Re: [ Clos ] Épreuve Marcheur de Rêves [Miku]

[Miku Hatsune]

« Juste un signe de toi qui s’enfuit
Je m’endors nos lèvres unies
Bientôt
Si tôt
Invisibles en notre nuit
Tu t’endors et tu nous oublies. »

L’aura bienveillante et pleine de bonté s’approcha d’elle, lentement. En cet instant, il n’y avait plus de noms, plus d’âges et plus d’espace. Seulement l’histoire de ces âmes-sœurs, qui se rejoignaient enfin pour écrire ensemble le chapitre final. La Nalcienne laissa son aînée prendre sa main avec douceur, la laissa l’entraîner dans les brumes, aussi, et la laissa, enfin, lui dire combien elle était fière d’elle. Elle avait... Réussi. Miku se sentit bizarre, comme libérée d’un énorme poids. Mais elle se sentit vide, aussi. Une lacune faisant écho à cette impression d’accomplissement après un voyage qui n’avait que trop duré naquit en elle mais, bien vite, elle ferma les yeux, chassant tout ce qu’il y avait de négatif pour ne garder que le meilleur. Elle l’enjoignit à « marcher parmi les Rêveurs en égale », également. Désormais, elle pourrait arpenter le monde onirique quand elle le souhaiterait... Et elle pourrait venir en aide à toutes ces âmes éplorées qu’elle avait croisées au cours de son périple. Son vœu le plus cher était enfin là, dans le creux de sa main, et elle l’étreignait à présent avec tout le bonheur qu’elle pouvait transmettre à ces doigts qui se mêlaient aux siens. Yubaba l’embrassa sur le front et, émue, elle lui sourit. Elle était enfin en paix avec elle-même, au moins dans ce plan.

« Et je marcherai. Avec les mauvais anges, avec les refusés, je marcherai. »

Tandis qu’une vague de quiétude la balayait, Miku entendit le vent lui chuchoter quelque chose, quelque chose qu’elle semblait avoir « oublié » pendant longtemps. En entendant cette promesse chantante et solaire, elle ne put empêcher le sourire sur son visage de s’élargir et, lumineuse, elle se dispersa, emportée par le Courant de l’Air qu’elle avait emprunté à l’aller.

Un murmure la ramena à elle, allant de pair avec une douleur immense. Une grande lassitude s’empara de son corps, à présent habité de nouveau, et lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle perçut la voix de Yubaba, caressante, comme « là-bas ». « Danseuse du vent ». C’était ainsi qu’elle venait de l’appeler. Miku trouva le terme étrange, mais pas désagréable. Elle se pensait plus proche du chant de l’Air, mais son mentor avait raison : dans les rêves, elle avait plutôt dansé avec les êtres, et avec la Mort, aussi. Cette dernière était indissociable du reste, comme elle l’avait appris au cours de cette difficile épreuve.

Le silence qui suivit l’annonce de la Clairvoyante remplit de chaleur la jeune femme aux cheveux bleutés. Tandis qu’elle se relevait lentement, tremblante, mais déterminée à se tenir debout, elle tourna son regard vers son amie, qui s’approcha en voletant. Dans un souffle, elle lui parla.

« Nebula... »

Elle savait exactement ce que l’oiseau allait faire. Elle le savait, puisque Nebula elle-même le lui avait chuchoté, au moment où elle avait franchi la frontière pour regagner son corps. La prêtresse tendit ses mains, paumes tournées vers le ciel, supportant avec peine la créature pourtant plus légère que jamais. Le Pokémon donna une légère impulsion pour s’élever dans les airs, puis se mit à briller ; une lueur d’azur émana de son bec, puis de son corps tout entier, avant d’exploser dans la Salle de l’Éther, l’éclairant sans crever le silence solennel et religieux du moment. Les ailes de coton s’étirèrent, prenant de l’ampleur, tout comme le reste. Les excroissances sur le sommet du crâne de la créature s’allongèrent pour ressembler à deux longues antennes. Une silhouette furtive jaillit du centre de la transformation, rejoignit Miku et se fondit à l’intérieur, regagnant enfin son propriétaire d’origine et achevant la métamorphose du petit oiseau chétif qu’avait été Nebula.

« Voilà le vrai sens de ton nom. »

Ce qui restait de lumière se dispersa, révélant la forme majestueuse d’un volatile qui n’en était plus tout à fait un. Le port altier et fier, la prestance, la carrure et l’allure, rien ne rappelait le fragile Tylton aux souvenirs perdus.

« Un être libre, porté par les vents et désireux de les tutoyer. Un être qui peut être ombre, lumière ou indéfini, qui peut demeurer longtemps ou filer plus vite qu’un souffle. »

Miku tendit les bras vers son amie, qui descendit lentement vers elle pour effleurer, avec son bec, le bout de ses doigts. Elles tressaillirent, comme si elles se découvraient pour la première fois. La prêtresse, bien qu’épuisée, offrit le plus beau sourire qu’elle ait jamais fait au Dragon, qui ancra son regard dans le sien.

« Nebula. La Nuée. Le Nuage. »

L’Altaria émit un son doux et mélodieux, ravie. Elle l’avait toujours su, au fond d’elle. Son destin était si étroitement lié au sien. Elles ne pouvaient avancer l’une sans l’autre. Si l’une était entravée, l’autre le serait également. Et l’une était libre, alors...

« Nebula... »

La créature suspendit son vol devant la Nalcienne, qui toucha à peine ses ailes de coton immaculé, comme si elle craignait de les souiller.

« Marchons ensemble. »

Dans la Salle de l’Éther, on entendit un murmure.

[Merci.]