[ Clos ] Bienvenue au temple ! [Chad / Alice]

par **Alice Silver** Sam 18 Avr 2020 - 17:52

[HRP : Alice est orpheline depuis ses douze ans et a été elevée par sa Cryptéro, c'est pour ça qu'elle l'appelle "maman"^^]

« Hein comment ? Aller aux toilettes ? Non merci tout va bien ! Je ne suis pas incontinente vous savez !
-Non madame, je vous dis que je viens de ramasser des lunettes par terre ! Ce sont les vôtres ?
-Comment ? Aller à la fête ? Ah non jeune demoiselle ! Si je suis ici, c’est pour une retraite spirituelle ! J’aimerais apprendre à mieux canaliser ma maîtrise ! Je ne suis pas ici pour m’amuser !
-Non madame, je vous parle de vos lunettes ! Celles que vous portez sur votre tête d’habitude !
-Sur ma tête ? Allons jeune fille, je ne porte pas de chapeau ! Ca se verrait si c’était le cas non ? »

Misère… Aujourd’hui, j’étais préposée à l’entrée du temple pour accueillir les visiteurs. En temps normal, il s’agissait d’un poste relativement calme car le temple n’était pas exactement un palaius dans lequel des centaines de personnes entraient et sortaient à chaque heure. Mais il arrivait de temps en temps de tomber sur un visiteur, ou comme ici une visiteuse, un peu… Spéciale.

Vu la façon dont elle louchait pour tenter d’y voir quelque chose, encore plus qu’un Hoothoot en plein soleil de midi, elle semblait aussi myope que malentendante et d’après l’épaisseur des hublots que je venais de ramasser, je pouvais affirmer sans trop de risques qu’il s’agissait bien des siens. Mais je savais d’expérience que ces vieilles personnes pouvaient être susceptible… Comment faire passer le message sans la brusquer ?

Heureusement , Dom, qui était perché sur ma tête, vint à ma rescousse en faisant léviter les lunettes de ma main jusqu’à hauteur des yeux de la dame ! Tout d’un coup, l’oeil de la mémé passa au travers des verres et afficha une expression de surprise. Elle venait de retrouver la vue comme par magie ! Elle s’exclama alors en les remettant :

« Ah mes lunettes ! Merci de mes les avoir rendues jeune demoiselle ! Je n’y vois absolument rien sans mais que voulez vous, elles ne sont pas gracieuses pour deux sous alors je ne les mets que quand je ne peux pas faire autrement. Que voulez-vous, ce n’est pas parce qu’on est âgé qu’on a pas le droit d’être coquette, pas vrai mon petit ?
-Oui, oui… Bien sûr !
-D’ailleurs, à propos de coquetterie, votre décoration en forme de Natu dans vos cheveux est magnifique ! Il faudra que vous me donniez le nom de votre chapelier !
-Euh... C'est à dire... »

Dom vola à ma rescousse avant que je n’aie pu répondre en communicant directement avec l’esprit de la vieille dame :

« Je ne suis pas une décoration madame. Je suis un véritable Natu ! »

Devant cette intervention inattendue, la maie resta interdite un instant, puis elle se retourna et se confondit en excuses :

« Oh pardon monsieur, je ne vous avais pas vu ! »

Étouffant un soupir intérieur, je présentai mon bras à la grand-mère qui s’accrocha dessus. La pauvre dame ne devait pas avoir l’habitude de la télépathie.

« Merci jeune fille, vous êtes bien aimable ! »

Je m’en serais voulu si la vénérable grand-mère s’était perdu en chemin dans le temple. Pourtant, notre trajet fut très court, à peine le temps de traverser l’immense hall du temple et je confiai la visiteuse à Frank, un frère à peine plus âgé que moi dont la bonne humeur communicative était un atout précieux pour le poste de guide qu’il occupait. Il avait la tâche de prendre en charge les nouveaux venus après qu’un autre frère ou sœur , moi en l’occurrence, les ait accueilli.

Il présenta donc galamment son bras à la mamie qui ne fut que trop heureuse de se laisser guider par un séduisant jeune homme. Franck saurait l’aiguiller pour sa « retraite spirituelle » Mais avant de disparaître de ma vue, il se retourna et m’adressa un grand sourire complice. Apparemment, il n’avait rien loupé de ma mésaventure et s’en était beaucoup amusé !

Je revins alors à mon poste à l’entrée où je devrais être tranquille pour un petit moment. Je demandai alors à Dom des nouvelles de mes deux autres Pokémon :

« Comment va Jet ?
-Très bien, comme d’habitude. Il prend très au sérieux son rôle d’éclaireur du temple et guide les visiteurs sur le derniers kilomètre jusqu’à nous, comme tu le lui a demandé. Dois – je préciser qu’il adore voler comme ça du matin au soir ?
-Parfait ! Et maman ?
-Ca va aussi. Je lui ai parlé il y a un quart d’heure, elle guidait un groupe de visiteurs.
-OK ! Et pour notre petit jeu ? Qui est en tête ?
-Moi. J’ai 15 points, tu en as 13.
-Donc je suis pas loin derrière ! Je vais te rattraper !
-Nous verrons cela au prochain visiteur ! »

Pour passer le temps lors de ces journées qui pouvaient se révéler ennuyeuses, Dom – qui était le seul de mes Pokémon à rester en permanence avec moi – m’avait proposé un petit jeu. Avant chaque visiteur, l’un d’entre nous choisissais deux critère et l’autre un paramètre par critère choisi. Chacun d’entre nous devait alors se positionner au dessus ou en dessous du paramètre et nous comptions les points. Cela ne servait absolument à rien mais ça faisait passer le temps… Même si je me demandais parfois si le petit oiseau n’utilisait pas de temps en temps ses pouvoirs de prescience pour rester juste devant moi en termes de points ! Mais il était temps de relancer le jeu !

« Alors Dom ? Tu veux parier sur quoi pour le prochain visiteur ?
-Restons simples. Son âge et son origine.
-D’accord ! Alors pour l’âge je dis qu’il aura moins de trente ans… Et qu’il sera originaire d’Erasia.
-Soit. Je prends donc plus de trente ans et originaire de Tenkei ! »

Il ne restait plus qu’à ce que le prochain visiteur se présente pour nous départager !

par **Chad Kehr** Dim 19 Avr 2020 - 0:22

Ouep, je sais ce que vous vous dites : mais qu’est-ce que tu fous là ? Moi aussi, j’me l’demande ! À l’origine, l’idée était simple : quitte à avoir traversé mers et cieux pour capturer mon Evoli, autant profiter un peu du pays et visiter ! Déjà, rien que le Lac de la Liberté l’autre jour était magnifique, et l’air est pur comme jamais dans ce coin, ça me rendrait presque mon odorat ! J’imagine que j’aurais l’occasion de découvrir des tas d’autres endroits vachement cool en vagabondant de gauche à droite, comme ça. Du coup, je m’y suis mis.
Puis, j’ai réalisé que j’avais aucune idée d’où aller et que je marchais au hasard, ce qui ne risquait pas de m’amener à des endroits intéressants. Alors au final, j’ai suivi un Poichigeon.
Bon, d’accord, c’est stupide comme idée… Mais eh ! Il avait l’air vachement motivé à l’idée que je le suive, le truc ! Et au passage, je sais, ce n’est pas un Poichigeon, mais comme j’ignore ce que c’est, que ça vole et que c’est petit, ça restera un Poichigeon en attendant de trouver mieux.

C’est ainsi qu’après avoir traversé un bon kilomètre d’arbres, montagnes et ruisseaux, je vis pointer au loin les premières coupoles d’une structure humaine perdue au milieu de nulle part. La vache ! Un temple perdu ! En premier lieu, je l’espère vide, histoire d’explorer un endroit mystérieux et d’y dégoter un trésor… puis j’me dis, avec un brin de recul, qu’en fait ça serait tout aussi drôle de parler avec des moines. Je les imagine la tête rasée et balançant tout un tas de proverbes incompréhensibles – d’autant plus pour quelqu’un ne parlant pas la langue –. Définitivement, j’veux voir des moines ! Alors je presse le pas, Hâmon et Yvain sur mes talons.

Ça fait un moment qu’ils sont sortis de leur pokeball, ces deux-là. Plusieurs jours, depuis notre départ de chez Miku. Je crois même qu’Yvain n’a encore jamais connu la sienne ! Faut dire que j’commence à m’habituer à pioncer à la belle étoile, même si je ne cracherai pas sur un bon lit douillet de temps à autres.
Bref, je parle, je parle, et voilà que nous y sommes. Hypothèse numéro deux, je te salue : Y’a des gens à l’entrée. Une personne, au moins : une fille d’à peu près mon âge, je dirais, un peu plus selon sa taille. Son costume aux couleurs florales rosées contraste avec ma tenue de voyage encrassée du dernier mois, c’est un ravissement pour les yeux ! Et puis toutes ces fleurs, c’est mignon comme tout ! Encore que ça, c’est surtout Hâmon qui semble s’en régaler dès le premier regard. Le voilà qui me devance, accoure jusqu’à la demoiselle et lui tourne autour en remuant sa queue touffue, les yeux rivés sur cette belle chevelure. Yvain, de son côté, semble tout aussi intrigué par le temple que par celle qui nous y accueille : il balaie les lieux du regard avec un intérêt non dissimulé, la gueule restée entrouverte d’ébahissement. En revanche, il est moins démonstratif et se contente de suivre mon pas, bien plus sage qu’un certain Moufouette qui n’en fait qu’à sa tête.
Pour en revenir aux cheveux de la demoiselle, moi, c’est plutôt le piaf qui y est juché qui m’intrigue. Ça remue, donc ça semble vivant ! En voilà un perchoir qui doit être agréable. En tout cas, pas moyen de la regarder deux minutes sans avoir les yeux qui dérivent vers le haut, attiré par l‘étrange créature.

Après avoir remercié le Poichigeon de m’avoir guidé jusqu’ici, j’interpelle l’étrangère en m’approchant d’un pas serein, les mains croisées derrière mon crâne :

— Salut ! J’viens pour…

Mince, j’ai parlé dans ma langue : mauvais réflexe. Je m’interromps, secoue la tête et ressors mon habituel calepin des principaux mots Nalcien :

— Bonjour… moi… découvrir… ici ?

