[ Clos ] Tourisme en ville. [Chad]

[Elvira Greyhunt]

Peu après l’épisode, perte mentale de Chad, Elvira avait fait de son mieux pour éviter tout genre de contact qui pourrait à nouveau jeter le jeune homme dans un inconfort particulier. Elle ne voulait pas non plus avouer, qu’elle, c’était senti très… Disons affecter par les émotions du gamin. Ce qui est encore plus étrange pour elle vu qu’elle s’était coupé de tout contact masculin depuis bien des années maintenant… Avec la perte de Médérick, elle n’avait jamais eu le cœur à s’ouvrir à un autre homme et voilà que le tout premier avec qui elle se permet la liberté est un gamin dans l’âge de la puberté. Elle se sent presque comme une pédophile. Au moins, elle sait que ce n’était pas son intention première et elle s’était promis de faire plus attention.

Dans tous les cas, le voyage entre Tarouga et Omatsu, la capitale principale de Flamen, ne fut pas le plus long, mais Elvira se permet un léger détour, laissant au gamin le temps de bien profiter de son voyage à dos de dragon. Dans sa pure gentillesse, la rouquine l’installe devant, elle offrant même la chance de tenir les rênes de Khaliset. Elvira avait amplement confiance en le dragon pour comprendre et accepter la main de Chad et puis, la Ptéra pouvait se montrer plus aimante quand on lui demandait gentiment. Toutefois, après plus de trois heures de vol, Elvira offre le signal à Khaliset qu’il est temps de redescendre vers la ville. Le soleil indiquait midi passé et son estomac commence à lui faire savoir qu’il est bientôt l’heure de manger.

Malgré elle, en voyant la grande capitale aux murs rouges et dorés, son cœur fait un bon. Il y avait des bons et de mauvais souvenir qui revenaient taquiner son esprit. Cependant, c’est avec une nouvelle force mentale qu’elle rejette les craintes et les infortunes des mauvais moments. Depuis le temps, elle avait mûri, et même si à une époque, elle avait été en guerre contre Flamen, personne ici, ne pourrait la pointer du doigt pour le lui reprocher. Habillée comme l’était, elle avait l’air d’une aventurière qui venait faire du touriste avec son… Petit frère, voilà ! D’accord, un petit frère donc elle ne comprend pas la langue, mais ce n’était pas comme si elle allait directement dans l’une des baraques de la capitale. Après avoir repéré un poste d’atterrissage possible, passer les gardes qui posèrent des questions sur leur présence, Elvira guide Chad vers l’intérieur de la grande murale de protection pour être rapidement englouti par l’animation de la ville de Flamen. *Bienvenue à Omatsu, capitale de Flamen, l’une des puissances militaires de d’Érasia.* Murmure doucement Elvira dans la tête du gamin en lui pointant les drapeaux accrochés. La ville d’Omatsu et les Flamenois sont souvent à l'image de leur élément, chaleureux et enflammés.

Tout en le guidant, elle lui montre également certains pokémon locaux. La capitale est forte de présences de certains pokémon feu et de pokémon combat. Les principaux pokémon feu, étaient le Passerouge, le Braisollon et le Caninos. Pour le côté plus combattant –mais surtout pratique dans différents domaines manuels- le Débugant ouvrait la ligne avec ses différentes évolutions, telles que Kicklee, Tygnon et un peu plus rare Kapoera. Tous se différencient pour leur style de combat, partant du novice sans style à celui du combat avec les pieds, à l’autre des poings ou encore avec un style plus égal qui semble tenir des deux précédents. Une fois cette étape faite, elle décide de le guider vers un lieu qui pourrait réveiller encore plus la curiosité du jeune homme. Ils durent un peu jouer des coudes pour trouver l’allée principale qui les guiderait vers la place marchande. Des drapés multicolores sont tendus au-dessus des rues, accrochés aux toits des différents bâtiments, ou recouvrant simplement les murs de celles-ci, à la fois pour protéger les habitants du soleil et offrit un joli décor multicolore.

Malgré son aversion pour l’armée flamienne, Elvira désire que Chad profite bien du moment touristique que la ville peut offrir tout en récupérant un peu de matériel pour le prochain voyage. Une fois sur place, elle soupire devant la foule grouillante du marché. Les voilà à peine arrivées, qu’il se fond rapidement abordé par des vendeurs expérimentés qui savent reconnaître des touristes. Toutefois, après un rapide coup d’œil à la demoiselle qui leur retourne un regard glacial, ils se tournent vers le jeune homme. Malheureusement pour eux, Chad ne comprend pas leur langue et la rouquine finit par leur faire savoir qu’ils ne sont pas intéressés par leurs marchandises.

Une fois débarrasser de la horde de vautours humains, elle attrape Chad par la main et le guide vers le coin de la nourriture locale. Elle avait beau avoir de la rancune envers la nation du feu, elle ne pourrait jamais détester leur nourriture, elle avait tout de même passé une partie de son enfance ici à Omatsu et sa nourriture. Tandis qu’elle s’arrête devant un stand de nourriture à l’odeur des plus alléchante, elle se dit qu’elle était une personne complexe et qu’elle pourrait en rire si elle n’était pas occupée à passer commande pour elle et Chad. *J’espère que tu as faim,* commence-t-elle avant d’attraper leur commande et en tendre une partie à Chad. *Tiens, essaye ça.* Termine-t-elle en lui tendant une étrange crêpe épaisse. Une délicieuse odeur de bain chaud frais au fromage se dégage de la nourriture. Tout en dégustant la pointe de bain qui servirait à leur ouvrir l’appétit, elle le guide vers un autre stand où du poulet doré à l’épice les attende. Elle tire quelques pièces et les lance au vendeur qui leur donne deux cuisses juteuses. *Tiens.* Elle le traîne ensuite vers un troisième stand où une délicate odeur sucrée se dégage. Une nouvelle fois, elle fait briller la monnaie et on leur donne deux parts de gâteaux. *C’est un gâteau Bibinca, je crois que c’est fait à base de sucre, noix coco, d’amande et d’autre chose…* glisse-t-elle incertaine. *Tout ce que je sais, c’est que son fond dans la bouche.* Elle laisse un large sourire s’étirer, illuminant ses traits d’une manière que personne ne l’a vu depuis bien longtemps. *Laisses-toi de la place, il nous reste beaucoup à découvrir. Tu as soif ? Je connais un stand à boisson où il offre un Lassi. C’est une boisson faite avec des ingrédients que tu choisis, c’est très rafraîchissant.* Effectivement, la boisson simple, mais froide et savoureuse en bouche, était faite à base de fruits ou de légumes de ton choix, on y rajoute un yaourt à la grecque et quelques feuilles de menthe bien écraser, ce qui fait ressortir le goût de tous les ingrédients.

