, et elle se retint à temps de courir vers la femme pour lui demander des précisions, et surtout si elle pouvait lui être d’une aide quelconque. Après tout, elle ne la connaissait pas, et elle n’apprécierait peut-être pas que l’on vienne se mêler de ses affaires… Si Miku avait bien appris une chose, depuis son arrivée sur l’Erasia ancienne (arrivée qui constituait, en réalité, le début de ses souvenirs), c’était que certaines personnes n’aimaient pas être dérangées, ou interrompues, à plus forte raison par le premier humain venu. Alors, maîtrisant ses impulsions de guérison d’autrui, l’adolescente resta assise, en lâchant un petit soupir. Mais lorsque la nouvelle venue libéra un Pokémon qui ressemblait à une version XL du Lixy « mascotte » de l’établissement, la Nalcienne ne put réprimer un petit cri de surprise.

Le Pokémon n’était pas vraiment étrange, ou dérangeant, mais il y avait un « détail » assez visible, quand même : à la place des globes oculaires qui, chez ceux de son espèce, constituaient une arme redoutable, il n’y avait que deux cavités creuses, qui n’étaient visibles que par intermittence, la créature ayant sans doute perdu la vue peu de temps auparavant, et ayant conservé quelques réflexes de cette époque-là. Finalement, l’attention générale se détourna du Luxray, qui tenta de prendre quelques repères avant de s’allonger, visiblement apaisé. Un petit miaulement attira alors le regard de Miku vers la gauche de sa table : apparemment, le petit Skitty et le gros Persian faisaient un concours pour savoir qui criait le mieux, et évidemment, Pardalis n’avait aucune chance… Vexée, la boule de poils vint se lover dans la grande manche du bras droit de l’adolescente, avec une mine fâchée. Bien qu’en ayant envie, la Défenseuse s’abstint de rire pour ne pas ajouter à la frustration du chaton… Et sursauta quand le patron de l’auberge vint prendre sa commande. Avec tout ça, elle avait complètement oublié de choisir… Et le signala, gênée, tandis que l’homme s’éloignait en rigolant, sachant bien qu’un endroit animé comme son établissement était une sacrée source de distraction. Un peu confuse, la Nalcienne se replongea donc dans la fameuse carte, ses yeux d’azur parcourant encore et encore les lignes pourtant peu nombreuses du parchemin. Mais un choc sur sa cuisse droite la tira, encore une fois, de sa réflexion, et elle se pencha pour voir ce que c’était.

Elle reconnut avec étonnement le lion aveugle qui avait jailli de la capsule, quelques minutes auparavant, et aperçut sa version miniature qui s’éloignait en courant, consciente d’avoir « fait une bêtise » en importunant une cliente. Mais si le Lixy pouvait s’enfuir rapidement, le Luxray, en revanche, aurait été bien en peine de l’imiter. Délaissant une fois de plus le menu, Miku se rapprocha du fauve, puis posa très doucement ses mains sur sa tête, de chaque côté du crâne, pour le caresser en douceur. Elle lui murmura alors :

« Mon pauvre, tu as dû tellement souffrir… Ta maîtresse a l’air de bien s’occuper de toi, heureusement… Tu avais envie de t’amuser avec l’autre Pokémon, n’est-ce pas ? Mais il est plus jeune et moins embêté que toi, ce n’est pas très raisonnable… Tu devrais faire attention… Là, n’aie pas peur. Je ne te ferai pas de mal. »

Si Miku n’était pas douée pour les combats, ou même en ce qui concernait les connaissances pures sur les Pokémon, elle avait au moins le don d’apaiser et de calmer très vite les créatures réputées sauvages. Le félin, qui était en temps normal dans cette catégorie, au vu de son espèce, semblait aussi sensible à la bonté naturelle qui émanait de l’adolescente, puisqu’il se laissa faire sans broncher. Il leva même la tête vers la Nalcienne, comme s’il essayait de capter quelque chose en sa provenance (sans doute son odeur, et son « aura »). Mais comme la fille aux cheveux bleus pouvait s’y attendre, la rencontre du Luxray et de l’humaine attira l’attention de sa dresseuse, qui se leva pour venir vers la table de Miku. Cette dernière, quoiqu’un peu anxieuse (elle avait peur de l’avoir touché sans permission), afficha un sourire amical, se demandant bien ce que la dame aurait à lui dire.