Je hausse un sourcil, incertain d’avoir correctement choisi et prononcé ces quatre mots. D’jà qu’ça m’avait gonflé d’apprendre à lire, à l’orphelinat, je n’avais pas prévu d’apprendre quatre langues de plus durant mon voyage. Sincèrement, j’espère qu’une dame empalée télépathe, ou n’importe quel autre Pokémon similaire va apparaître, sans quoi, la visite risque de couper court !

par **Alice Silver** Lun 20 Avr 2020 - 19:46

Et le visiteur suivant est… Un jeune garçon blond qui semble originaire de Tenkei vu ses propos ! Ca fait un moment que je n’y ai pas mis les pieds et mon midgardien est un peu rouillé. Visiblement il a moins de trente ans. Il fait même plus jeune que moi ! Mais vu comment il parle, il ne vient pas d’Erasia. Un partout, comme le confirme Dom dans mon esprit :

« Seize pour moi, quatorze pour toi. L’écart de deux points ne bouge pas. »

Mais pour l’heure, pas le temps de penser à notre pari : il faut accueillir le visiteur, ou plutôt les visteurs car le garçon est accompagné de deux Pokémon, un Evoli apparemment assez craintif qui reste auprès de son dresseur et apparaît aussi impressionné que lui par la grandeur du temple et une Moufouette bien plus entreprenante puisqu’elle vient vite furter à mes pieds en reniflant, tandis que son dresseur fixe un point légèrement au-dessus de mes yeux. J’imagine que lui est attiré par Dom et que elle apprécie l’odeur des fleurs de cerisier que j’ai dans mes cheveux et sur mon kimono ! Ca doit être ça puisque je me suis douchée ce matin ! Avec un sourire, je me présente donc au jeune homme :

« Bienvenue à toi voyageur ! Tu n’as pas à t’en faire pour la langue, tu peux parler midgardien si tu veux. Je ne suis pas une experte dans ta langue mais Dom, qui est sur ma tête, peut se charger de la traduction télépathique instantanée… Si la télépathie ne te dérange pas ! »

Ayant lui aussi remarqué l’attention que lui porte le garçon, Dom se présente à son tour :

« Je m’appelle Domenicus mais tout le monde m’appelle Dom, pour faire plus court. Je suis un Natu, un petit oiseau psychique semblable aux Cryptéro qui existent sur ton continent d’origine. Enchanté. »

Afin que le jeune homme puisse mieux voir le Pokémon qui l’intrigue tant et afin de satisfaire la curiosité du rongeur aubergine, je commence à m’accroupir pour me mettre au niveau de la bestiole. Mais plus je descends, plus mes narines renâclent devant l’horrible odeur du Pokémon. Déjà qu’en haut ça ne sentait pas la rose… Heureusement,j’ai une solution : mobilisant ma maîtrise, je génère un tout petit courant d’air descendant au niveau de mon nez pour interdire aux effluves qui provenaient d’en dessous d’y parvenir. Au passage, j’attrape quelques fleurs sur ma tête et les tend gentiment à la Moufouette pour qu’elle les respire… Ou qu’elle les mange. Après tout je ne savais pas pourquoi ces fleurs l’intéressaient. J’en profite pour fournir quelques explications là-dessus :

« Ce sont des fleurs de cerisier. Elles sont belles n’est-ce pas ? C’est la saison en ce moment. Les arbres sont en fleur et ils sont magnifiques ! Au fait, je m’appelle Alice Silver et je suis une des moniales de ce temple. Enchantée. »

Avant que je n’aie pu poursuivre, Frank revient dans le hall. Il a dû confier la vieille dame aux bons soins d’un instructeur en maîtrise de l’air. Il m’interpelle :

« Alice ! C’est bon, Sam va te remplacer à l’accueil ! Tu peux emmener ce garçon en visite et aller manger si tu veux ! Vas-y, je vais prendre la relève le temps que Sam arrive, elle est en chemin !
-Ok ! Merci Frank ! »

Dom avait également traduit les propos de Frank pour que le jeune homme puisse comprendre la situation. Du coup, je lui annonçai gentiment la suite du programme en me relevant après avoir laissé les fleurs en cadeau à son Pokémon :

« Si vous voulez, je peux vous montrer les merveilles du temple avant que nous allions manger ? Je connais notamment un balcon au troisième étage qui donne directement sur un champ de cerisier en fleur. La vue vaut le détour, surtout en ce moment ! Qu’est-ce que tu en dis ? Ah au fait, je peux te demander ton nom et d’où tu viens ? Ce n’est pas obligatoire d’y répondre mais j’aime bien savoir avec qui je parle ! Et si tu as des questions sur le temple, n’hésite pas, je ferai de mon mieux pour y répondre ! »

Avec les années, j’étais désormais rodée pour accueillir les visiteurs !

par **Chad Kehr** Mer 22 Avr 2020 - 22:53

— Oui ! m’exclamai-je sur un ton victorieux sans y penser.

De la télépathie ! Je lève les mains au ciel, plus que ravi d’abandonner un cours de langue forcé au profit d’une discussion assisté. D’ailleurs, contrairement aux précédents traducteurs que j’ai croisé, le fameux Natu ne manque pas de participer à son tour.
Attendez… Natu ?

— Ah ! Mais j’connais ça, Natu ! Y’a un des gars, à l’orphelinat, qui n’arrêtait pas d’en parler ! Soi-disant qu’vous voyez l’avenir, et tout, c’est vrai ?

En vrai, j’avais autre chose en tête : Xatu, ou un truc comme ça. Mais l’autre grande gueule s’était surement trompée, en plus d’avoir exagéré son histoire. Soi-disant qu’il avait un lien avec un Pokémon comme ça, alors qu’en vrai, on savait tous qu’il trichait. Vous l’aurez compris : j’espérais un non, juste pour lui faire fermer son clapet !
Pendant ce temps, la demoiselle s’est accroupie auprès d’Hâmon : je souris en la voyant faire. Ce ne sera pas la première, ni la dernière à se faire avoir ! En revanche, j’admire sa détermination. À moins qu’elle n’ait un truc, elle aussi ? J’croyais être le seul à supporter la proximité du putois.
De son côté, le Moufouette hume les fleurs avec attention, la queue battante dans son dos tant il les trouve ravissantes. L’hésitation est de courte durée : frottant sa tête contre la main de l’humaine, Hâmon la supplie presque de lui offrir les fleurs pour sa parure du jour. Décidément, il les adore, les fleurs, le bougre, et il en a rarement vu d’aussi belles !

Alors qu’Alice venait de se présenter, un homme nous interrompt. Je reste de côté en les regardant discuter, me retrouvant dans une curieuse situation : tandis que les deux personnes parlent, le chapeau de la première continue à converser avec moi pour me traduire une discussion à laquelle je ne participe pas. Rien d’incroyable, sans doute, mais j’sais pas, ça m’a fait bizarre, sur le coup.

Du coup je manque un peu le début de sa présentation des lieux, mais j’accepte d’un hochement de tête ce qu’elle me propose : de toute façon, ça ne peut qu’être cool de visiter cet endroit !
Bref, je reprends du poil de la bête une fois qu’elle me demande mon nom :

— Moi c’est Chad, j’viens de Dyrinn !

Et sans prévenir, je me baisse pour attraper le plus discret d’entre nous et le soulever par les pattes-avant jusque sous les yeux d’Alice.

— Et lui, c’est Yvain, le meilleur de tous les Noctali !

Si j’affiche un large sourire, aussi fier que si mes dires avaient déjà été prouvés, l’Evoli, lui, n’en mène pas large. Ses yeux grands ouverts questionnent Alice et son Natu, incertains de ce qu’on attendait de lui en le présentant aussi glorieusement.
Comme s’il m’avait entendu faire les présentations, voilà qu’Hâmon revient vers nous de son rythme guilleret, enfin satisfait de sa nouvelle tenue. À force d’acharnement via ses petites papattes, il avait réussi à incruster un petit collier de fleurs autour de son oreille gauche. Une dernière fleur pendait du côté de sa gueule, tenue par la tige, aussi ravi que s’il avait réussi à combler son épouvantable odeur. Puisqu’il le réclamait, je le présentai à son tour, non sans ironie :

— Et notre fleuriste national, bien sûr, c’est Hâmon !

Ceci fait, je suivis Alice avec enthousiasme, ravi de découvrir son curieux monde de moniale. D’ailleurs…

— Au fait, j’croyais qu’on était obligé d’se raser la tête pour être moine ?

Allez, pouf les clichés ! Que voulez-vous ? je n’ai encore rien vu du pays, moi !

La visite se passe, j’écoute Alice – ou plutôt Dom – avec attention, un air plus qu’intéressé sur le visage et mon cher Evoli callé dans le creux de mon bras pour lui caresser la tête de mon autre main. J’crois qu’il allait finir par s’endormir, mais Hâmon en a décidé autrement. Ce n’est pas souvent qu’on l’entend hurler, le bougre, mais je découvre aujourd’hui qu’il a du coffre ! Un énorme "FOUEEEETTE !" résonne en écho à travers les pierres du temple.
Je le vois tortiller du derrière, bondir sur le rebord d’un balcon et fureter dans tous les sens, des étoiles dans les yeux. Devant lui, un superbe champ d’arbres fleuris de milliers de roses, toutes aussi magnifiques que celle tombée de sa gueule sous le coup de l’émerveillement. Il tortille du cul. Une deuxième fois. Il ne va pas faire ça, n’est-ce pas ? Il n’est pas con à ce point, n’est-ce pas ?

Ah… Si…

— Crétin !

Quand j’pense que ce n’est même pas son nom qui m’est venu, mais une simple injure destinée à l’arrêter ! L’idiot sans nom a bondit, poussant de toutes ses forces pour atterrir dans les branches du cerisier le plus proche. Et le pire, c’est qu’il y est parvenu, ce con, qui maintenant court de long en large sur toutes les branches de l’arbre sans savoir où donner de la tête. J’sais pas où il a été puiser une telle détente ou s’il a subitement appris à voler, mais il l’a fait !

par **Alice Silver** Ven 24 Avr 2020 - 13:50

« En fait non, je ne vois pas l’avenir. Pas encore. Mes pouvoirs psy ne sont pas encore assez développé. Il faudrait que j’évolue en Xatu pour cela »

Vu le temps qu’a mis Dom pour répondre à la question de Chad, j’imagine qu’il était perdu dans ses pensées à résoudre un problème que lui seul avait remarqué, comme cela lui arrivait souvent. Profitant du fait que nous soyons arrivés à destination sur le bbalcon, je reprends la discussion avec le jeune homme :

« Ton Evoli est vraiment mignon ! Mais pour qu’il puisse évoluer en Noctali, il est nécessaire qu’il soit très attaché à son dresseur et que cet attachement soit réciproque. Et vous avez l’air d’être sur la bonne voix ! »

Le petit renard semble en effet heureux avec son dresseur, même si pour le moment, son regard donne clairement l’impression qu’il hésitait sur la conduite à tenir. Je lui fais donc un petit sourire pour le mettre en confiance.

