[ Clos ] [ Solo ] Une rencontre improbable

[Aisling Hops]

[ Contrainte n°1 : insister sur la description des lieux et des personnages ]

Lorsqu’Aisling et son frère arrivèrent à Aliphyr après une bonne partie de la soirée, voire la nuit passée dans les airs, les rues étaient calmes. Forcément, il faisait nuit noire depuis un moment déjà. Lefay fit atterrir sa monture dans l’enclos juste à côté de la maison et s’occupa d’elle. Aisling l’aida et remercia le Guériaigle pour les avoir ramenés à la maison. Sans faire de bruits, les deux jeunes gens entrèrent chez eux et veillèrent à ne pas réveiller les parents. Ils devaient être épuisés d’inquiétude et encore une fois, la rouquine passera un mauvais quart d’heure demain… Lefay salua sa sœur avant de s’enfermer dans sa chambre. Son regard désolé et inquiet avait fait tilt chez Aisling. Pourquoi s’était-il autant inquiété ? Ce n’était pas la première fois qu’elle « fuguait » quand même ? Elle avait été bien plus loin que ça ! Un peu inquiète à son tour, Aisling s’enferma dans sa chambre et ne chercha même pas à se changer. Elle était épuisée…

Le lendemain, elle fut réveillée par les rayons du soleil. Il faisait beau malgré les nuages sombres qui menaçaient. Elle enfila quelques chose de propose tout de même et sortit de sa chambre, le visage encore plus fatigué. Lorsqu’elle descendit rejoindre sa famille dans la salle principale de la maison, à savoir la cuisine, sa mère lui sauta dessus et la prit dans ses bras. Sans comprendre la raison de se geste, Aisling ne bougea pas. Son père prit le relais avant que toute la famille ne s’installe autour de la table pour le repas. Un peu étonnée par tant d’embrassades, elle osa demander :

« Euh du coup… j’ai le droit de demander pourquoi tant d’embrassades ? Je suis pas redescendue sur Erasia que je sache… »

Afekay et Eliwing se regardèrent avant de lâcher un soupire tandis que Lefay apportait les cafés chauds. Aisling n’apprécia pas trop cette ambiance qu’ils venaient de jeter dans la pièce. Lorsque son frère apporta sa tasse, il prit la parole ;

« Il y a eu une mission contre des braconniers juste en bas de la montagne.

- Et alors ? questionna Aisling

- Eh bah on a cru que tu t’étais fait attraper ou pire ! lâcha son père, désespéré.

- C’est bon, calme-toi, rassura Eliwing en tenant la main de son époux. Puis elle porta son attention vers sa fille, Ta pension a été réquisitionnée en attendant de pouvoir remettre tous les Pokémon libérés à leurs propriétaires.

- Je vois… Ma pension est petite, je doute qu’elle puisse tenir…

- La plupart sont de petites créatures, ne t’en fais pas. Les autres Pokémon ont été distribués dans les autres pensions de la tribu. Mais vraiment, quand Lefay nous a prévenus que tu avais disparu, on s’est inquiétés.

- Mais les braconniers ont été arrêtés ?

- Une grande partie. » répondit Lefay en s’asseyant à son tour.

Aisling apprit par la suite que sa mère y avait participé et qu’elle et son équipe de Guerriers Ailés avaient réussi à récupérer la plupart des Pokémon. Certains étaient sous le choc, forcément. Suite à cette entrevue avec sa famille, la jeune femme s’empressa de se rendre à sa pension. Lorsqu’elle arriva sur les lieux, elle vit son amie Tess’hela dans la panique. Elle qui d’habitude était très calme et sérieuse, la voir dans cet état inquiéta sa collègue. Normal, il y avait tellement de pensionnaires à s’occuper ! Sa pension n’était pas bien grande, elle pouvait, au maximum, accueillir une dizaine de pensionnaire parce que déjà, cela lui coûtait énormément en argent pour entretenir l’endroit, parce qu’elle n’avait pas aussi le niveau requis mais que le lieu n’était pas spécialement adapté pour être immense (et oui les joies de la montagne !). Alors pourquoi lui imposer une telle meute d’un coup, et sans son accord ? Aisling s’empressa alors de demander des informations à sa camarade et s’affaira à sa tâche.

À genoux, Aisling s’occupa d’un Wattouat craintif. En même temps, la bête venait de vivre un cauchemar. Elle ne pouvait pas le laisser dans cet état de stress, aussi tenta-t-elle de l’approcher en lui tendant dans sa paume ouverte des granulés. Le Pokémon émit des éclairs à travers sa laine pour effrayer l’humaine mais Aisling ne se laissa pas impressionner et tenta une approche en marchant sur ses genoux. Le mouton menaça une nouvelle fois la rouquine mais celle-ci continua de s’avancer vers lui, quittes à recevoir quelques décharges. Coincée contre un mur de la maisonnette principale de la pension, la bête cessa de faire crépiter ses éclairs et semblait se calmer, sûrement trop fatiguée par les évènements.

« Voilà, doucement. Tiens mange un peu. » fit Aisling en lui déposant la nourriture à ses pieds.

