[ Clos ] Trois nouveaux départs [Ionisa, Kajin']

[Mizuki Ana]

Post sous contrainte

Scène première. Le décor représente une cuisine dans une petite maison au style Alfenois, avec une femme, Madame Ana, s’occupant d’un plat. Un Pyroli dort sur le sol. À table, une jeune fille, Mizuki, porte un Natu sur son épaule. Elle achève la relecture d’une lettre.

MIZUKI

« … Et je vous prie donc de me renvoyer la Pokéball de Nymphéa rapidement, s’il vous plait. Vous trouverez vos honoraires dans la bourse accrochée à la patte du Roucool voyageur. Avec toute ma gratitude, Mizuki Ana ». Bon, ça me semble correct. J’espère avoir un retour d’ici quelques jours, cela me permettrait de repartir assez vite. Qu’en penses-tu, maman ?

MADAME ANA, attristée

Je sais que ton père commence à aller mieux, mais… Tu veux vraiment repartir ? Je pensais que ton retour marquait la fin de cette fugue d’adolescente, et que tu serais désormais enfin…

MIZUKI, l’expression agacée

… Enfin « normale », c’est ça ?

MADAME ANA, surprise

Eh bien, oui. Il y a six ans, quand tu as quitté la maison sans un mot, ton père et moi avons été fous d’inquiétude, bien sûr, jusqu’à ton premier courrier (qui nous a mis en colère autant qu’il nous a rassurés, d’ailleurs), mais… Tu te rappelles comme tu étais à cette époque ? Seule, isolée, secrète, avec ces histoires de… voix ou d’ami invisible… (à part) Ce départ nous avait presque fait du bien, en fait. Cette enfant était différente et incompréhensible… (à sa fille) Mais depuis ton retour, tu es entourée d’amis, tu sembles plus mature et sociable.

MIZUKI

J’ai grandi. J’ai vu et appris de nombreuses choses, sur le monde et sur moi. Voyager m’a ouvert les yeux et m’est devenu indispensable, mais je ne crois pas que ça m’ait changée autant que tu le penses… D’ailleurs, j’étais « secrète » à cette époque parce que j’élevais un Miaouss en cachette. Rien de plus. Et, tu sais quoi ? Latu, mon amie « invisible », s’est avérée réelle. En fait, c’était la réincarnation avortée de l’âme d’une princesse de Mizuhan, et elle vit maintenant dans le corps de mon Natu.

MADAME ANA, perplexe

… Oui ?

MIZUKI, semblant réaliser l’étrangeté de ses propos

Oui, enfin… C’est un Pokémon de type Psy, tu sais. On peut communiquer avec eux, tu peux lui demander, hein, Latu ?

LATU, pépiant

Natu. Nat nat.

MADAME ANA

Euh, non, Mizuki. On ne peut pas. Ce ne sont que des Pokémon, après tout.

Le Pyroli au sol secoue la queue avec agacement, tandis que le Natu descend de l’épaule de Mizuki pour gratouiller la table, sans se sentir concerné, puis s’envole à travers une fenêtre ouverte.

MIZUKI, déstabilisée

Mais si… Tu n’as jamais entendu parler des Lieurs ? Ils sont bien capables de communiquer avec leurs Pokémon, c’est de notoriété commune.

MADAME ANA

Ce ne sont pas ces espèces de mystiques qui parlent à leurs animaux comme à des humains ? Ils sont pour la plupart assez… dérangés, non ? Ou alors, ce sont des charlatans…

MIZUKI, à part

Je suppose que ce n’est pas le bon moment pour lui signaler que j’en suis une moi-même… (à sa mère) Admettons. Mais il y a quelqu’un d’autre qui pourra confirmer mes propos, et c’est Asaka, la Championne d’arène. Tu ne vas pas me dire que ce n’est pas quelqu’un de fiable, quand même ?

MADAME ANA, en riant

Je ne connais pas personnellement mademoiselle Chôkô, mais bon, j’ai cru entendre qu’elle n’était quand même pas la personne la plus saine d’esprit d’Alfen ! On ne l’appelle pas « Furie » pour rien… (Reprenant son sérieux) Mais, tu sais, Mizuki. Tu n’as pas besoin d’essayer de trouver des preuves… Je… Peut-être que je ne pourrais jamais comprendre cette aspect de toi. Mais je pense que nous avons tout de même pu nous rapprocher, et je t’aime comme tu es. Et si voyager est un moyen de t’épanouir alors… Soit. J’ai pu voir le bien que cela t’a fait. (à part) Peut-être que quelques années supplémentaires suffiront à finir de… régler ses problèmes.

MIZUKI, dépitée

Très bien… Je t’aime aussi… (se levant) Bon, je vais aller en ville, poster mon courrier à la pension d’Arkan, et rejoindre Latu chez Asaka… J’en profiterai pour faire mes adieux à Kajin’ comme ça, et quelques emplettes.

MADAME ANA

Chez Asaka ? Comment sais-tu qu’elle est allée là-bas ?

MIZUKI, à part

Eh bien, elle me l’a dit en partant… (à sa mère) Elle y va régulièrement, je suppose donc que c’est le cas aujourd’hui aussi. Je serai de retour d’ici quelques heures. (elle sort) À plus tard, maman, Pyros !

MADAME ANA, seule

Elle retourne voir cette « Kajin’ »… Plus j’y pense, et… plus ce nom m’interpelle… Kajin’, Kajin… Kajin’ ? Je ne sais plus d’où, mais ça me dit quelque chose…


Scène seconde. Le décor est une rue d’Alfen, en milieu de matinée. Mizuki marche seule parmi les passants, qui ne lui accordent pas d’attention, après avoir posté sa lettre, quand Natu la rejoint et se perche de nouveau sur son épaule.