[Chad Kehr]

Quel voyage, mais quel voyage ! Aucune comparaison n’était possible entre l’autre abruti de Poichigeon voyageur et ce fantastique Ptera. Bien sûr, il m’a fallu un temps d’adaptation. D’abord parce que ma dernière expérience fut des plus désastreuse – qu’on le veuille ou non, ça ruine la confiance tout ça –, mais aussi parce que j’ai été des plus absents au moment de grimper sur notre monture. Tout cela est encore flou dans ma tête, et en toute franchise, je préfère ne pas y penser pour éviter de m’y reperdre. Heureusement, les battements d’ailes francs et puissants du Ptera m’ont vite ramené à la réalité. Le vent avait beau m’arracher les paupières, pas question d’en manquer une goutte ! En plus, j’avais les rênes en main. Bon, Elvira ne m’aurait surement pas laissé diriger quoi que ce soit, et la dragonne m’aurait surement bazardé par-dessus bord si j’avais commencé à faire n’importe quoi, mais sur le coup, j’ai presque eu l’impression de tout diriger !

J’crois que j’en ai oublié de parler. C’est con : on aurait pu, malgré le vent, puisqu’on télépathisait. C’était l’occasion de la harceler de questions sur Flamen, Noctali et plein d’autres choses, mais que voulez-vous ? J’ai apprécié l’instant présent, les yeux rivés sur l’étendue immense du pays qui défilait en bas.

À présent, nous sommes au milieu d’une sacrée ville ! Omatsu, il parait. J’avoue qu’je n’ai pas vu l’heure passer, et ce n’est pas près de s’arranger.
Allez, disons-le d’une seule phrase : C’est quoi ce bordel ? Y’a plus de monde là-dedans que dans une Fermitière ! Et ces murs gigantesques érigés autour de l’endroit ! Certes, Dyrinn n’a rien à leur envier en termes de hauteur, puisque notre arbre s’étend à perte de vue jusqu’au cieux. Mais là, on parle de bâtisses humaines ! Et chez nous, c’est plus espacé, plus naturel. Ici, la foule grouille tant que je pourrais y mourir étouffé sans que personne ne le remarque ! Enfin, si. Y’aurait surement ces mecs louches qui n’arrêtent pas de m’alpaguer en marmonnant leurs idioties tout en me fourrant n’importe quelles babioles sous le nez.

— Tu perds ton temps, dis-je sur un ton moqueur en leur lançant mon habituel regard agacé. J’pige rien à ton charabia.

En général, ça marchait. Immédiatement, les types se désintéressaient de moi et cherchaient une autre proie plus loquace. Parfois, il fallait qu’Elvira intervienne. Et une fois, j’ai eu la surprise d’en voir un me répondre dans ma langue !

— Ah, mais tu es de la maison ! Tu n’imagine pas les Poichigeons que c’est, dans le coin, je leur vends n’importe quelles herbes pour une fortune, et derrière, ils en redemandent !

C’était toujours bon à savoir, ça ! Je l’ai salué d’un signe de tête amical avant de reprendre ma marche de plus belle pour ne pas perdre Elvira au milieu de tout ce monde.

Elvira, elle, joue la guide. J’observe tout ce qu’elle montre avec un intérêt décroissant. J’avoue qu’au premier cabot qu’on a croisé, j’ai hurlé de joie devant la découverte de cette nouvelle créature ! Puis un peu moins devant l’oiseau de proie, et encore moins face à l’oisillon. Finalement, face aux autres plus humanoïdes, je n’exprime déjà plus qu’un bref soufflement de nez amusé sans m’y intéresser davantage. Mes pensées s’expriment, à moitié contrôlées : *les tiens sont quand même vachement plus cools. D’ailleurs, où t’as récupéré ta dragonne ? J’pourrais penser à aller en chercher une en même temps qu’mon Noctali ! C’est aussi un Pokémon compliqué à évoluer ?*

Puis vient la dégustation. Je force mon enthousiasme pour ne pas la froisser et acquiesce à sa question d’un signe de tête. Pareil lorsque je croque dans la crêpe, persuadé de ne rien sentir d’autre qu’une serviette humide entre mes dents. La texture : c’est pas mal le seul goût auquel je suis habitué, et les pâtes molles comme celle-là me font souvent cet effet.
Pour ce qui est de la texture, on est en plein dedans. Je me fige au premier croc, incertain de vouloir poursuivre l’expérience, puis j’insiste… et là : oh, surprise !

— Eh ! Mais, ça a du goût ce truc !

Cette phrase, après l’avoir énoncée à haute voix sans le vouloir, se répète dans ma tête pour Elvira. C’est peu perceptible, et assez étrange, mais je sens un léger effluve de… de pourriture ? Mais une pourriture agréable, comme ces fromages fermentés dont je me suis déjà gavé à Dyrinn. Un des rares trucs tellement forts que j’en sens pleinement le goût. Bon, celui-là est bien moins intense, mais au moins, cela m’encourage à en dévorer l’entièreté, ne serait-ce que par curiosité.
Vient ensuite une cuisse bien juteuse. Cette fois, pas de surprise : j’arrache la peau du bout des dents et la dévore goulument en sachant pertinemment que tout le reste de cette viande sera aussi fade que d’habitude. Du coup, j’ai un peu de mal à finir, et je manque l’occasion d’arrêter Elvira avant qu’elle ne s’emporte sur un gâteau Inca, ou un truc du genre. Je me décompose devant son enthousiasme et finit par révéler un sourire forcé, bien qu’un peu gêné. Comment lui dire non ?

Comme elle le dit, ça fond dans la bouche. J’aurais pu manger de la glace pour le même résultat. Cette fois, je ne peux plus me retenir. *Attend, attend ! J’veux dire, gâche pas plus d’argent pour moi, une gourde d’eau m’suffira largement.* J’sais même pas pourquoi je prends des pincettes, elle a dû le percevoir, depuis tout à l’heure. À moins que la foule d’encombre ses pensées ? *J’sens à peine les aliments, et j’ai pas vraiment un gros estomac.*

J’me sens un peu con. J’aurais dû le lui dire tout de suite, au lieu de me laisser trimballer en lui faisant croire l’inverse. D’autant que la voir déballer ses pièces l’une après l’autre me fait toujours un petit pincement au cœur. Ça me fait penser, d’ailleurs, que je n’ai pas d’argent. Enfin, pas d’argent Erasien. *Quelle monnaie vous utilisez ici ? Va falloir que j’en échange un peu, si mon voyage s’éternise. Tu sais où j'peux en récupérer ? *

[Elvira Greyhunt]

Tandis qu’elle fait le guide trop enthousiasme et qu’elle veut offrir des spécialistes du coin, Elvira ne réalise pas immédiatement le changement mental chez son nouvel ami. Tandis qu’il lui ‘’explique’’ mentalement qu’il préfère son équipe aux courageux Pokémon ici présent, elle ne peut pas s’empêcher de rire. *Tu vas voir, les tient vont être aussi cool quand tu auras fini ton équipe. Ma dragonne ?* C’était bien la première fois, que quelqu’un qualifiait Khaliset de cool, si la dragonne avait été présente, elle serait sûrement flattée par le compliment. Étant donné, qu’elle effrayait les gens que sa simple présence, peu osaient s’en approcher. *Humm… Si j’me trompe pas, y'en n'a pas à Flamen, faut changer de pays… Nalcia, c’est le pays de l’air. On retrouve sa présence seulement dans la tombe de Gaïus et il n’a pas d’évolution.* Souffle-t-elle avant de l’entraîner vers un autre stand à bouffe. Malgré les avertissements mentaux qu’elle n’assimile pas immédiatement, trop concentré sur son idée de base, elle finit par être arrêté par Chad qui semble maintenant mal à l’aise et exaspéré à la fois. Elle fronce les sourcils un peu et pendant qu’elle se concentre un peu plus sur sa personne elle en vient à réaliser la situation actuelle.