La Moufouette quant à elle n’avait pas chômé sur le chemin jusqu’au balcon puisqu’elle avait réussi je ne sais comment à se fabriquer un petit collier de fleurs accroché autour de son oreille, en plus des quelques fleurs qu’elle avait piquées dans sa fourrure. Elle avait l’air de particulièrement les aimer… Ce qui était assez étrange vu son espèce ! Est-ce qu’elle ne cherchait pas à masquer son odeur naturelle assez… Spéciale avec ces fleurs ? Pour ne vexer ni Chad ni son Pokémon, je garde donc ma réflexion pour moi et préfère complimenter le Pokémon aubergine en levant le pousse :

« Tu es magnifique ! Ces fleurs te vont super bien ! »

Mais alors que j’allais répondre à la question de Chad sur la coiffure des moines, un incident me coupa dans ma phrase : irrésistiblement attirée par l’odeur des cerisier que nous avions sous les yeux, la dénommée Hâmon prend son élan, saute par-dessus la balustrade en criant son nom et atterrit directement sur la branche d’un des cerisiers, où elle commence alors à gambader gaîment entre les fleurs. Chad semble assez perplexe fasse à ce comportement si j’en crois son commentaire mais ce n’est pas mon cas. Je lui réponds donc en riant

« Ce n’est pas grave, au contraire ! Ce serait triste s’il n’y avait personne pour s’amuser avec ces arbres ! Et puis comme ça Hâmon peut se parfumer à peu de frais ! »

Un peu d’animation et de jeux, ça ne fait jamais de mal !Je m’adresse ensuite directement au putois puis à son dresseur :

« Quand tu voudras revenir, dis-le moi ! Je ferai souffler une bourrasque qui te ramènera sans danger sur le balcon ! A moins que tu ne veuilles t’en charger Chad ?»

Puis j’en revins à mon histoire de coiffure :

« En fait, la tonsure ou le crâne rasé chez les moines est une tradition, pas une obligation. Les moines de l’air sont pour la plupart des gens très libres d’esprit et ceux qui se sont rasés le crâne l’ont fait parce qu’ils y voyaient un intérêt. Ca peut être pour marquer sa fidélité à un enseignement, pour avoir une meilleure perception de l’air sur la peau nue… Mais personne n’est forcé à le faire, surtout s’il n’y voit pas d’intérêt ! Pour ma part, je trouve ça plus pratique d’avoir ma chevelure parce que ça me permet de mettre des fleurs dans mes cheveux par exemple et parce que ça tient chaud en hiver, donc je les garde ! J’espère que ça répond à ta ques... »

Je n’ai pas fini ma phrase qu’un grognement rauque se fait entendre, un grognement… Tout droit venu de mon estomac. Traduction du message : j’ai faim ! Il y a encore un an j’aurais rougi de honte de la tête au pied si un tel incident s’était produit devant un visiteur. Aujourd’hui, j’affiche simplement un grand sourire rieur et lance au jeune homme :

« Ah, on dirait qu’il est l’heure de manger ! Normalement on ne devrait pas tarder à entendre... »

Un son de clochette cristallin retentit dans tout le temple. J’explique à Chad :

« Ca, c’est le signal que le repas va être servi ! Tu veux manger un morceau avec moi au réfectoire du temple ? «

Et nous redescendons en direction d’une des salle-à-manger du rez de chaussée. De grandes nappes blanches on déjà été dressées sur les immenses tables rectangulaires en bois massifs mais les couverts n’ont pas encore été disposés. Je sais ce qu’il me reste à faire mais avant je préviens mon visiteur :

« Tu peux t’asseoir sur un banc pour me garder une place si tu veux. Je vais aider les autres moines à dresser le couvert, ça ne sera pas long ! »

Et je me dirige d’un pas décidé vers les cuisines où se trouvent lesdits couverts. Mara, la vieille cuisinière plus ridée qu’une pomme âgée m’accueille avec un grand sourire, que je lui rends ! Comme d’habitude, elle prend le plus grand soin du contenu des trois immenses marmites qui mijote devant elle

« Bonjour Mara ! Hum, ça sent super bon ce que tu nous prépares ! Qu’est-ce que c’est ?
-Bonjour Alice ! Risotto au champignons pour aujourd’hui !
-Miam ! Ca a l’air délicieux ! Mais pour les champignons, est-ce que tu as bien pensé à…
-Et si tu prenais ces couverts et que tu allais les poser sur la table avant de dire des bêtises hein jeune fille ?
-Chef oui chef ! »

Et je ressors de la cuisine avec une brassée de fourchettes, couteaux et cuillères que je disposais autour des assiettes qui étaient apparues en mon absence, apportées par d’autres moines. Comme nous sommes nombreux sur la tâche, le travail va très vite, et quelques minutes plus tard, je me retrouve assise aux côtés de Chad alors que le repas n’a pas encore était servi. Mara est sans doute en train d’y ajouter un des ingrédients de dernière minute dont elle a le secret !

Pour passer le temps, je racontais donc une petite anecdote amusante à mon invité :

« Aujourd’hui c’est risotto champignon ! Tu verras, celui de de Mara, notre cuisinière, est exquis ! Enfin, tous sont exquis sauf le précédent qu’elle a préparé ! Elle a utilisé des champignons qui étaient recouverts des spores d’un Pokémon champignon assez rare qu’on appelle Spododo. Son espèce a été re-découverte récemment à ce qu’on m’a dit. Et les spores de ce Pokémon ont un effet assez… Planant si tu vois ce que je veux dire ! Du coup, pendant quatre heure après le repas, tous ceux qui avaient mangé du risotto, a fait une expérience astrale assez spéciale durant sa méditation post repas ! Mais au final, c’était assez rigolo ! »

[N'hésite pas à relancer la visite après le repas si tu en as envie. Tu peux jouer un peu Alice au besoin^^]

par **Chad Kehr** Sam 25 Avr 2020 - 21:40

Ah ben merde, c’était vrai ? Non, impossible. Déjà, il n’avait jamais vu de Xatu, l’autre. Et si ça existait, un oiseau voyant l’avenir, ça aurait déjà foutu un sacré bordel, non ? J’ai froncé les sourcils sans répondre au Natu, incertain de pouvoir le croire. Au fait, pourquoi il mentirait, le piaf ? On ne se connait pas, et j’ai eu l’impression que ma question lui paraissait commune, malgré son curieux temps de réponse. Si ça se trouve, c’était vrai…
Heureusement qu’Alice était là pour m’éviter d’errer dans d’éternels questionnements. Elle est plutôt sympa, jusqu’ici ! Souriante, et enthousiaste sur tout ce que j’raconte, que ce soit Yvain, Hâmon ou même l’histoire du crâne rasé. Bon, j’ai encore du mal à imaginer que des types décident de se raser la tête sans qu’on les y ait obligé, mais j’comprends mieux d’où vient cette légende urbaine pas si fausse. Et puis, grâce à elle, j’me retrouve même invité à manger ! Je n’ai jamais trop d’enthousiasme à bouffer, vu que j’sens presqu’aucun aliment, mais ça reste meilleur quand c’est gratuit.
J’note au passage qu’elle est vachement décontractée, pour une fille ! Y’en a plus d’une, à l’orphelinat, qui serait partie en pleurant de honte après avoir laissé échapper un tel gargouillis. Ça m’aurait fait marrer, j’avoue ! Mais là, ça a surtout éveillé ma curiosité : à quel point fait-elle semblant, la demoiselle ? J’me suis contenté d’un sourire amusé à cette pensée sans en parler, bien décidé à le découvrir en acceptant sa proposition de déjeuner.

Et me voilà seul, assis sur un banc alors qu’une foule de moines et moniales s’agitent pour préparer le repas. En l’absence de réponse de sa part – et d’un simple haussement d’épaules de la mienne –, Hâmon s’est fait abandonner dans les arbres. J’suis pas inquiet, il trouvera un moyen de revenir, et au pire, quelqu’un finira par me le ramener en me suppliant de faire quelque chose pour sa puanteur. Ouep, aucun doute : ça finit souvent comme ça.
Une queue touffue s’agite devant moi. C’est vrai, y’a toujours Yvain. Je l’ai déposé au bord de la table, et Monsieur n’a pas bougé d’un poil, assis face aux marmites dégoulinantes de bonnes odeurs. J’imagine sa lutte intérieure pour ne pas bondir en voyant son petit museau remuer et fureter de gauche à droite. Il se retient même d’ouvrir la gueule, chaque balayage de sa langue sur son museau trahissant déjà qu’il salive comme jamais.

— Eh bien, t’as l’air plus gourmand qu’moi, toi !

Tant mieux : comme le disait Alice, j’dois faire en sorte qu’il s’attache à moi. S’il aime la nourriture à ce point, j’aurais qu’à le goinfrer et nous serons les meilleurs amis du monde ! D’ailleurs, en parlant d’Alice, elle revient pile à ce moment. Je l’accueille, ainsi que son anecdote, d’un air ravi avant de blaguer sans retenue :

— J’aurais bien testé c’plat-là, moi, il n’en reste pas à tout hasard ?

J’dis ça, mais je finis mon assiette sans rechigner. Comme souvent, je tais mes commentaires intérieurs sur leur cuisine, ne souhaitant pas entrer dans les détails et expliquer qu’il m’aurait été aussi plaisant d’avaler du pain trempé dans l’eau. De mon point de vue, je trouve ça dingue l’énergie que perdent les gens pour cuisiner des trucs qui goûtent tous pareil.
Le repas touche à sa fin lorsqu’un rot s’échappe autour de la table. Les regards pivotent de gauche à droite, à la recherche du coupable, jusqu’à tous se rejoignent sur un Evoli aux oreilles basses, lequel tente en vain de se faire minuscule derrière sa gamelle vide. J’éclate de rire, tapotant le morfal du bout de ma main en m’exclamant :

— J’dirais que vot’cuisinière vient d’obtenir l’badge de fin gourmet !

Au moins, il rattrape mon silence vis-à-vis de la bouffe ! J’avais peur qu’ils se vexent devant mon air nonchalant du type voulant faire bonne figure alors qu’il se force à finir son assiette.
Je me retourne vers Alice, reprenant la discussion comme si de rien était :

— Oh, ça me fait penser ! Est-ce que tu crois qu’il reste des champignons inutilisés en cuisine ? Hâmon va rater le repas, faudra qu’j’aie quelque chose à lui donner plus tard sinon j’le connais, il va débarquer en cuisines.

Et personne ne veut voir un Moufouette débarquer dans les cuisines. C’est un coup à vous priver de repas pour les semaines à venir !

Les moines s’agitent à nouveau. J’attends Alice une seconde fois, le temps que les tables soient vidées et nettoyées, puis me lève en vue d’achever la visite commencée ce matin. Yvain marche au ralenti derrière-nous, un air bête sur le visage et le ventre bombé. Je m’amuse en le surveillant du coin de l’œil, impressionné de le voir tituber à chaque pas. Et voilà qu’un second rot lui échappe. Encore plus misérable que la première fois, l’Evoli se plaque au sol les pattes sur le visage pour cacher sa honte. J’crois qu’il n’a pas l’habitude qu’on le laisse s’empiffrer sans surveillance, le gourmand connait mal ses limites. Heureusement que Miku ne voit pas ça, j’aurais droit à un beau savon !