[Asaka Chôko]

Ganka n’était sorti que depuis quelques minutes que déjà son infirmité lui jouait des tours. Bon, au moins, la victime de ce gros matou n’avait pas l’air traumatisé le moins du monde…
La Furie d’Alfen reposa son verre sur la table puis se leva en soupirant. Ce n’était pas dans ses habitudes de présenter des excuses à quelqu’un, loin de là. Mais ici, c’était différent. Elle ne voulait pas causer du tort à la clientèle de l’adorable couple qui tenait l’auberge.

Une fois sa béquille ajustée sous son aisselle, elle s’approcha de Miku d’un pas claudiquant. Une Nalcienne, d’après ce qu’elle sentait, c’était déjà ça. Ca lui ferait moins mal de s’excuser. Elle la considéra un instant. Ses mains paraissaient encore plus petites et blanches sur la tête imposante et sombre du fauve de nuit. Elle n’avait pas l’air d’avoir une constitution très robuste. Certainement une fille de bonne famille, ou un truc du genre.
Sans crier gare, Asaka posa sa main sur le crâne de sa créature aveugle, et lui ébouriffa la crinière. Elle perçut le frisson de surprise qui parcourut l’épiderme de ce dernier.

« Me dis pas que tu m’as pas sentie ou entendue arriver. Je te répète pourtant tout le temps de faire attention à ce qui t’entoure, gros bêta. »

L’imposant Luxray émit un petit grognement et baissa la tête, montrant clairement qu’il avait compris qu’il avait fait une faute. En même temps, il était assez étonné par le ton calme et posé de sa dresseuse. Bien qu’elle ne lui ait jamais crié dessus (contrairement à d’autres de ses compagnons, notamment cette chapardeuse de Nusumi), il n’avait pas non plus employé une telle intonation.

La Championne aux oiseaux s’adressa alors à la jeune Nalcienne, sa main toujours perdue dans la couronne naturelle de son combattant de foudre.

« Désolée, il a pas encore l’habitude de se déplacer en aveugle. Ca fera jamais que quelques semaines qu’il est avec moi, ça prend du temps… »

A ce moment-là, la tenancière s’approcha une nouvelle fois de Miku, pour prendre sa commande. Mais elle ne semblait toujours pas avoir fait son choix…
Alors, après un court instant de réflexion, l’ancienne espionne prit le menu des mains de la Défenseuse et le rendit à la vieille dame.

« Cette demoiselle prendra des sushis, des rouleaux de printemps et des gâteaux aux amandes. Avec du saké en prime.
- Très bien, Dame Asaka. » Répondit l’aubergiste avec un petit rire.

Elle s’éloigna un instant pour revenir avec leurs boissons. Sans plus de ménagement, la Dompteuse s’installa à la table de la jeune fille et avala une gorgée de son rhum. Dans un coin de la salle, le Lixy appelait son grand frère pour continuer leurs jeux. Mais Ganka préféra se coucher aux côtés de sa maîtresse. Avoir montré une fois qu’il était toujours entravé par son handicap lui avait suffi, il ne souhaitait pas reproduire ce désagrément.

« Ne t’en fais pas, c’est toujours difficile de choisir ici. Ah, et c’est moi qui régale, pour me faire pardonner. T’as peut-être entendu parler de moi : je suis Asaka Chôko, la Championne aux oiseaux de Nalcia, aussi connue sous le nom de Furie d’Alfen. »

Les entrées arrivèrent alors. Sushis pour Miku, tout comme pour Asaka.

« Fais gaffe à la sauce… » Commença la jeune femme en voyant son invitée tremper l’un des aliments dedans puis le porter à sa bouche. « Trop tard. »

La jeune fille devint toute rouge et les larmes lui montèrent aux yeux. L’ancienne espionne se retint tant bien que mal de ne pas éclater de rire, et s’empressa de commander un verre de lait, pour calmer l’incendie qui s’était déclaré dans la bouche de Miku.