Elle ouvre grand les yeux, avant de soupirer. Elle n’est pas fâchée de la situation, en fait elle trouve quand même ceci comique, qu’elle n’est pas réalisée avant que Chad lui annonce de vive voix le problème de la situation. Elle hoche doucement la tête avant de la balayer de la main, ne voulant pas lui montrer la gêne qu’elle ressent face à son manque d’attention. *Nah, t’inquiète, je n'étais pas assez attentive, c’est ma faute.* Elle le guide ensuite vers ce qui semble être un puits ou un vendeur offre justement des gourdes d’eau fraîche. Après en avoir récupéré deux, elle est pensive un instant. Elle boit une longue gorgée avant de lui jeter un coup d’œil en coin. *Il y a un bureau d’échange d’argent pas trop loin, on pourrait si arrêter si tu échangeais ton Midgardien contre le nôtre. Je te conseille la monnaie universelle, que tu pourras utiliser dans la plupart des grandes villes d’Érasia. Cependant, chacun des continents à sa propre monnaie d’échange, alors évitent les petits villages si tu en as pas…* explique-t-elle lentement. Elle n’est pas sûre de bien se faire comprendre, mais bon, elle avait fait de son mieux. *Allez vient, je vais te montrer maintenant, avant que j’oublie encore. Si tu veux, après notre passage au bureau, on peut soit direct aller chercher un peu de matériel pour ton voyage, ou profiter des activités et spectacles du coin. Si j’me trompe pas, y a un quartier des ‘’art’’ ou des gens propose divers… Choses à regarder ou faire…* Simplifia-t-elle en réalisant qu’elle connaissait très peu les goûts du gamin. Au moins, maintenant elle sait que le gamin n’a ni odorat et ni goût. Ce qui est quand même dommage, parce qu’il manque beaucoup de choses.

Toutefois, elle suppose que Chad a appris à vivre avec ces handicaps et qu’il a développé autre chose pour l’aider dans sa vie de tous les jours. En même temps, ce n’était pas quelque chose d’ultra-grave, il y avait bien pire, comme la perte de la vue. Sans perdre plus de temps qu’elle ne l’avait déjà fait, elle le guide jusqu’au bureau d’échange de monnaies ou elle fait un peu la traduction entre lui et le cassier, pour faciliter les étapes à suivre. Elle-même en profite pour échanger son argent qu’elle avait récupéré sur Midgard. Une fois, cette simple tâche faite, mais qui leur a pris plus de temps que l’aurait souhaité Elvira, elle l’escorte dehors. *Alors, tu veux faire quoi ? Je veux bien faire la guide, mais il semblerait que j’aie aucun talent pour ça.* Réplique la rouquine avec un rire moqueur. Peut-être, qu’avant de quitter ou même de magasiner pour son futur voyage, qu’il est une demande personnelle. Une envie quelconque qu’il voudrait expérimenter et dans laquelle elle pourrait aider.

[Chad Kehr]

Nalcia, hein ? J’garde l’infos, des fois que j’ai l’courage d’y aller. En toute franchise, la géographie d’Erasia représente un gigantesque trou noir parmi mes connaissances. J’suis pas demeuré non plus, j’sais bien qu’ils ont quatre pays, Nalcia, Terros, Flamen et l’autre là dont le nom m’échappe, les gars de l’eau. J’sais même que c’est pas jouasse tous les jours par chez eux. Ils cumulent niveau guéguerres ! J’ai intérêt de profiter de cette période de paix pour régler tout ce que j’ai à régler avant que ça pète à nouveau.

Un type s’adresse à moi dans un Midgardien approximatif. Je tourne la tête. Elvira m’a emmené dans une bâtisse bien cossue, digne d’une villa aux trafics douteux, mais à la vue de tous. Apparemment, on peut échanger son argent ici contre une monnaie locale. Enfin globale, mais pas pour Tenkeï. Du coup, locale, mais pour Erasia, dans sa… globalité…
Bref, ça n’a aucun sens, mais ça me va. Elvira jongle entre Erasien et télépathie, elle s’occupe de l’affaire. Me laissant guider par ma guide, chose plutôt logique, j’offre ma maigre bourse au truand derrière son comptoir. Oui, truand. Quand je vois ce qu’il me rend, y’a de quoi le dire ! J’l’ai bien vu compter pourtant, alors pourquoi aussi peu ? J’ai p’t’être aucune notion de la valeur du fric d’ici, mais j’sais encore calculer que, si les quelques piécettes d’Elvira tout à l’heure nous ont permis un repas, alors je viens de me faire enfler.
Souhaitant vérifier ma théorie, je fais mine de changer d’avis et redonne la moitié du pognon au gredin derrière son comptoir.
Mince ! mauvaise théorie : il m’a rendu la moitié, sans sourciller. La bouche tordue par une grimace, je me satisfais de ce juste milieu, histoire de ne pas me sentir ruiné tout en gardant de quoi commercer sur ces terres étrangères. Mes pensées s’évadent jusqu’à l’esprit d’Elvira : *La vie m’a l’air étrangement chère, ici.*. Faut dire que moi, j’suis habitué à la pauvreté. Je vis dans un orphelinat, sans rien à moi. Le maigre pognon que je trimballe, c’est à la sueur de mon front que je l’ai gagné. À Dyrinn, je savais me débrouiller pour vivre heureux avec peu. Mais ici…
Mon regard dur balaie l’opulence qui nous entoure. Ces gens sont fiers de leur ville. Fiers de leur armée. Fiers de leurs coutumes. Cette fierté s’étale à travers les rues, sur les étalages de babioles vendus par les commerçants, dans leurs voix fortes qui s’extirpent du brouhaha de la foule, et jusque sur les murs, à travers de longs drapés colorés qui tapissent les plus belles des bâtisses. Elle ne désempli à aucun instant et englobe chaque pierre de la citée, ne laissant à notre esprit aucune occasion de s’attarder sur celles et ceux qu’elle refuse de reconnaître. Et si j’étais né ici ? Où en serais-je aujourd’hui ? Surement pas dans une de ces baraques de débauche, j’vous parie qu’les orphelins, on les trouve ailleurs !