MIZUKI

Latu ! Te voilà, je te pensais à l’arène avec Yuki Yuuki. (par télépathie) Eh, c’était quoi, tout à l’heure ? Pourquoi tu n’as pas parlé à ma mère ? Elle me prenait déjà assez pour une folle avant !

LATU, par télépathie

Je n’ai pas pu, désolée. La télépathie, ce n’est pas automatique… Surtout quand la personne en face n’est pas réceptive. Ce n’est pas moi qui n’ai pas parlé, c’est elle qui n’a pas écouté…

MIZUKI, idem

Oh. C’est vrai que nous le faisons tellement facilement que ça me semblait tout à fait naturel, mais après tout, tu as raison. Ça n’était pas si évident… Et ça ne m’étonne pas d’elle. Elle n’a jamais pu accepter les choses qu’elle ne comprenait pas.

LATU, idem

Sauf toi, Mizu. Tu es l’exception qui confirme cette règle : elle ne te comprend pas, mais son amour est sincère, je le sais. Sinon, j’étais effectivement en route vers l’arène, mais quelque chose m’a perturbée en chemin, concernant Kaj’. Quelque chose de suffisamment remuant pour que je choisisse de venir te chercher.

MIZUKI, inquiète et idem

Kajin’ ? Elle va bien ?

LATU, idem

Elle se porte parfaitement bien, ce n’était pas un sentiment alarmant que j’ai ressenti. Plutôt quelque chose comme… une naissance.

MIZUKI, perplexe et idem

Tu veux dire qu’elle a eu un deuxième enfant ?

LATU, idem

Mais non, idiote. Je parle de quelque chose de psychique ! Un genre d’éveil mental. Je crois qu’elle a commencé à développer un Lien. Mais, elle n’a pas eu d’entrainement ou de supervision adéquats comme toi, lors de ta première fois, du coup je me suis dit que tu pourrais peut-être l’aider à devenir une Lieuse complète.

MIZUKI, à voix haute

Oh. (soudainement enthousiaste) Oh ! Mais c’est génial, ça ! Bien sûr qu’on va aller la voir !

Mizuki s’élance alors, parmi les habitants surpris de cette réaction sortie de nulle part.


Scène troisième. Mizuki et Latu arrivent aux portes de l’arène et demandent à voir Kajin’. Les personnes qui s’occupent de les recevoir les reconnaissent – elles sont respectivement la-maîtresse-de et l’oiseau-qui-vient-souvent-voir-les-Pokémon-de-Dame-Asaka. À défaut d’avoir retenu leurs noms, ils savent au moins que ces personnes sont dignes de confiance, et que l’accès au bâtiment – et à la protégée de la Championne – leur est autorisé. Elles sont donc invitées à entre, et attendent d’être reçues par la maîtresse des lieux ou la jeune mère.

[Contrainte : 10, insister sur un style de texte]

[Kajin' Nezumi]

Kajin' rangea son épée d'emprunt dans son fourreau après une séance d'entraînement à l'arène. Elle continuait de s'exercer tous les jours pour se maintenir en forme, et s'assurer que ses jambes ne lui feraient pas faux bond. C'était surtout sa jambe droite qui avait tendance à se désister au bout d'un moment. En essayant d'avoir une activité quotidienne, elle vérifiait toujours l'état de ses muscles, et cela lui permettait d'éviter les mauvaises surprises.

La jeune femme retourna dans ses appartements, qu'elle avait depuis quasiment deux ans chez Asaka. Elle se changea ensuite, après avoir fait un tour dans la salle d'eau pour se rafraîchir. Elle se sentait ici comme chez elle tout en étant étrangère à ce lieu. Elle savait qu'elle ne pourrait pas rester indéfiniement ici, même si une partie d'elle le souhaitait. Sa place était cependant ailleurs. Elle ne pourrait bientôt plus continuer à fuir. Si au départ elle avait eu des excuses pour ne pas aller dans sa vraie famille, entre son accouchement et l'état désastreux de ses jambes, aujourd'hui elle était guérie et son fils était un beau petit garçon de deux ans, plein d'entrain. Bientôt, il faudrait qu'elle retourne au palais.

Mais apparemment ça ne serait pas aujourd'hui. Un homme vint lui annoncer la visite de « la-maîtresse-de » ainsi que de « l’oiseau-qui-vient-souvent-voir-les-Pokémon-de-Dame-Asaka ». Kajin' leva les yeux au ciel, un peu dépitée qu'il ne se soit pas souvenu du nom de la jeune femme et de sa Natu. Elle lui dit qu'elle arrivait tout de suite, le temps de passer prendre ses Pokémon et surtout son fils, qui était toujours ravie de voir des têtes connues et appréciées.

Tenant le bambin par la main, son Kaïminus sur l'épaule, et le reste de sa clique derrière elle, elle se dirigea vers l'entrée où Mizuki devait l'attendre.

*Tu as prévenu Yuki Yûki ?*
*Non, je n'ai pas pris cette peine, je me suis dit que Latu le ferait, comme toujours.*
*D'accord, c'était juste pour savoir.*
*Bah je suppose qu'elle vient pour ça, non ? Comme toujours.*
*On ne sait jamais.*

La demoiselle sourit à son spectre. Depuis quelques temps, elle avait de plus en plus de facilités à communiquer avec lui par la pensée. Elle n'était pas au niveau d'une vraie Lieuse ou Maîtresse de l'esprit, elle ne pouvait pas aller connecter son esprit au sien, elle n'en avait pas le pouvoir. Mais du coup, Hogosha avait pris l'habitude de laisser son esprit ouvert et de toujours laisser une sorte de lien entre leurs deux esprits, pour qu'elle puisse lui parler comme elle l'entendait, et quand elle le voulait. Bien entendu, ils ne tenaient pas non plus de grandes conversations ainsi, cela risquait de trop les fatiguer. Ils étaient juste constamment reliés, et cette sensation rassurait un peu la demoiselle, qui du coup ne se sentait jamais seule, même si elle était déjà bien loin de l'être. Mais déjà, elle arrivait à l'entrée de l'arène.

