[ Clos ] [Épreuve Vandale] Tous des brutes ! [Abigaël]

[PNJ]

13h30… D’ici une demi-heure, elle allait devoir se rendre sur le champ d’entraînement pour faire passer une épreuve. En temps normal, cela ne lui posait aucun problème… Quand l’épreuve en question relevait bien de son domaine ! Mais avec cette foutue guerre, la plupart des vandales étaient appelés sur le front, si bien que les épreuves étaient reléguées à ceux qui n’étaient pas en première ligne, comme les guérisseuses par exemple !

Bon sang, mais elle n’était que Guérisseuse, Animiste et Méta, qu’est-ce qu’elle y connaissait aux Vandales ! Et en plus du reste, elle n’était plus toute jeune ! Oui, elle était instructrice, mais en guérison, en amplification… Pas en destruction totale ! Ce foutu Werner ! Il lui paierait de s’être éclipsé comme ça pour partir prétendument en mission ! C’était son épreuve, pas la sienne !!! Enfin, énervée ou pas, elle restait une militaire et en temps que tel, elle devait obéir. D’ailleurs, elle ferait mieux de se mettre en route dès maintenant si elle voulait arriver à l’heure sur la zone de l’épreuve, située en plein milieu des collines Siffl’herbe, pas très loin du donjon de Cénosia.

Elle arriva finalement quelques minutes avant son élève du jour sur la surface plane et herbue encadrée par des barrières de bois et la toisa de ses yeux gris sévères. De son point de vue, la fille en face n’était qu’une grosse brute, comme la plupart des vandales, elle le sentait avec sa maîtrise. Mais bon, après tout n’était-ce pas là la logique de sa classe ? Werner aurait été enchanté de la rencontrer. Pas elle.

Elle se pinça les lèvres, comme si elle réfléchissait, faisant mine d’ignorer son élève. En fait, elle se remémorait les pattes de mouche griffonnées par Werner qui étaient censés lui donner des conseils pour faire passer cette épreuve.

1er conseil, teste sa puissance brute.

Finalement, elle tira ses longs cheveux gris en arrière, signe chez elle qu’elle venait de prendre une décision. Elle lança d’un ton sec à la jeune fille sans même se présenter :

« Nom, prénom, âge, matricule, grade, camp de rattachement ? »

Les vérifications d’usage. En un sens, heureusement que c’était elle qui faisait passer l’épreuve à cette jeune femme. Ce bon à rien de Werner aurait probablement oublié de faire cette vérification, trop pressé d’engager le combat, ce qui aurait pu rendre cette épreuve invalide !

« Ensuite, tu vas m’attaquer de toutes tes forces avec tes maîtrises. Il n’y a pas d’autres règles. N’hésite pas à y aller à fond ! »

Elle ancra alors solidement ses pieds dans le sol et fit un geste de la main. Aussitôt, son corps se changea en pierre avant d’être recouvert d’une fine mais très résistante couche de métal. On était jamais trop prudent…

[Simple mais efficace, présente-toi et tape de toutes tes forces pour cette entrée en matière.]

Ton PNJ (photo non contractuelle):

[Abigaël d'Alma]

[Anniversaire d'Érasia, le post compte double !]

De retour à Seian, Abigaël se présenta à la caserne de la capitale, avec une idée bien précise en tête. Si elle ignorait l'ampleur exacte des ennuis d'Anthere, elle avait de bonnes raisons de penser qu'elle était vraiment en difficulté, et elle voulait se lancer à la recherche de ses autres Pokémon, après sa rencontre avec Quidam. Grâce à Ryô, le détective privé engagé par Trellia, le Chevalier avait pu avoir de précieuses informations au sujet d'Ourasi, le Ponyta désormais évolué qui résidait chez une Chercheuse de Flamen, ainsi que sur Akasie, la Phyllali de la Mizuhanienne. L'homme avait rendu visite aux parents d'Anthere, dont le récit l'avait conduit chez la Championne de Fla'or, où vivaient Akasie et Horizon. Si le Marill avait subitement disparu sans laisser de traces, la Phyllali, elle, était bel et bien là, faible, mais récupérant lentement ses facultés. Visiblement, d'après les Osarian, Anthere s'était échappée en utilisant une drôle de glace magique qui avait gelé l'auberge et certains êtres vivants, dont la Phyllali... Et une fois la confusion du moment passée, ni l'humaine, ni ses compagnons - hormis Akasie et Horizon - n'étaient sur les lieux, comme évaporés. Pire encore, le détective avait appris l'histoire de la famille, l'existence d'une sœur aînée portant le même prénom que la Mizuhanienne, son décès prématuré et leur fuite de Nalcia après cet événement tragique. La Terrosienne avait appris tout cela avec stupéfaction, et peu à peu, les pièces du puzzle avaient commencé à s'assembler. Persik semblait avoir disparu depuis longtemps, Horizon était sans doute quelque part dans la nature, Khan et Mesmer n'avaient pas donné signe de vie non plus... Connaissant Anthere, Abby était persuadée que ces révélations, le mariage forcé et la disparition de la quasi totalité de l'équipe de la jeune femme étaient liés. Après tout, avant leur première rencontre, elle n'avait aucune maîtrise de son élément, et la sachant sensible, il lui semblait plus que probable que cette accumulation de problèmes et de secrets ait causé chez elle un dérèglement de ses pouvoirs...

Toutefois, maintenant qu'elle savait Ourasi en sécurité, et qu'elle avait pu s'assurer de l'état de Quidam de ses propres yeux, elle s'était mise en tête de partir à la recherche des autres Pokémon d'Anthere, avec pour objectif d'aller faire un tour à Mizuhan histoire d'éclaircir certaines choses qui la préoccupaient. Mais ces nouvelles informations l'avaient décidée à faire une demande d'évaluation de ses compétences élémentales : non seulement elle en avait déduit qu'Anthere était devenue Défenseur entre temps (et la pensée de sa tête à la réception de la lettre de l'armée de Mizuhan lui tirait toujours un sourire narquois), mais elle ne pouvait pas savoir l'état de son amie quand elle la retrouverait, ni si elle allait devoir l'affronter malgré elle. La fille du Duc avait confiance en sa force, mais elle préférait s'assurer d'avoir la force de frappe suffisante en cas de problème... Ou si des gens mal intentionnés s'en prenaient à elle, par exemple.

Ce fut donc la mine grave (enfin, autant que possible pour la poupée du Duc, réputée insensible et indifférente à tout ce qui ne touchait pas à la guerre ou au combat) qu'elle remplit le formulaire, sous le regard interrogateur de son Bulbizarre. La patronne lui avait simplement dit qu'elle allait lui montrer le meilleur de ses pouvoirs élémentaux, et Daga Devos s'en était réjoui, lui qui semblait si malheureux depuis la destruction partielle de son ancien foyer. Abigaël n'avait pas voulu lui parler de ce qu'elle avait vu, mais il était suffisamment intelligent et mature pour comprendre que seul un miracle aurait pu épargner sa tribu. Le doyen avait probablement fait de son mieux pour les protéger... Mais il n'avait actuellement aucune garantie de leur survie. Il se raccrochait donc à sa mission initiale et faisait de son mieux, de son côté, pour devenir plus fort et pouvoir être utile à l'enfant de Terros que le Florizarre lui avait assignée comme mentor.

Le lendemain, après avoir eu la confirmation qu'elle pouvait passer une épreuve, Abby fila vers l'est, longeant le Chemin du Serpent pour rejoindre son lieu de rendez-vous, écoutant distraitement le cliquetis des pinces de sa monture. Arrivant finalement près du donjon de Célosia, elle aperçut au loin une silhouette aux cheveux gris et plissa les yeux. Mettant pied à terre, la jeune femme rappela Sasori et fit sortir le Bulbizarre, à qui elle recommanda de pas rester trop près s'il voulait rester sur ses quatre pattes et indemne.

