[ Clos ] [Event Celebi] Un voyage douloureux [PV Reito et Kiel]

[Nina Wang]

La jeune femme s'était endormie après avoir repassé le film de sa journée dans son esprit. Elle avait remporté un badge d'arène après avoir vaincu Iroh et son Maganon au caractère exécrable. Erebos avait d'ailleurs récolté une jolie fracture de la côte à cause du coup de pied de ce démon, ce qui n'avait pas manqué de mettre Nina en colère. Elle s'était bien vengée en mettant le Pokémon au tapis, prenant ainsi sa revanche sur lui. Puis, elle s'était dirigée vers une auberge histoire de se reposer un peu, ayant soigné du mieux qu'elle l'avait pu son Démolosse, et félicitant ses compagnons pour leur match. Quant à Kokujin', elle lui avait tout de même demandé la raison de son action pour le moins stupide et surprenante lors du combat. Il avait refusé de s'expliquer à ce sujet, et la dresseuse avait préféré ne pas insister. Elle le ménageait toujours, en réalité, craignant qu'une parole déplacée ou malheureuse ne lui fasse ressouvenir des choses douloureuses. Elle ne savait pas vraiment comment sa précédente propriétaire était morte, et elle évitait de parler de ça en sa présence. Peut-être qu'un jour le petit Evoli se sentirait capable de lui expliquer. Mais cela n'avait pas l'air d'être le cas pour l'heure. Alors, elle avait simplement rappelé Kokujin' dans sa Lune Ball, sans pour autant lui en vouloir. Elle n'en avait tout simplement pas le droit, après tout.

Allongée sur son lit, lavée et en pyjama, elle avait donc réfléchi à la stratégie qu'elle avait utilisée lors de ce match, et ce afin de repérer les points faibles de sa démarche dans le but de s'améliorer. Après avoir analysé le moindre de ses ordres, elle s'était tournée sur le côté, plutôt satisfaite de ce qu'elle avait pu tirer de son « debriefing » et s'était laissée prendre par le sommeil, Erebos couché tout près du pied du lit et Genki roulé en boule au bout. Le loup noir avait en effet eu droit de séjour dans la pièce à cause de sa blessure grave, alors que Genki dormait toujours ainsi, hors de sa Ball ; la jeune femme avait décidé, vu la taille de la chambre, de laisser tout le monde dans sa capsule, hormis ces deux compagnons-là. Nina avait donc sombré assez rapidement, sans se poser de questions.

Elle fut surprise, dans son sommeil, en sentant une drôle de sensation l'envahir au niveau de la poitrine, comme si un crochet la tirait en avant et la propulsait quelque part à grande vitesse. Elle eut à peine le temps d'ouvrir les yeux avant de les refermer aussi sec, éblouie par une vive lumière. Laissant à ses pupilles le temps de se remettre de cette violente intrusion du Soleil en elles, elle frissonna, comme si la température avait subitement changé dans sa chambre. Puis, elle ouvrit de nouveaux ses yeux d'ambre pour connaître la raison d'un réveil aussi brutal. Elle sursauta violemment quand elle vit, autour d'elle, non pas les murs de la pièce où elle s'était endormie, mais une végétation luxuriante et d'un vert éclatant. Elle écarquilla les yeux et se redressa d'un coup, se demandant si c'était encore un coup de Darkrai. Elle qui pensait qu'il les avait laissés tranquilles pour un moment, voilà qu'elle se trouvait à nouveau piégée dans une autre dimension...d'instinct, elle regarda ses mains, puis laissa échapper un petit cri de surprise, pensant y trouver des pattes. Oh, et puis, ça n'avait plus aucune valeur de preuve, ça. Depuis sa mésaventure avec Darkrai, elle avait la capacité de se transformer en Mentali, ce qui ne manquait pas de l'intriguer, mais pouvait s'avérer utile, en réalité. Alors, qu'elle se retrouve sous forme humaine ou non, cela ne l'aiderait pas à savoir où elle était exactement...

Spoiler:

En soupirant, elle se leva complètement et eut un nouveau sursaut. Tout près d'elle se tenait un homme très grand et vêtu de noir et de rouge de la tête aux pieds. Mais surtout...il avait des CORNES et une QUEUE terminée par une pointe en forme de flèche. Interloquée, Nina dévisagea l'inconnu et fit un pas vers lui...tandis qu'il posait un genou à terre, en baissant les yeux et en silence, sous le regard abasourdi de la Mizuhanienne. Elle était certes guerrière d'élite, et elle avait des hommes sous ses ordres...mais là, elle trouvait que c'était un peu trop...étrange. En plus, il lui semblait...vaguement familier. Comme si...elle le connaissait...mais pas ainsi. Elle s'arrêta soudain de marcher et le fixa, les yeux rivés sur ses cornes. Elles étaient très inclinées vers l'arrière...comme celles de...

« Oh non...dites-moi que je rêve...Erebos, relève-toi maintenant. »

Aussitôt, l'homme se remit en position bipède, sans pour autant oser regarder Nina dans les yeux. Ainsi, il dépassait Nina de deux bonnes têtes, et il aurait été assez effrayant si la guerrière n'avait pas su qu'il s'agissait de son propre Pokémon qui, pour une raison inconnue, venait d'apparaître à elle sous une forme pour le moins inattendue. Très pâle, la dresseuse posa une main sur la joue d'Erebos, qui se sentit rougir lentement. Nina sourit alors, un peu rassurée, tandis que l'homme murmurait :

« Maîtresse, je suis désolé de vous avoir causé du souci avec ma blessure...et...je suis très heureux...de pouvoir me présenter à vous ainsi. Même si j'gnore où nous sommes. »

Maîtresse ? C'est ainsi qu'il comptait l'appeler ? Bon, après tout, pourquoi pas. Pour lui, elle était sa chef de meute, son alpha, il était donc tout à fait normal qu'il lui parle de cette manière. Sauf qu'Erebos n'était pas censé parler, et encore moins devenir une créature à mi-chemin entre l'homme et le Pokémon. En soupirant à nouveau devant cette nouvelle galère, elle passa doucement sa main sur la côte de son ami, là où le Maganon s'était défoulé quelques heures plus tôt - enfin, ce qu'elle pensait être peu de temps auparavant - et Erebos tressaillit légèrement. Pourtant, il ne semblait plus souffrir du tout, mais simplement réagir au contact de la main de sa dresseuse. Celle-ci leva les yeux vers lui et se sentit subitement plaquée contre son torse tandis que des bras puissants et musclés la serraient sans pour autant lui faire mal.

« Maîtresse, quoi qu'il arrive, et où que nous soyions, je vous protègerai. N'ayez aucune crainte. Même si je vous sais capable de vous battre, ce serait un honneur pour moi de vous défendre, quel que soit le danger qui se présentera à nous. Je vous en fais la promesse, Maîtresse. »

Très gênée, et les joues rouges, Nina acquiesça en silence, souriant à son « Pokémon ». Celui-ci desserra son étreinte, mais ne s'éloigna pas, scrutant les alentours dans une attitude protectrice. Lorsqu'un bruissement agita des branchages au-dessus des deux jeunes gens, Erebos tendit la main vers l'arbre et lança une boule de feu qui réchauffa sensiblement la température ambiante pendant quelques secondes. Apparemment, le responsable du bruit ne fut pas touché, puisqu'aucun son ou cri de protestation ne s'éleva. En revanche, une femme qui devait être à peine plus âgée que Nina se laissa tomber d'une branche, avec un air visiblement courroucé.

Spoiler:

« Eh bien alors, Erebos, tu ne m'as pas reconnue ? Ce n'est que moi...oh, Nina-san, bonjour...cette fois, j'ai l'impression que nous nous sommes fourrés dans une entreprise plus que risquée, j'en ai peur... »

Nina identifia rapidement Kashi, sa Noarfang. Elle avait de longs cheveux et un air grave et sévère qui lui allait à merveille, reflétant parfaitement le caractère du rapace nocturne. Toujours en train de réfléchir, d'observer, sans pour autant se manifester beaucoup, l'oiseau avait pris la forme d'une femme à l'habit plutôt simple et brun. Elle portait une cape qui donnait l'impression de pouvoir se séparer en deux à tout moment - des ailes, peut-être - et arborait des bois permettant de la reconnaître facilement comme étant la fidèle Noarfang de Nina. Bon...c'était un bon début. Elle savait que tous ses Pokémon risquaient de se retrouver changés en humains, ici. Restait à savoir où ils étaient exactement.

« Kashi, tu peux aller voir aux alentours si tu trouves les autres ? Profites-en pour regarder un peu la topographie des lieux histoire de nous dire si nous sommes toujours à Flamen. »

La femme hocha la tête en signe d'approbation et fléchit les genoux. Subitement, sa cape s'enroula autour de ses bras, devint marron et s'allongea pour former des ailes parfaitement soudées au corps de l'humaine. Elle décolla ensuite rapidement et disparut un moment de la vue de Nina, qui resta auprès de son gardien. Quand Kashi revint, elle était un peu pâle, et c'est d'une voix blanche qu'elle annonça :

« Nina-san, je crois...que nous ne sommes plus à Flamen...c'est mon pays d'origine, Nalcia...cette forêt, je la reconnais, on m'y a beaucoup entraînée pour que je devienne une monture d'élite. Et il y a autre chose...elle est très verte, alors que toutes les forêts du pays étaient en train de dépérir hier encore. Soit Celebi s'est sacrifié pour leur rendre la santé, ce qui est probable mais insensé de sa part, soit...eh bien...soit nous ne sommes pas dans notre temps. »

Elle fit une petite pause avant de reprendre :

« Ce qui me fait dire ça...c'est que j'ai aperçu des humains à quelques kilomètres de là...ils avaient beaucoup d'enfants assez jeunes avec eux...et l'une d'elle...Nina-san, c'est absurde, je le sais, mais...il y avait une petite fille qui avait les mêmes yeux que toi, ambrés, et avec des cheveux de la même couleur que les tiens, ce qui est assez rare. De plus, sa coiffure...des couettes et des tresses...c'était exactement le portrait de ce à quoi tu as certainement ressemblé quand tu avais aux alentours de huit ans. »

La jeune guerrière perdit totalement ses couleurs tandis que le Démolosse devenu humain la soutenait pour l'empêcher de s'effondrer sur le sol. Non seulement l'idée d'un voyage temporel ne l'enchantait pas spécialement...mais en plus, elle était revenue à la pire époque de sa vie, celle où elle avait été ballottée de ville en ville par les trafiquants d'enfants qui ne parvenaient pas à la vendre pour une raison qu'elle connaissait maintenant. Elle inspira plusieurs fois à fond pour se reprendre, essayant de se calmer pour pouvoir réfléchir ensuite. Erebos la força à au moins s'agenouiller pour se remettre du choc en appuyant doucement sur son bras, puis passa ses bras autour de ses épaules pour la réconforter et la soutenir. Il ignorait presque tout du passé de sa dresseuse, et Kashi, qui la regardait d'un air très inquiet, avait pu en comprendre des bribes, sans compter les rares moments où elle avait mentionné cette période difficile de son enfance. Elle devinait la douleur et le trouble que son amie devait ressentir à cet instant. Mais elle ne pouvait rien faire d'autre que de lui obéir, en lui faisant confiance, sachant qu'elle prenait toujours les bonnes décisions. Elle tourna alors la tête vers la gauche, entendant, tout comme Erebos, quelqu'un s'approcher. Mais aucune intention belliqueuse n'entourait cette présence ; c'est la raison pour laquelle elle décida de simplement rester sur ses gardes en attendant que l'étranger - ou l'étrangère - se montre.

[Kiel Wind]

Le temps nous joue facilement des tours. Parfois il passe si vite qu’on a l’impression de ne rien avoir vécu, et d’autres fois il semble tellement ralentir qu’une journée nous parait interminable… Mais revivre une journée du passé ? Ca, on ne lui avait encore jamais fait le coup. Quoi qu’il en soit, pour le moment le temps importait peu au jeune Kiel, bien au chaud sous une épaisse couverture. Un bon lit douillet, dans une petite maison confortable… cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas pu profiter du luxe de sa famille. D’ailleurs, il ne se rappelait pas être rentré chez lui pour dormir… alors que faisait-il dans ce lit ? Peu importait… il verrait plus tard. Pour l’instant Kiel n’existait pas, il n’y avait qu’une marmotte à sa place que rien ne semblait pouvoir réveiller. Du moins… rien sauf une petite fille d’environ 8 ans qui crut bon de choisir ce lit douillet comme trampoline en hurlant de joie. Kiel poussa un cri de surprise, propulsant à la fois l’inconnue et sa couette contre le mur opposé d’un énorme coup de vent. Il se mit debout sur son lit, balayant la pièce du regard à la recherche de celui ou celle qui venait d’oser le réveiller aussi brutalement… il risquait de passer un mauvais quart d’heure ! Qui que ce soit !
Enfin il repéra l’inconnue : une fillette brune qui se tenait la tête entre les mains, s’étant probablement cognée contre le mur. Kiel s’approcha d’elle d’un air mauvais, se plaçant devant sa future victime en croisant les bras :

« J’espère pour toi que t’a une bonne raison pour m’avoir réveillé comme ça, sinon tu vas passer la pire journée de ta vie… »

Il avait beau ne pas trop s’y connaitre en gamins, Kiel s’attendait tout de même à une réaction… des pleurs, des cris, peut être même un coup de pied avant que l’enfant ne s’enfuit en courant… quelque chose quoi ! Mais non… la gamine resta assise sans bouger, semblant même se recroqueviller sur elle-même, regardant Kiel d’un air suppliant. La situation était tellement déstabilisante que Kiel en oublia de la baffer comme il avait prévu de le faire… il restait également sans bouger, essayant au moins de reconnaitre cette fille qui se trouvait devant lui : depuis quand des inconnus se pointaient dans sa chambre ? Et c’était quoi ces fringues… Elle était vêtue d’une chemise blanche et d’une petite jupe couleur chocolat de laquelle dépassait… une queue ? Kiel se frotta les yeux pour être sûr qu’il ne rêvait pas : non non, cette fille possédait bien une queue d’Evoli… d’ailleurs elle la tenait dans ses bras, cachant à moitié son visage derrière cet Amat de poils marrons et beiges. Une idée folle vint à l’esprit du jeune Nalcien :

« Orali ? Ce n’est pas toi quand même ? »

La fille secoua la tête de haut en bas rapidement avant d’entièrement cacher son visage derrière sa queue, ressemblant ainsi plus à une boule qu’à une humaine. Kiel soupira longuement, baissant les bras en même temps qu’il penchait légèrement son corps en avant, se laissant presque tomber : qu’es-ce qu’il se passait encore… la dernière fois, on l’avait transformé en une espèce de reptile inutile pour un délire parmi tant d’autres d’un certains Darkrai… et maintenant sa pokemon qui devenait humaine ? Déjà que s’occuper d’un pokemon n’était pas de tout repos, alors d’une gamine… néanmoins il n’avait pas le choix, il n’allait pas la laisser là ! Surtout avec sa famille dans les environs… d’ailleurs il ne savait toujours pas ce qu’il faisait là, c’était peut être le moment de se poser la question ? Finalement non. Il devait d’abord régler le problème d’Orali : si un membre de sa famille tombait sur une humaine avec une queue de pokemon, ils feraient rapidement le rapprochement… et s’empresseraient de la transformer en descente de lit ou autre. Kiel se baissa à hauteur de l’enfant, la prenant dans ses bras pour la rassurer : autant qu’il se souvienne, il venait tout de même d’envoyer valdinguer la pauvre petite contre un mur… alors qu’elle était déjà traumatisée ! Bref, pour résumer, la petite tremblait comme une feuille et ne voulait absolument pas lâcher sa queue…

« Du calme Orali… Orali ! »

La petite se détendit légèrement, sentant Kiel qui retirait sa queue d’entre ses mains pour la laisser à nouveau remuer derrière elle. Le garçon réfléchit quelques instants, à la recherche d’un moyen de cacher les attributs pokemons de la jeune fille : finalement il ne trouva rien de mieux à faire que de rentrer la touffe de poils dans la petite jupe de l’Evoli, espérant qu’elle ne se libère pas trop souvent. Mais il se doutait que c’était peine perdue… il devait absolument sortir d’ici. Kiel prit sa pokemon… ou du moins l’humaine qui l’avait remplacée par la main, l’entrainant à l’extérieur de sa chambre.