— Au fait ! interpellai-je Alice avant de ramasser l’infirme temporaire. Tu parlais d’méditation tout à l’heure ? Tu y participes ? Est-ce que tu penses que j’pourrais venir avec vous ? Je n’ai jamais tenté d’truc comme ça, ça doit être marrant !

En vérité, ça m’a l’air particulièrement chiant, de ce qu’on m’en a raconté. Sauf qu’avec Alice comme guide, j’imagine la chose différemment, plus entrainante que la vision d’une sieste assis en tailleur devant un vieux récitant ses dogmes. Et puis, ça m’aidera peut-être à deviner si elle agit de façon naturelle ou non !

par **Alice Silver** Dim 26 Avr 2020 - 17:21

Tout en mangeant avec appétit, je ne peux m’empêcher de remarquer que Chad mange sans grand enthousiasme. En tout cas avec moins d’enthousiasme que moi… J’espère qu’il n’est pas allergique aux champignons ! Non, sinon il n’en mangerait pas du tout… Il n’a peut-être pas très faim tout simplement. En revanche, son Evoli dévore tout ce que son dresseur lui a donné. Ca fait plaisir à voir !

Alors que le petit renard termine son repas, il lâche un rot sonore qui résonne dans tout le réfectoire ce qui me fait éclater de rire, tout comme nos voisins les plus proches. Le regard penaud que nous jette l’Evoli en retour eest des plus mignons et je m’empresse de le rassurer :

« Ne t’en fais pas, même si on rigole, personne ne t’en veut d’avoir roté ! Ca veut dire que tu as bien mangé, c’est une bonne chose ! »

Chad me demande alors s’il peut récupérer de la nourriture pour sa Moufouette dans les cusisines.

« Pas de souci, on va les chercher ensemble si tu veux »

Une fois ma dernière bouchée avaler, je laisse Dom finir ce qui reste dans mon assiette. Comme le dit l’adage, il a un appétit d’oiseau et oublie parfois qu’il doit manger pour vivre, perdu comme il est dans ses réflexions. Du coup, je lui garde à chaque repas un peu de ma part, pour qu’il puisse se nourrir régulièrement.

Puis je rassemble quelques assiettes laissées par les convives déjà repartis et les ramène jusqu’aux cuisine où Mara se trouve toujours mais prête à partir pour aller elle-même manger. Je laisse Chad à ses bons soins pour qu’il puisse formuler sa demande tandis que je fais plusieurs aller-retours dans la cuisine, les bras chargés de couverts sales, pour que certains moines puissent ensuite les laver dans les bacs d’eau déjà remplis qui les attendent dans la cuisine.

Lorsque je reviens,Chad tient son Evoli dans ses bras et ce dernier n’a pas l’air au meilleur de sa forme, ce qui m’inquiète un peu :

« Qu’est-ce qu’il a ? Tout va bien ? »

Heureusement, il a simplement un peu trop abusé de la bonne chère !

« Si tu veux, nous avons des herbes médicinales qui aident à digérer, je pense que ça te ferait du bien. Et désolé d’avoir oublié ta question de tout à l’heure sur la méditation. Avec tout ce remue-ménage, j’en ai zappé ta question. Bien sûr que tu peux venir ! Tout le monde peut méditer. C’est très facile à comprendre la méditation mais bien plus dur à maîtriser ! Viens, suis-moi ! »

Et nous nous dirigeons vers le premier étage, d’abord dans une salle dont les murs sont tapissés de petits placards et de plantes en pots.

« C’est un de nos stocks d’herbe médicinale. En fait c’est presque une herboristerie, tenue par Calvin, un des moines du temple. Mais pour le moment il n’est pas encore là, je l’ai vu faire la vaisselle dans les cuisines tout à l’heure. Mais ce n’est pas grave, je sais où se trouvent les herbes digestives, ce n’est pas la première fois que j’en utilise ! »

Je finis par ouvrir un des tiroirs d’un geste sûr pour en extraire une grosse racine pas forcément appétissante et pourtant…

« C’est de la racine de radis noir. Le goût n’est pas horrible et ça aide bien à digérer en cas de soucis gastriques ! Bon, c’est bien meilleur en velouté mais mieux vaut faire au plus vite pour le pauvre Yvain ! »

Une fois le Evoli soigné, nous nous dirigeons vers la salle de méditation. Comme c’est un lieux calme, je préfère expliquer à Chad les bases de la méditation avant d’ouvrir la porte de la salle.

« Bon, comme tu m’a dis que tu n’avais jamais essayé de méditer, je vais t’expliquer le b.a-ba de l’exercice ici parce que c’est une pratique qui demande du calme et il est mal vu de parler dans la salle.

Méditer, c’est se connecter à l’instant présent, à ce que tu es en ce moment même sans penser à rien. Dit comme ça, ça a l’air facile mais je t’assure que c’est bien plus dur qu’il n’y paraît. Notre cerveau est conçu pour agir et l’inaction lui est insupportable. Pour canaliser ses pensées, l’astuce la plus courante, c’est de se répéter un mantra, une suite de mots qui servent à focaliser sa pensée ou alors à respirer lentement et à se concentrer sur sa respiration.

Petit à petit, tes pensées devraient disparaître et tu méditeras. Mais ne t’en fais pas si tu n’y arrives pas. Essayer de méditer, c’est déjà méditer quelque part. Tes Pokémon peuvent venir s’ils restent calmes.

Beaucoup de moine méditent en position du lotus, assis en tailleur, mais c’est plus une tradition qu’autre chose. Tu peux méditer dans la position de ton choix, debout, assis ou couché, yeux ouverts ou fermé tant que ton regard reste fixe. Certains préfèrent fixer un mur blanc, d’autre une image unique et toujours la même. C’est à toi de choisir en fonction de ce qui t’attire le plus. N’hésite pas à essayer plusieurs position. Tant que tu ne fais pas trop de bruit, personne ne t’en voudra, au contraire ! »

Pour finir, j’ouvre la lourde porte de bois en chuchotant : « C’est parti ! »

par **Chad Kehr** Jeu 30 Avr 2020 - 23:55

Des herbes médicinales ! Un rire nerveux m’est venu à cette allusion. J’en ai dans ma besace, au milieu de tout mon bordel, mais je n’ai pas jugé nécessaire de les utiliser. Alice m’a guidé jusqu’à son propre stock de radis noir, bien différents des feuilles de menthe que j’utilise habituellement. C’est toujours sympa de découvrir de nouvelles plantes ! En revanche, Yvain rechigne à avaler davantage de condiments, encore moins quelque chose d’aussi peu gouteux. Je le force en lui ouvrant la gueule avec délicatesse. Il m’en remerciera plus tard. Une fois repartis en direction des salles de méditation, l’Evoli a beau tirer la langue de dégoût, il aura finalement avalé autant du radis que nécessaire.

Je remercie Alice une énième fois, et nous voilà finalement devant l’antre des méditations.
Sauf que la porte reste close. Au lieu de pratique, j’ai droit à un cours théorique avant d’y entrer. Je retiens un bâillement à mi-route de son explication, portant ma main sur ma bouche. Dans quoi j’ai été me fourrer, moi ?
Bon, résumons… Pas un bruit – Heureusement qu’Hâmon n’est pas là –, respirer lentement, et répéter un truc en boucle dans ma tête. Je finis par hocher la tête à la fin de son discours, croyant avoir tout compris excepté l’intérêt d’un tel exercice. Allez, malgré-tout, ça se tente !

À l’intérieur, les gens sont assis dans diverses positions, comme énoncé par Alice. Beaucoup sont en tailleurs, ainsi, je les imite pour une première tentative, m’installant juste à côté d’Alice pour essayer de suivre son rythme.
Déposant le jeune Yvain sur le sol, je lui fais signe de rester silencieux d’un doigt posé sur son museau. Il semble comprendre le message, puisqu’il s’assoit à son tour et observe les gens autour de lui. J’crois pas qu’il ait pigé l’exercice non plus, mais au moins, ce n’est pas lui qui les dérangera.
Je prends position, les yeux clos et les mains posées sur mes genoux. Ah, oui ! Une phrase ! Un sourire en coin apparait sur mon visage, tandis que je me répète en boucle : *Yvain deviendra le plus grand des Noctali.* J’essaye de retrouver l’image de mon passé, de ce Noctali qui m’avait secouru. Je le revois, l’adapte et le transforme jusqu’à imaginer un Yvain lui ressemblant. Un peu plus jeune, à peine, mais aussi impressionnant. Là ! J’ai l’image. Du moins, j’vois un truc qui y ressemble. Je dois la fixer, répéter cette phrase, la refixer, et rester ainsi aussi longtemps qu’il le faut. *Yvain deviendra le plus grand des Noctali.*
Et après, il va se passer quoi ? Mon rêve va se réaliser, c’est ça ? Surement. C’est bizarre comme truc, quand même. J’me demande qui a eu l’idée en premier. Un type qu’aimait bien flemmarder, à tous les coups.
Oh, mince, la phrase ! *Yvain deviendra le plus grand des Noctali.*
Voilà, c’est dit. Allez, on répète encore : *Yvain deviendra le plus grand des Noctali.*
C’est chiant un peu. *Yvain deviendra le plus grand des Noctali.*
J’dois faire ça combien de temps ? Alice m’a conseillé de rester fixé sur son image et sa phrase, donc j’imagine que c’est important.
Oh, merde, la phrase ! *Yvain deviendra le plus grand des Noctali.*
J’aurais dû prendre une phrase plus longue, ça aiderait à passer le temps. Celle-là, elle fait combien de mots ? *Yvain deviendra le plus grand des Noctali.* Sept. C’est court sept. J’aurais dû dire : *Mon tout petit Evoli finira par devenir le plus grand des Noctali une fois que j’l’aurais vachement bien entraîné, parce qu’on est les meilleurs.* C’est mieux, c’est plus long, ça passerait plus vite. Par contre, c’est plus chaud à retenir ! C’était quoi, déjà ? *Mon petit Evoli deviendra…* non, j’avais fait plus long. Zut, et puis j’dois répéter l’autre : *Mon Evoli deviendra le plus..* Ah non, mince, je m’embrouille ! C’est Yvain, là. Allez, on reprend : *Yvain deviendra le plus grand…*
Ah, merde ! J’en ai complètement zapé l’image ! Allez, revoilà l’imagine du Noctali, la phrase répétée, et on reprend ! *Yvain deviendra le plus grand des Noctali.*
Qu’est-ce que j’m’emmerde ! Ça doit déjà faire un moment, non ? Si ça se trouve, il fait déjà nuit ! Alice a dû trouver que j’méditais tellement bien qu’elle ne m’a pas réveillé. Devrais-je tenter un coup d’œil, juste pour voir ? Allez, personne ne le remarquera, ils sont tous figés, de toute façon.