« Abigaël d'Alma, vingt-neuf ans, Brigadier deux mille quarante-quatre de Galon Un de l'Ordre de Regirock. Je réponds aux ordres du Commandant Reinhardt. »

Elle observa attentivement son examinatrice, qui s'était changée en pierre en un instant. Intéressant. Avec ça, elle pourrait effectivement balancer la sauce sans se soucier de la casser ! La couche supplémentaire de métal dont elle se para acheva de la convaincre, et elle fit craquer ses doigts et ses cervicales pour se préparer. Ancrant ses pieds dans le sol, elle fit d'abord jaillir des lianes d'abord lisses qui se hérissèrent d'épines au moment de frapper la femme de pierre avec force. Testant la résistance de sa cible par ce biais, la Terrosienne leva ensuite une mini-tornade de sable localisée sur la zone, avant de faire émerger du sol un gros poing de terre qui vint taper le monument vivant, bientôt rejoint par des congénères. Frappant du pied, Abigaël laissa la terre trembler autour d'elle, tandis qu'elle se mettait enfin en mouvement et transformait les doigts d'argile en membres de pierre qui vinrent se resserrer en étau autour de l'examinatrice. Le poing se desserra subitement, parcouru de bourgeons qui vinrent rapidement éclore et donner du volume à leur support, dévoilant par la suite de minuscules dents rocheuses qui tentèrent de se planter dans l'humaine métamorphosée. Le poing s'évapora finalement en particules de sable qui serpentèrent dans les airs, comme mues par une volonté propres, avant de revenir frapper l'examinatrice de celle qui les animait en redevenant solides par moments et en cherchant une faille quelque part, heurtant tantôt la roche couverte de métal, tantôt le sol aux alentours pour essayer de la déstabiliser.

Finalement, Abigaël s'enferma dans une grosse plante carnivore qui s'allongea jusqu'à l'humaine immobile, et son moyen de transport insolite s'ouvrit au dernier moment, révélant le Chevalier qui libéra une pluie de cailloux à moins d'un mètre de sa cible.

[Navrée pour le retard, pas facile avec l'attelle, les trajets et la formation. J'espère que ça ira !]

[PNJ]

L’examinatrice encaissa directement toutes les attaques de son élève sans chercher à les esquiver ou même à les bloquer. Les quelques fois où son armure corporelle fut percée, elle utilisa sa maîtrise de la guérison pour se soigner avant de reconstituer ses défenses. Au final, elle était plutôt satisfaite. Elle interrompit l’exercice après une ultime pluie de caillou. Si elle comparait le niveau de cette fille à celui de Werner, elle ne s’en tirait pas trop mal mais elle avait encore du travail à faire. Mais peut-être pouvait-elle compenser ce manque d’expérience grâce à sa cervelle ?

« Ca suffit ». Dit-elle simplement. Elle fit alors apparaître un solide pilier de pierre du sol d’un bon mètre de haut qu’elle recouvrit lui aussi de métal comme elle avait protégé son corps un peu plus tôt.
« Pour la suite, je veux que tu arrives à briser ce pilier. Méfie-toi, ce ne sera pas aussi simple que ça en a l’air. »

[Pour la suite, tu as donc un pilier a détruire. Bien sûr, il y a un truc : non seulement le pilier est protégé par du métal mais ton examinatrice a généré un centre de gravité au coeur du pilier dont le rôle est non seulement d'empêcher la désagrégation du pilier grâce à sa force qui le soude mais aussi de le reconstruire en attirant à lui et en réassemblant les éclats du pilier que tu pourrais arracher. Il te faudra donc trouver un moyen de saturer ou de leurrer le coeur gravitationnel pour détruire ton objectif. Bonne chance.]

[Abigaël d'Alma]

Quand la pierre parla, Abby fut surprise l'espace d'un instant, avant de se souvenir que oui, ce qu'elle était en train de taper était vivant, d'un, et qu'il s'agissait quand même de son examinatrice, de deux. Rappelant à elle tout ce qu'elle avait généré, elle recula, examinant attentivement le pilier rocheux recouvert de métal. Encore ? Retenant un grognement, le Chevalier s'approcha de l'édifice, pas  vraiment convaincue au premier abord.

La vieille dame ne lui avait pas précisé qu'elle n'avait pas le droit d'étudier ce qu'elle devait détruire avant de le taper, aussi tourna-t-elle autour du pilier en le touchant, essayant d'en comprendre la composition. Le métal et la roche, ok, ça elle connaissait. Mais elle sentait quelque chose de bizarre au milieu, qu'elle ne maîtrisait pas, et qui avait sans doute un rapport avec un niveau élémental qui lui était étranger (un élément d'un autre pays ou, plus probable, un pouvoir qu'elle n'avait pas). Voilà pourquoi l'examinatrice l'avait avertie...

Décidant d'abord de taper sa cible pour faire connaissance avec, Abby fit sortir deux mains du sol, la première en terre, la seconde en roche. Les gros doigts se promenèrent sur la paroi, frappant de temps en temps pour appréhender la consistance du pilier, alors que la jeune femme fronçait les sourcils. C'était carrément plus solide que prévu, en fait ! Cette femme devait être Gardien dans une autre vie, ou alors elle utilisait un truc pour la duper. Puisqu'il fallait bien commencer quelque part, Abigaël fit changer la forme de sa main de terre, la transformant en une réplique quasi identique de l'épée monstrueuse qu'elle maniait habituellement et qui trônait fièrement dans son dos. La création s'éleva dans les airs, comme mue par une main invisible, avant de s'abattre sur l'édifice... Pour se fracasser dessus. Bon... Visiblement, la terre sous sa forme simple ne suffisait pas, il fallait s'en douter. Trop facile, sinon ! Il n'y avait plus qu'à essayer avec la version améliorée pour voir si le résultat était plus concluant.

Réitérant le processus avec la main grisâtre, elle eut la sensation que la terre elle-même l'engueulait de l'envoyer se frotter à un truc pareil, surtout sans préparation digne de ce nom. Le choc fut plus violent, mais la lame rocheuse tint bon, contrairement à son prédécesseur. Elle tenait peut-être quelque chose qui commençait à un début de réponse, du coup. Mais il était évident que cela ne suffirait pas...

S'interrompant un instant, la Terrosienne réfléchit à un autre moyen d'arriver à ses fins. Et si elle essayait par là ? S'engageant sur une nouvelle piste, elle fit trembler le sol dans le périmètre entourant le pilier, pour voir si déstabiliser le support pouvait l'aider. Hélas pour elle, la construction resta immobile, solidement ancrée dans son support. Évidemment, cela aurait été trop beau pour être vrai !

« Tss... »

La patience légendaire de la fille du Duc commençait déjà à s'étioler. Heureusement, elle avait appris à la renforcer depuis son départ de chez son père, ce qui ne serait visiblement pas du luxe pour cette évaluation. Faisant un nouveau test, elle mit plus de puissance dans sa lame rocheuse, et elle parvint, à force de coups répétés, à créer une entaille d'environ dix centimètres sur le métal. Pas de quoi se réjouir, donc, mais il ne fallait pas laisser cette minuscule avancée telle quelle. Elle modifia de nouveau la forme de sa création, la changeant en une pointe effilée dotée d'un matériau différent à son extrémité. En se concentrant, Abigaël avait réussi à extraire des minéraux plus durs que la roche qu'elle maniait habituellement du sol, et elle en avait paré son « arme » élémentale pour la rendre plus résistante et plus capable d'aggraver l'entaille qu'elle avait occasionnée au pilier auparavant. Reprenant son travail de sape, elle scinda sa maîtrise en deux tâches distinctes, levant une tornade sableuse localisée pour entamer le plus possible le matériau un peu trop solide à son goût. S'habituant peu à peu au bruit que faisait la manifestation de son pouvoir contre l'édifice, elle fit germer une plante qui s'enroula autour du cylindre, insidieusement, comme si elle voulait faire le moins de bruit possible et se faire discrète dans son entreprise. Subitement, l'entaille se transforma en fissure, qui émit des craquements sinistres... Et le pilier finit par céder, à la plus grande satisfaction d'Abby. Mais sa joie fut de courte durée : le morceau qu'elle avait mis tant de temps à détacher du reste se recolla au pilier, attiré par une drôle de force. Voilà donc le tour qu'elle allait devoir déjouer pour réussir son exercice ! L'examinatrice avait direct envoyé du lourd, la Terrosienne avait donc hâte de voir la suite.