Première remarque : finalement il n’était pas chez lui. Il ne reconnaissait absolument pas cet endroit… peut être un des nombreux chalets de vacances où il avait eut l’occasion d’aller avec sa famille ? En même temps vu l’argent qu’ils avaient, ils pouvaient se permettre ce genre de folie… seconde remarque, il était sorti au mauvais moment : son père apparut l’instant d’après en face de lui, dévisageant avec étonnement les deux enfants devant lui.

« Qu’es-ce que ça veut dire Kiel ? Tu n’étais pas allé accueillir ces étrangers ? Attends… qui est cette fille ? Ne me dit tout de même pas que tu as kidnappé une gamine ?! Tu es irrécupérable… »

Que dire… que dire… déjà il ne savait absolument pas de quoi voulait parler son père, et ensuite comment expliquer la présence d’Orali à ses cotés ? Mais le pire était à venir…

« Hey ! Mais vous êtes le mo… »

Kiel se jeta sur son Evoli, l’empêchant d’en dire plus : il y avait quelque chose qui clochait. Il ne savait pas quoi, mais son père ne semblait pas s’inquiéter de la présence de Kiel entre ces murs, alors que l’enfant était sensé être accompagné d’un pokemon… et qu’il lui avait formellement interdit de rentrer chez lui tant que la situation serait ainsi ! Mais il n’eut malheureusement pas l’occasion de comprendre quoi que ce soit de plus : il eut rapidement la confirmation que l’homme en face de lui était réellement son père.

« Ramènes-la ! Immédiatement ! »

Une tornade sembla se lever dans le couloir : Kiel et Orali quittèrent le sol, s’accrochant l’un à l’autre en hurlant à plein poumons. La tornade les emporta vers une fenêtre ouverte, les propulsant directement à l’extérieur. Voilà un moyen original de sortir… un peu douloureux, mais au moins ils ne risquaient pas de croiser quelqu’un d’autre dans le chalet. Surtout que la queue d’Orali faisait à nouveau des siennes ! Kiel avait superbement amorti la chute de sa pokemon en servant de coussin… et la queue d’Orali se balançait de droite à gauche sur son visage, tandis que l’Evoli cherchait simplement à comprendre ce qui venait de se passer.
Lorsque les deux êtres réussirent enfin à se relever, ce que vit Kiel lui fit totalement oublier la queue rebelle de sa pokemon : des mômes… des mômes partout ! Ainsi que des adultes qui les entouraient, qui semblaient parler entre eux comme des hommes d’affaire le feraient… les deux jeunes s’approchèrent de cet attroupement, Kiel rentrant discrètement la touffe de poil d’Orali dans sa jupe : il n’avait jamais entendu parler de ça… cela ressemblait presque… à du trafique d’enfants ? Ici, à Nalcia ? Et sa famille ferait partie des clients ? Non… ils ne pouvaient pas accepter ça ! Pour le moment il ne pouvait que regarder… après tout il n’était qu’un môme parmi les autres, avec la chance d’être du bon coté de la balance. Par contre Orali ? Il allait devoir cacher sa pokemon, il ne fallait pas qu’elle se retrouve au milieu de ce stupide commerce.

Pour le moment la présence de Kiel habillé des vêtements de sa famille aux cotés d’Orali suffisait à faire croire que la petite faisait partie de sa famille : heureusement pour lui ! L’humain et sa pokemon marchèrent au milieu des enfants l’air de rien, jetant des coups d’œil de droite à gauche : ces gamins n’avaient pas l’air bien heureux… et vu leur nombre, cela semblait bien être du trafic d’enfants. Kiel fit encore quelques pas avant de s’arrêter, son regard se stoppant sur une des petites filles en particulier : il ne reconnaissait pas vraiment l’enfant qu’il avait devant lui, seulement cette étrange coiffure composée de couettes et de tresses de couleur bleue sombre. Il avait déjà vu ça quelque part… mais pour le peu qu’il se souvienne, c’était une adulte qu’il avait vu coiffée ainsi. Sans doute une simple ressemblance… Kiel s’éloigna de cette inconnue sans comprendre, tenant toujours Orali par la main : il continuait sa petite inspection, mélangé entre la honte et le dégout de savoir que sa famille se livrait à ce genre de pratiques…

[Invité]

Ce fut la lumière du soleil qui fit ouvrir les yeux à Reito. Ça, plus un changement radical d'ambiance, comparé à la veille. Peut-être était-ce une différence subtile dans la température, dans le bruissement ambiant de la forêt, dans le gout de l'air, mais le Nalcien fut tiré de son sommeil par la certitude profonde, irréfutable, qu'il ne se trouvait plus au même endroit que là où il s'était endormi la veille.

La première constatation qu'il fit lorsqu'il ouvrit les yeux et se redressa à demi, la main posée instinctivement sur le manche de sa lance, ce fut qu'il ne se trouvait plus dans le petit bois à moitié mort du centre du Mizuhan où il avait décidé de se reposer la veille, mais bien dans une très grande forêt. Et même une TRÈS TRÈS grande forêt. Le bruit, l'ambiance y étaient fondamentalement différents, il y régnait un calme complètement absurde, et paradoxalement les animaux vivant là produisaient un vacarme relatif. Pour peu qu'il se trouva encore en Mizuhan, Reito songea qu'il devait être en plein milieu de la Forêt Enneigée, plus grande forêt du pays selon ses souvenirs, à un rare moment de l'année où il n'y aurait pas de neige - quoi qu'il ne savait pas si de tels moments existaient. Mais soit, admettons. Dans cette hypothèse n'excluant pas qu'il soit carrément dans un autre pays, la question restait de savoir comment il avait parcouru des dizaines et des dizaines de kilomètres... en dormant.

Le première idée qui lui vint à l'esprit, ce fut que Kaimetsu avait continué sa marche en le transportant sur son dos - ça n'aurait même pas été la première fois ! - mais Reito n'imaginait pas son Rhinocorne capable de l'attraper au sol et de l'installer ainsi, et surtout sans le réveiller en essayant. De fait, il se redressa totalement et braqua son regard sur l'endroit, à quelques mètres sur sa droite, où il se souvenait que Kaimetsu s'était allongé la veille.

Si Reito n'avait pas été de tempérament si profondément stoïque, il aurait sans doute jaillit sur ses jambes, en garde défensive. Au lieu de ça, il se contenta d'observer, sans un mot ou un geste de plus, l'homme de grande taille et de forte stature tranquillement allongé en lieu et place de son Rhinocorne la veille au soir. Le Rhinocorne lui-même brillant par son absence, soit dit en passant. L'inconnu était vêtu de vêtements de cuir et de tissu bruns cerclés d'or, de bonne facture mais de conception simple, et un foulard entourait son cou. La chevelure châtain en bataille donnait à l'homme un côté sauvage impossible à rater. Chose étrange, à côté de l'homme en question se trouvait le grand sac de toile dans lequel Reito rangeait son armure et ses quelques rares effets personnels. Autre chose anormale, cet inconnu semblait familier à Reito, et sa peau n'était pas constituée de chair mais semblait arborer la teinte et la texture... de la pierre. Le cumul de toutes ces observations fit hausser un sourcil à Reito. Voilà qui serait fort surprenant...

Ce fut lorsque l'homme se réveilla et se redressa à son tour, avec des geste lents, puissants et mesurés, et que ses yeux d'or pâle se posèrent sur Reito, que le jeune homme eut la certitude que sa folle impression était véridique.

- Kaimetsu ?

Spoiler:

L'interpellé grogna son approbation d'un mouvement de tête, avant de se relever en s'étirant. Il y avait en lui quelque chose de menaçant et d'incroyablement brutal, un sorte de force latente que chaque mouvement semblait déployer. Et la silhouette de plus de deux mètres de haut, de tendre la main vers Reito pour l'aider à se remettre debout. Touché par l'attention, le jeune homme laissa celui qui était habituellement un pokemon le relever - avec autant de facilité que si Reito n'avait rien pesé -, et dévisagea son compagnon, cherchant à comprendre.

- Est-ce que... tu peux m'expliquer...? demanda-t-il d'une voix posée.
- Kaimetsu sait pas, répondit l'intéressé. Kaimetsu vient de se réveiller aussi...
- Certes, au temps pour moi.

Il était fort troublant pour Reito de "discuter" ainsi avec son compagnon qui, généralement, le comprenait bien mais ne s'épanchait jamais dans ses réponses constituées de courts grognements sourds. Dans sa forme humaine toute neuve, sa voix était tout aussi sourde, une voix de basse, à la fois rocailleuse et subtilement veloutée, recelant une menace et en même temps une sensation d'apaisement.

- Kaimetsu entend des gens parler, par là, dit soudain le pokemon de but-en-blanc en pointant une direction parmi les arbres - étonnement verts comparés aux bois décrépis que Reito croisait depuis plusieurs jours. En tendant l'oreille, il était vrai que Reito entendait des voix, au moins deux.
- Tu peux m'aider à enfiler mon armure ? Tu as du me voir faire assez souvent pour pouvoir me donner un coup de main...

Le pokemon humain acquiesça de la tête et sortit l'armure du sac aussi facilement que si elle avait été en plume. A deux, ils établirent probablement un record mondial de l'armure de plates la plus rapidement équipée, avec un peu moins de deux minutes au chrono. Reito eut aussitôt l'impression d'avoir doublé de poids... Mais ils étaient potentiellement en territoire hostile, et ce genre de protection pouvait toujours s'avérer utile. D'un geste, le jeune Noble fixa sa grande lance, Namida, dans son encoche située dans le dos de l'armure, en diagonale. Puis, d'un même pas, les deux compagnons se tournèrent vers la direction des voix qui avaient reprit. Deux voix féminines, à la fois proches et étouffées par la la végétation.

Lorsqu'ils approchèrent enfin réellement du lieu où se trouvaient ces personnes, ils surprirent la fin d'une discussion...

- Eh bien...soit nous ne sommes pas dans notre temps.

Reito s'arrêta net. Pas dans leur temps ? Après avoir été transporté sur des centaines de kilomètres en dormant, après avoir pu constater que son compagnon pokemon avait pris forme humaine, il n'était plus capable de ne pas envisager qu'ils aient vraiment pu changer d'époque... Mais la suite arrivait déjà :

- Ce qui me fait dire ça...c'est que j'ai aperçu des humains à quelques kilomètres de là...ils avaient beaucoup d'enfants assez jeunes avec eux...et l'une d'elle...Nina-san, c'est absurde, je le sais, mais...il y avait une petite fille qui avait les mêmes yeux que toi, ambrés, et avec des cheveux de la même couleur que les tiens, ce qui est assez rare. De plus, sa coiffure...des couettes et des tresses...c'était exactement le portrait de ce à quoi tu as certainement ressemblé quand tu avais aux alentours de huit ans.

Si le poids de son armure ne l'avait paradoxalement pas empêché de tomber, Reito... serait tombé. Sous le regard intrigué de Kaimetsu, le jeune homme s'était mis à respirer soudain un peu plus fort. Que tant de coïncidences pareilles se réunissent au même endroit et au même moment était tout bonnement absurde. Inconcevable. Les paroles de la demoiselle, que Reito ne voyait pas encore, avaient fait surgir en lui des foules de souvenirs, des suites presque violentes d'images d'une netteté incroyable. Et beaucoup de ces images concernaient une petite fille aux yeux d'ambre et aux couettes couleur de nuit...

Poussé soudain par un besoin compulsif, viscéral, d'en avoir le cœur net, Reito partit en trombes, écartant les branches basses des arbres de ses gantelets d'acier et produisant un vacarme tout juste étouffé par le parterre de feuilles mortes et de terre. Et lorsqu'il déboucha enfin sur l'espèce de petite clairière où le groupe se tenait, elle était là, devant lui, l'air en état de choc mais aux aguets. Reito ne vit même pas les deux autres personnes présentes. Ses yeux, comme son corps, s'étaient figés sur elle. Et la dernière phrase qu'il lui avait dit, alors qu'elle le tentait de le retenir par la manche, des années plus tôt, résonna dans sa tête.

Désolé, on dirait que c'est mon tour...

- Nina...

La voix du jeune homme s'était à moitié étouffée dans sa gorge, mais le nom jaillit quand même, le souffle court sous le choc. Sa silhouette s'était allongée, amincie, de même que son visage, elle avait grandi, et ses yeux n'exprimaient plus cette crainte permanente qui avaient hanté tous les enfants qui avaient subit par le passé le même sort qu'eux deux. mais exception faite de ces détails, elle n'avait absolument pas changé, elle était restée la même, trait pour trait, à tel point que durant un instant, Reito eu le sentiment que le fantôme de la fille qu'il s'était accusé d'avoir abandonné revenait le hanter.

Puis ce sentiment fut balayé littéralement par un soulagement, une joie, sans nom, indicibles, solennels.

- Nina !

Le nom avait fusé, cette fois, comme un appel, un hymne au bonheur, un cri de guerre. Reito n'avait pas crié, mais sa voix avait été ferme, représentative de ses sentiments, et au milieu du silence, le nom claqua. Simultanément, le jeune homme s'avança vers elle, ses mains gantées ouvertes devant lui. L'homme derrière elle sembla hésiter à s'interposer, mais n'en fit rien, et Reito prit finalement Nina dans ses bras avant de la serrer contre lui. Malgré le plastron de l'armure qui les séparait encore, le Nalcien s'efforça de mettre dans cette étreinte tout le regret mêlé de soulagement qu'il éprouvait, et toute l'affection pour elle qui ne l'avait jamais quitté. En cet instant, tout ce qui n'était pas elle n'existait même plus aux yeux du Kanzaki.

Il la relâcha finalement avec douceur, cherchant quoi lui dire. Il aurait eu tellement de chose à dire, à avouer, à demander, qu'il ne savait pas quoi commencer... Finalement, un sourire étira ses lèvres, et il dit simplement :

- Tu es devenue une femme superbe, Nina.