Elvira reprend la "parole", me demandant cette fois ce que je préfèrerais faire. Je souris en la voyant rire de sa précédente maladresse. J’trouve qu’elle se débrouille bien, moi. À Dyrinn, j’aurais pas fait plus de dix mètres sans savoir quoi lui montrer !
Pour toute réponse, je fais quelques pas hésitants en direction d’un spectacle qui semble attirer nombre de curieux : un large cercle s’est formé dans la foule, au milieu duquel un homme armé d’une lance flamboyante réclame à quiconque d’oser venir le défier. Un courageux met un pied dans le cercle, déclenchant l’affrontement de deux fureurs ardentes sous les cohues d’une foule en délire. Je regarde avec amusement les gardes de la ville maintenir les gens à distance pour s’assurer qu’aucun ne soit blessé par les déflagrations dignes de véritables Pokémon feu, comme s’ils mourraient d’envie de finir en brochette avant leur tour.
Je m’y intéresse, certes. En revanche, je n’apprécie guère le spectacle. *Est-ce qu’il leur arrive de faire autre chose que de se battre avec leurs pouvoirs ?*
Je sens la pokeball d’Hâmon trembler dans ma poche. Toute cette agitation inquiète le Moufouette. D’autant que je l’ai enfermé de force, tout à l’heure. Je sers la ball dans ma poche, la secoue un peu en lui murmurant que tout va bien, puis m’éloigne du spectacle pour retrouver le chaos – pourtant bien plus calme qu’un affrontement – du marché.
*Faudrait que j’fasse le plein d’objets Pokémon. J’sais pas, moi… Tu me conseillerais quoi ? Des ball, puis… des potions ? Les gens trimballent toujours plein de potions. J’en ai jamais vraiment eu b’soin, pour Hâmon, mais bon. Bah, toi, t’as quoi comme truc Pokémon, sur toi ?*

Je la suis entre les étalages Pokémon, curieux de tout. C’est dingue la quantité d’objets qui servent aux Pokémon ! Y’a même des cailloux en tout genre : des qui brillent, des tout plats, des qui sont même pas de véritables pierres… Enfin, avant toute chose, des Pokéball !
J’offre mes premières piécettes au marchand pour en récupérer une demi-douzaine, le cœur lourd. Ça aussi, c’est cher, putin ! Tout vaut un pognon de malade dans ce bled ! J’vais me ruiner avant d’avoir trouvé le moindre Evoli !
C’est alors que me vient une idée : et mes choses, à moi, elles valent cher ? *Attends deux minutes, j’vais tenter un truc !* Mes yeux se plissent à la naissance d’un sourire en coin, tandis que je marche d’un pas décidé en direction d’un vendeur de plantes. Sur son étalage, je n’en reconnais presque aucune à l’exception des plus connues d’Erasia et d’une ou deux communes de Tenkeï.
MIZUHAN ! C’est ça, c’est Mizuhan le pays de la flotte ! La majorité de l’étalage vient de là-bas, et les prix sont déjà indiqués : un rire nerveux m’échappe tant ceux de Tenkeï sont excessifs. Ni une, ni deux, j’ouvre l’un des rangements accrochés à ma ceinture et en sort une dizaine de feuilles de Chlorobule : c’est dégueulasse, il parait, mais en infusion, ça peut vous requinquer en deux minutes ! Sans aucune hésitation, je les étale sous le nez du vendeur et lui montre en piécettes le prix que j’en réclame, les yeux rivés sur l’écriteau des autres plantes. Si l’herbe qui pousse devant chez moi coute déjà aussi cher, je ne doute pas qu’il vendra celles-là à prix d’or ! D’autant qu’elles sont encore fraiches, j’en avais fait un stock juste avant de partir, c’est toujours utile.
Son exclamation de surprise le trahi : il a reconnu les plantes et meurt déjà d’envie de s’en emparer. Pourtant, je le vois hésiter comme s’il ne s’agissait pas d’une occasion en or. Il veut me poichigeonner : pas étonnant, j’ai le combo parfait enfant plus étranger. Mais cette fois, pas question ! Il refuse l’affaire ? Pas de problème : je retire ma main, l’air de déjà passer à autre chose, puis cherche des yeux le concurrent direct de ce truand.
Bingo ! Il me rattrape par la manche, les pièces déjà prêtes dans sa main.
Et voilà ! Au final, ce fut encore plus rentable que de passer à la trésorerie. Je secoue ma sacoche de piécette devant Elvira, l’air tout content de moi, et reprend sa suite à la recherche du reste de mes fournitures Pokémon. Étalages, préparez-vous : j’viens tous vous dévaliser !

[Elvira Greyhunt]

C’est sous l’œil expert de la rouquine que la transaction se fait. Malgré son envie de crier face à l’injustice, ou plutôt à l’augmentation des taxes sur le transférer de monnaies, elle s’assure tout de même qu’il reçoit tout l’argent qu’il peut retirer. Après un rapide calcul et une observation discrète face au comportement plutôt intelligent de Chad. Elle réalise que malgré l’apparence jeune et délaisse du jeune homme, qu’il semble avoir un esprit très développé, quand il réussit à bien se concentrer comme en ce moment, ce qui fait une autre surprise de la part de Chad. Quand elle sent à nouveau Chad revenir vers elle, elle pose ses yeux verts sur lui, observant les traits bien sérieux de son visage. *Surtout en ce moment… Malgré l’apparence stable de la ville, il y a un vent de nouvelles guerres… Encore…* marmonne-t-elle dans son esprit. Malheureusement pour lui, le gamin n’avait pas choisi le meilleur temps pour faire un peu du tourisme. En même temps, elle se dit qu’il pouvait tomber pire, même si la guerre semble à deux doigts d’éclater, aucun des territoires ne voulait être celui qui voulait être le premier à lancer le chant de conflit. Une fois son tour fait, elle s’avance à son tour pour échanger de l’argent. Elle tire une bourse plutôt bien rempli d’une monnaie Midgardienne et en vide une partie sur le comptoir. Pendant que le guichetier compte, elle tire un bout de papier chiffonné de sa poche et lui montre. Il prend quelques secondes pour la lire, puis écrit quelque chose dans un large livre ouvert à sa droite. Cette fois-ci, au lieu de lui retirer la moitié en taxe, il lui retire seulement un tier et lui rend le reste. Elle hoche doucement la tête, glisse la moitié de la monnaie dans une autre bourse et remet l’autre partie dans la bourse ou il y a encore de la monnaie Midgardienne.