Sans se démonter, elle recommença le processus, avec un peu plus de conviction qu'auparavant. Maintenant qu'elle savait que c'était faisable, son attention était tournée vers le cœur du problème, et c'était le cas de le dire. Projetant son plan sur l'édifice, Abigaël reprit, avec toutefois une variante et un ajout qui, elle l'espérait, seraient suffisants pour duper le noyau bizarre. À nouveau, une brèche apparut sur le pilier, mais cette fois, elle ne lui laissa pas le temps de se refermer : la plante qu'elle avait fait grandir en silence s'interposa entre les débris et le centre de la colonne, suivie de près par une lance rocheuse qui s'épanouit comme l'aurait fait une fleur en repoussant le morceau séparé du reste. Pour finir, le Chevalier saisit le centre de la construction avec un nouveau poing de roche et elle plissa les yeux, tandis qu'elle serrait avec toute la force dont elle était capable pour l'isoler du reste du pilier qu'elle s'employa à faire exploser dans les lianes épaisses dont elle l'avait recouvert.

[PNJ]

Au départ, lorsqu’elle vit son élève s’approcher du pilier pour l’examiner, la vieille eut un hochement de tête approbateur. Un peu de préparation ne faisait jamais de mal. Mais elle déchanta vite lorsqu’elle vit les premières attaques d’Abigaël. Elle-même aurait pu faire plus de dégâts. Enfin, la technique utilisée par la jeune fille pour désintégrer le pilier la laissa perplexe. Elle aussi aurait utilisé une technique de ce genre pour parvenir à ses fins. Mais elle n’était pas aspirante vandale ! Elle ne se gêna donc pas pour faire part de sa déception :

« Excuse-moi mais tu es ici pour un grade d’Animiste ? Non ? Alors qu’est-ce que c’est que cette puissance ridicule ? Tu étais bien plus féroce quand je t’ai demandé de m’attaquer tout à l’heure ! Tu tapes de toutes tes forces sur un humain mais tu te retiens pour un pauvre rocher ? »

Elle marqua une pause pour se calmer et développa ses explications afin qu’Abby comprenne ses attentes pour la suite :

« Analyser avant de taper est toujours une bonne chose, je ne te dirais jamais le contraire. Mais comme je sais que tu n’es pas maître de la gravité, je savais que tu ne pourrais pas identifier mon cœur. Et j’ai l’impression que cet inconnu t’as fait peur et a retenu tes coups. En ces temps troublés, l’armée ne peut pas se permettre de faire confiance aux indécis ! Le but de l’exercice était de voir comment tu ajusterais tes frappes géantes en pleine action pour faire face à un danger inconnu mais là tu as passé plus de temps à étudier qu’à frapper ! Tu as agi comme un Amplificateur, pas comme un Vandale ! Je veux voir si tu sais contrôler ta puissance gigantesque mais pour ça, il faut obligatoirement que tu la libères d’abord, tu comprends ? »

Elle laissa quelques instants à Abby pour assimiler ce qu’elle venait de dire puis reprit :

« Bien, puisque tu sembles plus enthousiaste quand tu as à faire à des humains, je serai de nouveau ton adversaire pour la prochaine étape ! »

La vieille dame utilisa de nouveau ses pouvoirs de métal élémental mais cette fois-ci seul son bras gauche était recouvert de pierre et de métal.

« Ton objectif sera de blesser mon bras gauche et uniquement lui. Je le garderai tendu pour que tu puisses bien l’identifier Si tu m’atteins ailleurs en essayant, ce n’est pas un problème, mais tu as interdiction d’essayer de m’assommer, de me blesser intégralement ou de m’immobiliser pour gagner. Ton seul objectif sera mon bras.
L’objectif de l’exercice est de voir comment tu utilises toute ta puissance pour atteindre une seule cible de petite taille et très mobile !
Pour finir, je rajoute trois conditions qui vont corser l’épreuve : d’abord, notre joute se déroulera sur le champ où nous sommes mais aussi bien sur terre que sous terre. Ensuite, je pourrai tenter des attaques élémentaires pour te ralentir. Enfin… »

Elle leva le bras et aussitôt, une violente tempête de sable recouvrit le terrain, l’empêchant presque de voir son élève.

« Enfin le climat extérieur sera assez rude ! L’exercice se terminera lorsque tu auras réussi à blesser mon bras. Comme pour ton premier exercice, je te rappelle que je suis capable de me soigner alors ne retient pas tes coups ! C’est parti ! »

Aussitôt, l’examinatrice s’enfouit dans le sol avec sa maîtrise et commença à courir. Malgré son âge ; ses dons de guérison soutenaient son corps usé et ses os renforcés par du métal ne craignaient pas la casse. Elle pouvait donc se payer le luxe de courir presque aussi vite que les coursiers à pied de l’armée.

[Tout est dans le post, bonne chance !]

[Abigaël d'Alma]

Visiblement, la prestation d'Abigaël n'avait pas convaincu l'examinatrice. Quand la Terrosienne eut fini son travail, la vieille femme la sermonna, arguant qu'elle avait déployé des qualités attendues d'un Animiste, et pas d'un Vandale. Ces mots rappelèrent furieusement à Abby ceux de son superviseur lors de son épreuve pour devenir Chevalier. Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous à lui reprocher de pas faire pile ce qu'ils espéraient eux, hein ? Oui, elle était là pour montrer qu'elle avait la puissance requise, mais il était hors de question de gaspiller ses forces dans le vent, quand même ! Taper, c'était bien, mais taper à bon escient, c'était carrément mieux, et c'était elle, la brute que son père avait élevée pour en faire un monstre du combat, qui en venait à penser ça ! Sa précédente épreuve lui avait prouvé qu'il était dangereux de déchaîner ses capacités sans retenue et sans garantie du résultat. Elle avait perdu connaissance parce qu'elle avait dépassé ses limites. Elle savait que cela faisait partie des risques du métier, si l'on pouvait dire ça de cette manière. Mais quand même, c'était une épreuve, pas la guerre, et elle refusait qu'on la ramasse à la petite cuiller après l'avoir laissée se vider de son énergie vitale. Et puis, elle ignorait ce que la vieille avait prévu pour la suite, et elle s'en méfiait. Abby avait horreur de perdre, et lâcher tout ce qu'elle avait d'entrée de jeu augmentait considérablement le risque de défaite ou d'échec de l'examen.

Hélas pour elle, elle ne maîtrisait rien, hormis son élément, dans le cadre de cette épreuve, et elle était loin d'avoir la main. Quand la femme lui lança qu'elle semblait plus enthousiaste à l'idée de massacrer quelque chose de vivant qu'un objet inanimé, l'expression d'Abigaël changea, tandis que les vestiges de la cruauté de Kira, tapie au fond d'elle, tordaient son visage en un sourire sardonique.

