Re: [ Clos ] A Handful Of Rain [Mariza]

[Edward Harris]

Lorsque le chariot s'arrêta à nouveau, Edward sauta au sol, suivi par Spike. Il ne se sentait franchement pas bien. La blessure infligée par le bandit à l'épée gelée avait manifestement fait plus de dégâts que ce qu'il pensait. Sa tête tournait, ses jambes étaient en coton, et la douleur lancinante dans son épaule lui donnait des nausées. Si on y réfléchissait bien, c'était à son tour de se retrouver avec plus ou moins les mêmes symptômes que la future maman au moment de leur rencontre. Quelle ironie…

Il s'approcha de l'archère en titubant et en se tenant l'épaule, et grimaça en voyant le chantier laissé par son nouveau compagnon à quatre pattes. Autant dire que ce n'était pas beau à voir, et, s'il n'avait pas déjà eu un peu l'habitude des spectacles peu ragoûtants, il aurait probablement rendu son déjeuner. C'était assez effrayant de se dire qu'une bestiole à l'air aussi inoffensif était capable de faire autant de dégâts sans même avoir l'air d'en faire exprès. A ce niveau, même un Spike en colère n'aurait pas fait une telle charpie de leur poursuivant… Le Nidorino avait d'ailleurs l'air aussi étonné de lui et regardait le petit cheval d'un air où se mêlait l'effroi et l'admiration. Edward toucha du bout du pied ce qui devait être une jambe pliée selon un angle tout sauf naturel.

_ Je sais que je suis censé m'occuper de tout patient qui en a besoin, mais là je crois que ça dépasse mes compétences… C'est un expert en puzzle qu'il vous faut.

Il avait comme l'envie d'y coller quelques coups de pieds bien placés mais il doutait que l'initiative soit bien reçue par les propriétaires de leur moyen de locomotion, et il n'était franchement pas certain d'être capable de rentrer par ses propres moyens. Il se tourna vers la future maman, qui semblait fatiguée mais toujours en meilleur état que lui.

_ J'espère qu'on va enfin être tranquilles… Si j'avais su que ma petite expédition botanique allait tourner comme ça, je serais resté chez moi.

Un vertige un peu plus fort que les précédents le frappa alors et ses jambes se dérobèrent sous son poids. Il tomba sur les fesses dans l'herbe humide et grimaça, plus à cause de la désagréable sensation d'humidité froide sur son postérieur qu'à cause de la douleur. Spike s'approcha, l'air inquiet et le Terrosien le rassura aussitôt en lui souriant et en lui grattant le haut du crâne de sa main valide. Il s'adressa ensuite à ses compagnons d'infortune.

_ Je vais bien… enfin… Ca va aller.

A condition que quelqu'un jette un œil à sa blessure dans pas trop longtemps, pensa-t-il. Il ne pouvait malheureusement pas s'en occuper lui-même, pour des raisons pratiques, et il doutait des compétences médicales d'une future maman à tendance sociopathe ou d'une marchande de tapis. Le mieux à faire restait de rentrer rapidement à la Nouvelle-Gilnéas et de laisser Riggs ou Lorenta s'en occuper. Il allait se faire engueuler, à tous les coups, mais il serait entre de bonnes mains.

_ On repart ? Le plus tôt on sera en ville, le plus tôt on pourra oublier tout ça.

Il se releva péniblement en prenant appui sur Spike qui se proposa généreusement, et parcourut du'n pas mal assuré les quelques mètres qui le séparaient de la charrette. Le conducteur lui tendit la main pour l'aider à monter à bord et il ne se fit pas prier pour la prendre. Il se laissa aussitôt tomber sur un tas de tissu et soupira longuement avant de reprendre une position assise.

_ Vous êtes brûlant, l'informa l'homme.

Il répondit d'un simple signe de tête. Il le savait bien, mais il ne pouvait pas y faire grand-chose pour le moment de toute façon. Surtout que sa sacoche miraculeuse ne contenait pas le moindre morceau d'écorce de saule. Un oubli idiot. Il n'avait plus qu'à prendre son mal en patience jusqu'à la fin du voyage.