Quelques heures étaient passées, mais les deux Nalciennes venaient tout juste de finir leur dessert. Asaka n’avait cessé de renouveler son verre. Et même si elle tenait bien le rhum, les premiers effets de l’ivresse commençaient à se faire sentir. Une étrange euphorie s’était emparée d’elle, enveloppant son corps d’une douce chaleur. Malgré cela, elle gardait les idées encore relativement claires… Ce qui ne se ressentait pas forcément dans sa voix.

« Nan, mais moi j’te l’dis, dans la vie, faut s’battre. Surtout si t’es différent des autres. Pas’ qu’alors, y pensent tous que t’es foutu. A d’autres ! » S’exclama-t-elle subitement en levant son verre. « C’pas pas’ que t’as un problème que t’es pourtant condamné. R’garde Ganka. L’est aveugle, un truc complètement inimaginable pour un Luxray. Ben pourtant, moi j’te l’dis, tu r’viens m’voir dans quelques mois, ben y s’ra plus à l’aise qu’un aut’ qui s’rait voyant. Ouais m’dame ! »

Un hoquet la saisit, qu’elle s’empressa de calmer en buvant une autre gorgée d’alcool. A ses pieds, son lion à la robe de nuit sentait le changement qui s’opérait dans son corps. Il ignorait s’il devait intervenir…
Soudain, ce fut comme si un éclair traversait l’esprit d’Asaka. Elle s’immobilisa, ne faisant aucun cas de son verre penché d’où s’écoula un peu du liquide. Son visage s’assombrit.

« Enfin… Faut s’battre, c’est vrai… Mais y’a des fois où j’aurais aimé abandonner… »

Prises ainsi, ces paroles n’avaient que peu de signification. La Championne aux oiseaux semblait plus s’adresser à elle-même…

Un client se leva alors et dit quelque chose en montrant la fenêtre. Dans son esprit embrumé par le rhum, la Dompteuse crut entendre un truc du genre : « Des étoiles filantes. »

« Tss… Gamineries… » Maugréa-t-elle.

L’alcool faisait revenir sa personnalité bourrue. Pourtant, lorsque Miku lui dit qu’elle voulait voir ce que c’était, elle fut incapable de résister. D’une démarche un peu hésitante, son fauve aveugle lui emboîtant le pas, elle sortit dans l’air frais de la nuit.

[Miku Hatsune]

おねがい...

« Onegai… »

Lorsque la maîtresse du lion aveugle s’approcha, elle regarda Miku, comme si elle cherchait à l’évaluer. Elle dut estimer qu’elle était digne de confiance, car après avoir gentiment réprimandé son Pokémon, elle s’excusa auprès d’elle, expliquant que le Luxray n’était infirme que depuis peu. D’un petit signe de la main, la Nalcienne lui fit comprendre qu’elle ne lui en tenait pas rigueur, puis resta interdite quand la dame lui prit le menu et commanda à sa place… Elle avait dû la voir hésiter depuis sa table, et elle avait sans doute abrégé l’attente des patrons du restaurant, ainsi que l’hésitation de l’adolescente… Celle-ci laissa l’inconnue faire quand elle décida tout bonnement de s’asseoir à côté d’elle, plutôt familière, mais pas désagréable pour autant. Et cela ne dérangeait pas Miku plus que ça, d’autant plus que cela lui permettrait de faire connaissance. Et qui sait, peut-être que l’apprentie prêtresse pourrait lui être utile, ou l’aider.

Ce qui la gêna, en revanche, ce fut l’invitation de la femme, qui prétendit qu’elle le faisait pour se faire pardonner…

« Oh, mais non, vous ne devriez pas… Votre Pokémon ne m’a pas causé de tort, et euh… »

Mais la pauvre jeune fille abandonna bien vite la partie, les joues cramoisies par l’embarras, puisque la dame ignora royalement ses protestations pour poursuivre et se présenter. Elle disait se nommer Asaka Chôko, et être championne de l’arène d’Alfen. Si, pour ces informations, Miku ne pouvait que la croire sur parole, elle songea en revanche que le surnom qu’elle portait devait être justifié, vu ce qu’elle en avait pu apercevoir… Mais son ignorance au sujet de son rang ne fit qu’augmenter sa honte, et elle s’inclina du mieux qu’elle le pouvait, étant assise.