[Nina Wang]

Le bruissement des feuilles, comme le pensait la jeune fille, annonçait la venue de quelqu'un. Les deux Pokémon de Nina étant restés calmes, la jeune femme ne bougea pas, de toute manière trop choquée par ce que venait de lui dire Kashi pour songer à quoi que ce soit d'autre. Mais lorsqu'elle leva les yeux pour voir qui était l'intrus qui avait pénétré dans la clairière, elle se leva soudain, certaine d'avoir entendu murmurer son prénom. Puis, il cria son nom, cette fois d'une voix plus forte, et il se précipita sur la dresseuse pour la serrer dans ses bras. Très surprise, Nina se laissa d'abord faire, avant de repousser doucement le jeune homme. Elle avait reconnu la voix, mais aussi les yeux de celui qui n'était en fait pas un étranger. Grand et fin, il dégageait encore cette aura de tranquillité qui impressionnait toujours Nina quand elle était enfant. Il était l'un des rares à avoir su garder son calme quoi qu'il arrive dans cet Enfer qu'avaient vécu tous les enfants faisant partie de cette bande de trafiquants ignobles. Reito. Un petit garçon qui était parti avant elle et dont elle n'avait plus jamais eu de nouvelles jusqu'à présent. Et le voilà qui se tenait là, presque adulte. Et vivant, surtout. Nina n'en revenait pas. Entre ce voyage spatio-temporel, cette confrontation avec son passé et les retrouvailles avec un ancien camarade, cela faisait beaucoup en très peu de temps. Elle s'apprêtait à parler lorsque Reito lui affirma qu'elle était devenue une femme superbe. Ses joues se colorèrent alors d'une délicate teinte rosée.

« Non, tu exagères...mais merci...ça faisait longtemps, Reito. Je...dix ans, c'est ça ? Je te croyais mort, tu sais. Et surtout, je pensais que tu m'avais oubliée. Apparemment, ce n'était pas le cas...et toi aussi, tu es devenu un bel homme. Grand fort comme les aiment les femmes, en fait. Enfin...ah, je dois te présenter Erebos et Kashi, qui sont, en temps normal, mon Démolosse et ma Noarfang. Je ne sais pas si c'est la même chose pour toi, mais mes Pokémon sont devenus humains et je me suis retrouvée propulsée dans mon passé...Kashi vient de me dire qu'elle avait vu la bande où on était, avec mon autre moi, mon moi du passé...c'est complètement délirant, comme situation. »

Elle se tourna vers ses deux compagnons, qui s'inclinèrent légèrement devant l'humain. Kashi observait attentivement le nouvel arrivant pour savoir s'il pouvait constituer un danger potentiel pour Nina, et pour se faire une idée de lui ; Erebos, lui, le fixait d'un air qui signifiait clairement qu'il n'avait pas intérêt à s'approcher d'elle de trop près s'il ne voulait pas se faire tailler en pièces.

« Je pense que je vais aller chercher mes autres amis. Je m'inquiète un peu pour eux, je n'ai aucune idée de l'endroit où ils pourraient être, même si j'imagine qu'ils n'ont pas pu se retrouver bien loin de moi. J'ai un Mentali, un Galeking, une Pharamp et une Lamantine. J'ai aussi un Evoli que j'ai récupéré suite à la mort de sa dresseuse. Il est assez jeune, et j'espère qu'il est avec les autres... »

Nina fut interrompue par une voix qui s'adressait à elle dans son esprit, en lui disant de ne pas s'en faire. Quelques instants après, un homme aux cheveux et aux vêtements de couleur parme se téléporta dans la clairière, juste devant Nina.

Spoiler:

Il n'était pas très grand, mais il dégageait quelque chose qui inspirait crainte et respect. Un léger vent semblait souffler autour de lui, soulevant ses cheveux masquant un orbe rouge sur le front. Il regarda la guerrière sans rien dire, puis Erebos, Kashi, et enfin Reito. Sans même avoir à demander quoi que ce soit, il comprit que cet homme connaissait Nina depuis longtemps. Le Mentali à forme humaine lévita doucement pour se placer à côté de son amie, qui estima suffisant de le présenter comme étant Genki, le Pokémon qu'il était en temps normal semblant assez évident aux yeux de tous. Nina vit ensuite un drôle d'humain s'approcher et s'arrêter tout près de Reito, ce qui fit penser à la jeune femme qu'il s'agissait de son Pokémon sous forme humaine. Sa peau grisâtre faisait penser à un Pokémon Roche, mais ne parvenait pas à le rendre tout de suite identifiable. Persuadée que Reito ne tarderait pas à faire les présentations en bonne et due forme, la guerrière de l'Eau reprit la parole.

« Reito, avant d'aller à la recherche de mes Pokémon, j'aimerais savoir ce que tu as fait, pendant toutes ces années...tu t'es trouvé une nouvelle famille, non ? Moi, peu après toi...un des militaires de Mizuhan qui ont démantelé le réseau de trafiquants m'a recueillie chez lui à la seule condition de faire de moi une combattante dans l'armée de son pays. Il se trouve d'ailleurs que je viens réellement de Mizuhan...et pas de n'importe quelle famille. Je suis la fille du couple royal...même si j'ai du mal à y croire...je ne peux plus avoir de doutes à ce sujet. J'ai rencontré la Reine et...enfin, c'est un peu compliqué. Oublie. Maintenant, je suis dresseuse Pokémon, j'ai plusieurs badges, j'arrive à maîtriser mon pouvoir lié à l'Eau et je sais me battre avec des armes. J'ai changé, tu sais. »

La jeune femme soupira comme pour mettre un point final à son déballage de vie - ce qu'elle ne faisait habituellement pas, étant plutôt discrète - et entreprit de retrouver ses amis. Genki, qui ne parlait toujours pas, s'adressait à elle exclusivement par le biais de la télépathie, et il lui indiquait que Kokujin' se trouvait près d'ici. En faisant signe à Reito de le suivre, Nina suivit son premier compagnon, qui les mena, au bout d'une bonne demi-heure de marche, non seulement à l'Evoli changé en humain, mais aussi à la bande de gamins. En restant cachée, Nina s'immobilisa.

Spoiler:

Devant elle se tenait un groupe assez important composé majoritairement d'enfants, mais aussi de plusieurs adultes que Nina reconnut. En balayant du regard le rassemblement de jeunes enfants qui se serraient tant bien que mal les uns contre les autres pour échapper au froid et à la sélection, la Mizuhanienne tomba sur son double. Effectivement, elle ne devait pas avoir plus de huit ans, et elle regardait méchamment un homme qui s'approchait d'elle avec un sourire en coin. La Nina presque adulte pâlit en voyant qu'il s'agissait du chef de la bande, accompagné de son maudit Magirêve. Ce dernier dévisageait la petite avec l'expression de jubilation intense qu'il avait toujours lorsqu'il s'apprêtait à la torturer mentalement. Un cri résonna alors dans la forêt : l'un des jeunes enfants un peu à l'écart du groupe essayait de s'infiltrer dans la masse pour aller défendre la petite Nina. Vu son apparence et sa réaction, il ne pouvait s'agir que de Kokujin', qui fonçait tête baissée vers le danger. Mais devait-il vraiment craindre quelque chose ? Nina ignorait que ses Pokémon et elle-même ne pouvaient pas toucher ceux qui appartenaient au passé, à moins qu'ils aient une perception des auras particulièrement développée. Et c'était le cas pour le Magirêve du boss. En effet, lorsque Nina s'élança pour récupérer l'enfant qu'elle savait être son Evoli assez stupide pour se jeter dans la gueule du loup, le spectre détourna subitement son attention de la petite Nina pour fixer l'autre, à la fois très surpris et effrayé. Il avait peur d'elle. Il ne comprenait pas comment elle faisait pour se dédoubler ainsi. Il avait déjà compris qu'elle abritait en elle une sorte de force monstrueuse prête à se déchaîner à tout moment. Mais en voir deux, et surtout, en voir une traverser la foule de gamins comme si elle était devenue elle-même un fantôme...cela le dépassait complètement. Alors que son maître lui hurlait de commencer sa torture, le Magirêve restait figé, ne sachant à quelle Nina s'en prendre. Finalement, la plus âgée réussit à s'emparer de Kokujin' avant qu'il n'atteigne la plus petite, puis essaya de toucher la cible désignée du Magirêve...mais sa main passa à travers, comme si son corps était devenu immatériel. Au fait, lequel, de corps ? Elle ne savait plus bien. Très troublée, et après avoir aperçu le petit Reito se rapprocher de sa jeune camarade, la Nina guerrière s'entoura d'une colonne d'eau qui ne mouilla même pas les enfants alentours, puis se propulsa en arrière histoire de se sortir de là. Elle déposa son Evoli sous forme humaine à côté de Genki, qui sermonna son cadet, toujours mentalement, puis sortit ses dagues, prête à se battre contre le Magirêve. Celui-ci, ignorant complètement les ordres de son dresseur, et fixant un point que le boss ne pouvait voir - à savoir les yeux d'ambre de Nina Wang -, se dirigeait lentement et en lévitant vers elle, toujours un peu dérouté, mais décidé à l'affronter.

« Reito, je vais le tuer. Peut-être que si je le fais dans le passé, ce maudit Magirêve ne maltraitera plus mon double pendant le temps qu'il lui reste à passer avec ces malfrats. Et peut-être que je n'aurai plus peur d'eux...j'en ai déjà tué un, une fois, dans mon futur. Je peux aussi certainement éliminer celui-là. Si jamais tu vois l'un de mes Pokémon arriver, empêche-le de s'interposer. Je refuse qu'ils soient mêlés à ça. »

Avant de se lancer dans le combat contre son pire ennemi, la jeune femme vit du coin de l'œil un adolescent qu'elle connaissait se dissimuler derrière un arbre, accompagné d'une petite fille ressemblant elle aussi à un Evoli. Où l'avait-elle rencontré, déjà ? Ah, oui. Le concours d'Eternara. Et elle savait qu'il avait la capacité de se changer en Pokémon, tout comme elle. Il avait donc aussi été emmené dans le cauchemar de Darkrai, avant la seconde bataille entre les pays. Que faisait-il ici ? Avait-il un rapport avec le passé commun de Nina et de Reito ? Elle n'en savait rien, mais elle aviserait plus tard. En effet, pour l'heure, elle préférait se concentrer sur ce fichu spectre qui avait passé des années à la narguer et à lui infliger des blessures dont elle se souviendrait toute sa vie. En poussant un cri de rage, la guerrière de l'Eau sauta sur le Magirêve, ses dagues sorties et entourées d'eau et de glace. S'il ne craignait pas les coups physiques, il n'était toutefois pas immunisé contre une attaque élémentale. Le Pokémon du boss de la bande cria de surprise en sentant son chapeau se couvrir d'une fine pellicule gelée. Mais celui qui fut le plus étonné fut, évidemment, son maître. Hébété de voir son Pokémon se faire attaquer par une chose invisible, il restait planté là, à regarder le spectre se débattre contre la furie qui se déchaînait sur le responsable de tant de ses maux. Derrière les arbres tout près de là, Genki, Kashi, Erebos et Kokujin' assistaient à une vengeance qu'ils ne pouvaient qu'approuver. Genki et Kashi avaient entendu Nina parler de son douloureux passé, et ils estimaient que ce duel à armes enfin égales devait avoir lieu. Erebos commençait à comprendre grâce aux derniers évènements, et il encourageait « Maîtresse » à faire de son mieux pour l'abattre. Kokujin', lui, n'avait intégré qu'une chose : le Magirêve était un Pokémon que Nina détestait, et celui-là faisait du mal à sa dresseuse dans son passé. Il demanda alors à ses compagnons :

« Dites...où sommes-nous et que faisons-nous là ? Et Nina, pourquoi...pourquoi il y a deux Nina ? On est dans le passé, c'est ça ? Elle doit le tuer ? Enfin, je peux comprendre tout seul, en fait. Laissez tomber. »

Le petit garçon se replia alors sur ses questions, sans vraiment donner l'impression d'écouter la réponse de Kashi, mais en sentant son coeur se serrer en identifiant désormais les adversaires de Nina à quelques pas de là. Même s'il était arrivé récemment dans le groupe, et même en ayant du mal à s'y intégrer du fait de sa fierté et de son caractère, il partageait leur colère envers cet homme et son Pokémon. Il s'aperçut subitement que Reito et un Pokémon changé en humain comme eux étaient là et les regarda rapidement en se désignant du doigt et en lâchant un « Kokujin' » de mauvaise grâce...avant de se tourner à nouveau vers son sauveur, qui se battait contre le spectre. Elle avait la chance de pouvoir changer son passé. Pas lui. Sa précédente dresseuse s'était suicidée. Il devait vivre ainsi, maintenant, avec Nina et ses autres Pokémon. Alors, il cria un encouragement à la guerrière de l'Eau, comme s'il pouvait, par ce simple geste, l'aider à triompher de ses vieux démons.

[Kiel Wind]

Alors que Kiel se contentait d’observer tout cet attroupement d’enfants terrorisés, il remarqua enfin qu’étrangement personne ne le regardait : d’ailleurs la queue de son Evoli était encore sortie de sa jupe… et pourtant cela ne semblait choquer personne ! Il avait beau chercher à comprendre, ce ne fut que lorsqu’il essaya de questionner un des jeunes enfants qu’il comprit enfin : sa main passa au travers du corps qu’il voulait toucher, d’ailleurs il pouvait traverser absolument tout le monde, tel un fantôme qui se contenterait d’errer sans pouvoir agir… voila quelque chose d’assez intéressant, mais surtout d’effrayant ! Que lui était-il arrivé ? Et pourquoi était-il soudainement devenu un fantôme alors que l’instant d’avant il venait de discuter avec son propre père ?

La réponse se trouvait pourtant non loin de lui : le véritable Kiel de cette époque était sortit du château également, ressemblant trait pour trait au Kiel fantomatique. Il devait avoir à peine un an de moins : c’était largement suffisant pour que l’enfant ait un tout autre tempérament. C’était comme si deux époques venaient de fusionner… sans que cela ne dérange personne ! Bref, il n’était pas temps de chercher à comprendre ce qui se passait, mais plutôt de trouver un moyen de régler le problème.

Kiel se suivit lui-même du regard : le véritable lui semblait parfaitement se fondre dans cette masse. Voir tous ces enfants torturés l’amusait, il profitait même de son élément pour martyriser toujours plus ces gamins : certains se mettaient à trembler d’un coup, sentant un vent gelé qui s’engouffrait dans leurs vêtements. L’enfant rigolait, content de sa blague, tandis que le Kiel fantôme restait parfaitement insensible : il n’avait pourtant pas changé, blaguer l’amusait toujours autant, d’ailleurs son Malosse avait souvent été la cible de ce genre de minuscule torture. Pourtant aujourd’hui, il ne riait pas : il n’était plus seul, il avait des amis… à cette époque, rien ne comptait pour lui mis à part sa propre personne, il se sentait au dessus de tout. Depuis l’arrivée de son Malosse, Kiel continuait évidemment d’être le même, mais il faisait plus attention à ce que ressentaient les autres : tous ces gamins étaient déjà tellement tristes… une blague était faite pour faire sourire, pas pour torturer ! Il avait envie de se frapper lui-même… d’ouvrir les yeux de cet abruti qu’il avait en face de lui. C’était impossible, ça ne pouvait pas être lui ! Et pourtant si… et le pire dans tout cela ? Il ne pouvait rien faire. Il n’était qu’un spectateur, incapable d’agir : il y avait de quoi enrager… Kiel préféra se détourner de son double plutôt que de contempler plus longtemps ce qu’il était il y a peu.