J’ouvre les yeux juste à temps pour voir, devant moi, la femme qui nous succédait dans les couloirs qui achève de s’installer. Ça signifie que j’ai fermé les yeux approximativement une minute. La vache ! Ça m’a paru infiniment plus long !
Je zieute Alice, à ma gauche. Elle semble perdue bien loin de nous, bien plus efficace que moi dans le processus. Un soupir m’échappe, que je tais aussitôt les mains sur ma bouche. Du coup, je reporte mon attention sur Yvain, lequel devrait être aussi incapable que moi d’accéder au graal de l’esprit.
Sauf que non, au grand contraire, Monsieur s’est endormi les quatre fers en l’air tandis qu’un brin de salive s’échappe de sa gueule entrouverte de bonheur.
Second soupir. Allez, j’fais pareil : je me laisse tomber sans délicatesse au sol, les bras en oreiller derrière ma tête. Voilà qui risque encore de déranger mes voisins. Désolé les amis, je débute !

Cette fois, pas de phrase, pas d’image. J’essaye juste de faire le vide. Oui, bon, vous l’aurez compris : je tente plus de m’endormir que de méditer, histoire de faire passer le temps. J’suis pas vraiment convaincu par l’expérience !

Au début, tout semble bien se passer. Mon estomac gargouille un peu du long processus qu’il entreprend après un bon repas, ça me berce. J’vais finir par y arriver, à m’endormir ! Sauf si ce foutu nez persiste à me gratter comme ça. Je remue une main, me la passe sur le visage, puis reprend ma position.
Hélas, ça me gratte encore. Alors je réitère, jusqu’à toucher un truc poilu à hauteur de mes yeux. Ces derniers se rouvrent, instinctivement, découvrant deux énormes bajoues violettes entourées d’une myriade de fleurs roses à quelques centimètres de mon visage.

J’ai hurlé. Ah, et j’ai aussi balancé Hâmon – le truc violet et rose bien flippant – à travers la salle par pur réflexe. J’crois qu’il se demandait ce que je foutais allongé par terre, alors que lui voulait me montrer sa fourrure couverte de fleurs de cerisier. Il a dû déplumer un sacré paquet d’arbres pour en venir à ce résultat, le bougre !

– BORDEL, Hâmon, qu’est-ce que… tu… fous…

Le doigt pointé sur le Moufouette, tête à l’envers contre un des murs, je réalise ma bêtise au fur et à mesure de ma réprimande. Le rouge me monte aux joues et je me fige, hésitant entre fuir et reprendre ma position comme si de rien était. Non, ça serait stupide : de toute façon, je ne comprends rien à l’exercice.

— Euh… désolé !

Sauf que ça aussi, c’est stupide. Tu d’vrais juste la fermer et partir, idiot !

par **Alice Silver** Sam 2 Mai 2020 - 19:09

Perdue dans le vide entre mes pensées, ma notion du temps s’évapore. Je ne pense plus, je suis. Tout simplement. Pourtant, au bout d’un moment, la présence de Chad me revient en mémoire ! Zut, je suis censée m’occuper de lui ! Je tourne donc la tête pour voir où il en est. Apparemment il a abandonné le lotus pour une position couchée. Pourquoi pas. Cette position est appréciée des débutants qui se sentent apaisés par cette position de sommeil. Le piège étant bien évidemment de ne pas s’endormir en cherchant à méditer. Mais bon, même s’il s’endort, personne ne lui en fera le reproche. Je reprends donc ma position initiale et retourne à ma méditation.

C’est un cri de Chad qui m’en tire quelques minutes plus tard. J’ouvre les yeux juste à temps pour voir Hamon voler jusqu’au mur du fond. J’en connais un qui a dû se faire surprendre en pleine méditation !

N’étant pas une maîtresse incontestée de la méditation, je ne peux m’empêcher d’éclater de rire devant un tel spectacle, bientôt imitée par une bonne partie de la salle qui n’a rien loupé de la scène. Les seuls à ne pas rire sont la femme qui se trouve au fond de la pièce, juste à côté de l’endroit où Hamon a atterri et quelques méditants à l’air renfrogné. La femme invoque alors une brise pour éloigner d’elle la puanteur du rongeur tandis que les méditants contrariés jettent des regards noirs à Chad.

J’attrape alors son bras pour attirer son attention et lui fais comprendre que nous allons quitter la pièce. Il reste un dernier endroit du temple que je souhaite lui faire visiter. Une fois à l’extérieur, je tiens quand même à le rassurer :

« Ne t’en fais pas pour ce qu’il vient de se passer, les gens qui viennent dans cette salle en ont l’habitude. C’est une salle de méditation qui accueille aussi bien les initiés et les moines du temples que de simples invités débutants comme toi donc ce n’est pas la première fois que ce genre de spectacle arrive. Bon, il y a toujours quelques chagrins qui n’apprécient p)as ce genre de… Facéties mais c’est la vie ! Ils peuvent toujours aller dans des salles plus strictes s’ils le veulent ».

A peine avais-je terminé mon explication qu’un des hommes qui avait foudroyé Chad du regard ouvrait la porte et s’en allait d’un pas vif. Un autre « incident » avait probablement eu raison de sa patience. A bien y regarder, cet homme était assez étrange. Son crâne rasé et ses habits indiquaient clairement un moine de l’air mais je ne l’avais encore jamais vu. Il venait peut-être d’un autre temple ? Je repris mes explications :

« Si je t’ai fait sortir, c’est pas parce que j’y étais obligée mais parce que j’ai eu l’impression que tu en avais assez de méditer ? Je me trompe ? »

Et je lui fais un petit sourire pour lui faire comprendre que ce n’était pas grave. La méditation n’était pas faite pour tout le monde et il existait des tonnes de gens qui vivaient une vie heureuse et épanouie sans jamais méditer !

« Si tu veux, je peux te montrer le plus beau point de vue du temple ! Si tu as apprécié le balcon de tout à l’heure, tu vas adorer parce que c’est rien en comparaison de là où on va ! Allez, suis-moi ! »

Et je lui prends la main sans même attendre sa réponse, enthousiasmée par mon idée. Une visite du temple digne de ce nom ne peut pas faire l’économie de ce point de vue. Nous nous dirigeons donc au pas de course vers un escalier, puis un autre et encore un autre. Après six étages de montés, j’emmène Chad jusqu’à une grande fenêtre et je lui explique :

« A partir d’ici, il y a encore des étages au-dessus mais plus d’escaliers ! Pour monter, il faut utiliser un Pokémon volant ! Enfin, on dit que certains moines arrivent à grimper en utilisant uniquement leur maîtrise, mais ce n’est pas mon cas ! »

Ayant déjà compris ce que je voulais faire, Dom nous confirma à Chad et moi que tout était bon :

« Je l’ai appelée, elle a fini sa visite. Elle arrive !
-Cool ! Merci Dom ! Chad, je vais te présenter mon troisième et dernier Pokémon ! Le premier c’était Jet, un Roucoul hyperactif ! Normalement tu as dû le croiser en arrivant au temple, son travail est de guider les voyageurs jusqu’à nous. Puis il y a Dom. Et enfin Sofia. Enfin, c’est bien plus qu’un Pokémon pour moi ! Comme elle m’a élevée à la mort de ma mère, je l’appelle Maman ! Je te dis ça parce qu’on m’a déjà dit que ça faisait bizarre d’appeler un Pokémon comme ça alors bon… Ah elle arrive ! »

En effet, un battement d’ailes caractéristique annonce l’arrivée de celle que nous attendons. Enfin, Maman sse montre et bien evidemment, elle prend de mes nouvelles :

« Alors ma petite Alice, la visite se passe bien ?
-Oui, très bien… Mais tu sais, tu n’es pas obligée de m’appeler petite devant les visiteurs ! J’ai quinze ans maintenant quand même !
-Mais pour moi tu seras toujours ma petite Alice. Et puis, je ne parle que dans ton esprit… Quoique ton accompagnateur a dû entendre ton reproche du coup... »

A ces mots, je me mets à rougir comme une baie tamato. Zaut ! Et moi qui voulait faire bonne impression dans mon rôle de guide ! Allez vite, vite Alice, la suite ! Euuh c’est quoi déjà ah oui !

« Dis M’man, tu peux nous emmener jusqu’au toit du temple s’il te plaît ? J’aimerais montrer la vue à Chad. »

Si j’avais été un peu moins enthousiasme, j’aurais peut-être réalisé que je n’avais pas demandé à Chad son avis sur cette activité. Mais bon, que serait une bonne visite sans surprise ?

« Ca devrait se faire Alice, mais j’aurais besoin que tu me fasses un courant ascendant pour que je puisse vous soulever tous les deux aussi haut !
-Parfait, on y va ! »

Et je m’installe sur le dos de maman tout en agrippant sa protubérance oculaire, comme d’habitude. Puis je lance à Chad :

« Vas-y, accroche-toi à ma taille ! Tu risques rien, on va pas loin ! »

Puis avant que maman ne décolle, je la lache le temps de générer une bourrasque en dessous de nous et nous décollons jusqu’au toit du temple. Là, je lance à Chad :

« Et voilà ! D’ici on peut voir tout Nalcia ! C’est magnifique, pas vrai ? La ville au sud le long de la rivière, c’est Alfen, la capitale de Nalcia ! »

Mais j’arrête là mes explications, pour laisser le jeune homme et ses Pokémon profiter du spectacle !

par **Chad Kehr** Dim 3 Mai 2020 - 14:08

Je n’imagine même pas la rouste que j’aurais prise si c’était arrivé à Dyrinn. Moi qui suis plutôt habitué à l’environnement sévère de l’orphelinat, j’ai découvert en ce temple un lieu d’acceptation et de respect bien différent. Bien sûr, quelques aigris ont persisté à me fusiller du regard jusqu’à mon départ, mais la majorité se sont contentés d’en rire, à l’identique d’Alice. Du coup, je souriais en sortant, malgré la gêne, et n’ai pu qu’acquiescer en ricanant aux paroles de ma guide. La méditation, ce n’est pas pour moi. Par contre, une suite de la visite, ça me botte !

De toute façon, elle ne m’a pas laissé le choix, attrapant ma main pour m’entraîner vers les étages supérieurs. J’ai rougi au contact de sa main, troublé par son enthousiasme. J’me sentais un peu privilégié, même à travers mon rôle de simple visiteur. On a croisé des tas de gens aujourd’hui, pourtant, cela faisait depuis ce matin qu’elle restait avec moi uniquement. Et toujours pas moyen de mettre un doigt sur la vérité, entre une gentillesse excessive ou une implication totale dans son rôle !

— Oh, le Poichigeon… Euh… Roucoul, c’était l’tien aussi ? Il avait l’air d’vouloir que j’le suive, mais je n’avais aucune idée d’où il m’emmenait !