« En effet, je préfère quand ça craque et quand ça gémit. »

Consciente que ces qualificatifs pouvaient aussi bien s'appliquer au vivant qu'au monde minéral, la fille du Duc n'avait néanmoins aucun doute sur l'interprétation des mots qu'elle avait employés, car le ton sur lequel elle avait parlé était très explicite. Écoutant les consignes avec attention, elle plissa ses yeux fauves, plus animale que jamais, décidant de conserver son armure complète. C'était comme ça qu'elle se battait, c'était comme ça qu'elle affrontait ses ennemis en temps de guerre, et c'était comme ça qu'elle voulait réussir son nouvel exercice.

Après un dernier regard accordé à son Bulbizarre, la jeune femme vit son aînée s'enfouir dans le sol, et elle se laissa happer à son tour, disparaissant alors que la terre se dérobait sous son corps. Aspirée par son élément, Abby se concentra un instant pour localiser son adversaire avec les vibrations produites par ses déplacements souterrains. Quelques secondes plus tard, elle s'élança à sa poursuite, surfant sur la glaise comme elle l'aurait fait sur une vague. Il faisait sombre dans ces galeries plus ou moins naturelles, mais cela ne gênait pas la fille de Benedict : ici, elle se sentait comme chez elle, au même titre qu'un Carvanha en eaux troubles. Au détour d'un chemin probablement creusé par un Pokémon du coin, elle tomba sur la vieille, bras tendu, et elle ne se priva pas pour lui balancer une salve de pierres petites et pointues, taillées pour se déplacer rapidement et pour blesser. Mais évidemment, son adversaire esquiva facilement. Pas grave. Puisqu'elle lui avait dit d'envoyer la sauce pour tester, eh bien, soit ! Elle allait faire des tests ! Beaaaucoup de tests !

Il s'agissait désormais de la rattraper et de ne pas se laisser distancer, parce qu'elle traçait, la vieille ! Donnant un coup de collier à son véhicule improvisé, le Chevalier se pencha en avant pour améliorer sa vitesse. Heureusement pour elle, elle avait la malice suffisante pour sentir les sales coups venir : sans autre forme de procès, l'examinatrice utilisa sa propre maîtrise pour tenter de boucher la voie derrière elle. C'était sans compter la détermination de la Terrosienne : décidant qu'elle suivrait le rythme, elle força littéralement le passage, traversant l'éboulis avec fracas et profitant de l'occasion pour retourner les projectiles à l'envoyeur. Mais de là où elle était, elle ne parvenait pas à viser avec précision. Elle crut voir un rocher effleurer la vieille, mais trop loin, hélas, du bras qu'elle ciblait. Il allait falloir ruser.

Tendant la main gauche perpendiculairement à son corps, l'Élémancienne recouvrit son bras d'un mélange de plantes et de terre pour ne pas risquer de se blesser prématurément, avant de frapper un grand coup contre la paroi de la galerie. Le sol se mit à trembler avec violence, répondant à l'appel impérieux de la Mystique de la Terre, et des pans entiers de la voie se détachèrent, mais la vieille slaloma entre les stalactites sans la moindre difficulté. Ça non plus, ça n'allait pas... Elle allait devoir trouver autre chose.

Décidant de revenir à la surface pour tenter de surprendre son adversaire, Abigaël émergea du sol malmené par ses ordres, devant le regard ébahi de Daga Devos. Fouettée par la tempête de sable, elle ne prêta pas attention aux nombreuses coupures et éraflures qui couvrirent rapidement les zones de son corps exposées au climat, totalement absorbée par son objectif. Elle ferma alors les yeux pour localiser de nouveau sa cible décidément très mobile, et elle se tourna vers elle quand elle jaillit à toute vitesse, intimant aux plantes des environs de se plier à sa volonté pour frapper le bras effrontément tendu. Le fouet végétal se heurta au corps de la soigneuse expérimentée, mais atteignit son thorax. Loupé, une fois de plus. À nouveau, la patience d'Abigaël fondit aussi vite qu'un Laser Glace en plein Soleil, mais cette fois, elle décida de laisser libre cours à l'émotion qui avait longtemps été la seule capable d'ébranler son âme de guerrière et d'arme vivante.

Comme prévu, son élément se synchronisa avec son ressenti, et le sol se mit à vrombir de plus en plus fort, alors qu'elle plongeait à nouveau pour s'enterrer dans les entrailles de Gaïa. Abby n'était jamais aussi forte que quand elle ne se bridait pas et se déchaînait sans la moindre considération pour ce qui l'entourait, et elle le savait pertinemment. Les traits déformés par une colère bestiale et irraisonnée, l'héritière d'Alma força pour accélérer, glissant sur son support malléable et animé comme si elle volait. Estimant que la galerie était trop étroite à son goût, elle l'élargit à grands renforts de coups de poings élémentaux pour parvenir au niveau de la vieille. Elle courait vite, et elle n'avait pas le droit de tenter de la ralentir en l'ensevelissant sous une épaisse couche de gravats... Mais elle n'avait pas précisé qu'elle ne pouvait pas essayer de lui transpercer le bras avec sa maîtrise. Elle avait parlé de son pouvoir de guérison et prouvé que son renforcement était plus que solide... Alors elle pouvait mettre ses tripes dans ses essais.

Indifférente au sang qui dévalait sa tempe, conséquence de son précédent passage en force et de son court séjour en surface, elle plissa les yeux, réduisant ses pupilles à deux fentes sans même s'en rendre compte. Ressemblant de plus en plus à un prédateur en pleine traque, elle fit sortir des plantes de plus en plus agressives de toutes les parois du chemin souterrain qu'elles se créaient dans leur course, alternant entre des plantes carnivores miniatures et vives et des ronces hérissées d'épines de plus en plus longues et pointues. Les végétaux laissèrent alors place à des pics de terre d'abord grossiers, puis de plus en plus travaillés et allongés pour maximiser les chances de toucher ce satané bras. Les assauts se multiplièrent, le sol se pava d'obstacles qui ne s'animaient qu'une fois à proximité du membre tendu de la vieille dame, et la voie sembla devenir vivante, ressemblant à l'estomac d'un monstre affamé qui ne cherchait à manger qu'une infime partie de son déjeuner.

Le terrain s'était changé en véritable parcours du combattant, le sable volant faisant écho à celui qui balayait la surface de la zone, et ce fut en rassemblant brusquement des milliers de grains virevoltants autour de l'examinatrice qu'Abby sentit l'élément sous son contrôle entrer avec le bras tant convoité, par le biais d'une mâchoire subitement devenue solide et violemment soumise à la volonté de la fille de Benedict.

[PNJ]

Voyant ce qui semblait être l’assaut final de la jeune femme, la vieille femme s’arrêta de courir. Son élève avait enfin fait preuve de la brutalité qu’elle voulait voir à l’œuvre, mais ce n’était certainement pas avec une attaque unique qu’elle allait passer sa défense. Renforçant d’avantage son bras sur la gueule de sable, elle laissa cette dernière se refermer sur son membre, mais la gueule ne put se fermer complètement. Le bras était trop dur pour elle. Se servant de ses talents d’animiste, la vieille femme dissipa le sable avant de rendre à son bras sa consistance d’origine. On y voyait clairement une longue estafilade qui partait du bas de sa paume jusqu’à la base de l’auriculaire.

L’examinatrice l’avait laissé à dessein pour montrer sa réussite à Abigaël. Puis elle fit disparaître la blessure et expliqua :

« Ce n’est pas ta dernière attaque qui m’a fait ça mais une de tes plantes acérées. Parfois la quantité est préférable à la grandiloquence, du moment qu’on sait maintenir cette pression sur la durée. Et c’est ce que nous allons voir ».

La vieille dame prit ensuite quelques minutes pour effacer du sol les stigmates de l’affrontement et l’aplanir en vue du test suivant. Puis elle prit un des Noigrumes à sa ceinture dont sortit un Archéodong manifestement prêt à combattre.