Un peu d’agitation se faisait entendre à quelques pas de lui, vers l’endroit où il avait aperçu la jeune Nina : tout ce que Kiel put en voir, ce fut une énorme vague d’eau qui les trempa des pieds à la tête lui et son Evoli. Une fois cet étrange phénomène passé, Kiel put tout d’abord remarquer qu’il était la seule personne à être trempée des environs : l’eau était tout simplement passée à travers les corps, comme il l’avait fait auparavant. Il y avait donc quelqu’un d’autre dans la même situation que lui ? Mais qui ?
La réponse ne tarda pas à venir : en se rapprochant de la scène, Kiel put apercevoir la véritable Nina en train de combattre un Magirêve. Par contre, tous les yeux étaient tournés vers eux ! Enfin, plus particulièrement vers le pokemon. En résumé, le pokemon était de ce monde… et Nina et lui d’un autre monde ? Et puis peu importait, cette femme savait se battre et n’avait rien d’une folle, elle savait probablement ce qu’elle était en train de faire. Kiel détourna le regard : pourtant, la suite le concernait autant que les autres, il aurait vraiment du rester là… mais on ne peut pas prédire l’avenir après tout, n’es-ce pas ?

Le combat entre Nina et son ennemi du passé fut interrompu par un puissant jet de flamme qui sépara les deux combattants : lorsque tous ceux qui avaient vu l’attaque tournèrent la tête vers l’inconnu, ils purent constater la présence d’un homme ayant probablement l’âge de Nina. Probablement, car on ne voyait strictement rien de lui : le visage de l’humain était caché sous une épaisse capuche noire, laissant seulement apparaitre ses deux yeux rouges dans l’ombre. Un vêtement sombre recouvrait entièrement le reste de son corps : on aurait dit un membre d’un quelconque culte maléfique… d’ailleurs sa main qui dépassait de ses vêtements sombres était encore flambante : il n’y avait aucun doute, c’était bien lui qui venait de stopper ce combat. L’homme s’approcha lentement, abaissant sa main dont la flamme s’éteignit peu à peu. Il s’arrêta après quelques pas, se mettant à parler sans pour autant révéler quoi que ce soit sur son identité : Kiel aurait peut être pu le reconnaitre, si au moins il avait imaginé que son propre Démolosse ait été transporté à la même époque que lui… et surtout qu’il soit encore en vie.

« Tu penses pouvoir régler tous tes problèmes simplement en changeant ton passé ? Je n’interviendrais pas plus longtemps dans votre affrontement insensé, mais réfléchit un peu… tu es ce que tu es grâce à ton passé, tu as accomplie tout ce que tu as accomplie jusqu’ici grâce à ce même passé, que ce soit tes instants les plus durs à vivre, mais également les meilleurs. Change ne serait-ce qu’une minute de ce passé… et tu risques de perdre bien plus que ce que tu comptes récupérer. »

Et concernant ce que voulait faire Nina, ce n’était pas une simple minute qu’elle comptait modifier : ce Magirêve l’avait traumatisée toute son enfance… le tuer reviendrait à modifier toute sa vie, elle ne serait même plus la même personne. Mais après tout, ce n’était pas son problème, et puis il comptait faire la même chose de son coté… il avait certes prononcé de belles paroles, mais l’air de rien le Démolosse ne pensait qu’à une chose depuis qu’il était arrivé ici : changer son passé, ou plutôt celui de Kiel. Il avait rapidement compris ce qui leur était arrivé : le pokemon humain ne ressemblait en rien au Malosse que Kiel avait connu. Quand à ce Malosse qu’il était à cette époque… il devait mourir, tout simplement. Se tuer soi-même… quel idée étrange, et pourtant… c’était le seul moyen pour Kiel de rester dans sa famille, de ne pas changer… de ne pas souffrir…
L’inconnu reprit sa route l’air de rien, comme si avoir interrompu ce combat faisait déjà partie du passé : il passa à cotés des deux combattants sans même leur lancer un regard, se dirigeant vers la forêt en espérant retrouver son double. D’ailleurs comment pourrait-il se tuer lui-même ? Il n’avait aucun moyen d’interagir avec les gens d’ici, mis à part quelques exceptions… bref, il trouverait un moyen sur place. Pour le moment, il devait déjà trouver ce Malosse.


Dire que le dresseur du Démolosse avait tout raté… et pour couronner le tout, il tomba encore sur la seule personne qu’il aurait mieux fait d’éviter ! Son père… qui le fixait à nouveau avec de grands yeux étonnés. L’adulte tourna la tête vers l’autre Kiel, le véritable, puis dévisagea le fantôme qui se trouvait devant lui : deux Kiel ? C’était déjà suffisamment dure de supporter un seul gamin, alors deux…
Le Kiel venu du futur sentit quelque chose se resserrer sur sa gorge, puis le soulever au dessus du sol : pourtant il avait beau mettre ses mains, il n’arrivait pas à attraper cette chose qui l’étranglait à moitié ! C’était du vent, tout simplement, il était en train de se faire étrangler par un simple courant d’air ! Et par son propre père…

« Je ne sais pas qui tu es, mais tu aurais-du choisir une autre apparence que celle de mon fils pour me tromper… tu ne lui ressembles pas du tout, il est beaucoup plus … »

L’homme n’eut pas le temps de terminer sa phrase, l’Evoli humaine venait de lui sauter dessus, frottant sa tête contre le torse de l’humain : l’adulte en fut tellement surpris qu’il en lâcha Kiel, regardant la jeune fille d’un air totalement désemparé. Et histoire d’en rajouter un peu, il aperçut la queue d’Evoli qui se balançait de droite à gauche derrière la gamine : cette fille était une humaine ? Ou un pokemon… impossible qu’un pokemon l’apprécie autant, et surtout pas un Evoli… non, ça ne se pouvait pas… le seul et unique Evoli qui aurait pu l’aimer était mort, de ses propres mains ! Il ne devait pas se faire avoir… c’était sans doute un piège, une combine de cet homme qui se faisait passer pour son fils pour l’amadouer !
Le père de Kiel repoussa l’Evoli de son bras, tendant son autre bras vers sa nouvelle cible : même s’il était encore en vie… il était encore temps de réparer cette erreur. Un vent tranchant commençait à entourer son bras droit qu’il pointait sur l’innocente qui le regardait au bord des larmes, ne comprenant évidemment pas la réaction de l’humain. Mais une fois encore, l’adulte n’eut pas l’occasion de terminer ce qu’il venait de commencer : Kiel s’interposa, protégeant l’Evoli de son corps. Lui-même n’en revenait pas, pourtant il ne s’occupait d’elle que depuis quelques jours… mais c’était ce même homme devant lui qui lui avait offert cette Evoli, cet homme qui avait confiance en lui. Il la protégerait, comme il n’avait pas pu le faire pour son Malosse…
L’adulte n’osait plus attaquer : il est vrai que cet imposteur ne pouvait pas être Kiel, jamais son fils n’aurait réagit comme ça avec la créature derrière lui… et pourtant, il n’arrivait pas à l’attaquer. Cet enfant en face de lui, même s’il n’était pas son véritable fils… il était le fils qu’il avait toujours voulu avoir.

[Invité]

C'était un tel bonheur... Reito n'en revenait toujours pas. Oh, il n'était pas du genre à rester paralyser par la surprise, ou par quoi que ce soit en général, mais dans son esprit et dans son coeur, ça n'en bougeait pas moins... Elle était là, devant lui, après toutes ces années... C'était quasiment un miracle, sans même parler du contexte pour le moins inopiné de leurs retrouvailles ! La demoiselle s'écarta légèrement lorsqu'il la relâcha enfin, rougit subtilement à son compliment - sincère -, et répondit rapidement.

- Non, tu exagères...mais merci...ça faisait longtemps, Reito. Je...dix ans, c'est ça ? Je te croyais mort, tu sais. Et surtout, je pensais que tu m'avais oubliée. Apparemment, ce n'était pas le cas...
- Comment aurais-je pu t'oublier ? rétorqua le jeune homme avec un demi-sourire légèrement narquois.
- Et toi aussi, tu es devenu un bel homme. Grand fort comme les aiment les femmes, en fait.

Ce fut au tour de Reito d'être surpris par le compliment. Certes, il savait qu'il n'était pas inintéressant pour la gente féminine, mais c'était la première qu'on le lui disait ouvertement, et que cela vienne en plus de Nina en particulier, cela ne laissait pas le jeune Noble insensible... La demoiselle enchaîna avec les présentation, indiquant au passage que les deux personnes qui l'accompagnaient étaient bien ses Pokemons. Reito répondit à leur salut par une révérence rapide mais impeccable, conscient que les deux compagnons de son amie le jaugeaient. Nina mentionna ensuite la suite de son programme, soit la recherche de ses autres compagnons, dressant une liste de ces derniers, mais fut interrompue par l'arrivée inopinée de ce que Reito n'eut guère de difficulté à analyser comme le mentali sus-cité, que ce soit grâce à la couleur de ses cheveux, la sphère sur son front, sa prestance et ses manières...

Ce fut à ce moment-là que Reito se rendit compte que Kaimetsu était lui-même resté en retrait, soucieux comme à son habitude de ne pas s'imposer et conscient que sa masse n'était pas des moins encombrantes... C'était moins vrai à présent qu'il avait forme humaine, mais les habitudes ont la vie dure. D'un geste, Reito l'invita à s'approcher, ce que le Rhinocorne fit sans insister.

- Nina, Erebos, Kashi, je vous présente Kaimetsu, Rhinocorne, mon compagnon de tous les jours. Kaimetsu, je te présente Nina, une grande amie d'enfance, ainsi que ses amis Erebos et Kashi.
- Kaimetsu enchanté... répondit le Pokemon à la haute stature, imitant la précédente révérence de Reito à la quasi-perfection. L'habileté avec laquelle Kaimetsu calquait ses mouvements, imitait ses manières, et s'efforçait de faire honneur à la famille à laquelle appartenait son maître et ami étira les lèvres de Reito en un sourire de fierté.

Mais déjà, Nina continuait :

- Reito, avant d'aller à la recherche de mes Pokémon, j'aimerais savoir ce que tu as fait, pendant toutes ces années...tu t'es trouvé une nouvelle famille, non ? Moi, peu après toi...un des militaires de Mizuhan qui ont démantelé le réseau de trafiquants m'a recueillie chez lui à la seule condition de faire de moi une combattante dans l'armée de son pays. Il se trouve d'ailleurs que je viens réellement de Mizuhan...et pas de n'importe quelle famille. Je suis la fille du couple royal...même si j'ai du mal à y croire...je ne peux plus avoir de doutes à ce sujet. J'ai rencontré la Reine et...enfin, c'est un peu compliqué. Oublie. Maintenant, je suis dresseuse Pokémon, j'ai plusieurs badges, j'arrive à maîtriser mon pouvoir lié à l'Eau et je sais me battre avec des armes. J'ai changé, tu sais.
- Je vois ça, oui... répondit Reito étouffée, sous le choc. Le groupe de trafiquants, démantelé ? Nina, la fille du couple royal de Mizuhan, devenue dresseuse, élémentaliste et guerrière du Mizuhan ? Et dire que j'estimais avoir eu une vie plutôt chargée et pleine de rebondissements...

D'un geste, Nina lui intima soudain de la suivre. L'expression de son visage venait de changer. Avait-elle entendu quelque chose ? Ou bien... Alors que son regard circulait tout autour du groupe, Reito posa les yeux sur le Mentali à forme humaine, et comprit. Message télépathique. Avoir un compagnon télépathe devait décidément être très pratique... Ils marchèrent ainsi quelques dizaines de minutes, peut-être une demi-heure, dans le silence, à l'affut du moindre bruit. Genki finit par s'immobiliser, et Reito rejoignit alors Nina à couvert d'un buisson. De là, il pu à son tour constater qu'ils avaient atteint leur destination...

Les souvenirs de la scène jaillirent dans son esprit en même temps que sous ses yeux. Le groupe d'enfants, les trafiquants, les "clients"... tout le monde était là. Tout le monde, y comprit la petite Nina. Reito ne mit guère plus de temps à se repérer lui-même dans le lot, avec sa tignasse sauvage et son regard déjà en grande partie éteint. Bon sang, quelle sensation dérangeante ! Soudain, IL apparut. Comme dans ses souvenirs, le Magirêve du boss du groupe, la créature qui avait infligé pendant des années des tourments interminables à Nina... Un flot de haine coula dans les veines de Reito comme un liquide glacé. Il avait toujours tout accepté, supporté, encaissé, il avait toujours prit sur lui, toutes les souffrances qu'il avait enduré. Mais jamais il n'avait supporté cela, que ses compagnons souffrent, et les tortures mentales gratuites du Magirêve que Nina avait du endurer pendant des années avaient toujours été pire que tout. D'un geste, Reito empoigna à nouveaux sa lance, le mercure de ses yeux figé sur le Pokemon de cauchemars, mais Nina était déjà partie... Rapide. Evidemment, elle devait avoir encore plus que lui envie de se venger, après tout, c'était elle qui avait subit mille tortures. Bien, Reito ne demandait rien de plus que de pouvoir l'y aider.

L'instant d'après, le jeune homme fusait à sa suite, sur sa gauche, et sa lance s'abattait sur le premier homme du groupe de trafiquants à sa portée, tandis que Nina poursuivait sur sa trajectoire vers le Magirêve - ou plutôt, comme Reito s'en rendit compte quelques secondes plus tard, vers un enfant... doté d'une queue n'étant pas sans évoquer celle des Evolis. Mais Namida ne frappa pas sa cible au niveau de la hanche, comme prévu, et se contenta de la traverser sans même éveiller son attention. A vrai dire, l'homme ne semblait même pas s'apercevoir que Reito venait de tenter de le frapper, ni même que Nina venait de le dépasser à toutes vitesse. En fait, personne ne réagit, lorsque la jeune femme attrapa l'Evoli par le col, et exécuta une retraite rapide en invoquant une colonne d'eau avec une facilité surprenante...

Personne, sauf le Magirêve... Reito avait rapidement comprit qu'ils ne pouvaient pas toucher les habitants de ce souvenir, vu l'échec de son attaque, mais dans ce cas, pourquoi le Magirêve se dirigeait-il à présent vers eux - vers Nina - de sa lente lévitation ?

- Reito, je vais le tuer, lança Nina après être revenue à côté d'eux et avoir déposé son plus récent compagnon près de son aîné mentaliste. Peut-être que si je le fais dans le passé, ce maudit Magirêve ne maltraitera plus mon double pendant le temps qu'il lui reste à passer avec ces malfrats. Et peut-être que je n'aurai plus peur d'eux...j'en ai déjà tué un, une fois, dans mon futur. Je peux aussi certainement éliminer celui-là. Si jamais tu vois l'un de mes Pokémon arriver, empêche-le de s'interposer. Je refuse qu'ils soient mêlés à ça.
- Bien compris. Compte sur moi. Je vais tenter de te donner un coup de main... répondit Reito, le regard dur.

Il n'était pas sur que changer le passé soit une bonne chose. Ou plutôt, il n'était pas sur que ce soit sans danger. Mais si il était possible de changer ainsi certaines mauvaises choses, alors il n'hésiterai pas. L'Evoli se présenta finalement sous le nom de Kokujin', visiblement plus par principe que par réelle volonté de sociabiliser... Reito se força à lui rendre un sourire poli et se présenta à son tour, suivi de Kaimetsu. Puis le jeune noble reporta son regard sur le combat qui faisait rage, devant l'incrédulité et l'incompréhension de tous les "souvenirs" qui eux, ne voyaient sans doute que le Magirêve batailler contre un ennemi invisible. Les capacités dont Nina faisait preuve devant ses yeux sidéraient Reito. Certes, la seule colonne d'eau que la jeune femme avait invoqué plus tôt lui avait suffit pour comprendre qu'il ne lui arrivait pas à la cheville, malgré son entraînement régulier depuis plusieurs années, mais ce qu'il voyait à présent dépassait même les objectifs qu'il s'était lui-même fixé... Mais il n'était pas question de la laisser combattre seule alors qu'il pouvait l'aider au moins un peu.