« Tatie Mizuki ! »

Avec un petit rire, Kajin' lâcha la main de Logan qui courut jusque la Nalcienne avant de se jeter sur elle, ses bras enserrant ses jambes pour lui faire un câlin comme il pouvait, compte tenu de sa petite taille d'enfant. Très vite, la brune rejoignit la blonde avec un grand sourire.

« Bonjour Mizuki, bonjour Latu, vous allez bien ? Désolée pour Logan, ils appellent toutes les femmes de mon entourage proches comme ça. Ca reste gentillet, mais ça devient plus compliqué lorsque ça tombe sur des hommes. » expliqua la guerrière.

En effet, l'enfant avait pris cette tendance à inclure dans sa vision de famille très larges toutes les personnes qu'il voyait souvent, et qui étaient proches de lui. Ainsi, Mizuki comme Asaka avaient droit à du « Tatie ». Mais la gent masculine, heureusement rare, se retrouvait dans une situation plus gênante déjà. Le jeune apprenti médecin qui avait suivi Kajin' à son accouchement, et même après y avait eu droit, et il était d'ailleurs subitement devenu cramoisi en entendant le bambin qu'il avait vu naître l'appeler « papa » comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.

Mais finalement, le petit garçon lâcha la Nalcienne, et jeta des coups d'oeil envieux sur Latu. Il avait très vite appris qu'on ne jouait pas n'importe comment avec un Pokémon, et même si ses gestes étaient parfois maladroits ou inconscients, il faisait toujours très attention à ne pas faire mal aux autres. Et il aimait beaucoup la Natu de Mizuki. Il avait d'ailleurs révélé à sa mère qu'il voulait un Natu comme premier Pokémon, mais elle lui avait dit qu'ils verraient ça quand il serait beaucoup plus grand, et il n'avait pas rechigné face à l'information.

« Vous allez bien toutes les deux ? Vous avez prévenu Yuki Yûki de votre arrivée j'espère, je pense qu'elle sera ravie de vous voir. A moins que vous ne soyez pas là pour ça ? »

La jeune femme était un peu curieuse des raisons de leur présence ici. Elle savait que Latu aimait beaucoup la Momartik, sans qu'elle n'ait jamais trop saisi le pourquoi du comment, mais elle ne serait pas contre passer un petit moment avec Mizuki. C'était toujours agréable d'avoir un peu de compagnie. Elle caressa donc le museau de son Kaïminus, qui était descendu dans ses bras, tout en attendant une réponse de la part de son amie. Elle ne remarqua pas tout de suite qu'Hogosha avait apparemment repéré autre chose.

[Mizuki Ana]

"Logan ! Tu as encore grandi, diablotin !"

Mizuki ne s'offusqua pas vraiment du "tatie", même elle se sentait un peu vieillie par le titre, et remarqua plutôt que le petit garçon parlait de mieux en mieux. La dernière fois qu'elle l'avait vu, elle avait dû se contenter de "Mi"... La jeune fille attrapa le bambin, à peine plus lourd que Miaouss ou Pyros*, dans ses bras, comme pour le faire s'envoler, puis le reposa au sol et salua sa mère en s'inclinant.

"Bonjour Kajin', Hogosha, nous allons bien... En plein préparatifs de départ, en fait. Maintenant que mon père va mieux, je pense que je vais reprendre ma route sous peu. Et pas de souci pour Logan, c'est plutôt mignon de sa part !"

Affectueusement, Mizuki caressa le crâne de l'enfant, feignant de ne pas avoir remarqué la réaction de légère tension qu'avait eu l'autre jeune femme en entendant ses paroles. Peut-être n'en avait-elle même pas eu conscience, mais cela n'avait pas échappé à la Lieuse - ou plus exactement, à son oiseau, ce qui revenait au même. Mais, malgré leur capacité à lire dans les pensées des autres, toutes les deux avaient suffisamment de pudeur et de respect pour ne jamais forcer sans raison le passage dans le cœur d'autrui.

Remarquant le regard du petit garçon, dirigé droit vers Latu, Mizuki attrapa délicatement l'oiseau et le posa avec autant de douceur sur l'épaule du bambin. Elle avait confiance en eux deux, mais préféra garder un œil attentif sur la scène pour éviter tout incident : Logan restait un enfant, et la Natu, un Pokémon, et ni elle ni Kajin' ne souhaitaient que l'un ne fasse mal à l'autre par inadvertance.

"Je suppose que Yuki Yuuki aura vent de notre présence d'une manière ou d'une autre, si elle est dans le coin... Mais aujourd'hui, nous ne venons pas pour la voir.  Nous venons pour vous, Kajin'... Et Hogosha, je suppose."

Bien que connaissant la jeune femme depuis près d'un an maintenant, Mizuki avait toujours beaucoup de mal à ne pas la vouvoyer, et avait donc rattrapé son malaise tant bien que mal. La jeune femme était pourtant de son âge, mais le fait qu'elle soit déjà mère, et bénéficie d'un statut particulier aux yeux de la Championne de la ville, et donc de la population de la capitale, dans une certaine mesure, lui donnait un genre d'aura qui impressionnait la blonde. Ca ne l'empêchait pas d'être naturelle avec Kajin' et de l'apprécier ; mais le tutoiement n'était pas évident pour autant.

Pendant ce temps, la Nalcienne et son spectre attendaient sans doute des explications. Mizuki reprit la parole, d'une voix posée, cherchant à être claire dans ses propos.

"En fait, Latu m'a avertie qu'elle a senti chez vous un genre d'éveil. Elle pense - et sur ce point, je me fie entièrement à son jugement - que votre relation vous a fait parvenir sur le chemin des Lieurs Pokémon et qu'avec de l'aide, vous pourriez en obtenir les pouvoirs. Mon aide, si vous le souhaitez.