Elle se tourne enfin vers Chad, remarquant l’air sévère voire un peu dégoûté qu’il dégage en observant leur environnement. Elle se permet une intrusion mental, un peu curieuse de savoir ce qu’il peut bien penser en ce moment. Elle n’est pas surprise par les pensées sombres qu’il offre sur l’étalage d’opulence de la ville, elle-même, avait eu le même effet que lui et pourtant, elle avait été en partie élevée ici, parmi l’une de ces "familles" de riches. Cependant, à la différence de certaine personne, elle était rapidement tombée dans la réalité et avait découvert tout ce que cachait la richesse de la ville… Elle secoue la tête, se rapprochant de lui pour le distraire un peu. Elle pose une main très légère sur son épaule, attirant son attention avant de lui poser la question fatidique ; que voulait-il faire ? C’est qu’au même instant que l’un des spectacles de rue commence, attirant par la même occasion l’attention des deux touristes. Pendant qu’ils s’approchent du cercle de gens qui c’est déjà accumuler, elle observe d’un regard vif et observateur que les deux hommes qui combattent se connaissaient depuis un moment. Au vu de leurs mouvements similaires, mais surtout de la chorégraphie presque trop parfaite, ils travaillaient ensemble dans ce coup monté pour faire un maximum d’argent. La rouquine soupire un peu, elle se doute que ce sont les cinq dernières années dans l’armée qui l’aide énormément ou encore ses années de vie troublée par les combats depuis qu’elle est en âge de le faire. Elle avait dû apprendre très vite pour réussir à se défendre. C’est avec une expression peu impressionnée qu’elle tourne son visage vers Chad, répondant mentalement à sa question. « En fait, un guerrier expérimenté de Flamen utilise moins sa maitrise pour combattre… Ceux-ci sont des imposteurs qui sont surtout là pour impressionner les gens avec un spectacle pour faire le max d’argent. »

Puis, voyant bien que l’intérêt du jeune homme se porte vers autre chose, elle laisse un sourire s’étirer avant de tirer le sac qui entoure ses hanches. « Eh bien, tout dépend du besoin des pokémon que tu vas avoir. Toutefois, je conseille un minimal de six à sept Noigrumes sur toi, c’est le max de pokémon que tu peux avoir sur toi sans un apprentissage spécialisé, et puis deux à trois potions pour aider à rétablir la vie de tes pokémon si tu es du genre à vouloir combattre, sinon si tu es du genre à vouloir utiliser des accessoires, il y a toujours des objets de pouvoir que tu peux acheter ou trouver dans la nature. » Tout en lui parlant mentalement, elle glisse des images mentales de certains objets qui peuvent augmenter la puissance des pokémon. Elle en profite aussi pour tirer de son sac différentes potions pour aider avec la vie des pokémon ou pour retirer des statuts obtenus durant des combats. Elle prend un peu de temps pour lui expliquer ce qu’elle veut dire avec des images ou de faibles souvenirs qui sont en lien avec ce genre de statuts.

Tout en parlant, elle le guide vers une section du marché qui se spécialise en pokémon, offrant donc beaucoup de services ou d’objets pour aider avec l’entretien de ces petites bébites. Tandis que Chad paye le plein prix pour ces Pokéballs, elle grimace à son tour. « Petit conseil, essaye toujours de négocier ce que tu veux acheter, ça t’aidera à sauver un peu d’argent. » Puis elle voit son visage s’illuminer quand ces yeux tombent sur un étalage de plante de Mizuhan. Elle plisse un peu les sourcils, se gardant de fouiller son esprit pour en découvrir immédiatement la cause. Elle le laisse faire, hochant simplement la tête pour signifier qu’elle lui laisse un peu de temps. Tout en l’observant, elle est à nouveau étonnée par la vivacité de son esprit face au nouvel environnement. C’est que malgré son âge, il apprenait très vite, se point allait lui être très utile dans la vie. Elle lui rend son sourire, visiblement fière de lui face à son initiative réussit. « Bien jouer ! Tu apprends vite, ça va t’être utile dans notre monde. » Dit-elle en le félicitant d’une main sur la tête. Elle secoue amicalement sa tignasse avant de l’entrainer vers d'autres magasins et commencer à lui pointer ce qui serait très important maintenant et ce qui le sera plus tard. « As-tu une petite idée des pokémon que tu veux ? Ça pourrait m’aider un peu pour te guider. »

[Chad Kehr]

Un brin de fierté illumine mes pupilles tandis que je remonte légèrement ma cape pour cacher mes joues que je sens rougir. C’est plaisant, d’être félicité. J’ai pas l’habitude : chez moi, les adultes préfèrent me réprimander au quotidien. Faut dire que j’passe plus de temps à râler et leur échapper qu’à accomplir de quelconques exploits. J’me demande s’ils s’inquiètent, aujourd’hui. Après-tout, j’ai prévenu personne, j’me suis juste tiré, comme souvent.
Nah, ils s’en fichent pas mal ! Une bouche de moins à nourrir, ça les arrange ! Ils se poseront p’t-être la question d’ici un mois ou deux, à la rigueur : "Tiens ? Au fait, ça fait un moment qu’on a pas vu Chad !"

En tout cas, le monde est aussi pourri ici qu’en haut. Elvira a l’air de s’y connaître : déjà, elle a repéré sans difficulté l’arnaque des deux combattants quand moi j’étais persuadé d’assister à un véritable affrontement, mais surtout, j’commence à réaliser sa vision du monde à travers ses conseils et ses sous-entendus. Un peu comme moi, elle est réaliste : elle sait qu’c’est la merde. Là encore, c’est différent des adultes que j’connais, à l’orphelinat. Ceux qui cherchent à préserver une innocence inutile. Sans doute qu’ils m’auraient conseillé de faire attention à mon argent, mais personne ne ferait d’emblée comprendre à un gamin qu’il s’est fait entuber, ni qu’il a intérêt à garder son esprit vif pour survivre, et encore moins qu’une guerre se prépare. J’aime bien sa franchise. Ça me fait un peu oublier que, quelques heures auparavant, mon cerveau s’était débranché sur d’autres pensées moins aisées.

Nous revoilà devant l’étalage, avec une question que j’avais pas vue venir. Les Pokémon que j’veux ?  *Bah, un Noctali…* Je reste hésitant, mon regard se perdant parmi des fioles étiquetées dans une langue inconnue. J’en récupère quelques-unes, sur les conseils télépathiques d’Elvira où se mêlent mots, images et souvenirs pour un tour d’horizon des plus efficaces. Cette fois, je négocie un peu, et, pour une somme un peu moins abusée, me voilà reparti avec quelques trucs de soin, d’autres pour les problèmes de statuts, et même un machin de regain d’énergie, au cas où. J’vois pas quand j’utiliserai ces trucs, mais soit. Imaginons que mon Noctali tombe malade sur le trajet du retour, j’serais bien content d’avoir tout ça !
J’en reviens à ma réflexion. *Tu penses que j’devrais avoir d’autres Pokémon ?* Je ressors les noigrumes achetées pour les recompter. *Genre, six ?* C’est étrange comme idée. *Pourquoi faire ? Noctali, il m’en faut un, c’est sûr.* À ses côtés, j’me sentirais paré à n’importe quelle éventualité ! En revanche, je n’avais pas imaginé revenir avec d’autres bestioles.
Et en même temps, j’ai Hâmon. Je sors la pokeball encore remuante du susnommé en prenant bien garde à ne pas l’ouvrir, de crainte d’empester le marché entier. *Hâmon, c’est l’prof qui me l’a refilé. Parait qu’il doit m’aider pour ma maitrise.* Je vannerais bien le putois, par principe, mais le bougre me permet effectivement de progresser autant que prévu ! Alors je lui épargne mes commentaires désobligeants.
Une idée me revient : *P’t-être que j’devrais vraiment aller chercher une dragonne, à Nalcia ? Et trois autres ? J’sais pas, c’est bizarre, faut qu’ça ait un sens, quand même, non ? Comment tu as décidé, toi, pour les tiens ?*

Les courses se poursuivent, jusqu’à s’achever une fois satisfait du contenu de ma besace. J’ai aucune idée de si je suis davantage prêt maintenant qu’avant, mais j’en ai l’impression. Plus qu’à y aller ! J’observe les nouvelles rues qui se découpent devant nous, bien moins bondées.  J’crois qu’on a atterrit dans un quartier résidentiel. Ça pue toujours le fric à plein nez : pas étonnant, ça doit coûter un bras d’habiter aussi près du point de vente principal de la ville.