Fermant les yeux le temps de réguler son souffle, le Kanzaki braqua à nouveau son regard sur le combat quelques secondes plus tard, dès qu'il sentit son emprise se refermer suffisamment sur les flux élémentaires qui l'entouraient. Dès lors, avec précaution, toute sa concentration dédiée à sa cible, il commença à manipuler l'air, formant comme un flux autour de lui, rassemblant, lentement mais surement, la puissance qui allait lui permettre d'attaquer. Il n'était pas encore très à l'aise avec ce pouvoir, le découverte de son affinité avec le vent était encore trop récente pour qu'il puisse l'utiliser naturellement, mais si ça pouvait lui permettre de combattre et de soutenir Nina...

- Genki, lâcha-t-il sans quitter le Magirêve des yeux, j'ai une faveur à te demander. C'est pour aider Nina...

Le Mentali ne lui répondit que par un regard pénétrant, que Reito eu du mal à interpréter. Dans le doute, il le prit pour un oui...

- Je vais lancer l'attaque élémentaire de vent la plus puissante possible sur le Magirêve. Je doute que ça lui fasse grand chose, vu mon niveau, mais le but de la manoeuvre n'est que de détourner son attention, ou de le sonner momentanément, pour donner à Nina une occasion d'en finir. Je voudrais que tu transmette à Nina ce plan de bataille, et que tu synchronises mentalement nos actions pour optimiser l'efficacité des manoeuvres. D'accord ?

Il n'y avait que lui pour cela. Ou plutôt, un télépathe comme lui était la pièce la plus importante d'une stratégie de ce genre, le pilier autour duquel tournait le timing de l'action, et l'efficacité de l'effet de surprise que cela produisait. Par exemple, si Reito criait "baisse-toi !" à Nina au moment de lancer son attaque, le Magirêve n'étant pas stupide, il pourrait comprendre à temps et se baisser aussi, mais si le signal était lancé directement dans l'esprit de Nina, le Magirêve ne verrait rien venir. Et vu le niveau du combat, il suffirait d'un instant, d'un minuscule instant d'inattention de la part du Magirêve, et Nina pourrait assouvir sa vengeance...

Laissant finalement tomber sa lance, Reito se concentra finalement entièrement sur les flux magiques. Il avait déjà en tête la forme de l'attaque qu'il allait lancer. Il lui suffirait juste de quelques secondes... En face de lui, le combat faisait toujours rage, des plaques de glace et des éclaboussures quasiment tranchante d'eau sous pression jaillissants en tous sens. D'un bond, Nina passa derrière le Magirêve, qui se retourna presque instantanément pour lui faire face à nouveau, tournant dans le même temps le dos à Reito... La manoeuvre de Nina était-elle faite dans ce but ? Genki avait-il déjà tout expliqué à Nina et avait-il, de par sa compréhension des choses toute digne d'un télépathe confirmé, synchronisé leurs actions ? Dans tous les cas, c'était l'occasion rêvée...

*Maintenant !* cria-t-il mentalement, comptant sur Genki pour transmettre à Nina.

Un tour sur lui-même pour entraîner les vents qu'il avait invoqué, et il lança sur le Magirêve le "Poing d'Air" le plus puissant qu'il pouvait déployer à son niveau.




[HRP : Voilà voilà, fini. Vraiment désolé que ça ai prit si longtemps. Ça se reproduira plus u_u
Nina ==> J'ai pas trouvé où caser le déballage de vie de Reito, donc faudra le relancer plus tard =D
Kiel ==> désolé si tu n'apparais toujours pas dans mon post, mais Reito ne t'a jamais vu, donc il percute pas que tu viens pas du souvenir... Et pis il regarde ailleurs xD]

EDIT Nina : OMG !! Sortons le champagne, Reito a posté !!! °_°
EDIT Reito : T'as vu ? t'as vu ? ... J'peux prendre un peu d'champagne ? xD

[Nina Wang]

Alors que le combat faisait rage entre Nina et le Magirêve, un jet de flammes vint à séparer les combattants, faisant cesser tout mouvement de leur part. L'homme encapuchonné dégageait une aura semblable à celle d'Erebos qui, bien conscient d'être en face de l'un de ses congénères, plissa tout de suite les yeux en levant la queue vers le ciel, les poings serrés. Remarquant que les cornes de l'importun étaient moins grandes et moins recourbées vers l'arrière que les siennes, il fit un pas en avant, certain de sa supériorité. Ce n'était pas un alpha, il serait donc contraint de se soumettre à Erebos si ce dernier le lui demandait, ce qui n'empêcha pas le Pokémon de Nina de garder une attitude ouvertement hostile. Et tout comme Erebos, l'inconnu avait la capacité de parler, puisqu'il avait pris forme humaine...ce qu'il dit à Nina le laissa interdit, tandis que la jeune femme, stupéfaite, laissait résonner à ses oreilles ces mots si durs à entendre, mais colorés d'une vérité qu'elle se refusait pourtant à admettre. Perdre plus que ce qu'elle ne pourrait récupérer...cependant, aveuglée par sa colère et sa haine, Nina n'attendit même pas que leur arbitre improvisé s'en aille tout à fait pour reprendre la lutte avec son ancien tortionnaire. Elle sentait son coeur se consumer lentement, mais sûrement, dévoré par une flamme vengeresse et vindicative qui lui intimait l'ordre d'éliminer cet adversaire sans ombre. Se sachant capable de le trancher, elle n'en était que plus hargneuse et prête à en découdre.

Serrant les dents et lâchant un grognement de rage, la jeune femme bondit sur son adversaire et lui envoya une lame d'eau dessus qui entraîna avec elle un petit morceau de l'étoffe immatérielle qui composait le Magirêve. Ce dernier, franchement terrifié par la situation, poussa un cri strident qui empêcha Nina de bouger pendant quelques instants, instants qu'il mit à profit pour tenter de s'immiscer dans son esprit afin de la torturer, comme il le faisait auparavant. Le corps de la guerrière se raidit alors, ses yeux d'ambre se fermèrent lentement, puis, ses muscles se détendirent...comme dans le passé...il la tenait enfin...elle n'était rien de plus que cette gamine qui l'avait tant distrait, mais avec quelques années de plus...pourtant...quelque chose n'allait pas. Oui, quelque chose clochait avec elle...le spectre sentait une résistance inhabituelle lui barrer l'accès à l'esprit de la princesse de Mizuhan. Alors qu'il s'efforçait de briser la barrière mentale, ses perles se mirent à rougeoyer vivement. Le Magirêve se met à trembler...avant d'être violemment repoussé en arrière, deux des perles composant son collier explosant avec force, comme s'il avait pris un coup direct. Pourtant, ce mouvement n'était que le résultat de la défense que la bête de Nina venait d'utiliser pour éjecter le spectre hostile de là. Carrément désorienté, le Pokémon du boss de la bande fixa son ennemie d'un air ahuri, désormais très mal à l'aise. Nina, en revanche, esquissait un sourire narquois, presque carnassier, tout en dévisageant son adversaire de toujours de ses yeux d'ambre aux pupilles à présent réduites à une simple fente sombre.

Tout près de là, le Mentali de Nina écoutait avec attention le plan annoncé par Reito, à savoir détourner l'attention du Magirêve un instant pour permettre à Nina de lui porter le coup de grâce. Déjà, il se concentrait pour améliorer sa perception des courants environnants histoire d'amener l'air à lui. Le dénommé Reito demandait à Genki de coordonner leurs actions mentalement. Mais Genki ne répondit rien, réfléchissant encore aux paroles du Démolosse étranger venu les sermonner et les conseiller de cesser le combat. Il laissa donc l'humain se préparer sans quitter sa dresseuse des yeux. Soudain, alors que Nina passait derrière son ennemi, qui se retourna d'un coup, la voix de Reito retentit dans l'esprit du Mentali. Aussitôt, le Pokémon psychique lança mentalement, mais sans le crier :

« Nina... »

Habituée à la voix de son tout premier Pokémon, la jeune femme, sentant également l'air se modifier légèrement autour d'elle, se baissa très vite, fléchissant ses genoux, et évitant ainsi l'immense poing d'air qui s'abattit sur le Magirêve. Celui-ci, sonné, vacilla lentement en tombant vers le sol. Le sol où Nina l'attendait, un sourire sardonique s'étalant sur son visage et lui donnant un air effrayant et presque démoniaque. Cependant, alors qu'elle levait ses dagues déjà cerclées d'eau furieuse et tourbillonnante, la voix retentit à nouveau dans son esprit, à la fois douce et ferme, plus supplique qu'ordre lancé sans ménagement.

« ...je t'en prie, ne fais pas ça. »

Elle savait. Elle avait compris. Lui aussi. Et elle savait aussi qu'elle devait l'écouter. Dans un cri de colère et de frustration, Nina abaissa d'un geste vif ses deux dagues, dont l'eau s'échappa comme deux flèches sifflantes au vent. Les deux jets s'entrecroisèrent dans le dos du Magirêve et, en se rejoignant, entrèrent en collision, se subdivisant ainsi en des dizaines de jets plus petits qui encerclèrent le spectre. Puis, sans prévenir, les multiples filets d'eau se solidifièrent, se muant en une glace qui emprisonna bientôt le Pokémon dans une sphère totalement hermétique et gelée. Lorsque la barrière de glace eut terminé d'entraver le Magirêve, de longs pics jaillirent à la surface de la sphère, signe que Nina, folle de rage, s'était contenue pour ne pas mettre à mort son bourreau. Régie par les lois de la gravité, la prison hérissée de pics tomba, se plantant dans le sol de la forêt du Chat comme un Pomdepik. Nina se releva, un masque de haine sur le visage, mais disposée à lui laisser la vie sauve. L'inconnu le lui avait dit, et Genki l'avait imploré de s'arrêter là. Deux raisons suffisantes pour ne pas faire l'imbécile en risquant de supprimer des pans entiers de sa vie. Et une autre raison l'emportait sur toutes les autres, écrasante, imposante, nécessaire.

Otoosama.

La simple pensée de le perdre, ou d'en faire un homme qui ne la connaîtrait pas lorsqu'elle retournerait dans son époque, lui avait glacé le sang et avait arrêté son coeur un instant. L'homme à qui elle devait tout...l'oublier...impossible. Tant pis pour sa rancœur. Elle devait la mettre de côté en attendant de retrouver son cher Sergei qui, vu l'apparence de Nina dans le passé où elle se trouvait, ne tarderait pas à démanteler le réseau de trafiquants d'esclaves. Ce ne serait l'affaire que de quelques semaines, tout au plus. Et dans son époque à elle, la Nina quasi adulte ne souffrait plus de ces tortures. Elle avait une amie qui possédait un Feuforêve, et qu'elle arrivait à peu près à approcher et à côtoyer. Elle était en train de surmonter ses peurs et ses angoisses. Elle ne devait pas changer ce passé, même si cette période la hantait. Elle faisait partie d'elle, tout comme sa bête...qui l'avait d'ailleurs aidée à repousser l'assaillant...depuis quand la présence tapie en elle était-elle capable de la protéger ainsi sans l'aliéner ? C'était étrange...encore une raison pour ne pas modifier cette époque. Si la Nina du futur devenait apte à rester elle-même, même lorsque sa bête entrait en action, alors elle devait laisser les choses en l'état.

Alors que le chef de la bande courait vers son obus de glace improvisé, le Magirêve enfermé dedans figé dans une expression de terreur pure, et tapotait la paroi, incrédule et furieux, Nina, elle, marcha vers son Mentali, rangea ses dagues jumelles et, contre toute attente, enlaça son Pokémon sans un mot. Ce dernier passa ses bras autour du corps de sa dresseuse et la serra contre lui, comprenant qu'elle avait réalisé ce qu'elle avait failli faire et ce qu'elle avait été sur le point de perdre à jamais. Passant doucement ses mains sur la tête de la fille adoptive du major Wang, il la laissa se calmer contre lui, tremblante et blême de la peur panique qu'elle avait éprouvée mêlée à la colère face aux souvenirs ressurgis en elle. Au bout de quelques minutes, Nina leva les yeux vers Genki et lui dit d'une voix blanche :

« Ne, Genki...j'aurais pu nous tuer tous, n'est-ce pas ? J'ai failli nous anéantir...j'ai failli... »

Il comprit qu'elle entendait par là qu'elle avait manqué de faire en sorte que la rencontre de Nina et de chacun de ses Pokémon, ainsi que celle de Nina avec Sergei n'aient jamais lieu. D'un air grave, mais sans cesser de la rassurer par cette aura si apaisante et ce regard si calme, le Mentali à forme humaine répondit, cette fois d'une voix audible par tous, hormis les personnes appartenant au passé :

« Oui, mais tu ne l'as pas fait. Tu as eu la sagesse et la présence d'esprit de t'arrêter à temps. Alors ne t'en fais pas. Nous nous reverrons tous dans le futur. Tous ensemble. »

Ces mots suffirent à Erebos, Kashi et Kokujin' pour se rapprocher de Nina et l'entourer afin de la réconforter. Kashi posa une main rassurante sur son épaule, Erebos passa doucement sa main dans son dos tandis que Kokujin', plus réservé et plus timide, restait un peu à l'écart, les mains croisées devant lui, en jetant des coups d'œil discrets à sa nouvelle dresseuse. Alors, une douce sensation envahit la jeune femme, sensation qui n'était pas seulement liée à la chaleur que lui apportaient ses Pokémon en lui témoignant leur affection. En effet, un tourbillon d'eau légère s'était formé autour du groupe, tournant et retournant sans cesse, dans un geste qui fit comprendre à Nina que sa Lamantine était là. Elle seule était capable de décrire ces cercles parfaits. Sa Reine était là aussi et les avait enfin retrouvés.

Spoiler:

« Te voilà, Eikallia...je suis contente de te revoir, même si je sais maintenant que, quoi qu'il se soit passé ou se passera à l'avenir, nous devions nous rencontrer, parce que tu es liée à la souveraine de Mizuhan... »

En tendant la main droite, Nina put toucher la corne de la femme qui flottait un peu au-dessus du sol grâce à l'eau qu'elle générait de l'ensemble de son corps. Après s'être dégagée de l'étreinte de ses camarades, la guerrière avança vers Reito et lui sourit.

« Excuse-moi...finalement, je ne suis pas allée jusqu'au bout. Mais je crois sincèrement que ce que j'aurais perdu en le tuant n'aurait jamais pu remplacer ce que j'ai gagné par la suite. Et qui sait, peut-être n'aurions-nous pas pu nous revoir dans l'avenir, juste parce que j'aurais tranché ce Magirêve. Avoue que les pertes auraient été conséquentes pour nous tous... »

Soudain, Nina entendit un cri étouffé un peu plus loin. Ressortant aussitôt ses dagues, elle se tourna vers l'origine du bruit et aperçut un homme en train de tenter d'étrangler Kiel, le gamin qu'elle avait déjà vu à Nalcia. Sans se préoccuper de l'identité de l'agresseur, elle s'apprêta à aller défendre le jeune garçon, mais Genki la devança. L'orbe rouge sur le front du jeune homme luisit brièvement ; l'instant d'après, un léger courant d'air agita les cheveux de Nina, et son Pokémon se retrouvait tout près de l'adulte en train d'attaquer Kiel. En levant le bras, sans rien dire, le Mentali fixa l'humain de ses yeux devenus bleutés. Moins d'une seconde après, l'agresseur se retrouvait projeté en arrière, comme frappé par un poing invisible. Se plaçant devant l'adolescent, le premier compagnon de Nina ne quitta pas l'homme au sol des yeux, prêt à se servir à nouveau de ses pouvoirs psychiques pour empêcher un meurtre.