Le Wattouat mangea malgré tout, tiraillé par la faim. Aisling en profita alors pour le brosser et remarqua soudainement comme une tâche rouge. Elle se pressa pour savoir si la bête était blessée mais non, il s’agissait juste d’un morceau de tissu. Rouge. Elle se questionna quant à sa provenance mais elle fut rapidement appelée par Tess’hela qui avait besoin d’aide. Dans le doute, elle le rangea dans sa poche.

Une bonne partie de la journée s’écoula ; Aisling et Tess’hela étaient complètement épuisées mais les Pokémon étaient maintenant soignés et calmés. Il ne manquait plus que leurs propriétaires se manifestent ou que les Guerriers Ailés s’en occupent. Mais ils avaient sûrement bien à faire avec les braconniers capturés. Les deux amies se quittèrent et Aisling fit seulement quelques pas seule quand son frère la rejoignit. Etrangement il ne portait pas son manteau blanc typique des Chevaliers Ailés mais juste un banal pantalon marron et une chemise bleue. Il lui proposa alors de passer dans le centre ville pour y faire quelques achats pour le repas.

L’ambiance de la ville d’Aliphyr avait changé, les gens semblaient plus méfiants. Aisling s’approcha de l’épicerie et observa les étales en quête des aliments nécessaires pour ce soir. Il y avait de tout : de la viande, du poisson apparemment pêché ce matin au Lac Lazuli, des légumes mais aussi des fruits. Visiblement Lefay avait une idée de repas car ce soir ils allaient manger que tous les trois, leur mère étant prise par le travail. Aisling le laissa faire ses achats quand soudain des cris l’alertèrent. Au centre de la place, un jeune homme se faisait alpaguer par deux Guerriers, au vu de leur tenue et de leurs plumes possédées, ils étaient de jeunes recrues. Une foule commença à s’amasser autour du spectacle, même Aisling s’approcha et se fraya un chemin pour mieux observer la scène : le jeune homme était grand et vu son allure, semblait être un Guerrier lui aussi. Il portait des vêtements chauds mais de confections différentes des Aliphyrois, et vu leurs couleurs et motifs, ils provenaient sûrement de Terros. Le vert était une couleur dominante chez eux. Ses yeux étaient d’un bleu turquoise perçant et ses cheveux gris avec quelques pointes noires. Aisling fut comme hypnotisée par cet étranger. Il tentait de se faire comprendre, en vain.  C’est alors qu’elle comprit et s’empressa de s’interposer.

« Eh oh, calmez-vous ! Vous voyez pas que cet étranger pige que dalle à ce vous dites ?!

- Encore toi ? Mais sérieusement, t’en as pas marre de te mêler de ce qu’il te regarde pas ?! lança un des deux Guerriers, plutôt jeune.

- Allez casse-toi la grosse ! lança le second en repoussant la rouquine.

- Tu viens de faire quoi là ?! »

Lefay avait attrapé le bras du second Guerrier et le menaça en resserrant son étreinte. Il hurla de douleur et malgré la vaine tentative de son compagnon, le regard de Lefay semblait l’en dissuader. Suppliant son tortionnaire de le laisser, le frère les menaça une nouvelle fois de recommencer et ils auraient à faire à lui. Aisling les regarda partir et ne manqua pas de sursauter quand son frère lui demanda si tout allait bien. C’était bien la première fois qu’il se comportait ainsi. C’était quoi ce soudain changement là ?! Puis Lefay porta son attention sur l’étranger qui se mit sur la défensive. Normal après une telle démonstration de persuasion. Aisling se remit de ses émotions et invoqua Salaam pour permettre une meilleure compréhension.

« Allons discuter ailleurs, nous attirons trop l’attention. »

Lefay prit le poignet de l’étranger et l’entraîna loin de la place centrale. Aisling fut chargée de tenir les courses le temps de trouver un lieu plus propice à une discussion. Et quoi de mieux qu’un bar ? Aisling protesta mais elle fut contrainte d’y entrer. L’intérieur était simplet, une salle suffisamment grande pour y faire tenir six tables de quatre personnes, un bar très bien entretenu et une panoplie de boissons alcoolisées des difféntes tribus de Midgard. Lefay salua le propriétaire –visiblement ils devaient se connaître- et entraîna tout le monde dans un coin plus isolé de la salle. L’étranger fut contraint de s’assoir sans son mot à dire, et en face de lui, Lefay et Aisling. Salaam était sur les genoux de sa dresseuse, les courses sur celles de Lefay. Un long silence s’installa ; en même temps, Lefay dégageait une telle agressivité dans son regard que l’étranger en face ne pouvait que faire de même.

« Euh… Désolée pour toute à l’heure, ces idiots ne comprenaient pas que vous étiez ici pour trouver refuge et… commença Aisling mais elle fut rapidement coupée,

- Je ne suis pas un déserteur ou un exilé politique. »

La voix de l’étranger était grave et très sûre d’elle. D’ailleurs son intervention fit sursauter la rouquine qui se mit à rougir de son ignorance. Elle lâcha juste un petit désolée timide. Peut-être aurait-elle mieux fait d’ignorer tout ça et elle serait chez elle dans un bon bain bien chaud…

« Alors quoi ? Que fait un étranger à Aliphyr ? questionna sèchement Lefay, les bras croisés.