*Au fait, j’sais plus si tu me l’as dit : tu viens d’ici, toi ? Vu qu’tu connais vachement bien l’coin…* La déduction est évidente, et d’autres se suivent naturellement : je l’imagine originaire de ce pays, bien qu’elle n’ait l’air de l’apprécier qu’à moitié. J’ai même l’impression qu’elle y a déjà combattu. Pas comme ces types sur la grande place, qui faussaient leur affrontement, mais pour de vrai, genre dans l’armée. Bon, certes, j’prends pas trop de risque avec ça : entre toutes les guerres des années passées, pas besoin d’avoir fait l’armée pour s’être fait enrôler de force à l’une ou l’autre de ces batailles.
Ma question voit plus loin, non orientée vers son passé, mais vers le présent de la ville. C’était bien, les attractions touristiques, mais y’a un truc que j’veux voir : *Est-ce que y’a un orphelinat dans le coin ? Genre orphelinat où on fou tous les rejetons dont on sait pas quoi faire et qu’on préfèrerait oublier. J’me d’mande si c’est différent, ici.*

Oh, j’sais plus si elle savait déjà que j’suis orphelin, entre nos échanges volontaires et ses intrusions dans ma tête. En général, les gens se répandent en excuses en l’apprenant ou se perdent en malaise. J’espère pas, c’est chiant à en mourir : pour moi c’est le quotidien depuis toujours. J’sais pas c’est quoi, des parents, alors ça ne risque pas de me manquer ! C’est comme si un Mackogneur avait pitié de chaque humain qu’il croise, juste parce qu’on a que deux bras : stupide à en crever.

[Elvira Greyhunt]

Elle l’observe, une expression mélanger entre le fraternel et le maternel. Elle sait que quelque chose à changer chez elle, elle ne sait pas encore quoi, mais elle le sait. Depuis son retour de Midgard et la libération d’Anthere, elle a fait plusieurs réalisations qui la trouble encore et l’une d’entre elles, est les liens sacrés que certains humains peuvent partager avec les pokémon. Le visage détendu, elle continue d’épier un peu le gamin qui s’ouvre à elle comme un livre. Dire d’autrefois, elle aurait passé son chemin sans se soucier du gamin et de ces problèmes. Elle se félicite d’avoir changé et d’avoir mûri et elle remercie chaleureusement ses pokémon de l’avoir accompagnée dans ce précieux processus de soi. « Tout dépend de ce que tu veux faire dans le futur, personnellement avoir des compagnons de route mon beaucoup aider. » Explique-t-elle doucement. « Le nombre est plutôt un exemple, tu n’es pas forcé d’avoir obligatoirement six pokémon, j’en connais certains qui n’en n’ont qu’un ou deux et d’autres qui sont rendu à neuf pokémon. Ça varie selon ton expérience et ce que tu fais comme métier. » Continue-t-elle lentement en le faufilant entre certaines rangées étroites d’étale.« Eh bien, comme ton professeur ta sûrement expliquer, certains pokémon peuvent être très utiles pour nous, surtout dans l’apprentissage de certains domaines, le combat et les maîtrises sont les plus souvent utiles pour nous. Sinon, ils peuvent être de très bons assistant pour le travail. Comme moi et mon Exagide, » commence-t-elle en pointant la créature épais. « À une époque, je préférais les vrais épais, mais j’ai eu le malheur de toutes les brisées, alors j’ai trouvé une autre solution. Nous sommes de bons partenaires de combat. Toutefois, chacun de mes pokémon actuels à un rôle très important dans mon équipe et nos liens entre chacun sont tout autant. »

Sous sa dernière question, elle réfléchit un instant. Elle hésite entre lui dire la pure vérité ou peut-être embellir un peu les choses. Elle devait dire, qu’à la base, certaines de ces relations avec ses pokémon avaient commencé plutôt par simple profit. Elle repense à sa rencontre avec Axill et leur entente de l’époque. « Sincèrement ? La rencontre de mes pokémon varie selon l’époque et le moment… Je n’en ai pas l’air, mais à une époque ma vie était plutôt merdique… C’est même à cette époque que j’ai fait la rencontre d’Axill, il n’était qu’un tout petit Fantominus et nous avions besoin qu’aide pour nos buts dans nos vies respectives. À la longue, notre relation d’entraide a évolué pour devenir quelque chose de très solide. Depuis, nous sommes inséparables. Ah un autre exemple… Ma rencontre avec mon Exagide et une pure coïncidence, à l’époque, je croyais que c’était une simple épée, je ne connaissais pas ce pokémon, tu imagines ma surprise quand il s’est mis à bouger plusieurs semaines plus tard. Humm… Sitara, ma Mentali c’est elle qui m’a adoptée, nous nous sommes croisés dans une pension, à cette époque, j’avais je n’aurais cru prendre ce genre de pokémon, mais elle ne m’a laissé aucune chance et elle a imposé sa présence comme une reine ! » S’exclame la rouquine en riant un peu.

Lentement mais sûrement, leur route les guides vers la fin du marché, dans un quartier populaire chic, mais non-noble de la capitale de Flamen. Les gens ici ce fait plus rare, mais ils sont tout de même présents, embêtant de leur présence les deux marcheurs. « Humm, j’ai vécu les premières années de ma vie ici-même à la capitale de Flamen. Toutefois, j’ai une histoire plutôt dramatique qui a poussé ma famille à m’exiler ailleurs. Mon histoire familiale est très tragique, remplis de jalousie et de complot d’assassinat. » Souffle-t-elle sur le ton de la plaisanterie. Elle laisse le doute souffler sur la vérité sur le secret qu’elle vient de lui avouer. Même si elle sait que tout ceci est vrai, elle ne veut quand même pas ternir l'ambiance actuelle. Laissant ceci de côté, elle répond à Chad. « Bien sûr, comme m’importe quelle ville ou village du monde. Toutefois, l’ambiance des orphelinats varie selon le propriétaire qui va le diriger. Je crois qu’ici, il en a trois officiellement. Deux d’entre eux ont une bonne réputation et la troisième laisse à désirer, mais on dit que les enfants sont quand même bien traités. » Dit-elle en osant les épaules. Même si elle connaît le sentiment d’être abandonné de tous, elle ne voulait pas comparer sa situation avec Chad, peut-être avait-il vécu quelque chose de semblable à elle ou de plus pénible même.