« Vous allez donc tuer un enfant ? Êtes-vous donc fou au point de vouloir commettre un tel acte, ou êtes-vous trop terre-à-terre pour refuser en bloc la possibilité d'une distorsion temporelle ? N'avez-vous donc pas remarqué que des choses étranges se produisent autour de vous ? »

La voix du Mentali, cette fois puissante et grave, avait résonné dans toute la clairière. Apparemment résigné pour le moment, l'inconnu se décida à laisser Kiel tranquille. Nina se tourna alors vers Reito sans lâcher ses deux armes et, en soupirant, lâcha :

« Eh bien, j'ai l'impression que notre rôle sera d'empêcher que notre passé ne soit trop amoché si on ne veut pas avoir de mauvaises surprises à notre retour. »

Par pur réflexe, elle passa sa main près d'une de ses poches et constata que le petit cadran solaire accompagné du portrait de Sergei n'était plus là. Pâlissant légèrement, mais persuadée pour un étrange motif que l'objet se trouvait quelque part dans ce lieu et dans cette époque, elle se reprit bien vite et ajouta :

« En tout cas, je suis certaine que nous avons beaucoup de choses à nous dire, Reito. »

[Kiel Wind]

Le Démolosse humain de Kiel fixa cet étranger qui s’approchait de lui, dont les cornes montraient qu’il était lui aussi de sa race. Néanmoins, celui de Kiel avait toujours vécu loin de ses semblables… le jeune nalcien l’avait d’ailleurs récupéré assez jeune, il ne montra donc aucun signe d’infériorité face à cet inconnu qui aurait put être son chef dans une autre vie. Ce n’est pas pour autant qu’il se montra hostile : il se contenta de croiser les bras, attendant la suite sans rien ajouter.
Le combat reprit malgré son interruption. Le Démolosse de Kiel soupira, s’éloignant sans un mot. Il ne se retourna qu’après quelques instants, apercevant la glace qui recouvrait le Magirêve. Elle avait finalement décidé d’épargner sa vie ? Bien, cela lui évitera de passer le restant de sa vie à regretter ce geste irréfléchi. Le pokemon reprit sa marche silencieuse, décidé à trouver son "lui" du passé… pour l’éliminer une bonne fois pour toute, et permettre à son ami de vivre sa véritable vie.

Alors que Kiel protégeait son Evoli de son corps, quelqu’un le libéra de l’emprise de son propre père, propulsant l’adulte dans les airs. Ce dernier se rattrapa à l’aide de ses pouvoirs, un petit air surpris sur le visage : personne ici n’oserait s’attaquer à lui de la sorte… pour quelque raison que ce soit. Alors qui ? L’homme fixa cet étrange humain aux vêtements couleur parme possédant sur son front un orbe rouge. Etait-il un pokemon lui aussi ? Cette orbe… c’était un Mentali, forcément, alors pourquoi avait-il apparence humaine ? Considérant que quelque chose d’étrange se tramait ici, l’adulte décida de rester calme et de ne pas massacrer tous ces étrangers avant d’en savoir plus… néanmoins, s’ils n’annonçaient rien de crédible…
L’étrange inconnu s’était placé entre le faux Kiel et lui, déblatérant une histoire de distorsion temporelle… le Mentali put sentir une légère brise se lever : un simple avertissement…

« Si ce que vous dites est vrai… partez. Vous n’avez rien à faire ici. »

De son coté, Kiel se relevait lentement, un peu déboussolé par tout ce qui venait de se passer. De là où il se trouvait, il pouvait apercevoir la Nina actuelle, ainsi que son double propre non loin d’elle… et derrière lui, il y avait toujours son Evoli transformée en humaine par on ne sait quel miracle ! Quand à celui qui venait de le sauver… il ressemblait à un humain, et pourtant… enfin bref, comme son Evoli ! Ne sachant trop que dire, Kiel resta un instant silencieux avant de simplement dire :

« Je ne sais pas qui tu es mais… merci. »

Le gamin attrapa la jeune Evoli par la main, l’entrainant loin de cet homme qui détestait les pokemons… mais il n’eut pas le temps d’aller bien loin que déjà la voix autoritaire de son père se refaisait entendre :

« Attends ! »

L’homme ne bougeait pas, mais sa voix suffisait à figer l’adolescent sur place. Kiel risqua un regard en direction de son père, se demandant la raison de cet arrêt qui ne tarda pas à venir :

« Es-tu vraiment mon fils ? »

C’est tout ? Il voulait simplement que Kiel confirme ce que l’adulte pensait ? Et s’il acquiesçait, que se passerait-il ? Kiel n’était plus le même depuis qu’il était parti avec son Malosse… bien sûr, il était toujours le même gamin insupportable qui passait son temps à s’amuser au dépend des autres, mais il avait des amis… et il les protégeait, ou du moins il essayait, bien trop souvent en vain. Finalement, à quoi bon répondre à cette question ? L’homme aura sa réponse dans quelques temps… peut-être même moins d’un an ! Finalement, un sourire moqueur apparut sur le visage de Kiel, tandis que le gamin lançait pour narguer l’adulte :

« Qui sait ? »

Puis il reprit sa route en direction de Nina et de ce garçon qu’il ne connaissait point. Ne prenant même pas le temps de faire une quelconque présentation avec l’inconnu, ni de saluer les deux humains, Kiel s’imposa, un air d’incompréhension total sur le visage. Puis il se mit à parler… et tout s’enchaina. On aurait presque dit qu’il paniquait tellement il enchainait les interrogation, désignant un peu tout ce qui se trouvait autour de lui, hurlant presque par moment…

« Nina, es-ce que tu peux m’expliquer ce qu’on fait ici ? Où on est d’ailleurs, et pourquoi… bon sang, pourquoi nos pokemons ont une forme humaine ? J’ai failli assommer mon Evoli lorsqu’elle m’a sauté dessus comme ça… et d’ailleurs, pourquoi je suis deux fois ici ? Enfin bref… c’est quoi ce bordel ? »

A quoi bon réfléchir seul lorsque quelqu’un pouvait vous donner toutes les réponses ? Kiel n’en était pas à sa première expérience étrange, il se doutait que c’était quelque chose dans le genre… mais il n’avait pas poussé ses pensées plus loin que ça.
Non loin d’eux, le père de Kiel fixait toujours ces intrus sur ses terres, ne montrant pour le moment aucun signe d’agressivité tant qu’ils ne troublaient pas plus l’ordre. Néanmoins, il n’accepterait pas la présence de dresseurs de pokemons en ces lieux beaucoup plus longtemps… même si ces bêtes possédaient une forme humaine.

Un peu d’agitation se fit sentir non loin du groupe, vers l’entrée de la maison des Wind : un petit groupe d’enfants venait d’entrer à l’intérieur, accompagné de membres de la famille Wind, tandis que les revendeurs s’éloignaient d’un air satisfait, une liasse de billets dans les mains. Et il n’y avait pas à chercher longtemps pour remarquer les enfants qui avaient disparus… le jeune Reito était toujours là, par contre aucune trace de la jeune Nina. Elle venait d’être vendue… chose qui n’aurait pas du arriver, évidemment. La vente de la jeune Nina avait été pressée après ce qui venait d’arriver au Magirêve : craignant pour son pokemon, son maître avait préféré éloigner cette gamine. Et puisque ces gens riches avaient demandé à acheter un bon nombre d’enfant, il en avait profité !
Kiel ne remarqua rien : en même temps il était trop occupé par toutes ces choses étranges pour s’occuper d’un pauvre trafic d’enfant qui ne l’intéressait absolument pas. Par contre, Nina et Reito avaient intérêt à s’en rendre compte rapidement s’ils voulaient annuler ce changement !

Un peu plus loin dans cette forêt du chat du passé, le Démolosse de Kiel était enfin tombé sur celui qui l’intéressait dans cette époque : lui-même. Malheureusement, il se rendit bien vite compte que sa recherche était complètement inutile : il ne pouvait pas interagir avec lui. Que ce soit le toucher, le bruler, l’écraser… rien, vraiment rien. Il ne pouvait que fixer son petit corps fébrile d’un air hostile, voyant en lui l’être inutile qu’il avait été tout ce temps… et surtout celui qui allait gâcher la vie de Kiel.
Et le pire dans tout ça ? Il dormait… totalement inconscient du danger qui pouvait roder dans les environs, le jeune Malosse restait allongé dans l’herbe, bavant à moitié entre deux ronflements. Rageant, le Démolosse s’installa à coté de lui, réfléchissant à un moyen de régler son compte à ce petit paresseux qu’il avait été.

[Invité]

Finalement, elle n'était pas allée jusqu'au bout... Reito poussa un soupir de soulagement, lorsque Nina, plutôt que d'abattre le pokemon sans autre forme de procès, le gela littéralement dans une prison de glace. Il ne put rien faire. Là encore, la vitesse avec laquelle Nina avait invoqué cette technique élémentaire fascinait Reito. Quel entraînement avait-elle du subir pour atteindre un tel niveau ?

Alors que la sphère de glace hérissée de pointes se plantait bêtement dans le sol, Reito fut surpris de son propre soulagement. Lui qui, quelques instants plus tôt, avait dirigé toute sa volonté pour offrir à Nina la possibilité de détruire la Némésis de son passé, avait l'impression que son coeur se délestait d'un poids maintenant qu'elle n'en faisait rien. Il lâcha un petit soupir allié à un sourire en coin, et murmura pour-lui même :

- On dirait que mon coeur s'inquiétait quand même...

Car la moindre action inconsidérée pouvait avoir des conséquences désastreuses... Reito l'avait déjà entrevu, anticipé, et que Nina l'ai compris et n'ai pas été jusqu'au bout, au fond, était un réel soulagement. Alors que la jeune femme se laissait aller à son propre soulagement, entourée de ses pokemon, de ses compagnons, Reito souris à Kaimetsu. Décidément, tout ce qui ressemblait à des bons sentiments semblait le contaminer systématiquement d'une dose instantanée de bonne humeur ! S'approchant un peu, Kaimetsu rendit son sourire à son ami. Pour le pokemon, les choses étaient plus simple : si Reito était heureux, il l'était aussi, et dans le cas contraire, il était nerveux.

Soudain, l'humidité ambiante s'intensifia rapidement, sur une petite zone, et un autre pokemon à forme humaine jaillit soudain de nulle part dans un délicat tourbillon d'eau. La grâce noble du pokemon, alliée à la corne délicate sur son front, ne laissaient guère de doute quant au pokemon dont il s'agissait...

- Te voilà, Eikallia...je suis contente de te revoir, même si je sais maintenant que, quoi qu'il se soit passé ou se passera à l'avenir, nous devions nous rencontrer, parce que tu es liée à la souveraine de Mizuhan...

En entendant ces mots, Reito se souvient que Nina lui avait déjà fait part de cette nouvelle. Elle était la fille du couple Royal de Mizuhan, et en ce nom, la princesse héritière ! De fait, Reito étant devenu un Noble de Mizuhan, il en devenait donc... un des sujets de Nina. Mais ça, la jeune femme ne le savait pas encore, puisque Reito n'avait guère eu d'occasion de lui faire part de la nouvelle affectation familiale que lui avait donné le Destin...

- Excuse-moi...finalement, je ne suis pas allée jusqu'au bout. Mais je crois sincèrement que ce que j'aurais perdu en le tuant n'aurait jamais pu remplacer ce que j'ai gagné par la suite. Et qui sait, peut-être n'aurions-nous pas pu nous revoir dans l'avenir, juste parce que j'aurais tranché ce Magirêve. Avoue que les pertes auraient été conséquentes pour nous tous...
- - Je ne le nie pas, répondit le noble avec un petit sourire. Mon seul but était de t'aider à aller au bout de ta volonté. Et puis, pour être honnête, imaginer ce Magirêve mort et enterré a également quelque peu altéré mon jugement, je le crains... Mais au final, tu as fait le bon choix, Nina.

Il avait eu un temps d'hésitation avant de répondre. Selon l'étiquette, il eut été inconcevable qu'un simple sujet, tout noble soit-il, s'adresse ainsi à une princesse ! Qu'ils aient un passé commun n'entrant pas en ligne de compte, bien entendu. Cela, les manières de la noblesse, si profondément ancrées en Reito par plusieurs années de discipline et d'intense éducation, ne le permettaient pas. Mais si Reito commençait à parler à Nina comme son rang le demandait, la jeune femme ne comprendrait pas, et la situation n'était pas propices à de longues explications... Et puis, la revoir, lui parler à nouveau, après tant d'années, tout cela était un tel plaisir que le jeune Noble avait fini par décréter intérieurement que, de toute façon, il n'y avait personne ici pour s'insurger d'un manquement au protocole.

Avant que la jeune femme ai pu ajouter quoi que ce soit, un cri étouffé se fit entendre, et les armes étaient à nouveau tirées de leur fourreau. Un homme était en train d'agresser un enfant qui semblait protéger une fillette... La vue de la scène laissa Reito perplexe. D'une part, il y avait deux garçons absolument identiques l'un à côté de l'autre - quoi que celui qui protégeait la fillette semblait plus âgé que l'autre -, et de l'autre, un homme dont les traits n'étaient pas tout à fait sans évoquer un lien de parenté avec les deux jeunes garçons qu'il avait l'air d'attaquer. Et puis la fillette... avait une queue. Une Evoli ? Mais enfin, qu'est-ce qu'il se passait ?

Ce fut Genki qui agit le plus vite, soufflant littéralement l'homme d'une pulsion puissante de son pouvoir. Un dialogue plutôt enflammé s'échangea entre le mentali et l'homme, mais Reito était plus préoccupé, à présent, par autre chose que les propos échangés. L'homme faisait incontestablement partie du souvenir... Mais il n'existait pas dans les souvenirs de Reito et Nina, le groupe d'enfants était un peu plus loin, et Reito ne se souvenait pas d'avoir vu cette scène par le passé. Donc ça devait être le souvenir de quelqu'un d'autre... Son regard de mercure se fixa sur le plus âgé des deux garçons aux cheveux blancs, et sur l'évoli à forme humaine qu'il protégeait...

- Nina, es-ce que tu peux m’expliquer ce qu’on fait ici ? Où on est d’ailleurs, et pourquoi… bon sang, pourquoi nos pokemons ont une forme humaine ? J’ai failli assommer mon Evoli lorsqu’elle m’a sauté dessus comme ça… et d’ailleurs, pourquoi je suis deux fois ici ? Enfin bref… c’est quoi ce bordel ?

Bon, confirmation obtenue : le plus âgé des deux garçons était visiblement dans son propre souvenir. Surprise : il connaissait visiblement Nina. Se seraient-ils rencontrés après que Reito ai quitté le groupe de trafiquants ? L'homme lui avait demandé si il était son fils... habitait-il ici ? Auquel cas, la Nina enfant et le souvenir de ce garçon se seraient-ils rencontrés ici à l'occasion de ce souvenir...? Non, c'était impossible, ni Reito ni Nina n'étaient entrés dans la maison, à l'époque...