« Je suis vraiment désolée… Mes souvenirs n’ont pas plus de deux ans, et je ne connais que peu de choses sur les personnalités célèbres sur Erasia… Mais je sais ce qu’est un champion, alors… Enchantée. Je suis Miku Hatsune, et j’aspire à devenir une prêtresse accomplie auprès de mes enseignants du Temple de l’Air Boréal. Je ne suis encore qu’une apprentie… Mais je suis Défenseuse, alors j’espère être en bonne voie. D’ailleurs, si je peux faire quoi que ce soit pour… »

Elle désigna d’un geste doux de la main le fauve désormais allongé près d’Asaka, sans le nommer, parce qu’elle ne savait pas comment il s’appelait, mais aussi parce que la dénomination de la maladie dont il souffrait lui échappait. Elle savait pourtant instinctivement comment le soulager, mais ce n’était en rien dû à sa formation au Temple…

La discussion fut interrompue par l’arrivée des entrées, auxquelles Miku fit honneur… Un peu trop vite, ce qui lui brûla la langue et lui fit monter les larmes aux yeux. Penaude, elle regarda Asaka, qui eut pitié d’elle et lui commanda un verre de lait, que la Nalcienne s’empressa d’engloutir, en déclenchant un miaulement courroucé quelque part dans son vêtement, au niveau du cou. L’aspirante Marcheuse éclata alors de rire, et présenta le chaton à la championne, puis au Luxray, qui le renifla d’un air curieux. Le repas se déroula ensuite dans la bonne humeur, l’ambiance se détendant à mesure que les estomacs se remplissaient et que l’alcool montait un peu à la tête de Miku, mais saoulait complètement la Furie d’Alfen… Qui commençait à philosopher dans un registre plutôt relâché. Elle affirmait qu’il fallait se battre malgré ses différences, et Miku acquiesça, ayant fait l’expérience, pour elle ou pour ses Pokémon, d’un désir ou d’une agressivité envers ce qui n’était pas conforme avec le reste de la population. On avait déjà essayé de lui voler Murex, parce qu’il était doré, et elle avait déjà eu droit à des regards méfiants à cause de la couleur de ses cheveux. Cependant, la championne semblait insister plutôt sur le handicap, qu’elle portait elle-même, comme avait pu le noter la Nalcienne, et dont son Luxray (dont l’adolescente apprit enfin le nom) avait hérité quelques semaines auparavant. Mais la façon dont elle parlait donnait à Miku la conviction que le fauve serait, comme Asaka le martelait, meilleur qu’un Pokémon valide d’ici peu. Elle avait dû traverser tellement d’épreuves…

Pourtant, quand la jeune fille entendit qu’elle aurait parfois aimé abandonner, elle fronça les sourcils. En redressant le verre de rhum pour éviter qu’il ne déverse entièrement son contenu sur la table, elle lui lança, d’un ton doux, mais ferme :

« Moi, je suis très contente que vous ne l’ayez pas fait… Si vous aviez abandonné, je ne vous aurais jamais rencontrée. »

Les mots de Miku résonnaient de naïveté, ou plutôt, de pureté, comme si le simple fait de les avoir prononcés les rendait sacrés. Après tout, elle n’était qu’une fille de plus sur la route de la championne, une rencontre comme une autre, au détour d’un chemin. Mais pour la jeune nalcienne, chaque personne qu’elle avait croisée avait une place importante dans son cœur, et dans ses souvenirs, déjà assez rares pour qu’elle puisse se permettre de les mettre aux oubliettes, ou de les mépriser. Sur son épaule, Pardalis miaula, comme pour appuyer les dires de sa maîtresse, et l’intégralité des Pokémon de Miku se montrèrent, même le Vivaldaim désormais guéri. Ils étaient tous là parce que l’adolescente du futur n’avait jamais abandonné, et parce qu’elle avait été sauvée une fois, ce qui avait suffi (même si elle l’ignorait) à lui donner cette force débordante dans un corps si frêle. Après avoir caressé chacun d’entre eux, elle reprit :