- De mes souvenirs, Tenkei n’est pas fermé aux Erasiens, si ? Et d’ailleurs, pourquoi être intervenus ? Vous espériez quoi ? Que je vous remercie ? Je n’ai pas demandé de l’aide. »

Aisling suivit du regard les échanges entre son frère et l’étranger. Ca s’annonçait mal cette histoire…

« Peut-être mais en ce moment Aliphyr a été chamboulée par la présence de braconniers sur son territoire. Il est normal que nous soyons distants avec les étrangers. Nous ne voulons pas que de tels crimes soient commis sur nos terres.  

- Quel accueil…

- Ces Guerriers sont des novices, ils pensaient bien agir en pensant que tu étais un des leurs.

- Et qu’est-ce qui vous prouve que je n’en suis pas un ?

- Votre allure, intervint Aisling. Vous ressemblez plus à un homme droit qu’à un brigand. Ma mère m’a dit que deux personnes étaient venues les aider lors de la chasse aux braconniers. Ils étaient Erasiens, comme vous. »

L’étranger réagit plus sur la fin de la phrase que le début de la réponse –qu’il jugea stupide, en vrai-. Des Erasiens étaient venus ici ?! Etait-ce possible que l’un deux soit son demi-frère ? Il avait trop peu d’informations, et pour en obtenir il suffisait de les faire parler. L’expression de son visage changea ; de la crainte, il devint plus serein, confiant légèrement, avec un léger sourire aux coins des lèvres. Lefay continua de rester sur la défensive, cette attitude ne lui plaisait guère. Malheureusement il avait oublié un détail : Aisling était un peu naïve sur certains points, surtout quand ça concernant Erasia.

« Ces Erasiens… comment étaient-ils ?

- Comme si nous allions te donner de telles informations. » Répondit sèchement Lefay.

Voyant que cela ne menait à rien, l’étranger lâcha un long soupire et se leva de sa chaise. Il était vraiment grand, plus grand que Lefay. Il les salua brièvement de la main et quitta le bar. Lefay lâcha à son tour un soupire tandis qu’Aisling se leva de sa chaise et rattrapa l’étranger, sans prendre en compte l’ordre de son frère. Dehors, le soleil était presque caché derrière la montagne et la fraicheur s’était installée. Aisling regarda à droite puis à gauche et finit par retrouver l’homme aux cheveux gris dans une ruelle un peu plus loin. Elle se planta devant lui, le forçant à s’arrêter.

« Mon frère peut se montrer très stupide par moment, pardonnez-le.

- Tu me veux quoi encore ? J’ai l’impression que tu es très admirative de mon continent, non ?

- Oui… euh mais là n’est pas la question, reprit-elle en essayant de se retenir de rougir. Vous êtes à la recherche de ses personnes, non ? »

Et voilà, c’était facile ! L’étranger tenta de refreiner son envie de sourire mais la tentation était trop grande. Cette gamine allait lui donner les informations qu’il espérait, si évidemment cela le concernait. Dans le doute, c’était toujours bon à prendre. Il lui fit signe qu’elle pouvait parler d’un hochement de la tête.

« Il s’agissait d’une femme et d’un homme, de jeunes adultes et tous deux de Flamen vu qu’ils maniaient les flammes. Je ne sais pas si cela peut toujours vous servir mais j’ai retrouvé ce bout de tissu sur l’un des Pokémon que j’héberge. » Aisling sortit le morceau de tissu rouge et le tendit à l’étranger. Il ne sembla pas montrer plus d’intérêt ; ce tissu pouvait appartenir à n’importe qui. « Il n’est pas de confection Alyphiroise, mais Erasienne. Peut-être que si vous avez un Pokémon renifleur, cela pourrait vous aider.

- Aisling ??! »

Les cris de son frère la firent sursauter, encore une fois et finalement elle donna le bout de tissu à l’étranger, le salua et commença à le rejoindre quand ce dernier prit la parole.

« Bayel. C’est mon nom, tâches de t’en souvenir. Et dis-le aussi à ton frère. »

Sur cette dernière intervention, l’étranger, enfin le fameux Bayel continua sa route. Aisling le regarda partir et resserra son étreinte sur Salaam qui émit un cri de plainte. Elle libéra son Pokémon de ses bras et s’excusa. Mais lorsqu’elle reporta son attention devant elle, il avait disparu. C’était comme s’il s’était volatilisé. Est-ce que ce qu’elle avait dit et fait auraient de graves conséquences ? Elle espérait que non. Ce Bayel, il semblait agressif aux premiers regards, rempli de colère mais ce n’était sûrement qu’une façon de se protéger… Lorsqu’elle rejoignit la rue principale, l’animation commença à s’installer : les gens comme les Pokémon étaient de sortie et continuaient de fréquenter les restaurants ou les bars de la tribu, quémander des caresses ou un peu d’attention. Malgré les évènements, les gens continuaient à se divertir.