J'ignore si vous savez ce que sont les Lieurs, quels sont leurs pouvoirs et leurs caractéristiques. Comme j'en suis une, je pourrais vous faire part de mon expérience.

Vous le savez peut-être, mais ceux qu'on appelle Lieurs sont des Dresseurs qui ont créé un Lien puissant avec l'un de leur Pokémon, au point de pouvoir communiquer avec lui comme avec un confident humain. Il y a des espèces de Pokémon qui sont plus propices à créer un Lien que d'autres, et les Magirêve en font partie. Lorsqu'ils sont guidés, les Lieurs sont capables d'utiliser cette relation osmotique pour obtenir des capacités qu'on pensait exclusives à la créature - un peu à la manière de la maîtrise de l'Air. Je ne sais pas exactement quelles sont les pouvoirs d'un Magirêve, mais vous devriez pouvoir être en mesure d'en reproduire certains... Et puis, développer le Lien donne un tout autre sens au fait d'être "Dresseur"... On comprend beaucoup mieux son équipe, on partage des sentiments, des ressentis. C'est très... Disons que ça donne l'impression d'étendre sa perception des choses, de mieux comprendre."

Mizuki s'était un peu emportée, mais Kajin' l'avait écoutée jusqu'au bout. Si ces paroles pouvaient paraître un peu abstraite pour quelqu'un qui n'avait jamais expérimenté ce qu'elle avait fini par trouver avec ses camarades, sa sérénité apparente donnait une idée de ce qu'elle voulait dire et des bienfaits que cela lui avait apporté. Cependant, son rôle n'était pas de décidé pour la brune ce qui était bon ou non pour elle.

[*Fun fact : un bébé de 2 ans pèse 13 kg, un Miaouss pèse 4 kg, un Pyroli pèse 25 kg. Mais on va faire "comme si" ]

[Kajin' Nezumi]

Kajin' ne put s'empêcher de sentir son estomac se nouer en voyant son fils décoller. Elle avait beau faire confiance à Mizuki, c'était son fils tout de même... Mais elle sourit en voyant l'air ravi et innocent de Logan, qui avait apprécié ces sensations. Elle ne pouvait pas le couver outre mesure, de toute façon. Elle reporta son attention sur la demoiselle, écoutant ce qu'elle venait lui dire, souriant au rattrapage sur le vouvoiement. Apparemment, le duo était venu pour elle, ce qui la surprenait un peu. Quelque chose dans la visite de la blonde ne sonnait pas tout à fait comme une visite de courtoisie, il y avait un but derrière tout ça.

Logan regarda la Nalcienne lui poser l'oiseau d'émeraude sur son épaule comme si elle était la mère Noël en personne. Bien que très excité par la proximité du Pokémon, il chercha à se contenir pour ne pas lui faire peur, ou pour ne pas faire de gestes trop brusques. Sa mère lui avait bient dit plus d'une fois qu'il fallait faire attention aux autres si on ne voulait pas les blesser, et qu'il fallait toujours être calme. Si on faisait peur à quelqu'un, il risquait de mal réagir et d'être agressif. L'enfant s'assura d'avoir récupéré un peu de sang froid et tendit doucement la main pour frôler l'oiselle du bout des doigts, son sourire grandissant au fur et à mesure qu'il caressait les plumes de Latu.

La brune écoutait Mizuki, légèrement intriguée par ses propos. Elle avait constaté depuis un moment que sa relation avec Hogosha s'était développé ; ils pouvaient parler par la pensée avec précision et facilité, sans avoir besoin d'un contact, et leurs discussions étaient de plus en plus longues. La jeune femme avait l'impression qu'elle pouvait faire plus que ça, mais sans savoir comment apprendre. A dire vrai, l'arrivée de la jeune femme était vraiment une très belle occasion.

« Je connais un peu les Lieur. Enfin, surtout l'aspect théorique de la chose. Et je comprends mieux les paroles de Yuki Yûki... »

Elle fit signe à Hogosha de s'approcher et caressa doucement son chapeau avec un doux sourire pour son compagnon.

« Les Magirêve sont des spectres. Cela voudrait donc dire que je me dirigerai vers la voie des Maître des Esprits. J'ai entendu dire que les plus puissants d'entre eux pouvaient rendre leur corps evanescents, lire dans l'esprit des gens, ou encore soulever des objets. Ce dont sont capables les Pokémon Psy et Spectre. J'avoue que je suis assez impressionnée que Latu ait pu sentir cet éveil, je ne m'en étais pas forcément rendu compte. Enfin. Je ne sais pas pourquoi, mais Yuki Yûki s'est dit un jour que je m'éloignerai peut-être de la voie du dressage pour devenir quelque chose d'autre. Que j'avais déjà un lien très fort avec Hogosha à l'époque et que peut-être le chemin des Maître des Esprits m'irait mieux. »

Elle regarda son fils qui continuait de caresser la Natu, la main tremblante. Il réfrénait son excitation comme il pouvait pour ne pas lui faire mal, et il y avait beaucoup d'applications dans ses gestes, qui n'en étaient presque plus naturels. Par contre, son sourire ravi était bien authentique. La demoiselle ne savait pas pourquoi il aimait autant les Natu, par rapport à d'autres Pokémon. Entre les compagnons d'Asaka et ceux de sa mère, il en avait vu des tas, mais il faisait une fixette sur les petits oisillons. Il fallait maintenant savoir si c'était définitif ou si ça allait passer.

La brune regarda son compagnon spectral, les deux se consultant sans rien dire. Quand la Nalcienne fut certaine d'avoir son accord, elle regarda son amie avec un grand sourire.