« Mes amis sont auprès de moi, car j’ai juré de toujours aller jusqu’au bout. Je donnerai toujours mon maximum pour sauver ceux qui auront besoin de moi. »

Un homme se leva alors brusquement, en désignant quelque chose dehors. Curieuse de savoir ce qu’étaient « des étoiles filantes », et attirée par la sonorité du terme, Miku se leva à son tour, entraînant la championne par la main. La jeune fille avait les joues rosies par l’alcool, mais aussi par l’excitation, à la pensée de découvrir quelque chose de merveilleux, dehors…

Alors qu’elle était rejointe par sa petite troupe au complet, l’adolescente du futur leva les yeux et contempla le tableau magique qui s’offrait à elle. Des dizaines et des dizaines de flèches de lumière pure faisaient la course dans le firmament pour savoir laquelle d’entre elles tomberait la première. Bizarrement, l’étonnement passé, ce fut une étrange tristesse qui s’empara du cœur de Miku : elle avait l’impression que toutes ces étoiles étaient vivantes, et qu’elles finissaient de mourir doucement dans une explosion sublime. Saisie par une poignante vision de créatures, humains et Pokémon, qui souriaient gaiement pour les autres, mais d’un air troublé par le regret pour les autres, elle sentit une vague de peine la submerger, tandis que des larmes perlaient à ses yeux, sans parvenir à les quitter pour dévaler ses joues. Pourtant, elle se surprit à leur sourire également en retour, alors qu’elle séchait ses larmes naissantes avec ses manches blanches.

Autour d’elle, on murmurait qu’il fallait faire un vœu, car « le Génie des Souhaits » ne rendait visite à Erasia qu’une fois tous les mille ans. Bien qu’ignorant le sens de ce mot, elle le déduisit d’après les clients qui, tour à tour, ou ensemble, formulaient leurs désirs pour les envoyer à la plus brillante des étoiles. Alors, elle s’agenouilla, joignit ses mains, puis fixa la voûte en murmurant :

« S’il vous plaît… J’aimerais prier pour ceux qui ne sont plus là, en leur souhaitant d’être heureux là où ils sont. Quant à mon vœu… Je souhaiterais devenir capable de protéger ceux qui m’entourent, mais surtout… Je voudrais être en mesure de sauver tous ceux qui s’égarent, ou perdent espoir. J’ai besoin de cette force… Pour leur donner du courage, et ce dont ils ont besoin, que ce soit du réconfort… Ou quoi que ce soit d’autre qui est en mon pouvoir. »

Dès que le dernier mot eut franchi ses lèvres, une vive lueur émana d’une forme à sa gauche. En sautillant, la clochette cabossée grandit, s’allongea, puis redevint visible, et non plus éblouissante. Au lieu d’un Pokémon doré orné d’un ruban rouge et blanc, il y avait un fūrin, dont le tansatsu, normalement en papier, faisait partie intégrante du corps de la créature. Le Pokémon s’éleva gracieusement pour arriver à la hauteur du visage de Miku, puis l’effleura doucement avec son nouveau « ruban », comme pour la caresser et la consoler. En silence, la jeune fille prit Tintinna dans ses bras, en souriant, s’étant suffisamment renseignée sur les Pokémon qui l’accompagnaient pour savoir que les Korillon évoluaient la nuit, mais aussi seulement lorsqu’ils étaient heureux. Elle était réellement touchée par le geste de son petit porte-bonheur, qui se dégagea ensuite de son étreinte pour aller léviter tout près d’Asaka, en fixant sa dresseuse et amie. L’apprentie prêtresse hocha alors la tête, et dit doucement à la championne :

« Tintinna aimerait rester avec vous pour quelques temps, afin de vous apporter un peu de joie et de bonheur… Voilà son souhait. Auriez-vous la gentillesse de le réaliser ? »

Bien sûr, la Furie d’Alfen pouvait aussi bien refuser d’accéder à sa requête. Mais Miku était sincère, tout comme l’Eoko, qui voletait lentement autour de la Nalcienne meurtrie. L’adolescente s’inclina profondément, puis passa ses mains d’albâtre dans la fourrure de Ganka, qui se laissa faire. Elle offrit ensuite son plus beau sourire à la championne, comme pour l’encourager à s’accrocher… Quoi qu’il arrive.