« Voici Siglum. Il sera ton prochain adversaire. Au cas où tu ne les connais pas, laisse moi te dire deux ou trois choses au sujet des Archéodong. Leur corps résistant est fait d’acier donc Les plantes et la roche les affectent peu et il lévite donc les simples tremblements de terre ne l’affectent pas. Ils disposent également de pouvoir psychiques. Leur faiblesse habituelle est leur lenteur. Mais ce ne sera pas le cas aujourd’hui. Siglum, Distorsion ! »

Une sorte de champ de force rosé se matérialisa au sol couvrant un carré d’environ vingt mètres de côté.

« Votre terrain de combat sera ce champ de distorsion et vous avez interdiction d’en sortir. Ici, le plus rapide devient le plus lent et vice-versa. Siglum pèse plus de 350 kg, je te prie donc de croire qu’il est beaucoup plus lent que toi en temps normal et donc bien plus rapide que toi ici. Il maîtrise les attaques Gyroballe, Tacle Lourd et Luminocanon pour frapper à distance et il utilisera son Psycho pour dévier tes projectiles. Ton but est de le mettre KO avant que le champ de distorsion ne disparaisse ce qui te laisse environ dix minutes. Si tu échoues ou que tu te fais mettre KO, cet exercice sera un échec. Et inutile d’essayer de te ralentir pour profiter de la distorsion, Siglum adaptera automatiquement sa vitesse à la sienne pour être certain d’être en définitive plus rapide que toi. Il est plus rapide mais tu disposes d’une plus grande palette de coups. A toi de les combiner pour vaincre. Commencez ! »

[Tout est dans le discours de ton examinatrice, c’est un combat Pokémon VS Humain sous distorsion. A la fin de ton post, le champ de Disto doit toujours être en place et l’Archéodong doit être dans un état incertain suite à tes attaques. Je déciderai à mon prochain post s’il est KO ou pas. Bonne chance.]

[Abigaël d'Alma]

Quand la vieille femme stoppa sa course, Abby freina dans un nuage de poussière, plissant les yeux en s'interrogeant sur la raison de cet arrêt. En se rapprochant, elle vit la longue balafre sur le bras de son examinatrice, qui lui expliqua comment elle avait récolté cette blessure. Abigaël hocha la tête sans un mot, aussi peu bavarde qu'à l'accoutumée. Elle n'avait rien à dire pour commenter le propos, aussi s'accroupit-elle en effleurant le sol pour l'écouter à travers sa maîtrise. Elle sentait qu'elle aurait besoin de renseignements pour la suite, et elle laissa la terre environnante s'exprimer en silence alors que son aînée libérait un Archéodong après avoir effacé toutes les traces de leur combat.

Le dénommé Siglum était, comme tous ceux de son espèce, massif et imposant. C'était un Pokémon qui faisait plus de quatre fois son poids, et même avec son armure, un choc frontal avec une telle créature ne la laisserait pas indemne. Alors que la vieille lui décrivait les caractéristiques de son adversaire, la jeune femme aux yeux fauves observait déjà la configuration du terrain pour l'exploiter de la meilleure des manières, et elle sentit un désagréable frisson lui parcourir l'échine quand la Distorsion fit effet. Cette chose était l'adversaire parfait : peu de faiblesses face à ses armes, insensible aux séismes et plus rapide qu'elle, et de loin. Le défi était de taille, mais il plaisait beaucoup à Abigaël.

« En garde alors ! »

Sans perdre de temps, le Chevalier bondit dans un claquement sec, propulsé par une impulsion qui laissa une profonde marque dans le sol. Ressentant immédiatement le ralentissement occasionné par Distorsion, elle bifurqua pour éviter le Luminocanon destiné à la repousser, s'aidant de sa maîtrise pour ne pas retourner par terre. Se créant un escalier rocheux sur lequel elle  courait, elle entreprit de tourner autour de l'Archéodong, tout en lui balançant des projectiles faits de terre et de roche pour tester ses réflexes et la vision dont il disposait. En bon Pokémon Psy, il était capable de détecter quelque chose qui lui arrivait dessus dans le dos, il serait donc difficile de créer la surprise. Elle se rapprocha donc de sa cible, qui se mit à briller pour lui foncer dessus, et de nombreuses plantes grimpantes et affolées jaillirent des interstices entre les marches en pierre pour l'entraver et le ralentir dans son assaut. Abby se félicita de sa présence d'esprit, car Siglum lui frôla l'épaule et manqua de s'encastrer dans le mur monté par la maîtrise de la Terrosienne en se libérant de sa prison végétale. Mais déjà, la jeune femme avait changé de tactique.

Après avoir aggloméré de nombreuses pierres autour d'elle, elle les repoussa vers l'extérieur et, modifiant leur composition, les rendit instables. En se disloquant, elles explosèrent avec force, s'éparpillant dans la zone délimitée et masquant un instant le Chevalier. Abigaël profita de la diversion créée pour enfermer les deux belligérants dans un dôme de terre gigantesque, qu'elle laissa s'effondrer à dessein en changeant les chutes en stalactites massives et pointues. Comme prévu, Siglum dévia les projectiles avec Psyko, mais il s'adapta et chargea Abby avec un Tacle Lourd qu'elle encaissa avec peine, transférant une partie de son énergie vitale dans son armure pour ne pas y passer. Elle commençait à avoir du mal à suivre le rythme de l'Archéodong, qui filait aussi vite qu'un Élecsprint en pleine course, et elle savait que le temps était compté... Il fallait qu'elle trouve autre chose pour s'en sortir.

Siglum s'en donnait à présent à cœur joie et tirait des Luminocanon sans discontinuer, forçant l'Élémancienne à zigzaguer et à sauter de marche en marche pour éviter de se faire dégommer. La saleté n'avait même pas l'air de fatiguer ! La fille de Benedict leva une tempête de sable, faute de mieux, le temps de réfléchir à une solution qui la tirerait de ce pétrin. Un regard en biais sur le terrain quelques mètres en contrebas lui donna la vision d'un champ de ruines, accidenté et couvert de rochers et de plantes malmenées. Mais cela lui donna une idée certes saugrenue, mais qui pouvait fonctionner.

Tout en évitant les attaques de plus en plus rapprochées de Siglum, Abby anima les plantes et les rocs en morceaux, avec la lenteur imposée par Distorsion, tandis qu'elles semblaient se durcir à chaque instant, comme si elles étaient peu à peu pétrifiées. Elles s'élevaient paresseusement, cherchant à atteindre une lumière quasi inaccessible, et elles se figèrent soudain, avant de se désintégrer toutes en même temps en libérant un mélange de sève, de sable et de roche particulièrement collant et peu ragoutant. Probablement surpris par le procédé, l'Archéodong en fut partiellement recouvert, et Abby profita de cet instant de répit pour changer ses escaliers de pierre délabrés en une gigantesque boule, dont de gros doigts jaillirent en formant une main vengeresse. La paume se plaqua sur la créature, qui fut aplatie au sol, et le Chevalier se jeta à pieds joints pour générer le plus gros séisme dont elle était actuellement capable. Siglum parut sonné un instant, mais il repartit de plus belle en tournoyant dans une Gyroballe qu'Abigaël eut un mal fou à esquiver. Plus le temps passait, plus ses mouvements se faisaient lents et lourds, même pour le Chevalier qu'elle était. Elle avait intérêt à en finir vite...

Se servant de la main rocheuse comme d'un bouclier qui shootait dans les gravats en visant l'Archéodong, l'Élémancienne estima qu'elle devait lancer ses dernières forces dans une attaque d'envergure, une bonne fois pour toutes. En face, son ennemi d'un combat parut faire le même constat, s'entourant d'une aura qui n'augurait rien de bon. Peu importe ce qu'il préparait, cela signerait la fin du duel et l'échec d'Abby si elle ne balançait pas tout ce qu'elle avait. Convoquant toutes les ressources dont elle disposait dans la zone rosée, elle ancra ses pieds dans le sol, qui se mit à trembler avec violence, alors que de toutes parts, des végétaux à l'aspect repoussant et des pics criblés de taches plus ou moins brillantes émergeaient de la terre, chargés de minéraux normalement impossibles à trouver à la surface.