« Tu sais, le but de la vie n’est pas de comparer la sienne avec celle des autres et de trouver laquelle est la plus tragique ou la plus merveilleuse. Tout le monde sans exception à des hautes et des bas dans l’histoire de leur vie. Le principal, il faut apprendre à toujours se relever sans regarder les autres avec envie, parce que ça ne sera pas les autres qui vont te faire vivre. Je ne sais pas si je me fais comprendre, peut-être que j’ai mal compris ce que tu demandes, mais sache que même si parfois le monde a l’air parfait ailleurs, ce n’est qu’une illusion… Le gazon n’est pas vraiment plus vert ailleurs, c’est ce qu’on se fait croire à cause de l’envie. » Termine-t-elle en essayant d’étudier un peu la réaction de Chad.

[Chad Kehr]

Avide de curiosité, je jette un œil au Pokémon épée dont me parle Elvira. C’est vrai qu’en le voyant, on a du mal à le différencier d’un véritable armement. Au final, c’est comme si elle fusionnait avec lui pour se battre, en moins extrême. Y’a des gens qui font ça, fusionner. Un frisson me parcourt à cette pensée : déjà qu’entendre des voix me trouble, j’imagine mal partager mon corps avec autrui.
Mais ce n’est pas le sujet. J’écoute ses explications, l’air bien plus sérieux et attentif qu’auprès de mes professeurs, allant même jusqu’à rebondir sur ce qu’elle m’explique : *Si tu cassais d’jà tes épées avant, tu n’as pas peur de le blesser l’utilisant ainsi ? Il n’a pas l’air plus solide qu’une épée normale.* Ouep, j’ai beau avoir compris que mes pensées se partageaient directement avec mon interlocutrice, ça ne m’empêche pas d’à peine les contrôler et de balancer la première idée venue sans filtre aucun.

Viennent ensuite les résumés de ses diverses rencontres. Je souris en la voyant réfléchir, comme si elle hésitait à m’en parler. Contrairement à ce qu’elle a l’air de croire, je m’attendais à quelque chose dans le genre : j’aurais tiqué à l’inverse. Comme je l’ai deviné plus tôt, elle a galéré, ça se sent. Et une fois encore, mes pensées s’échappent malgré moi durant l’histoire de Sitara, sous la forme d’un *Ah, je me disais bien !* très explicite vis-à-vis de la pauvre chatte pourtant fort sympathique. Pas moyen d’oublier qu’elle faisait vraiment tâche au milieu de ses camarades plus impressionnants les uns que les autres !
Quant à sa vie personnelle, elle se révèle aussi mouvementée que ses captures. Difficile de deviner la vérité à partir de bribes aussi brèves, mais j’imagine déjà des histoires de nobles, d’argent et de complots comme en content les voyageurs ambulants. Si ça se trouve, c’est une princesse, Madame coup de genoux ! Je ricane à cette pensée, en écho à sa légèreté. Surement mal placé comme rire, puisqu’elle vient de me raconter une histoire sordide, mais la voir aussi détachée, je ne m’en sens pas gêné.

Comme on pouvait s’y attendre d’une ville aussi grande, Omatsu possède plusieurs orphelinats. Deux bons, un moisi, sans catastrophe. Je crois qu’Elvira a mal compris ma question. Enfin, je veux dire, le sens profond de ma question. Ou peut-être est-ce moi qui n’en suis pas certain ? Voilà qu’elle lâche le fameux proverbe, celui qui, même à travers la traduction bancale de nos cerveaux perdus entre deux langues, parvient à tomber juste tant il aura été redit. Je souris. Non : j’éclate de rire, sans pouvoir me retenir. Un bon fou rire d’une minute, du genre sans respirer et qui vous étouffe à mi-chemin ! J’appose une main contre le mur le plus proche pour ne pas perdre l’équilibre jusqu’à une série de longues respirations entremêlée des derniers rires mourants.
*Tu m’as vraiment pris pour un miséreux désespéré ? Hey, T’inquiète ! L’orphelinat, ça craint, mais j’suis pas malheureux au point d’aller mendier mieux ailleurs ! T’sais, les adultes s’préoccupent pas trop de nous, mais on est bien traités, soignés, et t’as bien vu, ils m’enseignent et m’ont même refilé un Pokémon ! J’ai vraiment pas b’soin d’voir ailleurs pour savoir que c’est quand même cool, chez nous.*
Je la tapote d’un poing amical sur le côté du ventre pour la taquiner avant d’ajouter :
*T’sais, j’ai même l’impression que j’aurais pas grand-chose à raconter par rapport à toi, après mon voyage !* Et prenant un air faussement solennel, je mime de conter ma terrible histoire tandis que mes pensées la transmettent à Elvira. Je dois avoir l’air con, la bouche entrouverte comme ça pour ne rien dire ! Les gens ne risquent pas de deviner qu’en fait je parle, mais sans parler.
*J’ai vécu les premières années de ma vie ici-même, à Dyrinn. Toutefois, l’envie d’avoir un Noctali m’a poussé ailleurs. Mon histoire est commune à en mourir ! D’ailleurs, mes captures le sont tout autant, puisque mon Moufouette m’a juste été donné pour le travail, et que j’ai capturé mon Noctali de la façon la plus normale qui soit !* J’allais m’arrêter lorsqu’une idée s’enchaine aux précédente et me donne envie d’insister : *Heureusement, j’ai quand même un point commun avec de véritables aventuriers, puisqu’un puissant dragon, que je ne risquais pas de pouvoir capturer avec juste l’aide d’un Moufouette, a imposé sa présence comme un roi !*
Je pouffe de mes bêtises sans réaliser qu’au passage, j’avais déjà ancré dans mon esprit ma future réussite vis-à-vis de la capture d’Evoli. Après-tout, qu’est-ce qui pouvait mal se passer ? J’avais une grande aventurière pour tout m’expliquer !

*Bref t’as quand même raison, on d’vrait partir tout de suite. Si j’voulais voir les orphelinats, c’était au contraire pasque j’m’inquiétais pour les mômes. Dans un pays qu’aime la castagne comme ça, j’me dis qu’ils doivent être maltraités, et balancé à l’armé sans trop d’hésitation dès qu’ils ont l’âge. Et… Et j’aime pas l’idée.*
Ma volonté tente de faire taire le reste, mais Elvira n’aura pas à creuser bien longtemps mon esprit pour découvrir que l’idée de leur venir en aide m’a traversé l’esprit, même si ce serait tout à fait impossible. Ouep, moi aussi j’ai un peu galéré, à ma façon, du coup j’aime pas voir des gens galérer plus que moi.