« Si Latu et toi vous voulez nous aider, nous acceptons avec plaisir. Nous ne nous en sortirons pas seuls. Par ailleurs, tu voudras bien me montrer les capacités que l'on peut avoir avec un Pokémon Psy ? Je n'en ai pas encore capturé un, même si je reconnais que j'y réfléchis. »

Elle regarda la blonde, plutôt contente de pouvoir apprendre d'avantage sur un pouvoir qu'elle avait développé, et s'étira un peu, tout en gardant un œil sur Logan.

« Après il faudra que tu me parles de ton voyage. Par où vas-tu commencer, que comptes-tu faire ? »

[Mizuki Ana]

« Alors, si Yuki Yuuki l’a dit… Personne ne peut prétendre que telle ou telle voie est meilleure pour quelqu’un d’autre, mais un Spectre ou n’importe quel Pokémon capable de créer un Lien a sans doute suffisamment d’expérience pour avoir un avis fiable. En tout cas, ça nous ferait plaisir de vous parler de mon voyager après vous avoir aidé. Au moins jusqu’à ce que vous soyez tout à fait conscients de votre force commune : pour le reste, seul l’entrainement pourra développer ce don. Ça marche de la même façon que la maîtrise d’un élément, encore faut-il savoir qu’on peut agir dessus. »

Mizuki récupéra Latu, au désespoir du petit garçon de Kajin’, et la déposa sur son épaule. Elle réfléchissait à comment elle pourrait aider la Nalcienne. Déjà, il fallait savoir exactement ce qu’elle était capable d’accomplir avec l’aide de son Spectre. Elle ne s’attendait pas à ce que la protégée d’Asaka soit capable de se dématérialiser sur le champ – sinon elle n’allait pas avoir grand-chose à lui apprendre, au contraire ! D’autant plus qu’elle avait dit ne pas s’être rendue compte elle-même de ce Lien et de la force qu’il lui procurait. Car, oui, pour Mizuki, le simple fait de pouvoir communiquer avec Latu était une force immense. Il ne s’agissait pas simplement de parler et de transmettre des informations ; son oiselle et elle partageaient une conscience. Cette sensation était moins forte avec ses autres camarades – Freezia, Mystherbe ou les jumeaux Temis et Lénos – mais il se développait aussi. Et partager sa conscience avec un oiseau, une plante, un fantôme et des chats donnait déjà de drôles de sensations, mais surtout offrait une énorme ouverture d’esprit et compréhension des autres. Elle aurait voulu exprimer tout cela à voix haute à Kajin’, mais les mots semblaient ne pas avoir assez de force, et elle comprendrait mieux avec l’expérience.

« Bien, pour commencer, je pense qu’il nous faudrait trouver un lieu propice à la méditation. Je ne pense pas que ce soit indispensable, mais bon, j’ai passé une partie de mon enfance en visite au Temple du Savoir, et on ne change pas de vieilles habitudes facilement, n’est-ce pas ? Oh, même, avant ça, j’ai besoin d’en savoir plus sur les pouvoirs d’Hogosha. Je veux dire, outre ses pouvoirs de type Spectre : quelles sont les talents de l’espèce des Magirêve ? Est-ce que vous retrouvez en vous certains de ces pouvoirs ?
Ensuite, concernant un Pokémon Psy, je peux peut-être vous proposer quelque chose : j’ai, au Temple de l’Air Boréal, un Abra qui m’a servi de professeur lors de mes apprentissages de Lieuse. Je pourrais éventuellement écrire une lettre pour qu’on me l’envoie ici, et vous le confier pour votre propre entrainement ? Mais pour aujourd’hui, eh bien j’ai Latu, et… »

« On peut sans doute… »
« … Vous aider ? »

Mizuki sursauta – et se le reprocha très vite, parce qu’elle considérait qu’elle aurait dû remarquer leur présence plus tôt – lorsque ses deux chats jumeaux apparurent derrière elle. Flottants à hauteur d’épaule de chaque côté de leur Dresseuse, Témis et Lénos fixaient Kajin’ de leurs yeux vides d’émotion. La Lieuse expérimentée secoua la tête et réprimanda ses Pokémon avec un ton malicieux

« Hey, vous deux. Vous vous êtes encore sauvés de la pension ? »

« On peut… »
« … Si notre Dresseur est en ville. »
« Et puis, il avait l’air de se passer des choses intéressantes ici. »

Désabusée, la blonde aux yeux émeraude haussa les épaules et adressa un sourire à son interlocutrice.

« Kajin’, Hogosha et Logan, je vous présente mes Psystigri, Témis et Lénos. Les Psystigri sont des créatures aux pouvoirs Psy très puissants, tellement puissants qu’ils sont obligés d’en sceller une partie sous leurs oreilles. Mais comme vous avez vu, ils sont quand même capables de communiquer par télépathie très aisément. Bien, maintenant que les présentations sont faites, est-ce que vous voulez que nous nous mettions ailleurs pour commencer à travailler ? »

Mizuki suivit Kajin’ et se mit en position de méditation, assise en tailleur, demandant à tous de faire silence. Les deux maîtresses de l’Air connaissaient suffisamment bien leur élément pour parvenir à gérer correctement leur respiration assez vite. Elles atteignirent un état de sérénité calme qui, aux yeux de la blonde, favorisait tous les types d’exercices liés aux forces occultes. La voix de la plus expérimentée était douce et légère comme une brise, comme si elle essayait de ne pas réveiller quelqu’un d’endormi dans la pièce. Le but était en fait de ne pas rompre l’état méditatif qu’ils avaient atteint.

« Pour commencer, il faut que vous et votre Pokémon vous révéliez entièrement, totalement, l’un à l’autre. Aucun secret ne doit rester. Aucun passé ne doit être inconnu de l’autre. Il ne s’agit pas de communiquer l’un avec l’autre, vous devez partager vos sentiments, comme si vous n’étiez plus deux personnes différentes. »  

Cet état d’osmose était temporaire, évidemment – puisque, malgré leur proximité, Latu et Mizuki par exemple restaient deux individus distincts.