La tempête de sable se réduisit, concentrée sur un périmètre qui couvrait uniquement les environs immédiats d'Abigaël. Partout, la roche perçait le sol chaotiquement, comme si elle ne suivait aucun schéma précis - et c'était à peu près le cas. Le Chevalier avait décidé de déchaîner toutes les forces dont elle disposait, en puisant aussi profondément que possible dans le sol sous ses pieds, songeant qu'un déferlement sans matérialisation précise d'un but particulier viendrait peut-être à bout de l'infatigable Siglum. Ce dernier s'élança de tout son poids vers Abby, qui tendit les bras en avant pour concentrer toute la roche qu'elle manipulait devant elle. L'élément zébré de plantes prit la forme de deux mains aux doigts épais et solides, que l'Archéodong heurta de plein fouet, et dans un ultime effort, Abigaël laissa libre cours à sa colère. Les paumes géantes luisirent brièvement, tandis que le souffle de l'explosion balayait le terrain, dans un brouillard dense et chargé de particules qui rendirent la zone invisible pendant quelques instants.

[PNJ]

Lorsque la poussière se dissipa, la cloche géante était couchée sur le dos, au sol, visiblement sonnée. Siglum aurait peut-être pu se relever mais une fois au sol, il aurait été bien trop vulnérable aux séismes. Si Abigaël avait réussi à dépasser la domination sans faille de l’Archéodong pour révéler une faiblesse, alors elle avait réussi cet exercice.
La dresseuse leva donc le bras pour rappeler son Pokémon qui se releva et lévita jusqu’à elle. Deux minutes après, le champ de distorsion disparaissait.

« Bien. L’exercice est réussi. Maintenant suis-moi »

Et sans plus d’explications, elle s’engagea sur un petit chemin qui partait de l’aire où se trouvait les deux femmes pour mener à une autre zone assez plate d’aspect similaire à la première, sauf que cette dernière, d’une trentaine de mètres carrés, était encadrée par des barrière en bois au sein desquelles des hommes et femmes en uniforme de Terros s’entraînaient à la maîtrise de la terre. Ils étaient cinq mais l’un d’entre eux, blond aux yeux bleus, semblait sortir du lot et donnait des ordres et des conseils aux autres. Lorsqu’il vit la vieille femme, il se fendit d’une salutation martiale, bientôt suivi par ses collègues.

« Major !
-Repos ! Caporal Stains, je me réjouis de vous voir aussi enthousiaste pour l’entraînement vous et vos troupes. Je vous présente le lieutenant d’Alma. Ce sera elle l’adversaire dont je vous ai parlé. Caporal, je vous laisse expliquer l’exercice suivant à votre formatrice.
-Bien. »

Stains se tourna vers Abigaël et lui expliqua la suite des événements de manière très directe et sans fioriture, comme s’il faisait son rapport :

« L’exercice se déroulera dans l’enceinte délimitée par ces barrières. Aucun d’entre nous n’aura le droit d’en sortir ou de les détériorer. Je suis pour ma part élémancien, maître de la terre et des plantes, et je forme mes hommes pour qu’ils puissent eux aussi atteindre ce grade. Ils ne sont pas loin d’y parvenir, mais eux ne maîtrisent que la terre. Votre but sera de tous nous vaincre en même temps, ce qui veut dire que nous devrons tous être KO au sol en même temps. Ce n’est pas très original comme exercice mais cela vous permettra de vous exercer aux attaques sur un groupe et cela nous permettra de tester nos assauts groupés. »

Il se retourna ensuite vers la vieille dame :

« Cela vous convient major ?
-Parfait. Je rajoute simplement comme condition que s’il y a quatre ou moins de vos adversaires au sol – elle fixa Abigael – je les soignerai de là où je suis, derrière la barrière, et ils repartiront à l’attaque de plus belle. Ce combat sera sans limite de temps et vous avez tous interdiction de disparaitre sous le sol ou d’enterrer vos opposants. J’ai besoin de vous voir tous en permanence pour juger de l’avancée du combat.
-Major, quelle formation devons-nous adopter ? La une ou la deux ?
-Commencez par la une. Nous verrons ensuite. Stains, je vous laisse porter le premier coup.
-Bien Major. »

Le caporal se tourna vers ses hommes et cria « Vous avez entendu ? Dispersion ! »

Les quatre hommes de Stains se dispersèrent aussitôt dans toute l’entendue de l’aire de combat tandis que ce dernier tendit violemment les bras. L’instant d’après, un pic rocheux jaillit sous Abigaël avec la ferme intention de l’empaler.

[Pour cette manche, tes adversaires sont éloignés de toi et les uns des autres. Seul Stains se risquera plus près, les attaques des autres lui servant de support. Le caporal sait parfaitement profiter de l’appui de son équipe. A toi de les regrouper et de les vaincre. Bonne chance.]

[Abigaël d'Alma]

Abigaël profita du court répit de deux minutes pour s'accroupir afin de se reposer. Sa précédente épreuve lui avait appris qu'il fallait vraiment exploiter n'importe quel instant où elle n'avait pas besoin d'être tendue au maximum, et elle sut qu'elle avait eu raison quand le champ de Distorsion se dissipa et que l'examinatrice lui intima de la suivre. Après s'être redressée, la femme aux yeux fauves rappela son Bulbizarre et lui emboîta le pas sans discuter. Quand elles parvinrent dans une nouvelle zone où s'entraînaient quatre personnes sous la tutelle d'une cinquième, elle s'immobilisa, avant de rendre leur salut militaire aux Terrosiens. Le dénommé Stains se lança alors dans l'explication de l'exercice à venir, explication complétée par la vieille dame. Pour réussir, Abby devait mettre hors d'état de nuire ses cinq adversaires d'un seul coup, l'idée était donc de les regrouper pour porter une attaque d'envergure assez puissante pour les vaincre en une fois. Le projet était ambitieux, mais pas irréalisable.

La Terrosienne fit donc craquer ses cervicales et à peu près tout ce qui avait la capacité de craquer au niveau de ses articulations pour se mettre en condition, et elle observa ses opposants tandis qu'ils se plaçaient. Stains tendit brusquement les bras en avant et Abby s'écarta d'un bond quand elle sentit la terre vrombir sous ses pieds, évitant de se faire embrocher au bout d'un pic rocheux. Avec une certaine satisfaction, elle constata qu'elle avait retrouvé toute sa mobilité, et elle se délecta de pouvoir se déplacer sans avoir l'impression d'être un Ramoloss atrophié. Dans un premier temps, elle se mit sur la défensive pour pouvoir observer la coordination de ses ennemis et les tendances de chacun, se contentant d'esquiver les assauts des quatre subalternes et de repousser ceux de Stains. Au bout d'une trentaine de secondes, elle commença à déceler un schéma d'attaque et balança des salves de roches pointues vers les moins expérimentés, tandis qu'elle contrait une attaque de feuilles coupantes avec un mur végétal peu dense, mais suffisant pour stopper la progression de l'escadron vert. Comme elle l'avait plus ou moins prévu, l'une des femmes se fit balayer par la salve, mais elle fut aussitôt relevée et renvoyée au combat par l'examinatrice derrière la barrière.