Le regard d'acier du jeune noble, soudain nerveux, se tourna vers le groupe d'enfant des trafiquants, plus loin. Ils s'éloignaient... et tous ne répondaient par à l'appel mental de Reito quand il les dénombra du regard. Certains n'étaient plus là. Dont Nina.

- Eh bien, j'ai l'impression que notre rôle sera d'empêcher que notre passé ne soit trop amoché si on ne veut pas avoir de mauvaises surprises à notre retour. En tout cas, je suis certaine que nous avons beaucoup de choses à nous dire, Reito.
- J'ai bien peur que ça doive attendre, sans quoi les mauvaises surprises vont arriver avant ! répondit Reito d'une voix tendue en pointant du doigt le groupe qui s'éloignait. Tu as été vendue prématurément !

Et le Noble, de s'élancer vers l'endroit que le groupe venait de quitter. Un observateur attentif aurait pu s'amuser de voir au sol les trous produits par les points de la prison de glace entourant le Magirêve, qui avait été embarqué avec la troupe, mais Reito n'était plus d'humeur...

- Kaimetsu, rattrape-les et essaye de les ralentir, peu importe le moyen. Il ne faut pas qu'ils nous sèment avant qu'on ai récupéré Nina. Compris ?
- Kaimetsu, bien compris, répondit le géant de pierre, qui s'élança vers les bois avec une vitesse insoupçonnable pour sa masse.
- Bon, et maintenant, récupérer Nina...

Le regard de Reito se posa sur l'homme, qui les observait toujours en silence. Le père du garçon au cheveux blancs. Et à son attitude et ses propos, sans doute le maître des lieux... Et donc, dans un sens, l'actuel propriétaire de Nina. Le tout pour le tout...

- Monseigneur ! héla Reito en revenant d'un grand pas dans sa direction. L'homme paru surpris d'être appelé ainsi, surtout après avoir été plus ou moins ignoré, mais Reito ne laissa guère de temps mort en vint poser respectueusement un genoux à terre devant lui dans une révérence impeccable. Mes respects. Je suis Kanzaki Reito, Noble de la maison Kanzaki de Mizuhan. Comme l'a dit ce mentali, certains d'entre nous venons de votre futur, ou plus précisément, nous sommes revenus par d'obscurs moyens dans nos propres souvenirs. Mais tout ne s'est pas déroulé comme dans notre passé... Une des enfants qui viennent de vous être vendus n'aurait pas du l'être, et comprenez, maître des lieux, que cela risque d'avoir d'énormes répercutions, de là d'où nous venons. Car cette petite fille - il s'écarta un peu de côté pour que l'homme ai une vue directe sur la Nina adulte, droite, fière, forte - n'est autre que la Princesse Héritière du trône de Mizuhan. En tant que Chevalier de Mizuhan, mon devoir est de veiller à sa sécurité, et si votre bonne volonté ne suffit pas, alors je devrais vous racheter l'enfant. conclut-il en baissant respectueusement la tête.

[Nina Wang]

La jeune femme regarda son Mentali recevoir un avertissement et fronça les sourcils. Cet homme était potentiellement dangereux. Plus par réflexe que par volonté, elle entoura poignets et chevilles de cercles d'eau, prête à aller défendre son Pokémon s'il le fallait. Alors que Kiel s'avançait vers Genki et le remerciait, ce dernier se présenta comme étant le Pokémon de Nina, ce qui ne manqua pas de surprendre l'adolescent. Il voulut s'en aller, mais son père l'interpela en lui demandant s'il était réellement son fils. Le Nalcien lui lança une réponse sur un air de défi et s'éloigna pour se rapprocher de Nina et de Reito...avant de poser un déluge de questions à la guerrière.

« Nina, est-ce que tu peux m’expliquer ce qu’on fait ici ? Où on est d’ailleurs, et pourquoi… bon sang, pourquoi nos pokemons ont une forme humaine ? J’ai failli assommer mon Evoli lorsqu’elle m’a sauté dessus comme ça… et d’ailleurs, pourquoi je suis deux fois ici ? Enfin bref… c’est quoi ce bordel ? »

Nina le laissa finir et tenta de reprendre un peu ses esprits au milieu de la pagaille et des interrogations un peu décousues de son cadet. Finalement, elle répondit :

« Je n'ai pas la moindre idée de ce que nous faisons dans notre passé, Kiel. Là, je pense que nous sommes dans un souvenir que nous avons en commun, mais tout s'est brouillé, les âges ne correspondent plus...enfin bref...vu l'aspect de la forêt, je suppose que c'est Celebi le responsable de tout ça. A mon avis, il nous a fait faire un saut dans le temps parce qu'il avait quelque chose à nous montrer ou à nous demander. En revanche, si j'ai une hypothèse concernant cette histoire de distorsion...pour l'aspect de nos Pokémon, je ne sais absolument pas ce qui s'est passé. Mais après tout, nous avons déjà été changé une fois en Pokémon. Pourquoi l'inverse ne serait-il pas possible ? »

Alors que, non loin de là, le père de Kiel les fixait d'un air signifiant clairement qu'ils avaient intérêt à déguerpir rapidement, Reito affirma qu'il avait voulu seulement aider Nina, ce à quoi elle répondit d'un simple hochement de tête. Mais en se tournant, elle pâlit de plus belle en constatant que son double du passé venait d'être vendu à la famille Wind, compromettant ainsi sérieusement le futur de Nina. Reito ordonna à son Rhinocorne d'aller rattraper le groupe tandis que le noble, plus qu'inquiet, allait poser un genou devant le père de Kiel pour aller engager une négociation.

« Monseigneur ! héla Reito en revenant d'un grand pas dans sa direction. L'homme paru surpris d'être appelé ainsi, surtout après avoir été plus ou moins ignoré, mais Reito ne laissa guère de temps mort en vint poser respectueusement un genoux à terre devant lui dans une révérence impeccable. Mes respects. Je suis Kanzaki Reito, Noble de la maison Kanzaki de Mizuhan. Comme l'a dit ce mentali, certains d'entre nous venons de votre futur, ou plus précisément, nous sommes revenus par d'obscurs moyens dans nos propres souvenirs. Mais tout ne s'est pas déroulé comme dans notre passé... Une des enfants qui viennent de vous être vendus n'aurait pas du l'être, et comprenez, maître des lieux, que cela risque d'avoir d'énormes répercutions, de là d'où nous venons. Car cette petite fille - il s'écarta un peu de côté pour que l'homme ai une vue directe sur la Nina adulte, droite, fière, forte - n'est autre que la Princesse Héritière du trône de Mizuhan. En tant que Chevalier de Mizuhan, mon devoir est de veiller à sa sécurité, et si votre bonne volonté ne suffit pas, alors je devrais vous racheter l'enfant. conclut-il en baissant respectueusement la tête. »

Cette fois, Nina se sentit rougir d'entendre Reito dire de but en blanc qu'elle était la princesse de Mizuhan. Mais elle fut plus surprise encore d'entendre qu'il appartenait désormais à la famille Kanzaki, une des plus grandes de la noblesse de son pays. Ainsi donc...il était un sujet de Nina...si on respectait codes et protocoles...Un grand silence s'installa alors, lourd, pesant, menaçant. La jeune femme se demanda s'ils pourraient réellement convaincre le père de Kiel de la laisser s'en retourner dans la bande. Tendue, les cercles d'eau tournant toujours autour de ses poignets et de ses chevilles, elle guetta la réaction du noble...

Un peu plus loin, le chef de la bande s'empressait de quitter ces lieux, franchement terrifié par la gamine aux couettes bleues autour de laquelle se produisaient toujours des choses plus qu'étranges. Kaimetsu venait de les rattraper et tentait de les ralentir, mais le chef sortit un Machopeur pour contrer le Rhinocorne devenu humain et le cogner du plus fort qu'il pouvait. Cependant, alors qu'il s'apprêtait à se servir de Casse-Brique sur l'hybride, un soldat immense, de près de deux mètres, et portant une armure semblant impénétrable s'interposa, toisant le Pokémon de son regard bleu glacé.

Spoiler:

Muni d'une arme géante à mi-chemin entre l'épée et la hache, il fixait le Machopeur d'un air mauvais. Imposant, il donnait l'impression de pouvoir envoyer valser quiconque d'une simple pichenette. D'un pas lourd, il se plaça devant Kaimetsu, écarta le Pokémon Combat d'un revers de son arme titanesque et dévisagea le chef de la bande.

« Toi, recule. Loin. Il ne t'a rien fait. Et fais ce qu'il te demande. Nina est mon chef. Alors tu te retournes, t'obéis et tu repars là-bas. Compris ? Si tu veux pas, je peux t'aider, si tu préfères. Mais je pense que t'aimeras pas. Alors bouge-toi. »

Il accompagna ses paroles d'un coup de son arme dans le dos du chef de la bande, chef qui, très pâle, et les dents serrées, s'exécuta. Il fit volte-face et retourna sur ses pas, horrifié à l'idée de devoir récupérer Nina, mais plus effrayé encore de devoir affronter ce type qui ressemblait beaucoup à un Galeking. Ce dernier fit signe à Kaimetsu de venir et se présenta, affirmant que Nina l'avait nommé Sidéron. Ils partirent alors en direction de la maison des Wind.

Plus loin encore, un éclair doré s'abattit près d'un arbre et carbonisa l'herbe autour. Une jeune fille s'amusait en effet comme une petite folle à se servir de son pouvoir pour le tester sous sa nouvelle forme.

Spoiler:

La jeune Pharamp se mit à tourner sur elle-même, un sourire radieux sur le visage. Elle était très différente d'Irai sous sa forme de Pokémon...mais son naturel reprit le dessus rapidement. En effet, sa jolie expression de poupée adorable laissa place à un masque de sadisme. Avec cette apparence, on se méfierait sans doute moins d'elle, et le premier qui s'approcherait de Nina et aurait de mauvaises intentions...elle le carboniserait. Mais pour le moment, il fallait retrouver Nina. Elle se mit à courir et à sauter de branche en branche, heureuse de pouvoir se déplacer ainsi aisément. Mais soudain, un objet qu'elle avait déjà vu, petit et brillant, attira son oeil. Elle s'arrêta, le ramassa et continua sa route. Elle déboucha finalement sur une sorte de clairière avec une immense demeure derrière. Plus important encore, il y avait Genki, Kashi, Erebos, Kokujin' et Eikallia. Et Nina, avec des inconnus. Une expression féroce sur son visage, elle bondit pour se jeter au milieu du groupe, croyant Nina en danger avec Reito. Mais la guerrière de l'Eau, se tournant rapidement, reconnut tout de suite son Pokémon et lui cria de s'arrêter, ce qu'elle fit sur-le-champ, de mauvaise grâce, cependant. Elle ne comprenait pas. Ils étaient transformés en humains, dans une époque bizarre, avec des inconnus, et Nina les laissait s'approcher ? La bande de trafiquants refit alors son apparition et Irai ne put empêcher de légers courants parcourir son corps entier. Elle ressentait une certaine animosité envers l'homme que Sidéron avait l'air d'escorter. Et Nina, en le revoyant, sentit son sang se glacer et ses tourbillons d'eau se faire plus grands. Cependant, elle se tourna vers le père de Kiel, qui semblait dubitatif, mais pas non plus contre le fait de la rendre. Si elle était si particulière et si elle risquait de causer des soucis...

« Je vous en prie. Cette vente peut causer ma perte dans le futur et le transformer de manière inéluctable. J'ai besoin de ce futur-là et de ces gens que j'ai rencontrés. Alors... »

Elle posa une main sur l'épaule de Reito, sentant son coeur battre à tout rompre, d'une part parce qu'elle craignait d'essuyer un refus, et d'autre part parce qu'elle était touchée de l'attention. Il était prêt à la racheter sans se poser de questions, et quel qu'en soit le prix...elle ne l'en remercierait jamais assez. Mais ce ne fut pas nécessaire : le chef de la bande s'approcha, rendit son argent au père de Kiel et envoya son Machopeur dans la demeure. Il en ressortit peu après, traînant la petite Nina par le col et sans ménagement. Un grognement sourd de Sidéron, et la gamine se retrouva sur ses pieds et en meilleur état. La bande repartit avec un avertissement de Sidéron ("si vous lui faites du mal, je vous tue", il n'y avait pas plus clair). Soulagés, Nina et Reito se regardèrent tandis que le Nalcien se relevait. Irai tira alors sur le bras de Nina et lui tendit l'objet qu'elle avait trouvé.

« C'est le portrait...d'Otoosama et moi...merci, Irai. J'ai dû le perdre pendant le saut temporel...il est très précieux pour moi...merci, vraiment...que...? »

Un vent violent se levait à présent autour de Nina. Inquiets, tous ses Pokémon se rapprochèrent d'elle, craignant sans doute qu'ils ne s'envolent. La princesse de Mizuhan, elle, comprit qu'elle était sur le point de repartir vers son époque. En souriant à Kiel, puis en se tournant vers Reito, elle lui prit la main.

« Reito...je te remercie pour ce que tu as fait. Je suis très contente de t'avoir revu, même si les circonstances étaient un peu...spéciales. Kiel, Monsieur, merci aussi à vous d'avoir empêché mon passé d'être changé à jamais...je crois qu'il est temps pour moi de partir, maintenant. »

Un cercle d'un blanc brillant se dessina sur le sol, grandissant au fur et à mesure. L'équipe de Nina l'entoura alors pour repartir avec elle. Un Pokémon survola subitement la clairière et descendit vers Nina en la remerciant. La jeune femme ne comprit pas réellement pourquoi le Celebi agissait ainsi, l'ayant transportée ici pour accomplir quelque chose qu'elle ne pensait pas avoir fait. Mais il lui expliqua qu'elle n'aurait rien pu faire, que seuls les voyageurs transportés dans le futur avaient le pouvoir d'empêcher la mort de la nature, et qu'avoir envoyé beaucoup de gens dans des époques différentes était simplement le résultat d'une perte de contrôle de sa propre capacité à se déplacer dans le temps. Avoir empêché le passé de changer était donc déjà une bonne chose. Celebi disparut, et Nina reporta son attention sur Reito. Le coeur serré à l'idée de devoir le quitter de nouveau, elle lui fit néanmoins un grand sourire. Elle savait qu'ils se reverraient dans le futur. Le leur.

[Kiel Wind]

Nina tenta d’expliquer la situation à Kiel, ou plutôt ce qu’elle ne comprenait. En gros c’était un coup de Celebi ? Après Darkrai, voilà que Celebi s’amusait à son tour à torturer de pauvres humains innocents qui ne demandaient rien de plus que rester tranquillement dans leur monde… comprenant enfin la raison de son arrivée ici sans pour autant avoir de véritable raison, Kiel soupira et décida de faire la seule chose qu’il pouvait faire : attendre. Si Nina et Reito semblaient particulièrement inquiets de ce qui se déroulait sous leurs yeux, Kiel quand à lui s’allongea dans l’herbe en attendant que les choses se passent… d’après ce qu’il avait cerné de cette époque, personne ne pouvait les voir, mis à part son père et quelques autres… donc sa pokemon pouvait vagabonder autour de lui sans aucun risque.