« Visualisez un tunnel… Kajin’ est à une extrémité… Hogosha à l’autre… Et désormais, il faut vous rejoindre. »

[Ca te rappelle quelque chose ? ]

[Kajin' Nezumi]

Hogosha ne put réprimer un sourire en voyant le regard vif d'intérêt de Kajin' envers les jumeaux félins, et le regard envieux de Logan, qui devait les voir comme des espèces de peluches trop mignonne à câliner. Si l'attitude de l'enfant était normal, puisqu'il était jeune et devait voir en eux de nouveaux compagnons de jeux, la réaction de la mère était plus significative. Elle était particulièrement intéressée par ces nouvelles créatures qu'elle ne connaissait pas, et qui étaient eux aussi de type Psy. Elle avait déjà son Magirêve comme spectre, et elle désirait vraiment un Pokémon Psy, pour pouvoir explorer toutes les possibilités. Elle eut un sourire, et se reconcentra sur Mizuki.

« Nous allons utiliser la salle d'entraînement de l'arène. Il n'y a personne à cette heure-ci, et il y a pas mal d'espace je pense. Quant aux Magirêve... D'habitude, ils sont réputés pour se nourrir de la peur des gens, et donc s'amuser à effrayer les autres dans ce but là. Hogosha est spécial. Je crois qu'il préfère se nourrir de bonheur. C'est moins nutritif apparemment, mais plus savoureux, selon lui. »

Le spectre opina du chef, comme pour confirmer ses dires.

« De plus, ce sont des Pokémon qui sont capables de psalmodier des incantations. Ils ont un stade de paroles probablement un peu plus avancé que la plupart des autres Pokémon. La plupart des incantations sont des malédictions. Parfois elles peuvent juste provoquer des migraines ou des hallucinations, mais la plupart du temps, je pense que c'est simplement pour faire peur. Pour autant, je crois ne jamais avoir entendu Hogosha faire ce genre de choses. En revanche, il m'a ouvert l'accès aux esprits de mes Pokémon. »

Une fois les explications faites, Kajin' envoya son fils et son équipe se reposer dans leur chambre. Elle savait que ses Pokémon allaient distraire Logan, qui avait un peu râlé à l'idée de ne pas pouvoir voir les pouvoirs que sa maman allait utiliser, mais Kin lui avait promit une balade sur son dos, et l'enfant décida de ne plus broncher.

La demoiselle s'assit dans la salle et contrôla sa respiration pour se reposer, et être sereine, détendue. Hogosha lévitait tranquillement près d'elle, veillant à ne pas perturber sa sérénité. Très bientôt, elle se sentit totalement détendue, dans un état presque second. Elle était un peu moins consciente de son corps, elle en était plus détachée. Paradoxalement, elle avait l'impression que son cerveau s'ouvrait bien plus au reste du monde.

Elle sourit doucement, et hocha la tête pour montrer qu'elle avait compris l'exercice. Elle ferma les yeux et se concentra, de même que le spectre face à elle. Elle visualisa dans sa tête le fameux tunnel. Elle ne distinguait que la silhouette de son compagnon, à l'autre bout, et au milieu, une lueur blanche, leur point d'arrivée. Ils allaient devoir avancer dans ce couloir, se rejoindre.

Kajin' se mit en marche dans sa tête. Elle commença à avancer, lentement, doucement. Elle avait l'impression de ne plus rien ressentir, ou du moins de ne pas être consciente de ça, de ses sentiments. Comme si elle était un réceptacle vide, prête à accueillir le fantome. Et elle commençait déjà à percevoir quelques petites choses. C'était léger, quelques petites émotions, comme des couleurs qui dansaient légèrement devant ses yeux. Elle ressentait... Une impression de devoir. Un désir de protection. Elle se rappela qu'Hogosha signifiait le protecteur. Elle ne pensait pas qu'il l'aurait pris à cœur à ce point. Mais apparemment, depuis leur rencontre, depuis que Neko lui avait offert le petit Feuforêve, ce dernier s'était mis en tête de veiller sur elle, comme son ancien maître lui avait demandé. Il s'était vite attaché à la demoiselle, à ses deux Pokémon. Et ils avaient grandi ensemble. Pour une fois, il était pleinement accepté. Alors de son nom, il avait fait un devoir, surtout vu ce que la jeune femme avait traversé par la suite. Ils voulaient tous la préserver, chacun à leur manière. Sekei était presque impulsif, agressif, prêt à détruire quiconque blesserait sa dresseuse, à vouloir éradiquer cette douleur en elle. Warai restait calme, veillant à ce qu'elle puisse remonter la pente en cas de besoin, représentant un soutien indéféctible. Son calme essayait de contrebalancer la nervosité du Kaïminus. Quant à Hogosha... Lui, il veillait sur ses sentiments. Il surveillait qu'elle ne dépasse jamais un certain seuil, il s'assurait qu'elle puisse remonter la pente. Parfois, il consentait à anesthésier, à mettre sous clé une partie de sa douleur lorsqu'il sentait qu'elle ne pourrait pas tout gérer. Il aurait largement pu tout prendre sur lui, lui retirer toute sa peine, l'enlever à jamais. Et elle savait aussi qu'il en avait le pouvoir. Mais il ne l'avait jamais fait, car il estimait que c'était nécessaire à sa progression. Si on savait qu'on ne risquait plus de souffrir, on manquait de prudence, de réflexion. C'était dur pour eux, mais jamais le spectre n'avait retiré des sentiments à sa dresseuse, même s'il le pouvait. Une relation de respect et d'amour. Kajin' ressentait l'amour de son Pokémon pour elle, mais aussi le reste. Elle percevait désormais deux points qu'elle n'avait jamais vraiment ressenti vers lui. Sa culpabilité, à l'idée qu'il aurait pu éviter une grande souffrance à sa dresseuse mais ne l'avait pas fait, par principe. Et aussi un mélange d'inquiétude, de curiosité et de regret quant à son ancienne vie. La Nalcienne n'ignorait pas que la plupart des Spectres étaient des âmes défuntes réincarnées sous forme de Pokémon. La plupart se souvenaient de leurs anciennes vies, d'autres étaient juste nés comme ça, sans souvenir, sans se rappeler qu'il y avait eu un avant. Mais le Magirêve semblait être entre les deux. Il savait qu'il avait eu une vie avant, mais impossible d'en savoir plus. Il avait sondé sa mémoire durant de longues nuits, en vain. Il ne se souvenait de rien, juste qu'il était un ancien homme, désormais fantôme. Et cela le blessait de ne pas savoir.