La difficulté ne résidant pas dans la résistance de ses ennemis, mais bel et bien dans la distance qui les séparait les uns des autres, Abigaël imagina plusieurs façons de les amener à se rapprocher, mais elle dut s'interrompre dans son raisonnement pour éviter un rocher gros comme son Drattak gentiment envoyé par Stains. Quand le projectile s'écrasa derrière elle en explosant, la jeune femme s'empara des débris avec sa propre volonté et s'en entoura pour former une barrière loin d'être infranchissable, mais qui lui laisserait un peu de battement pour la stratégie qu'elle venait d'élaborer. Une plante furieuse se jeta sur elle en sifflant, tentant une nouvelle fois de la distraire et amenant avec elle son manipulateur déjà prêt à la frapper de son poing couvert de terre, mais elle fit sortir un pin du sol et éjecta toutes ses épines en un seul coup, forçant Stains à arrêter sa course et à dévier la trajectoire de son végétal. Mais déjà, des marches solides sortaient du sol devant lui, signe que ses subalternes s'occupaient de lui créer un chemin alternatif pour atteindre Abigaël. Leur coordination était vraiment au point ! Si la synergie entre eux était le secret de leur domination sur le Chevalier jusqu'à présent, elle allait devoir semer le désordre dans ce joli petit bataillon.

Dans un fracas qui fit hurler la terre, des ronces crevèrent le terrain à la recherche de leurs proies, se mettant à serpenter en direction des quatre soldats à l'écart. Autour de l'Élémancienne, une tornade de sable ondula, de plus en plus vite, tandis qu'au milieu, une bataille plus ou moins singulière s'était engagée entre Stains et Abby. Les deux gradés échangeaient des coups de plus en plus violents, mais lorsque l'homme voulut aller porter secours aux soldats poursuivis par les plantes, le Chevalier profita de l'ouverture laissée par son adversaire pour lui asséner un coup de poing élémental rocheux qui le fit décoller et atterrir parmi eux. Malgré des blessures qui commençaient à se faire nombreuses, Abigaël ne relâcha pas la pression et fit bifurquer ses plantes à tête chercheuse vers Stains, alors que de nouvelles jaillissaient du sol pour surprendre les quatre subalternes et les immobiliser en même temps. Le chef de la troupe fut alors littéralement noyé sous une avalanche de projectiles, de même que les autres : la boule rocheuse qu'Abby s'était constituée en mêlant la terre qu'elle manipulait elle-même à celle employée par les autres qu'elle avait détournée avait explosé. Comme un Qwilfish ayant un stock d'épines particulièrement fourni, la Terrosienne s'était changée en une machine à tirer des épines solides et pointues, aussi irrégulières que tranchantes. Les chutes se mouvaient sitôt retombées et se changeaient en une gaine solide qui courait le long des plantes désormais dotées d'excroissances minérales et qui emprisonnaient petit à petit les cinq opposants du Brigadier.

Convoquant finalement toutes les forces qu'elle avait à disposition, Abigaël détacha de larges blocs du terrain, créant des crevasses plus ou moins profondes autour d'elle. Ses prisonniers se défendirent en l'attaquant avec leurs propres pouvoirs, mais elle décida d'encaisser pour mieux se concentrer sur son attaque de zone : des doigts épais comme des colonnes de temples sortirent de l'environnement immédiat des cinq Terrosiens, qui n'étaient pas assez collés les uns aux autres à son goût... Mais tant pis, elle n'aurait probablement plus d'autre occasion de leur porter un coup pareil. Même si elle devait y laisser une grosse partie de ses réserves, c'était le moment où jamais. Renforçant une dernière fois ses mains aussi dures que du diamant, elle les abattit sur les soldats, alors que leurs carcans respectifs cédaient sous la violence et la pression de l'impact. Abby espérait ne pas les avoir simplement enfermés, mais complètement mis à terre, et elle ne s'autorisa à poser un genou au sol que lorsqu'elle les vit tous les cinq immobiles. Stains était assis, mais il était hors d'état de nuire... Du moins pour le moment. Le Chevalier pensait avoir rempli son « contrat », aussi tourna-t-elle la tête vers son examinatrice pour chercher un signe d'approbation de sa part, le visage crispé par l'effort et la vue légèrement brouillée par la fatigue.

[PNJ]

La vieille dame regarda le combat sans rien dire. De temps en temps, elle se déplacer à droite à gauche pour soigner les petites blessures des soldats, mais elle voyait bien qu’Abigaël n’était pas encore passée aux choses sérieuses. Lorsque ce fut le cas, l’équipe de Stains fut prise au dépourvu et seul ce dernier était encore plus ou moins apte à combattre après cela. Mais sans son équipe, il savait aussi bien que le major qu’il n’avait aucune chance de vaincre l’apprentie vandale, aussi il préféra déclarer forfait. Sage décision. Quant aux compagnons du caporal, ils étaient tous KO, mais ce n’était pas bien grave.

La guérisseuse les remis tous sur pied en une quinzaine de minutes, laissant par là-même l’occasion à l’aspirante vandale de se reposer. En revanche, elle ne bénéficierait pas de soins élémentaux. Son examinatrice désirait savoir ce dont elle était capable lorsqu’on la poussait dans ses retranchements. Lorsque le major s’éloigna du dernier soldat qui avait fini par se relever à son tour, Stains lui demanda :

« Nous passons à la formation B major ?
-Précisément. »

Les quatre hommes de Stains entourèrent alors leur chef, formant les quatre angle d’un carré très restreint dont le sous-officier était le centre.

« Erigez le Volcan ! » Ordonna Stains.

Aussitôt, ses quatre subordonnés firent jaillir du sol un mur de terre solidifiée qui les entoura bientôt tous les cinq. La barrière était à peine plus large que leur carré mais elle montait à hauteur de visage, empêchant Abby de voir directement ses cibles. Toutefois, un trou d’environ un mètre de diamètre se trouvait au sommet du dôme, expliquant le nom de la formation.
Le major reprit alors la parole :

« Le but de l’exercice est le même que le précédent. Tu dois tous les mettre KO avec une seule et même attaque. Cette fois-ci la difficulté ne sera pas de rassembler tes adversaires pour les terrasser en une seule fois, mais de percer leur mur défensif… Qui est aussi une offense redoutable »

Comme pour illustrer ses propos, Stains et ses alliés furent jaillir des pointes de pierre sur les flancs du volcan. Les pointes commencèrent alors à tourner de droite à gauche le long du flanc du volcan. L’instructrice continua :

« Ce volcan ne crache pas uniquement du danger par le haut, comme tu peux le voir. Les soldats se chargent de maintenir la structure et de faire tourner les pointes. Stains t’enverra lui de gros boulets et d’autres surprises en utilisant le cratère. Méfie-toi, ils maîtrisent bien mieux cette formation que la précédente et percer le mur du volcan ne sera pas aussi facile que de briser leur escalier. La rotation est conçue pour éroder toute pierre qui s’y frotte. Le métal serait un bon atout pour percer ce blindage. »

Afin de motiver un peu ses troupes, elle ajouta :

« Cet exercice est le dernier de ton épreuve. Réussis-le et tu seras officiellement Vandale ! »

Puis elle ajouta à l’attention de tout le monde :

« Vous pouvez commencer ! »

Aussitôt, le Volcan se rua sur Abigael, ses quatre créateurs réussissant à le déplacer tout en faisant tournoyer ses pointes. La pierre semblait tout d’un coup devenue vivante et elle semblait vouloir déchiqueter le Lieutenant, tandis qu’un énorme boulet jaillissait du cratère en direction de la jeune femme…

[Abigaël d'Alma]

Quand l'examinatrice eut constaté la réussite de l'apprentie du jour, elle entreprit de remettre en état de combattre les soldats vaincus par Abby. Comprenant qu'elle ne bénéficierait pas de soins (et de toute manière trop bornée pour accepter de l'aide venue de l'extérieur), elle se contenta de s'asseoir, comme à son habitude quand elle voulait récupérer un peu d'énergie. Elle s'appliqua un peu de terre sur ses plaies les plus vilaines pour arrêter les saignements, tout en pestant déjà intérieurement d'avoir à rendre visite à un Guérisseur après son épreuve pour s'en occuper correctement. Elle avait toujours l'impression de perdre son temps dans ces moments-là, mais elle savait que c'était nécessaire, alors elle faisait avec.