Concernant sa deuxième maman, j’avoue que je m’attendais à autre chose. Lorsque Dom avait mentionné les Cryptéro, je n’aurais jamais imaginé qu’ils en côtoyaient une, encore moins via une telle relation mère-fille. Fragilady, Manternel, Siderella… même un Zoroark, ça m’aurait moins choqué qu’une des créatures les plus mystérieuses de Midgard. Me semble pas en avoir déjà croisé, d’ailleurs, je n’en avais vu qu’en dessins.
En revanche, une fois la surprise passée, j’accueille la créature avec bienveillance et même une certaine compassion dans les yeux.

— C’est chouette que t’ai retrouvé une famille, ta maman a l’air vraiment gentille.

Et ce, même si elle semble lui foutre la honte. Y’a pas de quoi : je ne me moquerai pas de ce genre d’attentions, au contraire, j’en serais presque jaloux. Au passage, je me demande : est-ce que notre âge, très similaire, a un rapport avec le temps qu'elle m'accorde ? Ils n'ont sans doute pas souvent des visiteurs solitaires aussi jeunes.
C’est au cours de cette réflexion que je réalise avoir oublié quelque chose, au moment de rejoindre le sommet du temple :

— Merde, Yvain !

Je l’ai laissé dormir dans la salle de méditation ! Hâmon aussi, d’ailleurs, sauf que lui je m’en fiche. De un, il m’a réveillé en sursaut, et de deux, il se débrouille très bien tout seul.
J’envisage de redescendre les étages au pas de course lorsqu’une petite forme apparaît au niveau des dernières marches. Yvain, la gueule étirée du bâillement d’un réveil brutal, avance au rythme forcé d’un Moufouette recouvert de fleurs, lequel pousse son camarade jusqu’à moi de sa tête. Quel soulagement ! Je kidnappe l’Evoli dans mes bras pour son plus grand plaisir, sans oublier une caresse à notre sauveur du jour, Hâmon, aussitôt pardonné de son dernier méfait.

Une fois tout le monde en position, la Cryptéro nous entraine au sommet du temple. Ce fut, sincèrement, beaucoup moins agréable que la virée sur la dragonne d’Elvira. Je n’avais presqu’aucune prise, j’étais mal installé, et on sentait notre monture brimbaler entre le vent qui la guidait et le surpoids sur son dos. Heureusement que ça n’a pas duré longtemps ! Je bondis avec hâte sitôt que je vois le sommet à distance de saut.
Toutefois, on peut dire que ça valait le coup ! J’observe le paysage d’un air aussi ébahi qu’Hâmon perché sur mon crâne. Même Yvain en a oublié sa fatigué, lové au creux de mon bras. Quelle vue ! Le pays du vent m’apparait dans sa globalité : ses montagnes, ses lacs, et ses landes verdoyantes. Toute une diversité pour ce seul pays sur lequel souffle un vent si particulier.

— Oh, c’est Alfen, ça ? J’en viens ! Et du coup, doit y’avoir l’élevage de Miku, où j’ai récupéré Yvain, là-bas, vers la grosse marre !

La grosse marre, nommée Lac de la Liberté. Yvain couine en tendant une patte vers la zone à l’évocation de son ancienne maitresse. J’pouvais presque refaire mon trajet d’un regard. Curieux, je porte mon attention en direction des cieux :

— Et là, y’a chez moi !

Je ricane en pointant Midgard de ma main libre. Ça aussi, c’est sacrément loin. Dommage que le caillou flottant soit dans le mauvais sens, il n’aurait pas été compliqué de repérer l’arbre immense de Dyrinn, même à cette distance.

— Et Flamen, quelque part… par ici ?

Je pointe l’horizon vers l’ouest, sans certitude. Ça commence à faire beaucoup d’orientation à retenir, tout ça. Étant passé de Flamen à Nalcia en Roucarnage sans me préoccuper du chemin, c’était la partie dont j’étais le moins certain. Une seule chose était sûre :

— Nom d’Arceus, on en a fait des kilomètres ces derniers mois !

Hâmon répond d’un couinement joyeux. En vérité, c’est surtout que je n’ai pas vu le temps passer. Chaque jour devient une aventure mille fois plus intéressante qu’une journée entre les murs de l’orphelinat.
Je questionne alors Alice et ses compagnons en désignant l’horizon tout entière d’un mouvement de bras :

— Et vous, vous avez déjà été partout là-bas ?

par **Alice Silver** Dim 3 Mai 2020 - 17:43

Comme prévu, Chad est charmé par la vue offerte par le panorama du toit du temple ! Je savais bien que ce serait une bonne idée ! Bon par contre on a failli laisser ses Pokémon derrière. Je sais qu’ils sont sous sa responsabilité mais j’aurais dû lui laisser le temps de les rappeler au lieu de le sortir de la salle de méditation aussi vite. Enfin, heureusement ils nous ont rattrapé avant le décollage.

Alors que Chad admire la vue, il mentionne Jet. C’est cet instant précis que choisit l’intéressé pour nous rejoindre à toute vitesse en volant dans tous les sens au-dessus du toit comme d’habitude. Maman ou Dom a dû lui dire où nous étions.

« Oui, Jet est mon Pokémon ! Il est assez… Hyperactif on va dire et ne supporte pas de rester sans rien faire. Du coup, je lui ai confié la tâche de guider les visiteurs jusqu’au temple, ça canalise un peu son énergie inépuisable ! Et comme tu as pu le voir, il prend son travail très au sérieux. Et euh… Merci de ne pas m’avoir prise pour une folle parce que j’appelle ma Cryptéro « maman ! »

Ensuite, le jeune homme mentionne Miku et son Pokémon réagit à ce nom, ce qui me fait lâcher une exclamation de surprise :

« Oh ! Tu connais Miku ? Et Yvain vient de là bas ! Ca alors ! Le monde est petit ! »

Ayant lui aussi réagi au nom de Miku, c’est Dom qui donne les explications en premier :

« Moi aussi je suis né dans la pension de Miku. Et Jet également d’ailleurs. Mais j’imagine que tu n’as pas rencontré mon père, Promantis le Xatu ? Sinon il aurait pu t’éclairer sur tes questions au sujet de notre espèce. »

J’en profite pour expliquer moi aussi mon lien avec Miku :

« En fait, je ne sais pas si tu le sais mais Miku est une moniale de ce temple, comme moi ! Enfin, elle a beaucoup plus d’expérience que moi et elle est bien plus nomade aussi, comme beaucoup des moines les plus avancés. Et comme l’a dit Dom, c’est elle qui m’a confié Dom et Jet. Pour le reste, tu as tout à fait raison, la pension de Miku est à côté de ce lac, le lac de la liberté, et Flamen est bien plein ouest par rapport à là où nous sommes ! »

Puis vient la question sur mes voyages qui me force à réfléchir pas mal mine de rien. Je n’avais pas visité énormément d’endroit au monde, mais tous étaient très différents et assez éloignés les uns des autres. Il m’a donc fallu une bonne minute pour me rappeler les détails de mes voyages… Avec l’aide de Dom et de maman, dont les mémoires sont bien plus précises que la mienne.

« Vu que tu as mentionné Flamen, j’imagine que tu as visité ce pays ? Tu en as de bons souvenirs ? Je dois t’avouer que la seule fois où j’y ai mis les pieds, enfin plus ou moins, c’était non loin de la frontière avec Terros, le pays de la terre situé au nord de Flamen et c’était pour mon épreuve de défenseur. Nous étions dans une forêt, la forêt d’Agata qui était un territoire contesté pendant la dernière guerre et notre but était de soigner les blessés. C’était assez horrible comme expérience... »

Oui bon, je n’allais pas non plus plomber l’ambiance avec mes anecdotes, surtout que ça s’était passé ya plus de deux ans et que j’avais assez bien récupéré depuis. Restait le cas de Midgard.

« Tu m’as dit que tu venais de Dyrinn sur Midgard ? C’est la capitale de la tribu de la terre c’est ça ? Je n’y ai encore jamais mis les pieds mais j’ai lu que que Dyrinn était un territoire très boisé. Il ressemble aux forêts qu’on trouve sur Erasia ?

Sur Midgard, je n’ai visité que la cité d’Abyan lorsque des moines abyanais ont invité les moines de mon temple à découvrir leur ville et j’ai aussi fait une excursion dans les Monts d’Obsidienne, sur le territoire de tribu de l’air, avec Miku justement. Mais je la connais depuis plus longtemps que ça, depuis mon deuxième jour dans ce temple en fait. Ca fait quatre ans maintenant.

Et sur Erasia, j’ai visité la Capitale de Terros et je suis allé dans pas mal d’endroit à Nalcia mais je n’ai jamais vraiment mis les pieds à Flamen à part pour mon épreuve et je ne suis encore jamais allée à Mizuhan, le pays de l’eau que tu peux voir plein nord par delà la la mer.

Et toi alors ? Tu es allé où et tu as visité quoi ? Et si tu as d’autres questions sur le temple ou autre ou que tu veux voir d’autres choses du temple, n’hésite pas ! »

Avec cet arrêt au meilleur panorama de tout Nalcia selon mon humble avis, je n’avais plus grand-chose à lui montrer du temple, mais nous pouvions toujours nous poser ici pour discuter ! En fait la discussion tenait une place très importante dans la philosophie des visites et découvertes telles que pratiquées dans le temple de l’air !

par **Chad Kehr** Lun 4 Mai 2020 - 22:40

Je claque des doigts d’enthousiasme, ravi de voir la moniale m’interpeller sur l’éleveuse. Décidemment, tout le monde la connait, cette Miku ! Je m’en veux presque de ne pas avoir cherché à faire plus ample connaissance, trop pressé de recevoir mon Noctali.

— J’n’y suis pas resté longtemps, mais j’compte bien y retourner quand Yvain aura grandi, pour lui montrer nos progrès ! J’y verrais p’t-être ton père !

À ces mots, L’Evoli jappe en direction des Pokémon d’Alice, et me grimpe sur l’épaule pour humer leur odeur, tout heureux de trouver à nouveau les enfants de ceux qu’il côtoyait encore il y a peu. C’est amusant, cette situation qui se répète. Je me demande combien ils sont, ceux de son élevage, éparpillés à travers le monde. J’aurais eu du mal à imaginer Miku en moniale sans qu’Alice me l’ait précisé. Encore que, en y réfléchissant, je l’ai entendue chanter pour calmer les esprits, ce n’est pas si différent d’une méditation.

Si Alice était enthousiaste vis-à-vis de l’éleveuse, ça devient bien différent lorsque je mentionne le pays du feu. C’est vrai, les guerres. Ils en font tous les quatre matins, ici-bas. Je hoche la tête lorsqu’elle m’interroge sans l’interrompre, puis la laisse embrayer sur ses voyages, curieux d’en apprendre plus sur son pays. Sauf qu’elle me parle de Terros. Et même de Midgard ? Comment ?! Cette gamine moniale a déjà mille fois plus voyagé que moi ! Les moines n’étaient-ils pas censés passer leur existence derrière les murs en pierre de leur temple ?