[Elvira Greyhunt]

Elle sourit à la question du jeune homme. * Bonne question, mais le corps d’un pokémon est beaucoup plus résistant que l’acier d’une simple épée, sans oublier que certains ont des capacités qui leurs permis de modifier leur corps et leurs forces. Et puis vu que nous sommes liés mentalement, il sait toujours ce que je veux faire comme attaque. Une fois sur deux, je le laisse même combattre à ma place, comme tu as vu plutôt. * Elle fait référence au "combat" avec les truands tout près de Tarouga. Au début, elle combattait beaucoup en ayant l’épée en main, trouvant l’idée très difficile de le laisser bouger par lui-même et en même temps, à cette époque, ils n’avaient jamais été aussi proches qu’ils ne l’étaient maintenant. Un petit sourire de nostalgie s’étire sur ses lèvres pendant qu’elle se remémore cette ancienne vie. Elle avait fait tellement de chemin depuis. Après le dévoilage de certaines histoires de vie cocasses avec ses pokémon, elle est intriguée par les flots d’idées et de pensée de Chad. Elle doit faire un petit effort pour bien les trier et trouver le fil originaire, et qui a du sens, pour comprendre. *Une princesse ? Non, petite noblesse seulement, mais c’est un temps très lointain et oublié.*

Continuant de lire, elle rit elle-même devant le surnom que le gamin lui offre. Madame coup de genou. C’était bien la première fois qu’on lui donnait ce genre de surnom, ou qu’on lui en donnait un tour court. Loin d’être à l’aise dans son rôle de grande sœur-modèle, elle se perd un peu elle-même dans son discours, toutefois, même si elle semble s’être trompée dans l’idée de base du jeune homme, elle semble l’avoir tout de même fait rire. Il faut de longues minutes à Chad avant de reprendre le contrôle sur lui-même et son corps pour qu’il puisse lui expliquer son point de vue. Le terme de miséreux désespéré était un peu trop pour elle, mais elle avait eu la faible crainte… Toutefois, elle ne fait que secouer la tête, un sourire en coin. Tout en continuant de l’écouter, elle pose les mains sur ses hanches, une expression moqueuse illumine ses yeux et son visage. Tout en continuant de le voir faire des mimiques dans le vide et silencieusement, elle jette un rapide coup d’œil autour d’elle. Devant l’agitation du gamin, plusieurs personnes s'étaient mises à les dévisager, incertains de comprendre la situation. *Bah se viendra avec le temps, ton aventure n'est pas obligée de s’arrêter maintenant et puis, ce sera déjà plus que les autres enfants de ton orphelinat !* l’encourage-t-elle simplement.

Ensuite, il semble parti, ou divaguer, elle n’est plus sûre, sur une histoire. Elle lui faut quelques secondes pour comprendre qu’il ‘’raconte " l’idée fictive d’une histoire, sur les futures captures qu’il pourrait avoir. Elle éclate à son tour dans un grand rire. Un dragon qui impose sa présence, il se pouvait fort bien, mais elle croit sincèrement qu’il faudra un peu plus que son mignon sourire pour séduire le monstre en question, mais qui sait, on ne sait jamais à quoi s’attendre avec ces créatures. L’enthousiasme du jeune homme réchauffe le cœur d’Elvira qui encore une fois s’émerveille devant lui. Si seulement elle avait eu la moitié de sa motivation, peut-être que bien des choses se seraient mieux passées dans sa vie. Devant l’air un peu plus sérieux de Chad, elle fait de même et l’écoute expliquer un peu sa pensée. Compréhensive, elle hoche gardant pour elle, que c’était l’une des possibilités les plus populaires qui arrivaient aux gamins qui n’arrivaient pas à trouver un ''travail" acceptable et puis, l’armée n’était pas plus mal. *Je comprends, une inquiétude acceptable et honorable.* Cette fois-ci, elle s’arrête là, ne voulant pas argumenter sur un sujet qui pouvait être aussi sensible et puis, elle était beaucoup trop solitaire pour commencer à changer les idées des autres, ils pouvaient vivre comme ils l’entendaient, avec leurs idées et leurs choix.

Voyant que la situation devenait un peu plus délicate, elle hoche la tête, avant de passer un bras autour de ses épaules pour le guider à nouveau vers la sortie de la ville. Elle reprend sur une note plus légère. *Bon, maintenant que tu es équipé et que tu as une petite idée, il est temps d’aller te mettre dans l’action d’une capture. Retournons à l’entrée reprendre Khaliset et nous allons directs à la ferme du soleil pour voir si on ne peut pas te trouver un petit Évoli tout féroce.* Termine-t-elle avec moquerie.

[Chad Kehr]

Plus que les autres de l’orphelinat ? Je souris à cette idée. C’est vrai qu’on ne sera pas beaucoup à s’être payé le luxe d’un voyage sur Erasia ! Faut être un peu taré pour partir comme ça, sans rien ni personne. J’aurais pu me faire étriper dès le premier jour par ces bandits à Tarouga, et j’ai même assisté au combat fusionnel d’une guerrière et de son Pokémon épée ! Ça en fait déjà, des trucs à raconter, tout ça ! Au pire, j’aurai qu’à embellir un peu l’histoire, et j’arriverai p’t-être même à passer pour un héros auprès de ces demoiselles ! La classe, pas vrai ?
Bref, heureusement que tout s’est bien passé. J’suis à présent paré pour finir ce que j’ai à faire avant de repartir !

Elvira ne rebondit pas sur mes histoires d’orphelinat. J’crois qu’c’est la première fois qu’elle garde des choses pour elle, ou du moins, que je le remarque. Ça m’amuse et me donne envie de creuser un peu. En revanche, pas maintenant. Comme elle le dit, il est plus que temps de repartir à l’aventure en vue d’attraper mon Noctali ! Je tape dans mes mains, ravi de l’entendre le dire et m’apprête à retourner à l’entrée, laissant derrière-moi les curieux qui m’observent converser en silence depuis dix minutes. Mais à peine ai-je pointé une direction qu’Elvira s’engage à l’opposé. Je la rattrape en espérant qu’elle n’ait rien vu, un peu honteux.

La dragonne est toujours aussi impressionnante. Je trépigne d’impatience en voyant la guerrière préparer notre vol. Cette fois, j’suis à fond, et j’compte bien en profiter ! J’ai hâte, vraiment hâte de capturer l’Evoli le plus féroce qu’on trouvera, cependant, si le vol pouvait s’éterniser un peu, ça m’irait tout aussi bien !

— Direction, les fermes du soleil ! clamai-je d’une voix triomphante une fois installé.

Je sais, c’est inutile, personne ne me comprend. Mais bon sang, c’est d’un plaisant ! Plus les heures passent, et plus je me sens l’âme d’un véritable aventurier plongé au cœur d’une de ces histoires contées aux gosses ! J’ai les poches pleines d’objets qui me dépassent, je chevauche un titan aussi grand qu’une montagne, et j’suis même accompagné de l’héroïque princesse-guerrière, la grande Elvira ! OUI, je sais, je divague, mais laissez-moi kiffer, un peu !

Je hurle d’enthousiasme au décollage, bien moins sage qu’à notre premier voyage, allant même jusqu’à lâcher les rênes une seconde pour lever les bras. Un haut de cœur me ramène alors à la raison dès les premières accélération : faudrait pas non plus tomber et finir l’aventure aussi bêtement. Je me raccroche, tousse une ou deux fois et reporte mon regard en avant. J’avoue, ça m’a un peu calmé ! Juste un peu. L’immense sourire que j’affiche et mon regard pétillant trahissent clairement que rien ne saurait faire taire mon excitation du jour.
Tenez-vous prêt, petits Evoli ! Chad sera bientôt là pour capturer le meilleur d’entre vous !

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