Après ce rafistolage express et peu efficace, la Terrosienne se leva, balayant du regard les recrues de nouveau prêtes à en découdre. Abby était plutôt une solitaire, mais depuis qu'elle était devenue le mentor de Trellia et d'Elvira, elle avait commencé à toucher du doigt l'utilité du combat à plusieurs, pour bien des raisons. Elle mit donc dans un coin de son esprit l'idée d'une instruction plus cadrée et adaptée aux deux guerrières, une fois qu'elle aurait retrouvé Anthere, et elle s'avança pour examiner la drôle de formation adoptée par ses adversaires. Curieux, mais cela lui plaisait bien. Si en plus le mur était vivant et essayait de l'attaquer pendant qu'elle s'en prenait à lui, cela pimenterait un peu l'exercice et lui permettrait de simuler une situation réelle. C'était parfait.

Attendant l'attaque qui ne tarderait pas à venir dans une tension dont elle se délectait, comme un prédateur en chasse, Abigaël vit le mur se mouvoir et cracher un énorme rocher par le haut. Le projectile était assez lent, aussi l'évita-t-elle aisément, sans pour autant prendre le Volcan à la légère. Elle comprit néanmoins rapidement que la séparation des tâches et la simplification du travail à accomplir par les soldats rendaient la structure bien plus difficile à appréhender que la distance lors de l'exercice précédent. En effet, concentrer leurs efforts sur une mission précise demandait moins de réflexion, et évitait la perte de concentration due à la dispersion des membres du bataillon. En résumé, la simplicité du mur vivant et hérissé de pics le rendait redoutable, tout en laissant le champ libre à Stains pour bombarder Abigaël. La jeune femme allait devoir percer leurs défenses tout en évitant à tout prix de se faire toucher : elle ne pouvait plus se permettre d'être blessée gratuitement, ce qui limitait son champ d'action - jusqu'au moment où elle déciderait d'envoyer bouler la prudence pour se déchaîner, une fois son seuil de patience plus que limité.

Mais pour l'heure, le Chevalier en était encore au stade de la réflexion, et elle commença par tester la résistance de la forteresse en la fouettant de plantes agressives, puis en lui faisant pleuvoir dessus une multitude de rochers aussi variés que nombreux. Ayant la fâcheuse manie de ne croire que ce qu'elle voyait, hormis quand le discours était tenu par son père, elle avait préféré vérifier par elle-même que oui, ce mur était monstrueux, et qu'en effet, le Volcan vomissait des projectiles plutôt dangereux à intervalles réguliers. Bon. Avec ça, elle était bien avancée. Ayant désormais la certitude qu'elle devrait envoyer la sauce en continu, cette fois, elle leva une tempête de sable tout autour du Volcan, cherchant à éroder la forteresse, juste au cas où, pour s'aider dans sa tâche, mais elle comprit en quelques instants que cela ne servait à rien. Pour éviter de perdre l'énergie qu'elle venait de mobiliser, la Terrosienne aggloméra les grains de sable volant et les changea en un énorme fouet de terre qui frappa la structure sans lui causer le moindre dommage.

Perdant patience beaucoup plus vite que prévu, la jeune femme fit sortir du sol d'énormes ronces qui vinrent étreindre le Volcan en serrant un maximum, et la souffrance des plantes qui hurlaient en silence pour un non-initié faisait écho au visage crispé de leur manipulatrice. Comme précédemment, de la terre couvrit les végétaux, mais cette fois, une seconde couche de plantes s'ajouta aux précédentes, formant un mur minéral et végétal où tout se mélangeait. À force d'enchaîner les superpositions d'éléments divers, Abby eut la sensation que ce qu'elle maniait devenait encore plus dur que de la pierre et que sa composition changeait, aussi poussa-t-elle ses efforts au maximum, faisant sortir ce dont elle avait besoin de la terre de plus en plus vite, alors que ses réserves s'amenuisaient à vue d’œil. Ses veines étaient de plus en plus visibles, son souffle se faisait court, mais elle était désormais entrée dans une phase où elle voulait seulement voir où était sa limite - et celle de ses pouvoirs. Plus elle mobilisait sa force vitale pour convoquer son élément et ses multiples ramifications, plus elle se sentait faiblir, mais il arriva un moment où la tendance s'inversa et où elle commença à avoir l'impression d'être revigorée. L'adrénaline et la satisfaction avaient remplacé la fatigue et la frustration, mettant en péril le fragile équilibre qui lui permettait de ne pas franchir le point de non-retour.

Subitement, alors qu'elle évitait un énième boulet de canon élémental, mais en ne bougeant pas assez pour l'éviter complètement, elle crut entendre un bruit nouveau en provenance des strates qui peinaient toujours à s'accumuler, mais qui mettaient le Volcan en difficulté. Faisant confiance à son instinct, elle puisa davantage dans ce que son environnement avait à lui offrir, et d'énormes pics de métal crevèrent les multiples strates pour percer la structure, avant de s'ouvrir comme une fleur en pleine éclosion pour frapper les cinq soldats désormais visibles, dans un mouvement à la fois rapide et étonnamment harmonieux.

[PNJ]

Tandis que le volcan se décomposait faute d’élémentaux valides pour le maintenir, le major s’intéressa en premier à l’équipe de Stains. Elle était plutôt satisfaite de leur travail. Elle s’adressa donc à eux en premier :

« Vous quatre, je pense que vous êtes prêts à devenir des élémanciens. Vous pouvez compter sur ma recommandation en ce sens dans les prochains jours. Quant à vous Stains, je pense que la coopération au sein de votre équipe démontre vos qualités de leader et il serait dommage de vous cantonner au grade de caporal. Je toucherai un mot en votre faveur au colonel pour que vous puissiez monter en grade. »

Des sourires répondirent à son constat et les soldats la remercièrent avant de quitter le champ de bataille non sans avoir aussi salué Abigaël. La veille dame attendit qu’ils aient disparu avant de continuer avec une étrange remarque :

« Tu es la démonstration vivante de la raison pour laquelle on n’apprend pas aux Tauros à jouer du piano. Tu n’as lancé qu’une seule véritable attaque durant cet affrontement, que tu as maintenue jusqu’à ce que l’adversaire cède sous la pression. Si tu n’avais pas découvert la maîtrise du métal à ce moment-là, tu aurais échoué, j’espère que tu en as conscience.
Cette obstination fait de toi un Vandale tout à fait classique et capable et je ne vois pas de raison pour te refuser ta classe. Toutefois, méfie-toi : durant ma longue carrière, j’ai croisé des vandales bien plus destructeurs que toi, pas parce qu’ils étaient plus brutaux ou plus expérimentés mais plus… imaginatifs dans leurs assauts. Travaille là-dessus si tu ne veux pas avoir de mauvaises surprises à l’avenir. Adieu. »

Tandis qu’elle s’éloignait, le major réfléchissait à ce dernier conseil :

Les Tauros étaient faits pour charger en déplaçant leur lourde carcasse et rien d’autre, c’est pour cela qu’il était inutile de leur demander d’apprendre autre chose. Arcéus l’avait voulu ainsi. Cette fille était faite pour détruire sans réfléchir. Mais à la différence d’un Tauros, elle n’était pas un Pokémon et parmi les humains, le recours à l’innovation n’était pas facultatif pour qui désirait rester en vie en temps de guerre…

[Voilà, épreuve réussie pour toi. Je te laisse conclure et/ou faire tes demandes. A+]

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