[Terminé pour moi, merci bien ^^]

[Asaka Chôko]

Asaka regardait les clients de l’auberge faire leur vœu d’un œil cynique. Déjà qu’habituellement, elle aurait été exaspérée par la bêtise de ses contemporains, l’alcool ne faisait qu’ajouter à son agacement. Et se sentir énervée ne faisant qu’accentuer son sentiment. Un cercle vicieux, en somme…
Elle leva les yeux au ciel en s’apercevant que son invitée imitait tous ces idiots. Non mais franchement, ils pensaient vraiment que le ciel allait leur livrer tout prêt, y’a plus qu’à consommer leurs souhaits ridicules ? C’était bien un truc de petites filles ! Aussi vrai que le Prince Charmant qui viendra te sauver de la misère sur son beau Galopa éclatant de pureté, et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants et blablabla.

Mais alors qu’elle ruminait ses pensées dans son coin, elle fut témoin de la métamorphose de l’un des singuliers compagnons de Miku. Sa clochette au doré éblouissant venait de revêtir un habit d’un vert délicat et reposant, tant pour les yeux que pour les esprits. Par ailleurs, le son délicat du petit grelot à son sommet ajoutait à l’effet apaisant de la créature. C’était bien un compagnon idéal pour la jeune fille, puisque cette dernière possédait également ce don particulier. Le simple fait de la voir atténuait les passions les plus violentes. L’instinct de la Furie d’Alfen lui disait qu’elle ferait une excellente prêtresse de l’air. Et son intuition ne lui avait jamais fait défaut (ou alors, un nombre si minime de fois qu’elle ne s’en souvenait même pas)
L’Eoko fraîchement évoluée s’éleva alors jusqu’à la Championne, qui le considéra en haussant un sourcil. Pourquoi qu’il avait l’air aussi enthousiaste, ç’ui-là… ?

« Tintinna aimerait rester avec vous pour quelques temps, afin de vous apporter un peu de joie et de bonheur… Voilà son souhait. Auriez-vous la gentillesse de le réaliser ? »

Les paroles de la Défenseuse laissèrent d’abord Asaka muette. Soudain, elle éclata de rire. Un rire sonore, qui fit se retourner de nombreuses personnes. Mais aucune ne vint lui faire le moindre reproche. Son ivresse et surtout le gros fauve aveugle à ses côtés étaient suffisamment dissuasifs pour cela…

« M’apporter d’la joie et du bonheur ? Pas’que tu penses que chuis pas heureuse ? Ah ! N’import’ quoi ! Mais bon, allez, j’veux bien qu’y vienne, si c’est s’qu’elle veut… Par contre, t’attends pas à jouer les fainéantes ! Si tu viens chez moi, c’est aussi pour t’entraîner ! »

Un nouveau hoquet la secoua, puis la Championne aux oiseaux retourna à l’intérieur de l’Auberge et s’assit à sa table. La tenancière s’était assurée que son verre ne soit pas vide. Aussi, elle le saisit et avala cul sec son contenu, goûtant à cette sensation de brûlure provoquée par l’écoulement du liquide dans sa gorge.
Elle reposa son gobelet avec force. Tss… Comment les gens pouvaient-ils êtres aussi naïfs, franchement. Tout ça la dépassait. S’ils ne faisaient qu’attendre désespérément que tout leur vienne à point, forcément ils se plaignent. Mais hors de question de se remettre en question, hein, c’est pas d’ma faute, c’est le Dieu qu’avait qu’à exaucer ce que je lui d’mande ! Comme s’il en avait quelque chose à foutre, d’un p’tit merdeux qui fait sa liste au Père Cadoizo, mais en l’adressant à des êtres considérés comme supérieurs. Peuh ! N’importe quoi !
N’importe quoi… De toute façon, elle n’avait rien à souhaiter. Son boulot à l’arène la satisfaisait, puisqu’il lui permettait d’innover ses entraînements et de tester de nouvelles techniques. D’un point de vue carrière militaire, celle-ci s’était vue rapidement relancée depuis son obtention du grade de Dompteuse. Bon, il faudrait encore qu’elle confirme tout cela, notamment d’un point de vue maîtrise élémentaire, mais elle s’entraînait quotidiennement, parfois contre ses propres créatures.
Rencontrer de nouveaux Pokémon ? Tss… Ceux qu’elle avait pour le moment étaient bien suffisants. Et puis, ils allaient pas lui faire croire que c’était une quelconque divinité qui avait mis Ganka, Gekirin, ou même, plus loin encore, Yuki Yûki ou Hoshiyo sur sa route ? Il s’agissait peut-être de coïncidences, mais elle ne croyait absolument pas à un truc du genre destin, où tout serait préalablement écrit. En effet, cela reviendrait à écarter une donnée essentielle des hommes et des Pokémon : leur libre arbitre. Avec ce dernier, elle voyait mal comment une entité absolue pourrait prévoir tous leurs faits et gestes, de leur naissance à leur mort, en passant par leurs rencontres et leurs interactions avec le monde.

