[ Clos ] Qui a besoin d'une carte ? [Solo/Contrainte]

[Bahia Nur]

-‘ Oh oh. ‘

Oh oh. Rubis croyait que cette situation demandait un autre genre de réaction. Comme hurler de panique. Il trouvait Bahia un peu trop calme pour quelqu’un qui était entouré de Donphans en colères. Il y avait fort à parier qu’elle ne réalisait pas le danger imminent qui allait s’abattre sur elle. La pauvre avait juste voulu caresser le bébé Donphan qu’elle trouvait incroyablement mignon. Le groupe s’était vite rendu compte de sa présence et ne semblait pas apprécier celle-ci. Voilà ce qui arrivait quand le Ténéfix s’éloignait trop, il avait juste voulu trouver des renseignements sur ce drôle d’endroit quand il avait entendu le troupeau charger. Il avait juste eu le temps de se mettre à courir dans la direction du bruit pour retrouver la jeune femme qui avait dû grimper dans un arbre. Se grattant la tête, Rubis se demanda comme celle-ci avait pu y arriver, vu son peu de force et d’agilité. Celle-ci s’agrippait désespérément à sa branche et observait de ses grands yeux humides les pokémons furieux. Ils n’avaient pas encore remarqué le petit spectre et celui-ci en profita pour se glisser dans les buissons, le temps de réfléchir un peu. Il fallait attirer la horde ailleurs. Il se concentra pour tenter de rejoindre télépathiquement Bahia. Celle-ci le sentit et tourna sa tête vers lui, emplie de bonheur de le voir de retour. Sur le coup elle faillit oublier les Donphans, commençant à descendre pour le rejoindre. Puis un grognement de colère la fit remonter direct, tremblante de peur. Seul, le Ténéfix ne pouvait pas gérer dix Donphans enragés. Tant pis, il restait qu’une seule solution.

-‘ Téné ! Téné ! ‘

Rubis était sorti de son buisson et criait dans la direction des pokémons, faisant de grandes grimaces. Visiblement les Donphans étaient du genre susceptible, en moins de deux il était devenu la cible numéro un. À croire qu’ils avaient complètement oublié l’humaine perchée dans son arbre. Heureusement il s’en sortait mieux dans la course à pied que Bahia. Il zigzaguait entre les arbres, pour éviter de se prendre une charge. Au moins pendant ce temps Bahia pourrait descendre en toute sécurité. Ça, c’était un problème de règlé. Le plus urgent à présent était de sauver ses fesses à son tour, essayant par tous les moyens de les semer. Alors qu’il tentait à son tour de grimper un arbre, un rugissement l’arrêta dans son élan. Les Donphans eurent peur à leurs tours, se dispersant dans les bois. Rubis n’osa pas bouger, accroché au tronc d’arbre grâce à ses griffes. La source du rugissement apparu dans le ciel : un Dracaufeu. Celui-ci n’était pas seul, il y avait un humain sur son dos, celui-ci farfouillant le sol du regard. Voyant qu’il allait vers où était Bahia, le Ténéfix lâcha son arbre et couru dans sa direction, espérant arriver avant lui.

Le Dracaufeu était évidemment plus rapide que lui, quand il arriva à destination, il était déjà posé et son maitre faisant descendre la jeune femme de son perchoir. Il était assez trapu, on pouvait voir de nombreuses cicatrices sillonner son visage entre ses rides, ce qui le rendait quelque peu effrayant pour Bahia. Il avait les cheveux et la barbe grise, presque blanche. Le Ténéfix lui donnait facilement cinquante ans. Rubis s’approcha, écoutant ce que le vieil homme avait à dire.

-‘ … avoir des blessures graves ! Il faut faire attention avec ces pokémons mademoiselle, même s’ils vivent sur cette réserve depuis des années, ils ne sont pas très patients avec les étrangers. Sans parler des braconniers… bon dieu, qu’est que c’est que ça !? ‘

Le vieil homme observa le pokémon un instant, se grattant la tête. Il était vrai que les Ténéfix étaient moins communs que d’autres pokémons, leurs apparences en surprenaient plus d’un. Pour toute réponse Rubis lui tira la langue et lui donna un coup de pied sur le tibia. Tiens, ça lui apprendra le respect. Immédiatement Bahia se jeta sur son pokémon et le souleva, le calant bien dans ses bras. Mal à l’aise, elle commença à parler d’une voix claire et paniquée.

-‘ J..Je m’excuse ! Il est un peu… particulier. ‘

Il grogna pour toute réponse. La jeune femme le déposa au sol en lui demanda de promettre de ne pas frapper le gentil monsieur. Rubis finit par hocher la tête, mais vu comment il dévisageait le vieil homme il y avait fort à parier qu’il y pensait encore. Bahia dû calmer son pauvre cœur, respirant de grandes bouffées d’air. Le dresseur resta silencieux un moment, n’en voulant visiblement pas au Ténéfix. Quand Bahia parut plus sereine, il prit la parole.