Jamais la jeune femme n'aurait cru que son spectre pouvait ressentir ça. Elle releva la tête, dans le tunnel, et se rendit compte qu'elle était arrivée face à lui. En retour, il lui sourit doucement.

Oh Kajin'... Je crois que tu n'as jamais rien su me cacher. En soit, je ne me baladais pas librement dans ton esprit, pour ne pas te gêner impunément. Nous avons tous notre jardin, notre vie privée que nous voulons préserver, je sais que pour toi, c'est la même chose. Mais tu ne peux rien me cacher. Même ce que tu essayes de te cacher à toi-même, je finirai par le savoir. Sauf que je te respecte, comme tu le fais pour nous tous. Et jamais jusqu'à ce jour je n'avais été si intrusif dans ton esprit. Mais j'ai vu, et je sais que tu n'as pas menti. Tes regrets concernant la perte de ton père qui n'était pas ton père, devant la mort de Neko aussi, et la blessure d'Hime. Ce sont des événements qui datent d'au moins cinq ans pour certains, mais la culpabilité reste gravée en toi, diminuée certes, mais présente, comme un léger regret que tu auras toute ta vie. Je connais aussi ta quête de puissance, que tu n'abandonneras pas, même si tu es plus sereine. Au début, tu avais peur de ne pas avoir ce qu'il fallait pour t'occuper de ton fils, mais maintenant, tu as pris confiance. Le petit a grandi, et tu sais ce que tu vaux. Tu as découvert tout l'amour insondable que tu pouvais ressentir pour lui. Oh tu cherches toujours un père pour lui, mais tu t'en rends compte que seul tu es largement capable de t'en sortir seule. Tu t'ouvres à de nouvelles voies. Tu ressens cet appel de la royauté. Je sais que ça te fait réfléchir, depuis l'aveu d'Asaka. Et nous savons qu'au début tu n'avais effectivement pas le temps, pas l'énergie ou autre pour aller les voir, mais désormais tu pourrais. Ta jambe va mieux, ton fils est grand. Mais je sais que la peur te tétanise. Tu as peur d’être rejetée, tu as peur qu’ils n’acceptent pas ton enfant conçu avec un homme d’un pays ennemi, tu fais traîner les choses, sans cesse. Tu as aussi peur du pouvoir qu’ils pourraient te confier. Tu n’es pas contre reprendre ta place, d’autant que tu n’as jamais eu de griefs contre la façon de diriger de la royauté, mais tu as peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir, de ne pas réussir à bien agir. Alors tu agis à côté. C’est ta manière de retrouver la forme et de t’insérer à nouveau dans ce système neuf. Tu essayes d’aider les gens, de te montrer juste, comme tu l’as été lors des événements avec Ombre, et comme tu le seras prochainement. D’autant que tu sais que tout le monde est au courant de ton existence désormais. Tu attends le bon moment. Il est vrai aussi que tu as peur d’y aller seule, tu as besoin du soutien de quelqu’un. Comme si une personne à côté de toi pouvait aider à les calmer s’ils décidaient de s’énerver. Tu as décidé d’être prudente, quitte à faire un peu de zèle on dirait. Au fond de toi, tu as peur d’être rejetée, et tu as peur de les décevoir, sans te l’avouer. Tu crains qu’ils ne s’attaquent à ton fils. Pourtant, tu devrais comprendre, en tant que mère, ce que ressent la tienne.

En parlant d’Ombre, tu l’ignores peut-être, mais je sais que tu veux le revoir. Oh, je me doute bien que tu cherches à le retrouver avant tout pour avoir des informations sur le palais, pour savoir comment te conduire face à eux, et à quelle fenêtre sauter si tu veux t’échapper. Pour autant, tu l’ignores, ou alors tu ne veux pas le savoir, tu te berces d’illusions, mais tu sais qu’il t’a plu. Tu sais que son côté mystérieux t’as intrigué, et tu as envie de le revoir et de le retrouver, pas seulement pour t’assurer qu’il est bien en vie, mais aussi pour le reste. Tu es curieuse. Sa présence t’as intéressé, et tu le sais. Et tu sais également que tu cherches avant tout un père pour ton fils, mais que tu ne veux pas prendre n’importe qui. Alors tu le cherches. Tu scrutes les visages, alors que tu n’as jamais vu le sien, tu éveilles tes sens pour retrouver les sensations que tu avais en sa présence. Son odeur, un indice, quelque chose, n’importe quoi. Tu n’en es pas consciente et je sais des choses sur toi que tu ignores. Je suis apte à démêler des sentiments sur lesquels tu hésites, parce que j’ai un point de vue externe, tout en étant apte à ressentir ce que tu éprouves. Nous sommes proches. Nous pouvons faire un. Et jusqu’à ce que jour, nous ne l’avions jamais fait.