J’allais enchainer de bon cœur, ne serait-ce que pour l’impressionner à mon tour. Je m’étais même installé au bord du toit, les jambes battant dans le vide et le regard porté vers l’horizon, tel un rêveur écoutant et contant milles histoires merveilleuses.
Puis vient sa dernière phrase. Je me fige un instant, un peu hébété en l’entendant déblatérer tel un robot qu’elle est, ni plus ni moi, à mon service si j’ai d’autres question sur le temple. C’est con, mais ça a jeté un froid. À mes yeux, on est repassé d’une discussion entre deux jeunes rêveurs à celle du visiteur et de sa guide. Je tousse un peu, cherchant à dépasser ce malaise avant de reprendre d’une voix machinale :

— Dyrinn, c’est très différent d’Erasia. Imagine des arbres, mais encore plus grands que ce temple. Toute une forêt comme ça. Et le plus grand de tous ces arbres immenses, c’est là qu’on vit. Comme une Fermitière dans une montagne.

Le mal du pays ? Je ne l’ai pas du tout. Pas encore, du moins. Au contraire, c’est un véritable bonheur d’être loin de chez soi après treize années du même décor. Oh, bien sûr, il y a déjà eu quelques visites, mais rien de bien passionnant. J’en touche néanmoins un mot à Alice, sans grande conviction :

— L’orphelinat nous a déjà emmené près de la Place d’Ivoire, au cœur de Midgard, pour nous parler d’histoire, ainsi qu’à Linaewen. Sinon, j’pense avoir vu la majorité des régions forestières à force de faire le mur. Mais cette fois, c’est clairement mon plus gros voyage.

Je croise les bras le temps d’un sourire en coin tout en reprenant sur un ton plus assuré :

— D’ailleurs, comme t’as dis, Flamen ça a l’air craignos ! Des types ont même voulu m’agresser à peine descendu de ma monture ! T’aurais vu ça, avec Elvira, on leur a foutu la frousse de leur vie !

Ouep, je m’inclus sans aucune gêne dans l’exploit de Madame coup de genoux, un large sourire de fierté sur le visage. Je savais bien que cette anecdote me servirait un jour ! Je ris à gorge déployée, fier de mon histoire. Quelques secondes. Juste quelques secondes, puis le calme me revient, morose. J’sais pas pourquoi ça me perturbe autant, qu’elle soit simplement gentille. P’t-être parce que ça me parait forcé. P’t-être parce que j’en ai pas l’habitude. J’sais pas.

Je tourne la tête vers l’humaine, vers sa maman Pokémon, puis l’humaine à nouveau. Je cherche une question à lui poser qui me tirerait de ce malaise. Qui justifierait de sa franchise. Mais tout ce qui me vient se ferait balayer d’un faux sourire ou d’une affirmation forcée. J’envie Elvira, capable d’entrer dans l’esprit des gens à leur insu : personne n’a jamais dû la tromper, elle !
Oh, et puis merde.
Je me redresse, prends un air sérieux en croisant les bras et m’exclame :

— Bon, j’en ai marre du temple, fin de la visite !

Et aussitôt, je pointe du doigt l’autre adolescente :

— J’veux voir la vraie toi !

C’est cash ? Peu importe ! Quand y’a un problème, faut le régler ! Et là, ça m’agace trop pour que je reste sans rien faire ! Hâmon en perd l’équilibre, déstabilisé du sommet de mon crâne par ce soudain redressement, et rejoint le toit du temple sur ses quatre pattes. Il me fixe, sans comprendre, aussi curieux qu’Yvain perché sur mon épaule.

par **Alice Silver** Mar 5 Mai 2020 - 16:48

A mon tour, j’écoute les récits de voyage de Chad. Ah donc il est orphelin ? Mais vu qu’il n’a pas l’air enthousiaste pour en parler, je choisis de ne pas poursuivre sur ce sujet.

Il me parle de sa forêt natale de Dyrinn. Des arbres encore plus haut que le temple ? Eh bah ! Pourtant cet édifice est loin d’être petit, c’est même l’un des plus hauts d’Erasia ! Du coup, si je veux un point de comparaison…

« En fait les arbres de Dyrinn sont à peu près aussi hauts que les Monts d’Obsidienne, c’est ça ? »

Puis je le laisse poursuivre son histoire. Alors lui aussi il est déjà à Flamen ?

« Quand tu dis Elvira, tu parles d’Elvira Greyhunt ? Moi aussi je l’ai rencontrée, avec Miku justement, quand on est allé aux Mont d’Obsidienne ! En fait on passe notre temps à rencontrer les mêmes personnes ! »

Et j’éclate de rire. Sacrés coïncidences quand même ! Reste qu’il confirme mon mauvais pressentiment à l’égard de Flamen. Enfin bon, il faudra peut-être que je donne une autre chance à ce pays qui doit quand même avoir de belles choses à offrir… Mais pas avant que les tensions ne se soient bien apaisées ! Quoi que, ça fait déjà un an que les batailles sont finies… Faudrait que j’y repasse à l’occasion !

Mais alors qu’il termine son anecdote, son visage se transforme : alors qu’il affichait jusque-là une mine guillerette et semblait apparemment satisfait de partager ses aventures, son regard se ferme et son sourire disparaît tandis qu’il croise les bras sur sa poitrine avec un air des plus sérieux.

Hein ? Il veut voir la vraie moi ?

Je reste un instant perplexe devant cette demande incongrue – comme les Pokémon de Chad d’ailleurs - et comme souvent, maman réagit plus rapidement que moi en fronçant son œil central d’un air peu commode tout en fixant le garçon avant de me lancer :

« Viens Alice ! Apparemment ta gentillesse ne suffit pas à ce goujat ! On va s’en aller et le laisser ici ! Je suis bien curieuse de voir comment il va se débrouiller pour redescendre ! Ca lui apprendra la politesse ! »

Mais d’un geste, je fais comprendre à maman que j’ai la situation en main. Mon sourire est revenu sur mon visage. Et même plus que ça en fait. Bientôt, j’éclate de rire sans pouvoir me contrôler. Mince, j’espère que Chad ne va pas mal le prendre !

En fait, il était loin d’être le premier à poser ce genre de questions aux moines de temples. Une partie non négligeable de nos visiteurs ne comprenaient pas comment les moines d’ici pouvaient être si ouverts et accueillants avec eux alors qu’ils étaient de parfaits inconnus l’un pour l’autre. J’avais toujours su que tout le monde n’était pas élevé selon les standards du temple de l’air et que la moyenne des gens était plus méfiante que les moines du temple. Mais ce que je ne comprenais pas, c’était la réaction des moines. A leur place, je me serais sentie gênée, triste ou même en colère contre ceux qui osaient douter de ma bonne foi. Mais les moines eux se contentaient de leur répondre d’un sourire compatissant ou d’un grand rire pour les plus polissons d’entre eux. Et quand je leur avais demandé pourquoi ces insinuations ne les affectaient pas, tous m’avaient répondu plus ou moins la même chose qu’un des moines avait résumé par cet aphorisme :

« Nous sommes qui nous sommes, ni plus ni moins. »

Aujourd’hui, pour la première fois, face à Chad, je comprenais le sens profond de cette phrase. Les gens qui posaient ce genre de questions étaient des gens que la vie avait rendu méfiants. Ce n’était ni bien ni mal, c’était leur façon d’être. Mais cela ne signifiait absolument pas que je devais agir comme eux. Aussi, je réponds à Chad de la seule façon qui me semble appropriée, tout en conservant mon grand sourire :

« Et qu’est-ce qui te fait penser que tu n’as pas eu à faire à la « vraie moi » jusqu’ici ? »

Afin qu’il ne prenne pas mal ma réponse, je me retiens de pouffer et ajoute même quelques détails sur ma personne :

« La seule chose dont je ne t’ai pas encore parlé, mais je pense que ça ne va pas te surprendre vu ce que tu as découvert jusqu’ici, c’est que je suis Défensuer. Regarde ! »

Et pour prouver mes dires, je génère devant nous un mur de vent de bonne taille durant quelques secondes puis je reprends :

« Mais à vrai dire, la défense m’intéresse moins que la guérison, et j’espère devenir Guérisseur ensuite ! D’ailleurs, j’ai appris quelques chants qui ont la particularité de rendre de l’énergie à ceux qui les entendent via ma maîtrise du son. Pas mal hein ? »

Je marque une petite pause pour le laisser intégrer tout ça, en espérant qu’il puisse ainsi compléter son portrait de ma « vraie moi » puis je reprends :

« Bon, puisque tu veux arrêter la visite, si tu veux je peux te raccompagner à l’entrée du temple par la voie des airs ou à pied, c’est comme tu préfères ! Et d’ailleurs, tu pourrais en profiter pour me dire ce que tu comptes faire plus tard toi. Après tout, je t’ai montré qui était la « vraie moi » donc c’est ton tour maintenant ! »

Bon j’espère qu’il a compris à mon ton et à mon sourire sincère que je plaisante à moitié et que je ne le force à rien. Mais j’avoue que je suis assez curieuse maintenant. Il était clair que ce garçon avait l’air d’aimer les récits d’aventures et qu’il en avait déjà vécu une ou deux mais ça c’était le passé. Qu’est-ce qu’un vadrouilleur comme lui pouvait bien prévoir pour son futur ?

par **Chad Kehr** Mar 5 Mai 2020 - 23:06

Greyhunt ? Euh, je n’en sais foutre rien ! Elle ne m’a pas donné son nom, ou en tout cas, pas que je m’en souvienne. C’est comme pour la comparaison des monts d’obsidienne : je n’y ai jamais réfléchi, l’arbre habité et les monts sont énormes, l’un comme l’autre. Dans les deux cas, inutile de lever la tête, vous n’en verrez pas le sommet.
Heureusement que pour Elvira, la présence de Miku m’a mis sur la piste. Décidément, comme elle le dit, on a rencontré les mêmes personnes. J’commence à croire qu’Erasia est minuscule, à force !

Ouh ! On dirait que j’ai énervé "Maman" ! Vu le regard que la Cryptéro me lance, j’ai raté une occasion de la fermer. Si elle croit que j’vais regretter mes paroles, elle se met la plume dans l’œil ! Qu’elle essaye de m’engueuler, tiens, j’ai l’habitude ! Bref, si ma guide s’énerve à son tour, ça ne fera que confirmer mes soupçons.
Sauf qu’une fois la surprise passée, au lieu d’une colère, j’ai le droit à un rire. Un de plus. Bordel, j’ai un bouton sur le front, ou quoi ? Pourquoi à chaque fois que j’essaye d’être sérieux, ça provoque des éclats de rire ? Elvira durant ma tentative de capture, Tyrande dès notre rencontre, et maintenant elle ! Ça va finir par devenir vexant, à force. Je fais la moue, un chouilla frustré de devoir attendre sa réponse.