Mais au contraire, la jeune fille anciennement Evoli ne chercha pas à s’éloigner, elle s’allongea également comme Kiel venait de le faire, posant sa tête sur le torse de l’adolescent. Loin d’être gêné d’avoir une fille allongée sur lui, le Nalcien lui caressa la tête comme il l’aurait fait avec sa véritable pokemon… pour lui, l’apparence de cette Evoli importait peu, elle restait cette fichue boule de poils qui ne tenait pas en place et que pourtant il adorait…

Le père de Kiel céda finalement devant l’insistance des deux êtres venus du futur : en même temps, cette adulte ressemblait étrangement à la gamine qu’il venait de racheter… si elle disait vrai, c’était bien à elle de choisir le meilleur pour son avenir. Néanmoins… il n’était pas trafiquant d’enfant ! S’il avait accepté de payer pour acheter les enfants, c’était bel et bien pour les libérer du joug de leur employeur, et il ne comptait pas recevoir d’argent en échange de les renvoyer dans leur enfer. Il accepta les billets du chef de la bande l’air de rien, puis les donna immédiatement à l’un de ses serviteurs qui passait par là sans explication.

Une fois la transaction réglée, un vent violent se mit à entourer Nina, signe qu’elle repartait dans sa véritable époque. Pour tout aurevoir, Kiel la salua d’un geste de la main : le vent ne l’entourait pas encore, il n’était donc pas tant pour lui de repartir. Quelle galère…

Le père de Kiel fixa son soi-disant fils du regard ainsi que cette inconnue aux allures de pokemon qui semblait s’endormir sur lui : il avait beau douter, ce gamin était son fils tout craché… excepté cette attention qu’il semblait porter à son amie étrange. Mais s’il venait réellement du futur, il était sans doute sage de ne pas chercher à en savoir plus. L’adulte tourna les talons, prêt à reprendre sa vie normale malgré cette interruption des plus étranges…


Loin du riche château des Winds, loin des trafiquants d’enfant, loin de Kiel… l’humanoïde aux allures de Démolosse fixait toujours le rejeton qui dormait face à lui. Cet incapable sur lequel il n’avait aucune emprise…
Tandis qu’il était perdu dans ses pensées, une violente décharge électrique toucha le Démolosse. Sentant tous ses membres engourdis à cause de l’éclair, il tenta néanmoins de se mettre en position de défense, sachant pertinemment qu’il partait très mal pour un affrontement… comment avait-il put se faire avoir aussi facilement ? Lui qui était constamment sur ses gardes ces derniers temps ! C’était encore la faute de ce minable, de cet incapable… le Malosse sembla toutefois avoir un minimum de matière grise, puisque le bruit de l’éclair, même s’il n’en voyait pas la cible, le sortit de son profond sommeil. Malheureusement ses splendides capacités de réflexion n’allèrent pas plus loin : le chiot ne s’enfuit pas, cherchant bêtement du regard la bête qui aurait put provoquer ce vacarme.
Cela eut évidemment pour conséquence de faire de lui une proie de choix… un Luxray bondit hors de l’ombre des arbres, attrapant violemment le jeune Malosse dans sa gueule avant de s’enfuir loin de ce qu’il prenait pour le dresseur de l’animal. Le chiot tira l’adulte de sa paralysie passagère en poussant un cri de douleur, sentant les crocs du lion entamer sa chair enfantine pour le transporter loin d’ici.

Bien décidé à laver son honneur, le Démolosse partit immédiatement à la poursuite du roi de la savane. Cet imbécile aurait mieux fait de profiter de son court avantage… car question vitesse, le Démolosse n’avait rien d’un humain. Il courait à quatre pattes comme à son habitude et semblait particulièrement agile malgré son changement radical de corpulence. Même si sa vitesse était minable comparée à ce dont il avait l’habitude, le pauvre Luxray n’arrivait pas à le devancer. D’ici quelques instants, il l’aurait rattrapé et lui ferait payer cet affront…

D’ailleurs, comment ce Luxray pouvait-il interagir avec le jeune Malosse et son double ? Sans doute y avait-il quelques privilégiés qui possédaient cette capacité… évidemment, lui il ne pouvait pas ! Bref… de toute façon dans quelques secondes, ce serait histoire ancienne.

Plus il se rapprochait, plus le Démolosse entendait les cris de douleur du jeune Malosse. Un instant… s’il n’agissait pas, s’il laissait ce Luxray faire… le chiot servirait probablement de repas au lion ! Voilà qui pourrait bien régler son problème. Pourtant, le Démolosse n’était pas sensé être là. Quelque chose clochait… avait-il déjà changé quelque chose ? Rien… il n’avait fait que rester là, à coté de ce petit bébé incapable de faire autre chose que de dormir.

La solution était là… elle s’offrait à lui. Et pourtant, il continuait de courir après le lion, rattrapant toujours plus sa proie à chaque seconde qui passait. Il ne pouvait pas… certes, il mettrait ça sur le dos de son honneur, affirmant qu’il voulait simplement laver l’affront que ce Luxray venait de lui faire ! Mais en fait, ce qui le poussait à courir ainsi, c’était simplement ces cris qu’il entendait, ses propres cris…

Dés que le fauve fut à portée, l’humanoïde ouvrit la gueule, laissant s’échapper un puissant jet de flamme en direction du fuyard. Ce dernier lâcha sa proie, paniqué, tout en continuant sa course… le Démolosse s’arrêta aux cotés de son double du passé : le Malosse n’avait pas été gravement blessé, seules deux petites plaies coulaient là où son prédateur avait planté ses crocs. Quelques jours de repos, et la blessure ne serait plus visible… le chiot jetait des regards effrayés partout autour de lui, cherchant à connaitre son sauveur autant que son agresseur : le pauvre petit n’avait absolument rien compris de la scène… et le pire dans tout ça ? Ce souvenir revint en mémoire du Démolosse de Kiel… il se rappelait parfaitement ce jour où il avait failli perdre la vie… ce jour où une main mystérieuse l’avait tiré des griffes de la mort sans qu’il ne puisse la remercier.

La boucle était bouclée, il était temps pour eux de repartir…

Le vent qui avait entouré Nina l’instant d’avant entoura Kiel à son tour, soulevant l’enfant du sol. Un léger sourire en coin, le gamin s’accrocha à sa pokemon pour être certain de ne pas la perdre en route :

« Apparemment c’est l’heure… c’est pas trop tôt. »

A l’identique de Nina, Celebi vint le saluer dans le tourbillon pour lui expliquer la raison de ce voyage temporel… à la différence près que Kiel soupira, indiquant clairement qu’il s’en fichait complètement. Par contre, à travers la brume du temps et ce vent qui l’entourait, il repéra quelqu’un d’autre… un homme étrange avec des cornes identiques à celles de son pokemon disparu. Il ne le vit qu’un instant, comme un mirage au milieu de ce désert temporel avant de se retrouver à son époque… Etait-ce véritablement son Démolosse ? Qui sait… en tout cas, Kiel espérait qu’un autre pokemon légendaire ne se prendrait pas l’envie de leur faire faire un troisième voyage de ce genre : il commençait à en avoir assez…

[Invité]

- Je vous en prie. Cette vente peut causer ma perte dans le futur et le transformer de manière inéluctable. J'ai besoin de ce futur-là et de ces gens que j'ai rencontrés. Alors...

Reito fut soulagé que Nina se joigne à lui pour la négociation - il n'était pas sur que son seul plaidoyer suffise à faire changer d'avis le maître des lieux. A vrai dire, même avec l'insistance de Nina, il pouvait très bien refuser, mais Nina été si sincère, et ses paroles si simples, justes et honnêtes à la fois, que Reito ne savait pas comment l'on pouvait ne pas y accéder. La main que Nina posa sur son épaule, geste si simple mais révélateur de ses sentiments, fit chaud au coeur du jeune Noble.

Fort heureusement, la bande de trafiquant revint finalement sur ses pas, et le chef rendit sans discuter l'argent de la vente au maître des lieux. Reito ne savait pas si il les voyait ou non, Nina et lui, mais si c'était le cas, alors il évita soigneusement leur regard... Visiblement, Kaimetsu n'avait pas réussi seul le petit tour de force de faire revenir la bande sur ses pas. L'autre pokemon hybride qui l'accompagnait, cette fois, ressemblait à un Galeking... Celui de Nina, logiquement, puisqu'elle l'avait annoncé lorsqu'ils étaient encore dans les bois. Lorsque la petite Nina rejoignit finalement les autres enfants - ainsi que le jeune Reito -, la véritable Nina et le véritable Reito échangèrent un regard qui en disait long sur leur soulagement... 

La Pharamp qui les avait rejoint entre-temps - avec une entrée en scène qui aurait put mal tourner si Nina n'était pas intervenue rapidement et avec une certaine fermeté - tendit finalement à sa maîtresse un objet qu'elle avait ramassé.

- C'est le portrait...d'Otoosama et moi...merci, Irai. J'ai dû le perdre pendant le saut temporel...il est très précieux pour moi...merci, vraiment...

Otoosama ? S'agissait-il du militaire qui l'avait recueillie, ou du Roi de Mizuhan...? A façon dont elle en parlait, Reito gagea qu'il s'agissait du militaire. Et le Noble pouvait aussi sentir dans le ton de Nina beaucoup d'affection...

- Que...?

Une sorte de début de typhon localisé venait de naître autour de Nina, relativement léger mais gagnant lentement en intensité. Dans un premier temps, Reito cru à une quelconque facétie d'un pokemon ou d'un élémentaliste du vent, mais le déclic se fit vite dans sa tête : elle retournait vers le présent. Elle-même semblait en être arrivé à la même conclusion sensiblement au même moment, car elle se tourna vers lui et lui prit la main.

- Reito...je te remercie pour ce que tu as fait. Je suis très contente de t'avoir revu, même si les circonstances étaient un peu...spéciales. Kiel, Monsieur, merci aussi à vous d'avoir empêché mon passé d'être changé à jamais...je crois qu'il est temps pour moi de partir, maintenant.

Alors qu'elle prononçait ces mots, un tourbillon de vent similaire se dressa autour de Reito, accompagné d'un cercle de lumière blanche qui grandissait lentement à ses pieds, et qui poussa Kaimetsu à vite se rapprocher de son ami humain. Il était l'heure pour lui aussi... Ainsi, son rôle dans ce voyage aurait été de se tenir aux côtés de Nina et de la soutenir ? Bah, ça lui convenait parfaitement, après tout...

C'est alors que Nina lui offrit un grand sourire. Un sourire magnifique, plein d'espoir, sincère. A cette vue, une bouffée de bonheur manque lui ôter la parole, et il serra à son tour doucement la main de la jeune femme.

- C'est la première fois que je te vois sourire... Et ce sourire est la plus belle chose qu'il m'ai été donné de voir dans ma vie. Et puisque je n'en aurais plus l'occasion dans notre temps, je me permets un nouveau petit écart de conduite...

N'y tenant plus, il attira doucement Nina à lui et l'enlaça à nouveau, conscient qu'ils ne se reverraient plus avant quelques temps, et que ce qu'ils étaient devenus dans leur temps allait probablement changer radicalement leur relation, pour peu qu'ils puissent encore en entretenir une. Mais il essaierai, de toute façon... Relâchant la jeune femme, il lui adressa son plus beau sourire, un sourire dont il ignorait si il pourrait l'offrir à quiconque d'autre même avec la meilleure volonté du monde.

- Tu sais Nina, à l'époque, j'étais amoureux de toi. J'avais voulu te le dire, ce jour-là, quand j'ai été vendu, mais je n'ai pas réussi. Aujourd'hui, après toutes ces années, tu es devenue une Princesse, et une femme magnifique, forte et courageuse. Je suis heureux de t'avoir revu, et je serai fier, dans notre temps, d'être ton chevalier.

[Nina Wang]

- C'est la première fois que je te vois sourire... Et ce sourire est la plus belle chose qu'il m'ai été donné de voir dans ma vie. Et puisque je n'en aurais plus l'occasion dans notre temps, je me permets un nouveau petit écart de conduite...

Il était vrai que la petite Nina, à l'époque, ne souriait jamais. Le seul qui avait été capable de lui donner ce sourire qu'il lui avait toujours manqué, c'était Sergei. Reito avait de quoi être surpris. Mais la plus surprise, ce fut assurément Nina, quand Reito la serra doucement dans ses bras. Une douce chaleur l'envahit, une sensation d'apaisement et de bien-être bien supérieure à tout ce qu'avait pu ressentir la guerrière de l'Eau avec Gabrielle. Avec la championne, cela avait été bref, fulgurant, mais fugace, éphémère. Désormais, elle l'avait effacée de sa vie, ne cherchant même pas à comprendre pourquoi Gabrielle avait pu oser embrasser une autre femme alors qu'elle donnait à Nina l'impression d'être bien avec elle. Elle avait senti son coeur se glacer en entendant le rapport de son subalterne. Elle l'avait trahie, hein...soit. Nina se donnait le droit d'aller voir ailleurs, elle aussi. Et cet ailleurs...pourquoi pas...oui...Elle ne savait plus bien...mais elle se sentait en sécurité, avec Reito. Ces grands bras qui prodiguaient tellement de chaleur...et...lui aussi avait vécu ce qu'elle-même avait enduré, certes dans une moindre mesure, ayant échappé au « privilège » de la torture mentale...mais il avait été là quand même. Après Sergei...son sauveur...il y avait Reito...sans doute.

En fermant les yeux, Nina s'accorda un court moment pour se blottir dans ces bras accueillants et tellement agréables. Bizarrement, elle ne se sentait pas vraiment gênée de faire ça, Kiel étant lui aussi quasiment parti pour revenir dans son époque. Quant à ses Pokémon...ils étaient sa famille, eux aussi. Avec Sergei, ses compagnons et Reito, elle avait enfin l'impression que tout était complet.

Elle laissa finalement Reito la libérer de son étreinte et leva les yeux vers lui.

- Tu sais Nina, à l'époque, j'étais amoureux de toi. J'avais voulu te le dire, ce jour-là, quand j'ai été vendu, mais je n'ai pas réussi. Aujourd'hui, après toutes ces années, tu es devenue une Princesse, et une femme magnifique, forte et courageuse. Je suis heureux de t'avoir revu, et je serai fier, dans notre temps, d'être ton chevalier.

En restant d'abord sans voix, la jeune femme se mit à rougir sensiblement, lentement mais sûrement. Ses grands yeux d'ambre s'emplirent de surprise tandis qu'elle dévisageait son camarade de longue date. Décidément...En même temps, elle s'en était toujours un peu doutée, au fond d'elle-même. Mais elle l'avait pris pour une amitié d'enfance innocente et sincère. La vérité ne l'était pas moins, mais elle était quelque peu différente de ce qu'elle s'était imaginé...

Il la complimenta ensuite de nouveau, ce qui la fit sourire. Elle lui répondit alors doucement :

« Non, c'est toi le plus courageux de nous deux. M'avoir avoué ça...il fallait oser. Mais je n'en suis pas mécontente. Je me dis qu'au moins, quand j'étais dans cet Enfer, il y avait tout de même une personne qui faisait attention à moi et qui me considérait comme importante. Moi aussi je suis contente de t'avoir revu. Si tu veux te battre à mes côtés, en temps de guerre comme en temps de paix, tu es le bienvenu... »

Le tourbillon s'épaissit subitement, rendant Nina progressivement invisible à ceux qui n'en faisaient pas partie. La voix de l'héritière de Mizuhan résonna alors dans la clairière, comme un écho, qui se perdit ensuite dans les bois.

« Retrouve-moi à Fla'Or d'ici cinq jours...à bientôt, Reito. »

[TERMINE]

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