Hogosha sourit à sa dresseuse doucement, dans ce tunnel où ils étaient face à face. Lui aussi pouvait ressentir, aller au plus profond de l’esprit et du cœur de Kajin’ pour en apprendre le plus possible sur elle. Ils n’en étaient pas sûrs, mais ils pensaient avoir réussi l’exercice. Sans quitter l’état de transe, Kajin’ se servit de son spectre comme point de repère, et envoya son esprit effleurer celui de Mizuki pour l’avertir qu’ils avaient fini par se rejoindre. Actuellement, elle se sentait incapable de parler, de prononcer un mot, mais elle se disait que la Nalcienne ne s’offusquerait pas pour cette petite intrusion. Puis, elle retourna là où elle était, retrouvant aisément le chemin grâce au Magirêve qui n’avait toujours pas bougé.

[J’espère que ça colle avec ce que tu imaginais… Je balise tout quand je suis chez moi, là je suis au taff (c'est pas bieeeeeen) donc désolée, je fais ça en urgence ^^" N’hésites pas sinon à me contacter si quelque chose ne va pas.^^]

[Mizuki Ana]

Entourée d'autant de Pokémon psychiques et d'un spectre, Mizuki se sentait parfaitement dans son élément et avait beaucoup plus de facilité que de coutume à exercer son art. La synchronisation avait été si facile qu'elle ne s'en était presque pas aperçue, comme s'il lui avait suffi de respirer pour atteindre l'état souhaité ; et la connexion avec ses deux félins n'avaient pas pris beaucoup plus de temps. Kajin' avait probablement fait la même expérience, même si un seul des Pokémon présents lui était lié. Temis et Lenos voletaient joyeusement autour des deux filles, profitant des forces occultes qui étaient à l’œuvre et qui se répandaient dans la salle pour utiliser leurs ressources sans vider leurs réserves.

La Nalcienne patienta quelques instants, dans cette sérénité et ce confort parfaits, avant de reprendre l'exercice une fois que Kajin' et Hogosha furent prêts. Elle se rappela de ne pas trop forcer avec son « élève », l'épreuve pouvant être éprouvant lorsqu'on n'y était pas habitué. Même elle ne pouvait se permettre de faire durer le plaisir trop longtemps. De sa voix légère et éthérée, Mizuki reprit les instructions.

« Bien… maintenant que tu es synchronisée avec Hogosha, essaye de te lier à moi. »

Mentalement, la jeune femme dessina quatre cadenas rouges fermant des chaînes tout autour d'elle, symbolisant les points de fermeture de son esprit aux interactions extérieures. Des verrous-psychés, d'après ce qu'elle avait lu dans un livre d'une bibliothèque d'Alfen. Ces choses portaient la marque d'une école très spécifique de Maîtres spirituels, ils représentaient les mensonges et les non-dits, et existaient normalement sans que leur porteur n'en ait conscience ; le travail du Maître consistait alors à les briser pour accéder à la Vérité. Mizuki avait essayé de reprendre la technique à sa sauce, et était parvenue à s'en servir volontairement pour garder ses secrets à l'abri, cette fois, même s'il ne s'agissait pas de choses qu'elle tenait à cacher ; cette fois, le but était simplement de faire travailler un peu Kajin' pour passer ces défenses mentales.

« Pour t'aider dans ta tâche, j'ai fait apparaître des verrous que tu devras ouvrir pour accéder à mon domaine. Ils sont purement mentaux, donc la première étape va être de les voir ; normalement, avec l'aide de Hogosha, cela devrait être très facile. »

Après tout, les créations de la Lieuse, bien qu'immatérielles et purement mentales, n'en était pas pour autant inexistante ou limitées à sa propre perception. Les Pokémon présents n'avaient d'ailleurs probablement aucun difficulté à « voir » ou ressentir, ce à quoi Mizuki faisait référence.

« Chaque cadenas symbolise la fermeture d'un passage vers moi-même, via chacun des Pokémon présents. Les Pokémon Psy ou Spectre n'ont normalement pas de difficultés particulières pour se connecter à l'esprit d'un autre individu – si l'individu en question ne bloque pas le passage, ce qui qui est mon cas. Donc, via ton Magirêve, à qui tu es déjà liée, tu devrais parvenir à m'atteindre rapidement – ce qui brisera son verrou. Il faudra ensuite faire de même avec mes trois Pokémon. »

Selon la manière dont la jeune protégée d'Asaka s'y prenait, le chemin pouvait être plus ou moins ardu. Lémis et Ténos étaient encore peu liés à leur dresseuse, donc leurs cadenas étaient assez faibles, mais le chemin vers Mizuki n'était pas le plus simple à trouver par eux. Au contraire, Latu était extrêmement proche de la jeune femme, ce qui signifiait que leurs empreintes mentales étaient sensiblement les mêmes, mais son verrou risquait d'être très puissant.

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Observant l'avancée de la jeune mère, Mizuki resta immobile et silencieuse de longues minutes, tout en restant attentive à l'état physique du groupe. D'expérience, la Lieuse savait à quel point l'exercice pouvait être épuisant pour les humains sans qu'on s'en rende forcément compte tout de suite. Enfin, Kajin' était aussi l'élève d'Asaka, donc elle était préparée à la difficulté. Il n'allait pas non plus falloir qu'elle se montre plus endurante que sa professeur du jour, ce serait vraiment la honte pour le coup !

Il s'avéra que ce furent les jumeaux félins qui demandèrent un peu de repos en premier. Ils étaient encore jeunes et n'avaient pas beaucoup eu l'occasion de se lier à des humains pendant de longues durées. C'était parfait pour Mizuki, qui n'avait pas à avouer, ainsi, qu'elle-même n'était pas contre faire une pause. Au moins, son estomac ne l'avait pas trahie bruyamment, l'honneur était sauf ! La femme blonde se leva et annonça la fin de cette séance, satisfaite de ce qu'elle avait pu voir chez Kajin'.

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