Enfin, elle rétorque à ma question d’une autre question. BAH ! Je l’avais dit, qu’ça ne servait à rien ! J’suis pas plus avancé. Elle essaye, pourtant, allant même jusqu’à me montrer sa maitrise. Sur mon épaule, Yvain couine de surprise tandis que je recule juste d’un pas par sécurité. Oh, et bien sûr, Hâmon s’empresse de jouer avec les vents en s’approchant du mur pour le tâter du bout de sa pattes, tel un Chacripan au-devant d’un grand mystère.
Elle a beau dire, j’suis plutôt surpris. Je savais qu’elle maniait les vents, mais de là à devenir défenseur, c’est quand même classe à son âge. Moi aussi, j’pourrais l’être, bientôt. Du moins, si je retourne aux cours de l’orphelinat pour achever ma formation. Après-tout, on m’y a destiné, quoi que j’en veuille.
Le mur s’abaisse, Alice m’annonce son désir de devenir guérisseuse. Mes sourcils sont toujours froncés. C’est bien beau tout ça : j’en apprends plus sur elle, mais j’ignore toujours si elle est franche ou non ! Bref, ce n’est pas ça qui m’empêchera de la féliciter pour sa technique :

— Franchement ? T’as l’air balèze ! Puis j’ai d’jà vu Miku faire un truc de dingue en chantant, j’suis sûr que tu pourras faire la même, toi aussi.

Je tais mes doutes, pour l’instant. Par contre, comme un con, j’ai pourri le reste de la visite avec mon coup de gueule. Heureusement que j’ai déjà vu le meilleur en grimpant jusqu’ici ! Ça m’aurait fait mal au cœur de rater ça.
Lorsqu’Alice me propose un mode de retour, mon regard dévie en direction de la Cryptéro énervée. Non, définitivement, je préfère éviter de rester trop longtemps sur son dos. Ce sera à pied, quitte à se manger les escaliers.

Nous quittons le toit, puis poursuivons notre route jusqu’à l’entrée du temple. En chemin, je m’abaisse à hauteur d’Hâmon et lui chipe une fleur abimée à force d’être trimballée dans son pelage. Il se retourne d’un coup pour chercher le coupable d’un regard noir. Mais en voyant qu’il s’agit de moi, son visage s’assagi jusqu’à s’illuminer de bonheur, et le voilà qui me tourne autour en se frottant contre ma jambe pour me remercier d’avoir enfin porté attention à sa parure si durement confectionnée.

Levant la fleur devant les yeux d’Alice, je concentre un brin de ma maitrise dans ma paume. La tige s’illumine d’une lueur bienfaitrice, l’effet se propageant peu à peu jusqu’aux pétales de la fleur, lesquelles se revigorent, plus beau encore qu’au premier jour. La tige s’allonge entre mes doigts jusqu’à pouvoir être tenue d’une main ferme, la fleur droite au-devant de l’humaine qui peut en humer un parfum aussi authentique qu’aux abords de son arbre. Je l’invite à la saisir, tel un gentleman, malgré le sourire en coin qui anime mon visage.

— Moi aussi, j’apprends la guérison. Par les plantes, bien sûr, pas le vent. J’peux les revigorer, concentrer leurs effets, des trucs comme ça. Après, tu peux t’en douter, on ne m’a pas vraiment laissé le choix. Sans ça, j’aurais appris aut’chose. Dommage, j’suis doué que pour ça y parait !

Je hausse les épaules, montrant mon désintérêt pour tout ceci.

— Désolé, je n’avais pas d’autre "vrai moi" à te montrer, j’étais vrai d’puis le début, même quand j’ai râlé sur le toit. Du coup, voilà : ça, c’est mon faux moi. Celui qui étudie, fait c’qu’on lui dit, et surtout, qui n’va pas à l’autre bout du monde chercher un Noctali.

Nous arrivons dans le grand hall sur lequel débouche l’entrée. Je poursuis sur ma théorie :

— Le faux moi, il sera guérisseur plus tard. Le vrai moi aussi, du coup. Sauf que lui, il s’en fou. Tout ce qu’il…

Je m’interromps en me raclant la gorge, agacé de ce délire à la troisième personne. Ça fait grosse tête, et ça me gonfle.

— Tout ce que j’veux, c’est profiter du présent.

C’est alors que j’attrape Yvain de mes deux bras, le délogeant enfin de mon épaule pour le lever à bras tendus devant moi :

— Et mon présent, c’est lui ! Hein, le gourmand ?

L’Evoli me répond d’un "Evo ?" mitigé. Il doit se demander si je le gronde d’avoir trop manger, ou si j’en suis content. Ça me fait rire, de le voir aussi sérieux ! Faut que je le décoince, le bougre. Il semble retrouver sa bonne humeur en me voyant faire : c’est déjà un bon début.

Enfin, nous atteignons les portes du temple. Mais l’heure n’est pas aux aurevoirs : du moins, pas dans ma tête. Je me retourne aussitôt en direction d’Alice et lui lance :

— N’empêche, j’ai toujours le doute ! Mais j’ai une idée, cette fois !

J’suis loin du ton morose de tout à l’heure. Là, je me sens plutôt joueur, prêt à accepter cette gentillesse excessive si elle me prouve qu’elle ne fait pas semblant.

— J’suis sûr que y’a au moins un truc que tu meurs d’envie de faire, mais qu’en tant que guide du temple, tu ne dois absolument pas faire ! Si tu l’fais, j’te croirais quand tu dis que tu ne te forçais pas à jouer les guides super gentilles avec moi tout du long !

par **Alice Silver** Mer 6 Mai 2020 - 20:10

Je remercie Chad pour ses encouragements puis nous redescendons jusqu’au rez-de-chaussée, d’abord brièvement sur le dos de maman par la voie des airs – heureusement, elle a accepté de reprendre le jeune homme sur son dos pour le retour – puis à pieds sur les étages accessibles aux humains.

En chemin, il me fait une petite démonstration de sa maîtrise des plantes.

« Waouh, c’est cool de pouvoir faire pousser des plantes à volonté comme ça ! Ca doit faie quelque chose de pouvoir exercer sa maîtrise sur des êtres vivants et de pouvoir communiquer avec eux comme ça ! En tout cas je pense que tu as le potentiel de devenir un grand guérisseur ! »

Puis il m’explique enfin ses plans pour le futur, répondant enfin à ma question. Alors comme ça il veut devenir guérisseur mais ça ne l’enchante pas plus que ça ? Bon par contre il a l’air de tenir à sa vision vrai moi / faux moi ! Ca mérite peut-être des explications plus détaillées... Ca correspond pas vraiment avec ce que j’ai appris au temple et avec ma manière de vivre. On m’en a parlé bien sûr mais…

« Moi je pense qu’il existe pas de « vrai » ou de « faux » moi. Ya juste moi et si je fais quelque chose au présent, même à contre-coeur, c’est que quelque part en moi, j’estime que malgré mes réserves, il y a plus d’intérêt à faire cette chose plutôt qu’à ne pas la faire.

Du coup, l’important n’est plus de distinguer le vrai du faux moi s’ils n’existe pas mais d’être au clair avec soi-même sur les raisons pour lesquelles on a agi de cette manière et pas d’une autre. On appelle ça faire un avec soi-même. Ou réunifier le « vrai » moi -ton désir profond et personnel et ton « faux » toi – ce que ta morale te dit qu’il est bien de faire ou ce que les autres voudraient que tu fasses.

C’est d’ailleurs à ça que sert notamment la méditation. Elle te permet de calme les velléités de ton vrai et de ton faux toi pour te recentrer sur la seule chose qui existe vraiment dans le monde réel : toi en tant que personne unique !

D’ailleurs chez toi, même si tu dis que tu te fiches un peu de devenir guérisseur, ya pas vraiment de conflit entre ton vrai toi et ton faux toi non ? Puisque ton vrai toi veut profiter du présent et ton faux toi veut devenir guérisseur, ya rien de contradictoire là-dedans ! Même quand tu seras devenu guérisseur, je te garantis que tu pourras toujours profiter du présent avec tes Pokémon et en faisant ce que tu aimes ! J’ai plein d’exemples de moines guérisseurs de ce temple qui ont réussi cette harmonie alors pourquoi pas toi ?

Il y a une infinité de façon de profiter du présent, il faut juste que tu trouves celle qui te corresponde. Mes Pokémon et moi on le fait à notre manière ! Jet aime se dépenser et se rendre utile donc il guide les gens. Maman aime aussi guider les gens mais de manière plus calme et savante. Quant à Dom, il aime beaucoup moins la compagnie et préfère réfléchir alors que moi je préfère parler ! On profite tous du présent mais pas de la même manière, on a tous nos préférences !

En fait, le seul moment où il pourrait y avoir un conflit, c’est si ton vrai toi, en plus de vouloir profiter du présent, refusait catégoriquement de devenir guérisseur, par exemple parce qu’il penserait qu’être guérisseur et se mettre au service des autres l’empêcherait de profiter du présent. Dans ce cas, il te faudrait être au clair sur les motivations de tes vrai et faux toi et faire un choix pour résoudre ce conflit.

Quand je dis que je n’ai pas de vrais et de faux moi, c’est parce qu’ils sont unifiés en moi. Je fais à la fois ce que je veux, ce que j’aime et ce que je juge utile pour moi et pour les autres en guidant les gens, en leur faisant découvrir les merveilles du temple et en discutant avec eux ! »

Enfin je me tais, pour laisser Chad réfléchir à ce que je venais de dire mais aussi pour réfléchir à son ultime défi. Comment prouver par les actes toutes la théorie que je venais de lui expliquer ?

Un plan assez rigolo germe dans mon esprit mais je réussis à ne rien laisser paraître sur mon visage. A la place, je prends une voix basse de conspiratrice pour chuchoter au jeune garçon :

« Si ça peut te convaincre, je peux te révéler un secret du temple que les maîtres n’aiment pas trop qu’on ébruite. Mais comme c’est pas très bien vu, je vais te le dire à l’oreille parce qu’il y a dans les environs des maîtres du son que je connais qui ont l’ouïe très fine ! Allez viens , approche ! Encore un peu... »

Et lorsque il est assez prêt de moi… Je l’embrasse sur la joue sans prévenir ! Puis je recule de quelques pas et je lui explique en souriant :

« Voilà ! Maintenant, je laisse décider si c’est mon vrai moi ou mon faux moi qui a décidé de t’embrasser. Est-ce que je l’ai fait pour t’embarrasser – sachant que les moines n’aiment pas embarrasser leurs visiteurs – et donc réussir ton défi ou est-ce que je l’ai fait parce que j’avais sincèrement envie de t’embrasser pour te témoigner une affection sincère ? Alors ? A ton avis ? »

Malgré les propos psychiques outragés de maman qui me reprochait d’avoir embrassé « un malotru pareil » et l’air amusé de Dom, j’étais assez contente de mon petit numéro !

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