… Elle n’aurait pas dû penser à ça… Rencontre, interactions… Voilà que l’image de son ancien partenaire sexuel lui revenait en tête. Et maintenant, elle avait beau essayer de penser à autre chose, rien n’y faisait. Gareth s’imposait toujours à elle, comme un fantôme de son passé, le souvenir de ses regrets. De plus… Il ne cessait de la regarder avec des yeux tristes et accusateurs.
Asaka porta subitement les mains à ses tempes, en secouant la tête.

« Arrête… »

Mais le Champion de Seian continuait à la tourmenter. Même lorsqu’elle fermait les yeux, il demeurait gravé dans ses rétines, lui interdisant toute échappatoire.

« Arrête ! Laisse-moi tranquille ! »

Dans sa démence alcoolisée, elle sentit alors quelque chose d’humide et de chaud lui toucher le bras. Surprise, elle se retourna, prête à employer ses serpes de vent.
La Championne aux oiseaux se ressaisit aussitôt qu’elle s’aperçut que celui qu’elle avait pris pour un intrus n’était autre que son lion de foudre. Ganka avait dû percevoir sa détresse, son état anormal. Inquiet pour elle, il s’était approché, afin de lui fournir un quelconque soutien. Même s’il ignorait les détails de l’affaire. C’était le rôle d’un guerrier de venir en aide à ses alliés, qu’ils soient en danger physique ou psychologique. Et le seigneur déchu entendait bien respecter cette règle implicite.

Alors, Asaka fit quelque chose qu’en temps normal elle n’aurait jamais effectué. En tout cas, certainement pas en public.
Elle entoura le cou du fauve d’encre de ses bras, enfouit son visage dans sa crinière fournie. Ses yeux laissèrent couler de rares larmes, tandis que ses mains parcouraient inlassablement sa couronne symbolique.

« Tout ce que je voudrais… C’est qu’il me pardonne… »

***

La Furie d’Alfen se réveilla le lendemain, allongée aux côtés de son partenaire infirme dans la salle de l’auberge. La tenancière avait certainement préféré la laisser dormir là, afin de ne pas troubler son sommeil profond. Pour cela, elle l’en remerciait.
Son crâne la faisait un peu souffrir, mais c’était supportable. En tout cas, elle avait recouvert sa totale lucidité. Et puis, puisqu’elle repartirait dans les minutes qui suivraient, l’air frais du matin achèverait de lui faire recouvrer ses esprits.

Une fois les plats destinés à Kajin’ empaquetés, sa nouvelle pensionnaire et son seigneur déchu rentrés dans leurs sphères respectives, Asaka se jucha sur sa monture tricéphale. Tout en ajustant ses guides, elle fit un signe en direction de son invitée de la veille. Elles se reverraient probablement, dans d’autres circonstances, notamment lorsque la Défenseuse viendrait récupérer son amie.
Enfin, les adieux faits, l’ancienne espionne laissa Dachou s’élancer à travers la plaine nalcienne. Son visage était de nouveau fermé, son esprit totalement concentré sur la mission qu’elle s’était imposée : protéger celle qu’elle avait reconnue comme une membre de la famille royale.

[FINI]

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