-‘ Je m’appelle Léo. Cette réserve appartient à mon frère. Je sillonne les cieux avec Ragnarock pour traquer les braconniers et les dresseurs un peu idiots. Vous semblez perdue. Vous êtes ici pour les pokémons ? Non ? Ah bon. Alors pourquoi vous ne viendriez pas avec moi ? Je vais vous amener à la frontière de la réserve bien plus rapidement qu’à pied. ‘

Bahia sentit son cœur accéléré de nouveau. Suivre un inconnu ? Cela ne la rassurait guère. Elle se tourna vers Rubis, cherchant son avis. Le pokémon se gratta un moment le menton, fixant Léo pendant qu’il réfléchissait. Enfin sinon ils pouvaient toujours rester dans cette réserve de fou. En un rien de temps il était assis sur le Dracaufeu, prêt à partir. Bahia haussa les épaules et sourit : et puis, si Rubis choisissait cette option, c’est qu’il faisait confiance au vieil homme. Il ne semblait aucunement méchant, ainsi elle accepta son aide lorsqu’il lui offrit pour monter sur le pokémon feu. Léo monta à l’avant et lentement mais sûrement ils décollèrent du sol. La bouche béante, Bahia observait le Dracaufeu, impressionnée par sa force. Caressant du bout des doigts ses écailles, elle en oublia presque le fait qu’elle n’avait jamais volé de sa vie. Lorsqu’ils furent au-dessus de la cime des arbres et que le pokémon commençait à monter plus haut, celle-ci ressentit immédiatement un haut-le-cœur. Rubis, qui était assis sur ses cuisses, remarqua le teint quelque peu verdâtre de sa maitresse. Il tira sur la manche du vieil homme et celui-ci se retourna.

-‘ Dit donc petite, vous n’avez pas le mal de l’air tout de même ? Ragna, descend un peu tu veux, reste près du sol. Sinon la petite dame va vomir. ‘

Et évidemment si elle vomissait, ça risquait de lui tomber dessus. Le Dracaufeu fit la moue et descendit un peu, la jeune femme sentant déjà le vertige s’estomper. Le vieil homme reprit.

-‘ Enfin qu’est que vous faites ici vous deux ? Il y a une entrée pour la réserve, vous savez, elle n’est pas très loin. On organise des expéditions parfois. ‘

-‘ Je … huh… cherchais Terros. ‘

-‘ Terros !? Savez-vous ce qu’est une carte ? Si vous voulez traverser par l’eau se sera facile, mais si vous avez que vos petits pieds, vous allez devoir refaire Flamen dans l’autre sens. ‘

-‘…. Oh. ‘

Le Ténéfix roula des yeux et se tapa la tête avec la paume de sa main. Aucun des deux ne savait se servir de la carte qu’ils avaient. À la demande du vieux monsieur, Bahia sortit de son sac ladite carte, la lui tentant.

-‘ … et vous la teniez comme ça ? Ma pauvre dame, elle est à l’envers. ‘

Ceci expliquait cela. Une maison se dessina au loin et le Dracaufeu se rapprocha du sol. Après avoir atterri, le vieil homme guida la jeune femme et son pokémon vers la sortie de la réserve. Il jetait de temps en temps un regard intrigué vers l’arrière. C’était bien la première fois qu’il voyait un pokémon tenir la main de son dresseur pour l’amener. Celle-ci se laissait doucement guider, regardant un peu partout. Il fallait avouer que le paysage de la réserve était magnifique. Il y avait déjà plus de mouvements du côté de l’entrée/sortie. De nombreux autres dresseurs attendaient de pouvoir visiter la réserve. Le vieil homme lui montra le chemin par lequel les autres dresseurs étaient venus tout en expliquant comme se rendre à Terros.

-‘ J’ai un ami qui fait des voyages par bateaux. Suffit de suivre la route, vous tomberez sur un petit port. C’est plus facile pour les voyageurs de passer par la mer plutôt que le désert. Rendu là-bas vous aurez plusieurs options pour vous rendre à Terros. Tenez, voici le chemin sur votre carte. N’aller pas trop loin ! ‘

Après l’avoir remercié, les deux compagnons partirent sur la route. Le Ténéfix tenait toujours la main de la jeune femme et la pressait de marcher un peu plus vite. Celle-ci sourit et fit un dernier petit signe de la main au vieux monsieur. D’après lui, aucune chance de se perdre. Et puis, c’était un chemin qui allait tout droit.

Combien de chance avait-elle de se perdre à nouveau ?